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absurde

Te souviens-tu de ces serpents qui, quand nous arrivâmes en Épire, effaçaient derrière nous les traces de nos pas ? D’autres serpents viendront et tout sera effacé.

Auteur: Scipion l'Africain

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[ oubli ] [ néant ] [ métaphore ]

 

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experts

Une formule a fait tilt dans l’opinion : qualité de la vie, protection de l’environnement. Mais bien sûr ! on s’en empare, on couvre avec ces formules n’importe quelle entreprise de déménagement du territoire, de destruction de l’humain et de son paysage, de dénaturation de l’environnement. Et pourquoi pas ? Ces mots ne sont que des mots, donc rien. Simplement des formules à la mode. Laissez-nous pratiquer les choses sérieuses, la croissance, l’équipement. Et lorsque vous montrez que ces "formules" ont un contenu très vaste, une valeur, et impliquent des choix de base, alors il y a rejet, on ne peut pas être conduit, dirigé par des mots et des évocations de valeur. La pratique c’est autre chose que votre discours. Et le mépris pour le philosophe et l’humaniste apparaît aussitôt sous la politesse glacée de l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Jouez avec les mots, nous en prendrons quelques-uns à titre décoratif, et laissez-nous les choses.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, page 256

[ langage asservi ] [ dualisme ]

 

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assomption signifiante

[...] le terme familial était en 1881 un néologisme. Une consultation attentive de quelques bons auteurs qui se sont penchés sur le problème m’a permis de dater de 1865 l’apparition de ce mot. On n’avait pas cet adjectif avant cette année-là. Pourquoi ne l’avait-on pas ?

Selon la définition qu’en donne Littré, familial se dit de ce qui se rapporte à la famille, au niveau, dit-il, de la science politique. Le mot familial est ainsi lié à un contexte où l’on dit par exemple allocations familiales. L’adjectif est donc venu au jour au moment où la famille a pu être abordée comme objet au niveau d’une réalité politique intéressante, c’est-à-dire pour autant qu’elle n’avait plus pour le sujet la même fonction structurante qu’elle avait toujours eue jusque-là, étant partie intégrante des bases mêmes de son discours, sans que l’on songe même à l’isoler. C’est pour autant qu’elle a été tirée de ce niveau pour devenir le propos d’un maniement technique particulier, qu’une chose aussi simple que son adjectif corrélatif a pu surgir.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 55-56

[ mise en jeu symbolique ] [ historique ]

 

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embrouille

Interceptant mon regard, le type du fond agita sa main et me cria :

- C’ment que tu t’portes, Eddie ?

- Je ne suis pas Eddie, répliquai-je.

- Tu lui ressembles, dit-il.

- Je m’en tamponne.

- Ca ne va pas ?

- Impeccable. A présent, tu me lâches. Vu ?

Le barman revint avec ma commande, ramassa le fric que j’avais posé sur le comptoir, et me dit :

- Réflexion faite, je ne pense pas que vous soyez un type sympa.

- Qui t’a demandé de penser ? aboyai-je.

- Je pourrais très bien ne pas vous servir.

- Si mon argent te débecte, inutile d’y toucher !

- J’ai un mauvais feeling, je pressens le pire…

- Le pire ? Tu le veux sous quelle forme ? Vas-y, dis-le-moi.

- NE LE SERVEZ PLUS, gueula l’autre enviandé.

- Un mot de plus, toi, là-bas, et je te dérouille si salement qu’après tu pourras toujours jouer aux osselets avec tes belles quenottes.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Pulp", trad. Gérard Guégan, éd. Grasset & Fasquelle, 1995, pages 105-106

[ conversation ] [ inconnus ] [ tension ] [ dialogue ]

 

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moches

D’après mon principe, on peut trouver dans toute femme quelque chose d’extrêmement intéressant, le diable m’emporte, ce qu’on ne trouverait chez aucune autre. Il faut seulement savoir le trouver, voilà tout le secret ! C’est un don ! Pour moi il n’y avait pas de laiderons : le seul fait d’être une femme, c’est déjà la moitié de tout... mais comment pourriez-vous le comprendre ! Même chez les vieilles filles on trouve quelquefois des choses telles qu’on est stupéfait de voir que les autres imbéciles ont pu les laisser vieillir sans les remarquer ! La va-nu-pieds, le laideron, il faut l’étonner tout d’abord, voilà comment il faut s’y prendre avec elle. Tu ne le savais pas ? Il faut l’étonner jusqu’à l’extase, au point qu’elle en soit transpercée, au point de la plonger dans la confusion à l’idée qu’un pareil seigneur s’est épris d’une souillon comme elle. Il est vraiment agréable de savoir qu’il y aura toujours au monde la canaille et les maîtres, on trouvera donc toujours une souillon et tu seras toujours son maître, et c’est tout ce qu’il faut pour être heureux dans la vie !

