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ersatz

Maintenant que cette œuvre naît, sa misère m’apparaît. Misère de la littérature. Comment l’esprit peut-il témoigner de ce qui fut sang de la force et chair de la sincérité ? Qui peut forcer à croire qu’il s’est agi pour moi d’autre chose que d’un livre ? […] Car ce livre est le fruit d’un échec autant que d’une espérance. L’écrit n’est que le dernier recours de l’individu dans le monde qui refuse son geste : ce livre est né de la mort d’un acte. […] Mon livre me fait honte, c’est l’échec de ma vie et je ne l’ai écrit que dans l’espérance insensée de pouvoir te le dire un jour ailleurs. Un instant, laisse-moi croire à sa force. Peut-être que ces pages, nées de ma mauvaise chance, engendreront un jour de nouvelles possibilités, ouvrant, à partir de la réflexion qui isole […] le chemin qui ramène à l’action qui délivre.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Pan se meurt"

[ défaite ] [ concret-abstrait ] [ déception ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

flocons

J'ignorais que la neige pouvait se précipiter ainsi sur les villes côtières (je m'imaginais, comme si je n'étais jamais sorti de ma campagne, qu'elle était l'apanage des hauteurs continentales) ; j'ignorais que la neige pût tomber sur la mer et s'y maintenir intacte, sans fondre aussitôt. En cinq minutes à peine, la couche s'était épaissie et la lagune était tapissée d'une blancheur chaste que flétrissait la proue du vaporetto en s'y ouvrant un chemin. Derrière nous, nous laissions un sillage d'eau brassée des plus noirs, mais la neige venait vite étendre son pieux manteau sur la déchirure. Je n'avais jamais encore contemplé une chute de neige aussi consciencieuse, jamais encore assisté au spectacle d'une nature libérée de ses chaînes qui bafoue ses propres lois et vous plonge dans une atmosphère d'irréalité. Il neigeait sur la lagune, il neigeait sur Venise, il neigeait sur moi avec un acharnement qui avait quelque chose d'un présage ou d'un avertissement, d'une fatalité à l'œuvre que je n’ai pu percevoir.

Auteur: De Prada Juan Manuel

Info: La tempête

[ océan ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

science-fiction

Il développa simultanément une autre idée, qui paraissait tout à fait farfelue aux observateurs : la création d'une "aide au désincarnement"*. Au début du site, sous forme d'un petit lien insignifiant ouvrant sur de la musique onirique*, qu'il présentait comme un sas de décompression mentale, destiné à aider les participants à se mettre dans les meilleures dispositions possibles pour participer au site FLP. Détente, chill, relaxation... Appelez là comme vous voulez... Bref manière selon lui d'attraper un peu de recul, de tranquillité et de lenteur. Il répétait sans cesse que passer moins 15 minutes sur le site était de fait sans intérêt. PRENEZ LE TEMPS ! Tel était le leitmotiv. Idée totalement loufoque à une époque - vers les années 2030 - où le village médiatique global voyait encore et partout se développer d'innombrables stimuli pour inciter les populations à se précipiter sur les infos les plus courtes et les plus spectaculaires possibles. Stress dans tous les cerveaux. En clair son idée était totalement à contre-courant.

Auteur: Mg

Info: 22 mars 2017, *link helping to be disembodied

[ réflexion ] [ étiquetage ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 
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tricksters

Les philosophes n’étudient plus, ne cherchent plus à comprendre, ne se heurtent plus aux aspérités de l’Histoire, n’enseignent plus Montaigne ni Pascal. Sans parler de Cicéron ni d’Épictète ! Pourtant les œuvres de ces auteurs furent l’inspiration et le contrepoint de la culture classique de la raison réfléchissante. Leurs écrits étant au mieux considérés comme des recueils d’aphorismes à prétention philosophique, voilà qui les bannissait du philosophique légal et institutionnel. On rejetait hors des gonds de raison ce qui ne se rangeait pas à la coutume du système. On les écartait de l’assiette des sciences croissantes et leur rôle, cependant, dans la critique épistémologique, est loin d’être indifférent ou inutile ! Non indifférent car ils poussent la culture de l’irréfléchi en toutes les branches des savoirs, y compris celle qu’on peut atteindre dans la région de la foi. Utile car les savoirs se regroupent autour d’un concept puissamment élaboré de la raison, poussée au point d’écarteler les deux branches de l’alternative d’un pari ouvrant sur la foi sans aller cependant jusqu’à la légitimer.

