Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 23
Temps de recherche: 0.0386s

ville

La nature, c’était Amphion où s’élevait le chalet acheté par ses parents, après leur mariage, à un comte polonais fils naturel de Napoléon. Dans cette "demeure marquée par l’amour", Grégoire de Brancovan avait entrepris des travaux pharaoniques pour transformer l’inconfortable masure en un palais entouré de magnifiques jardins. A l’approche du printemps, toute la famille partait s’installer au bord du lac Léman, le plus souvent jusqu’en septembre. Pour Anna de Noailles, Amphion symbolisa dès lors le paradis sur terre : "Oui, ce fut là le paradis". Durant toute sa vie, elle se partagea entre ces deux lieux à la fois réels et magiques : Amphion symbole du bonheur de l’enfance, de l’éden perdu, et Paris où elle connut l’amour et la gloire, délaissant pour un temps ses racines étrangères.

Auteur: Allard Marie-Lise

Info: Dans "Anna de Noailles, entre prose et poésie", page 61

[ campagne ] [ personnalité ] [ province ] [ aristocratie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

bascule

Mais à ce moment-là, j'ai compris que tout partait en vrille, et que ni ma réhabilitation ni le frigo plein ne pourraient nous sauver. J'ai sur que nous étions fichus à coup sûr et je n'ai rien dit parce qu'il y avait déjà assez de bruit avec les pleurs d'Isabel, les pas de Pindaro dans la rue et mon fils qui balbutiait ses premiers mots. Et de toute façon, qu'aurais-je pu dire, qu'est-ce-que j'y peux si certaines choses sont laides parce qu'on ne peut pas les expliquer, si le fait d'être pourri de l'intérieur n'est pas une question d'âge, de climat ou de fatigue : c'est comme si tu croyais être une aiguille, et que d'un coup tu t'aperçois que tout le monde te voit comme un fétu de paille.

Auteur: Herbert Juliàn

Info: Cocaïne : Manuel de l'usager

[ déclic ] [ désespoir ] [ métamorphose ]

 

Commentaires: 0

euthanasie

"Nous nous retrouverons en rêve": tels furent les derniers mots que je chuchotai à l'oreille de Brenin pendant que le vétérinaire le piquait dans une veine de la patte droite- je revois la patte, la veine- pour lui injecter une dose mortelle d'anesthésique. Il partait alors que je finissais ma phrase. J'aime à penser qu'il n'était de toute façon plus là: il était en Alabama, à enfouir son museau dans la fourrure de sa mère; il était à Knockduff avec Nina et Tess, à bondir dans des océans d'orge, tandis que le timide soleil irlandais se levait sur une scène d'une splendeur dorée, nimbée de brume; il courrait dans Wimbledon Common, filant dans les bois à la poursuite des écureuils et de ces coquins lapins; il jouait avec elles dans les vagues clémentes de la Méditerranée.

Auteur: Rowlands Mark

Info: Le philosophe et le loup : Liberté, fraternité, leçons du monde sauvage

[ loup ] [ homme-animal ] [ séparation ]

 

Commentaires: 0

révolution française

Le Roi pensait que ses gardes du corps, retournant dans leurs provinces, après avoir fait leur quartier de service à la cour, racontaient ce qu'ils y avaient vu et que ces récits exagérés devaient souvent finir par y être dénaturés. Cette première idée du Roi, sur la recherche de la chambre de diamants, fit penser à la Reine que l'opinion pour le prétendu goût du Roi pour la boisson devait aussi venir des gardes qui accompagnaient sa voiture, lorsqu'il chassait à Rambouillet. Le Roi, n'aimant pas à découcher, partait de ce rendez-vous de chasse après son souper ; il s'endormait profondément dans sa voiture, et n'était réveillé qu'au moment de son arrivée dans la cour royale : il descendait de voiture au milieu des gardes du corps, en chancelant comme un homme à moitié éveillé, ce qui avait été pris pour un état d'ivresse. ... [...]