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 174

[ technique de séduction ] [ femmes-hommes ] [ pouvoir ] [ éducation du regard ]

 
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Bible

Qu’il pleure aussi, le prêtre de Dieu, et il verra qu’en réponse les cœurs de ses auditeurs seront bouleversés. Il suffit d’une petite semence infime jetée dans l’âme du simple, et elle ne mourra pas, pendant toute sa vie elle vivra dans son âme, demeurera en lui au milieu des ténèbres, au milieu de la pestilence de ses péchés, comme un point lumineux, comme un grand rappel. Et il est inutile, bien inutile de beaucoup lui expliquer et enseigner, il comprendra tout, simplement. Croyez-vous que l’homme du peuple ne comprenne pas ? Essayez, lisez-lui l’histoire touchante et attendrissante de la belle Esther et de la hautaine Vasthi ; ou le merveilleux récit du prophète Jonas dans le ventre de la baleine. N’oubliez pas non plus les paraboles du Seigneur, notamment dans l’Évangile selon saint Luc (c’est ce que je faisais), puis dans les Actes des apôtres, la version de Saül (cela absolument, absolument !) et enfin, dans les Ménées, ne serait-ce que la vie d’Alexis homme de Dieu et de la joyeuse martyre, grande entre les grandes, sainte Marie l’Égyptienne, qui a vu Dieu et qui portait le Christ en elle.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", volume 1, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 377-378

[ marquants ] [ impressionnants ] [ exemplarité ] [ transmission ]

 
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désenchantement

tout le monde s’en fout

tout le monde s’en contrefout

tu savais pas ?

tu l’avais oublié ?

tout le monde s’en bat les reins



même ces empreintes de pas

qui semblent aller quelque part

ne mènent nulle part



tu peux prendre les choses à cœur

mais tout le monde s’en fout –

c’est la première leçon

qui mène à la sagesse



apprends-le

et personne n’a l’obligation de s’en soucier

personne n’est censé en avoir quelque chose à foutre



la sexualité et l’amour sont évacués...

comme de la merde.



tout le monde s’en branle



apprends-le



croire en l’impossible est un

piège

la foi tue



tout le monde s’en balance –

les suicidés, les morts, les dieux

ou les vivants



pense au vert, pense aux arbres, pense

à l’eau, pense à la chance et à la gloire de

toute sorte

mais garde-toi

le plus tôt possible

de dépendre de l’amour

ou d’attendre qu’on t’aime

en retour



personne n’en a rien à foutre.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " file dans ta tombe sans faire de saletés"

[ relations impitoyables ] [ haine silencieuse ]

 

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plèbe

Je ne pouvais pas supporter cette foule aigrie, toujours agitée, toujours maussade et inquiète, qui allait et venait devant moi sur le trottoir. A quoi bon cette tristesse éternelle, cette anxiété, cette perplexité perpétuelles, cette méchanceté constante et morose (car ils sont méchants, trois fois méchants) ? A qui la faute s’ils sont malheureux et s’ils ne savent pas vivre, alors qu’ils ont devant eux soixante ans de vie ? Pourquoi Zartnitzyne s’est-il laissé mourir de faim, alors qu’il pouvait vivre encore soixante ans ? Et chacun exhibe ses guenilles, ses mains de travailleur, tout le monde se fâche, tout le monde crie : "Nous peinons comme des bêtes de somme, nous travaillons, nous avons une faim de loup, nous sommes pauvres ! Les autres n’ont pas à peiner, à travailler, et ilss ont riches !" (éternel refrain). A côté de ceux-là on trouve toujours quelque pauvre diable "de la noblesse" qui court, qui s’agite du matin au soir, comme par exemple, Ivan Fomitch Sourikov, qui habite au-dessus de nous. Il court des journées entières, toujours avec les manches trouées, des boutons qui ne tiennent pas ; il fait des commissions pour toutes sortes de gens ! Essayez de lui parler ! Il vous dira qu’il est "pauvre, indigent, nécessiteux ; sa femme est morte, il n’avait pas de quoi lui acheter des médicaments ; leur enfant a péri de froid l’hiver passé ; leur fille aînée se fait entretenir..." Il ne fait que gémir, se plaindre ! Oh ! Je n’éprouvais aucune pitié pour ces imbéciles ni alors ni maintenant, je le proclame avec orgueil ! Pourquoi n’est-il pas un Rothschild ? A qui la faute s’il n’a pas des millions comme Rothschild, s’il n'a pas toute une montagne d’impériales et de Napoléon d’or, une montagne aussi grande que celle qu’on voit au carnaval devant les baraques des forains ? Du moment qu’il vit, tout est en son pouvoir ! A qui la faute s’il ne le comprend pas ?