Auteur: Robinet André

Info: L'il a été : Destin et liberté

[ historique ] [ visionnaires ] [ religion ] [ rationalisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pandémie

La neige a bloqué ma porte en cette belle nuit de décembre et pourtant il faut partir. Une terrible épidémie de diphtérie s’est déchaînée sur la vallée. Elle a commencé par Barcelonnette, et comme nombre d’enfants des campagnes sont pensionnaires dans les établissements scolaires de la petite ville, en les licenciant pour éviter les foyers de contagion, on a répandu le mal. Il sévit brutal et intense sous les chaumes.
(...)
À la ville on l’enraye encore, on le domine à coups de sérum. Mais dans les hameaux à peine accessibles aux chamois, dans ces demeures solitairement campées entre le rocher échancrant les nuages et la forêt tapissant les pentes jusqu’à l’abîme où rugit le torrent, les petits souffles frêles s’éteignent en grand nombre sous l’étreinte du fléau. Et je croise souvent, dans mes courses aux maisons désertes et infectées par l’horrible mal, un traîneau ouvrant les chemins neigeux à un petit cercueil suivi de quelques femmes en pleurs. C’est que je n’ai pas encore réussi à forcer toutes les portes, toutes les demeures où l’enfant souffre et agonise.

Auteur: Grouès Louise Héra Mirtel

Info: Une doctoresse aux Alpes et autres textes

[ maladie ]

 

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littérature

Les feuilles d'automne, portées par le vent chaud, montaient jusqu'au balcon, traînant, derrière les volets, comme le pas d'un inconnu; une persienne battait de temps à autre. C'était le sirocco d'automne. A cette heure, le ciel doit être bas, se mit à penser Leonardo; les trottoirs pleins de gens marchant lentement, mains dans les poches, ouvrant la bouche devant les miroirs des boutiques, pour se regarder la langue ou simplement pour bâiller; l'avocat De Marchi doit être assis à une table de la Brasserie, qu'il ne quittera pas avant minuit; les cafés remplis d'hommes, comme des casernes; les jeunes gens, réunis par groupes de dix ou vingt, ont dû commencer à échanger de ces bourrades qui envoient les plus maigres cogner contre le mur; sur les étals des marchés de quartier, éclairés au gaz, sont apparues de longues files de poissons, froids comme des couteaux, et des gamins pieds nus insultent les minuscules passants à chapeaux mous qui n'ont pas voulu acquérir ces grands poissons couleur de métal. Oui, c'était le Sud. Et ce vent, qui faisait claquer les persiennes, arrivait d'Afrique.

Auteur: Brancati Vitaliano

Info: Les années perdues

[ méditerranée ] [ ville ]

 

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première impression

La nuit dernière, je suis encore restée éveillée toute la nuit. Parfois je me demande à quoi sert le temps de la nuit. Pour moi, il n’existe presque pas, et tout me semble n’être qu'un long et affreux jour sans fin. Enfin, j’ai essayé de profiter de mon insomnie pour être constructive et j'ai commencé à lire la correspondance de Sigmund Freud. En ouvrant le livre pour la première fois, j’ai vu la photographie de Freud et j’ai éclaté en sanglots : il avait l'air très déprimé (cette photo a dû être prise peu de temps avant sa mort), comme s'il était mort en homme désabusé… Mais le Dr Kris m'a dit qu'il souffrait énormément physiquement, ce que j’avais appris dans le livre de Jones. Mais je pense avoir raison aussi, je fais confiance à mon intuition car je sens une triste lassitude sur son doux visage. Le livre prouve (même si je ne suis pas sûre que l'on doive publier les lettres d'amour de quelqu'un) qu'il était loin d'être coincé ! J'aime son humour doux et un peu triste, son esprit combatif qui ne l’a jamais quitté. 