Auteur: Campan Madame

Info: Mémoires de Madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette

[ rumeurs ] [ malentendu ] [ calomnie ]

 

Commentaires: 0

maison close

Le maharadjah de Kapurthala était d'un autre style. Il avait un oeil de verre. Aussitôt arrivé, il choisissait deux ou trois filles. Les bouteilles de champagne valsaient. Puis, c'était une tradition, dès qu'il était rond, défoncé, il perdait son oeil. On me faisait appeler. Dans la chambre ou dans le salon, je trouvais mes trois femmes, fesses en l'air, en train de chercher l'oeil du prince hindou. A mon tour, je m'y mettais. La règle du jeu consistait à ne pas trouver le postiche qui, bien sûr, scintillait sur le tapis. Quand Karputhala en avait assez du spectacle, il disait:

- Je m'en vais. Si vous le trouvez, faites-le-moi porter au Ritz.

Et, il partait sans payer. Dans la matinée, je téléphonais à la réception du palace:

- Nous avons retrouvé l'oeil de son Altesse.

Invariablement, l'homme aux clés d'or me répondait:

- On ne peut pas déranger le prince qui est en prières.

Un moment plus tard, un groom arrivait au One avec l'argent de la nuit et des cadeaux pour chacune des chercheuses d'oeil.

Auteur: Jamet Fabenne

Info: One Two Two : 122, rue de Provence

[ singulière routine ] [ bordel de luxe ] [ insolite ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

famille

Dès lors, la vie avait pris un drôle d'aspect. Il arrivait à Anthony de se lever le matin encore plus crevé que la veille. Il dormait pourtant de plus en plus tard, surtout le week-end, ce qui faisait enrager sa mère. Quand les copains le vannaient, il prenait la mouche, répliquait avec ses poings. Sans cesse, il avait envie de cogner, de se faire mal, de foncer dans les murs. Alors il partait faire du vélo avec son walkman sur les oreilles, en se repassant vingt fois la même chanson triste. Soudain, en regardant Beverly Hills à la télé, de hautes mélancolies le prenaient. Ailleurs, la Californie existait, et là-bas, c'est sûr, des gens menaient des vies qui valaient le coup. Lui, il avait des boutons, des baskets trouées, son œil foutu. Et ses parents qui régnaient sur sa vie. Bien sûr, il contournait les ordres et défiait constamment leur autorité. Mais tout de même, ces destins acceptables restaient hors de portée. Il n'allait quand même pas finir comme son vieux, bourré la moitié du temps à gueuler devant le JT ou à s'engueuler avec une femme indifférente. Où était la vie, merde ?

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Leurs enfants après eux

[ routine ] [ ennui ] [ jeunesse ] [ révolte ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

climat

En 2010, deux universitaires, Karin Becker et Olivier Leplatre, se sont mis en tête de rassembler, pour un volume futur ayant pour titre La Pluie et le Beau Temps dans la littérature française, un ensemble d'études analysant les liens que les écrivains entretiennent avec la météorologie ainsi que les modalités de leur compréhension du phénomène : anthropologiques, sociales, scientifiques, hygiéniques, poétiques, narratives. Au moment où le livre que vous avez entre les mains partait à l'imprimerie, Becker et Leplatre en était toujours à s'interroger : "Quelle place l'écrivain accorde-t-il au temps qu'il fait? Peut-on aller jusqu'à parler chez tel ou tel écrivain d'un véritable climat qui donne une cohérence à son univers?" Nous aimerions pour notre part ajouter deux points à cette réflexion. Un : peut-on imaginer une appréhension barométrique des œuvres littéraires, qui irait nécessairement de "Tempête" à "Très sec"? Et deux : en quoi l'air conditionné a-t-il renouvelé la littérature policière ?
Pour terminer, participons modestement à la météocritique littéraire en observant que dans Madame Bovary, Flaubert utilise dix-huit fois le mot pluie, mais jamais aucun des mots suivants : averse, ondée, bruine ou crachin. Chez Emma, quand ça tombe, ça tombe, voilà tout.

Auteur: Launet Edouard

Info: De la jouissance en littérature : 50 leçons

[ imagination ] [ écriture ]

 

Commentaires: 0

cauchemar

Le dernier épisode lui était envoyé par une vessie pleine qui tira Arséni Andréiévitch du sommeil, quoique pas complètement.