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 321

[ volontarisme ] [ complaisance ] [ impitoyable ] [ richesse ] [ envie ]

 
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communion des saints

Vous aurez toujours des pauvres parmi vous. Depuis le gouffre de cette Parole, aucun homme n’a jamais pu dire ce que c’est que la Pauvreté.

Les Saints qui l’ont épousée d’amour et qui lui ont fait beaucoup d’enfants assurent qu’elle est infiniment aimable. Ceux qui ne veulent pas de cette compagne meurent quelquefois d’épouvante ou de désespoir sous son baiser, et la multitude passe "de l’utérus au sépulcre" sans savoir ce qu’il faut penser de ce monstre.

Quand on interroge Dieu, il répond que c’est Lui qui est le Pauvre : Ego sum pauper. Quand on ne l’interroge pas, il étale sa magnificence.

La Création paraît être une fleur de la Pauvreté infinie ; et le chef-d’œuvre suprême de Celui qu’on nomme le Tout-Puissant a été de se faire crucifier comme un voleur dans l’Ignominie absolue.

Les Anges se taisent et les Démons tremblants s’arrachent la langue pour ne pas parler. Les seuls idiots de ce dernier siècle ont entrepris d’élucider le mystère. En attendant que l’abîme les engloutisse, la Pauvreté se promène tranquillement avec son masque et son crible.

Comme elles lui conviennent, les paroles de l’Évangile selon saint Jean ! "Elle était la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde. Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. Elle est venue dans son domaine, et les siens ne l’ont pas reçue."

Les siens ! Oui, sans doute. L’humanité ne lui appartient-elle pas ? Il n’y a pas de bête aussi nue que l’homme et ce devrait être un lieu commun d’affirmer que les riches sont de mauvais pauvres.

Quand le chaos de ce monde en chute aura été débrouillé, quand les étoiles chercheront leur pain et que la fange la plus décriée sera seule admise à refléter la Splendeur ; quand on saura que rien n’était à sa place et que l’espèce raisonnable ne vivait que sur des énigmes et des apparences il se pourrait bien que les tortures d’un malheureux divulgassent la misère d’âme d’un millionnaire qui correspondait spirituellement à ses guenilles, sur le registre mystérieux des répartitions de la Solidarité universelle.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 247-248

[ réversibilité des mérites ]

 

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expérience du bouquet renversé

Pour que l’illusion se produise, pour que se constitue, devant l’œil qui regarde, un monde où l’imaginaire peut inclure le réel et, du même coup, le former, où le réel aussi peut inclure et, du même coup, situer l’imaginaire, il faut qu’une condition soit réalisée – je vous l’ai dit, l’œil doit être dans une certaine position, il doit être à l’intérieur du cône.

S’il est à l’extérieur de ce cône, il ne verra plus ce qui est imaginaire pour la simple raison que rien du cône d’émission ne viendra le frapper. Il verra les choses à leur état réel, tout nu, c’est-à-dire l’intérieur du mécanisme, et un pauvre pot vide, ou des fleurs esseulées, selon les cas.

Vous me direz – Nous ne sommes pas un œil, qu’est-ce que c’est que cet œil qui se balade ?

La boîte veut dire votre propre corps. Le bouquet, c’est instincts et désirs, les objets du désir qui se promènent. Et le chaudron, qu’est-ce que c’est ? Ça pourrait bien être le cortex. Pourquoi pas ? [...]

Au milieu de ça, votre œil ne se promène pas, il est fixé là, comme un petit appendice titilleur du cortex. [...]

L’œil est ici, comme très fréquemment, le symbole du sujet.

Toute la science repose sur ce qu’on réduit le sujet à un œil, et c’est pourquoi elle est projetée devant vous, c’est-à-dire objectivée. [...] Pour nous réduire un petit instant à n’être qu’un œil, il fallait que nous nous placions dans la position du savant qui peut décréter qu’il n’est qu’un œil, et mettre un écriteau à la porte – Ne pas déranger l’expérimentateur. Dans la vie, les choses sont toutes différentes, parce que nous ne sommes pas un œil. Alors, qu’est-ce que veut dire l’œil qui est là ?

Cela veut dire que, dans le rapport de l’imaginaire et du réel, et dans la constitution du monde telle qu’elle en résulte, tout dépend de la situation du sujet. Et la situation du sujet [...] est essentiellement caractérisée par sa place dans le monde symbolique, autrement dit dans le monde de la parole.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, page 129-130

[ réel-symbolique-imaginaire ] [ schéma optique ] [ interprétation psychanalytique ] [ métaphore du fonctionnement psychologique ]

 

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