Auteur: Monroe Marilyn

Info: Lettre du 10 février 1965 à son psychiatre

[ rencontre imaginaire ] [ empathie ] [ lecture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

épitaphe

Quelques années plus tard, en ouvrant le journal, j’appris que Robert R. Young, après avoir avalé œufs et jambon au petit-déjeuner, était remonté dans son bureau, avait calé le canon d’un fusil à pompe dans sa bouche et s’était fait exploser la cervelle. Cela me fit sourire. Il n’y avait rien de vindicatif dans ce sourire : je n’avais jamais considéré Young comme un homme de chair et de sang. Pour moi, ce n’était qu’un petit être guilleret que je voyais sautiller en haut de Grand Central, entouré d’une escouade d’encravatés. Je n’avais jamais cru en sa réalité. Je souris car tous ceux que je connaissais à New-York Central […] pensaient que Young était un homme décidé, un homme qui allait sauver l’industrie tout entière de quelques prises de décisions bien senties, de transport intermodal, de trains ultralégers et de prestations sur tout le territoire, oui monsieur ! Et mon sourire se fit triste, puis éploré : Young, avec ce seul beau geste, était devenu vivant pour moi, était devenu un homme. Car le suicide est le plus éloquent cri du cœur de ceux qui cherchent en vain leur chemin.

Auteur: Exley Frederick

Info: Le Dernier stade de la soif

[ autodestruction ] [ révélateur ]

 

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cauchemar

Le dernier épisode lui était envoyé par une vessie pleine qui tira Arséni Andréiévitch du sommeil, quoique pas complètement.

En pilotage automatique, il quitta son lit et, sans ouvrir les yeux, pour rester en contact avec son rêve, il se rendit dans sa salle de bain à laquelle l'éclairage nocturne donnait une teinte légèrement verdâtre. Les deux pieds devant la cuvette, il abaissa son pantalon de pyjama et sa main s'aventura vers son bas-ventre. Rien. Elle ne parvenait pas à trouver l'objet de sa quête, l'appendice que l'organisme utilise en général pour se séparer d'un excès de liquide. Il lui fallut se réveiller afin de restaurer sa coordination. Ouvrant les yeux, il plaqua une main sur le mur, tandis que la seconde partait à la recherche de l'organe le plus important du corps masculin. Aucune trace... Tel un vieil ordinateur qui aurait planté, le cerveau d'Iratov analysait avec difficulté l'information transmise par voie tactile. Il dut se pencher pour activer sa vision. Et, à ce moment là, un cri d'agonie monta de sa conscience, comme si on venait de le perforer à l'aide d'un couteau électrique.

Il n'y avait rien !!! Que dalle !!!

Auteur: Lipskerov Dimitri

Info: L'Outil et les papillons

[ réveil ]

 
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art pictural

Atmosphère monochrome, dilution du contour des formes, cadrages singuliers et géométrisation de l'espace définissent l'état nocturne du langage pictural mis en oeuvre par Degouve. Certes, ces principes peuvent apparaître comme des artifices. Mais qu'est-ce qu'un artifice sinon une prise de distance à l'égard de la réalité ? En cela, le paysage n'est pas seulement une enclave intemporelle, un ciel immuable, il est aussi l'agent d'une médiation avec l'univers : la représentation de la nature est un écran où chaque détail est le signe d'une réalité transcendante. Une maison, un paon immobile dans la nuit, un arbre, un coin de prairie, un morceau de parc, un bras de rivière, sont les fragments d'une globalité où se tient ce que Maeterlinck appelle le "chant mystérieux de l'infini". Sans doute est-ce ici la principale contribution de Degouve au symbolisme : la peinture, dans ce schéma, perd son devoir traditionnel de représentation pour s'inscrire en tension avec ce qui échappe au regard. Ouvrant, à l'instar de la poésie, "les grandes routes qui mènent de ce qu'on voit à ce qu'on ne voit pas", elle n'est pas la représentation claire de ce que l'entendement permet de connaître, mais l'apparition confuse, nocturne, de ce qui échappe à l'intelligence des hommes.

Auteur: Laoureux Denis

Info: William Degouve de Nuncques, maître du mystère

[ analyse ]

 
Mis dans la chaine

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