En pilotage automatique, il quitta son lit et, sans ouvrir les yeux, pour rester en contact avec son rêve, il se rendit dans sa salle de bain à laquelle l'éclairage nocturne donnait une teinte légèrement verdâtre. Les deux pieds devant la cuvette, il abaissa son pantalon de pyjama et sa main s'aventura vers son bas-ventre. Rien. Elle ne parvenait pas à trouver l'objet de sa quête, l'appendice que l'organisme utilise en général pour se séparer d'un excès de liquide. Il lui fallut se réveiller afin de restaurer sa coordination. Ouvrant les yeux, il plaqua une main sur le mur, tandis que la seconde partait à la recherche de l'organe le plus important du corps masculin. Aucune trace... Tel un vieil ordinateur qui aurait planté, le cerveau d'Iratov analysait avec difficulté l'information transmise par voie tactile. Il dut se pencher pour activer sa vision. Et, à ce moment là, un cri d'agonie monta de sa conscience, comme si on venait de le perforer à l'aide d'un couteau électrique.

Il n'y avait rien !!! Que dalle !!!

Auteur: Lipskerov Dimitri

Info: L'Outil et les papillons

[ réveil ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

couple

La suite, c'est le quotidien qui vous rattrape — ses calmes plats, ses soubresauts, ses habitudes, son cours ordinaire. Louise avait commencé à travailler à l'hôpital. Le jour, la nuit, les week-ends, elle se tenait en alerte comme un soldat mobilisable à tout moment. On se croisait. Elle partait quand j'arrivais. Rentrait quand je partais. Souvent c'était un jour sur deux. Comme dans un amour alterné. Parfois j'avais l'impression que nous prenions un de ces tourniquets, à l'entrée des grands magasins. Nos vies disparaissaient dans la rotation de nos emplois du temps. Alors on s'écrivait. Pour elle une lettre sur la table. Pour moi un mot collé sur le frigo. Elle s'appliquait, je me contentais de griffonner. Je me cherchais des excuses en répétant que je ne savais pas trouver les mots. Elle ne me croyait pas. Pour elle, chacun de nous est poète. Le seul témoin de ce manège épistolaire s'appelait Apollinaire : le chat qui habitait avec nous. C'est elle qui avait choisi son nom. J'aurais préféré Sonny, pour Sonny Rollins, dont les microsillons tournaient sur ma platine, mais les calligrammes de l'auteur des lettres à Lou l'avaient emporté sur les notes du saxophoniste.


Auteur: Astolfi Christian

Info: De notre monde emporté. Le Bruit du monde, pp 31-32

[ désynchronisé ] [ routine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

malbouffe

Et les saucisses… On ne prêtait jamais attention aux produits qui entraient dans leur composition. Pourtant, pour les fabriquer, on utilisait toutes celles que l’Europe avait refusées et réexpédiées en Amérique : la chair blanchâtre et moisie était traitée avec du borax et de la glycérine, puis jetée dans les trémies et proposées sur le marché national. On y ajoutait également les rognures qui avaient traîné par terre dans la sciure et la saleté, qui avaient été piétinées par les ouvriers, souillées par leurs crachats infectés de milliards de bacilles de Koch. Sans parler des monceaux de viande, stockés en d’énormes tas dans des entrepôts dont les toits fuyaient et qui grouillaient de rats. […] Les patrons luttaient contre ce fléau avec du pain empoisonné. Tout partait dans les trémies : rats morts, pain et viande. […] Quand les ouvriers chargeaient à pleine pelle la viande dans les wagonnets, ils ne prenaient pas la peine d’éliminer les cadavres des rongeurs, même s’ils les voyaient. Pourquoi l’auraient-ils fait quand, dans la fabrication des saucisses, entraient certains ingrédients en comparaison desquels un rat empoisonné était un morceau de choix ? Ainsi, comme les hommes n’avaient aucun endroit où se laver les mains avant le déjeuner, ils avaient pris l’habitude de le faire dans l’eau destinée à la saucisse.

Auteur: Sinclair Upton Beall Jr.

Info: La jungle

[ charcuterie ] [ répugnante ] [ repoussante ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel