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autodestruction

"L'enfer se hait lui-même", disait Bernanos. Il faut ajouter que l'enfer auquel, sous les espèces spécifiques d'associations infatigables et déchaînées, on donne aujourd'hui la parole et le pouvoir, et notamment dans les tribunaux, qui sont devenus les principaux théâtres où ces intermittents de la persécution se donnent à voir, n'aura de cesse d'y précipiter tous les êtres sans exception. Car cet enfer, comme d'ailleurs tous les enfers depuis que les hommes ont découvert l'existence des enfers, est rempli de damnés qui ne supportent pas d'être seuls damnés. C'est même à cela que l'on reconnaît le damné : à ce qu'il ne peut pas tolérer de rester seul ; et à ce qu'il va s'efforcer de précipiter tout le monde dans sa damnation. Dans le langage de notre époque, qui essaie à grand-peine de transformer la tératologie quotidienne en normalité (c'est l'essentiel de son travail), cela s'appelle flatteusement un militant…

Auteur: Muray Philippe

Info: Festivus Festivus, p. 44

[ normalisation ] [ anthropocentrisme ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

protestantisme

- Voilà Érasme, homme de raison s'il en fut jamais. On commença par l'écouter - virtuose nouveau jouant de cet instrument élégant et plein de ressources qu'est l'intellect ; on l'admira même, on le vénéra. Mais les a-t-il incités à se conduire comme il voulait qu'ils le fissent - raisonnablement, décemment, au pis-aller un peu moins dégoûtamment qu'à l'ordinaire? Non pas. Et puis apparaît Luther, violent, passionné, dément follement convaincu au sujet de choses qui ne peuvent comporter de convictions. Il cria, et les hommes se précipitèrent à sa suite. On n'écouta plus Érasme ; il fut honni parce qu'il était raisonnable. Luther était sérieux, Luther était la réalité - comme la Grande Guerre. Érasme n'était que la raison et la décence ; il lui manquait le pouvoir, étant un sage, de pousser les hommes à l'action. L'Europe suivit Luther et s'embarqua dans un siècle et demi de guerres et de persécutions sanglantes. C'est une histoire mélancolique.

Auteur: Huxley Aldous

Info: Jaune de chrome

[ historique ]

 

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idéologies

Cette idée de l’unité intellectuelle ou de l’unité morale que nous rencontrons, également, chez les trois "anti" [antisémitisme, antiprotestantisme, anticléricalisme], c’est une idée religieuse plutôt qu’une idée politique ; et si, comme les trois "anti", on en recherche la réalisation dans la contrainte légale et dans la conformité extérieure, je dirai que c’est une idée du Moyen Age, une idée de l’Ancien Régime, incompatible avec l’Etat moderne, comme avec l’esprit moderne.

Certes, envisagée en elle-même, comme un libre effort des intelligences et une aspiration vers l’unité des cœurs, c’est une grande, une noble idée. […] L’aspiration à l’unité est légitime, lorsqu’elle est volontaire, lorsqu’elle est spontanée, lorsqu’elle sort de l’âme et de la conscience ; mais si l’on veut, comme les trois "anti", la poursuivre par la force, on aboutit, fatalement, à la violence et à l’oppression. L’histoire entière en est la preuve. Toutes les formes de la tyrannie, religieuses ou politiques, toutes les persécutions de la pensée, cette idée d’unité les a couvertes et justifiées.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, page 70

[ totalitarisme ] [ bonnes intentions de façade ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

progrès

Il y a une histoire de la clinique qui n’est pas celle qu’on a contée, une histoire universelle de la clinique croyant aux possibilités de recouvrer la santé. Plus on croit à la santé, plus on croit à l’existence d’un bacille isolable contre lequel il est possible de s’inoculer une protection. Cette croyance peut être appelée la religion elle-même, la vraie religion humaine que les religions proprement dites ne font que survoler, frôler, compromettre. Les religions n’ont rien à voir par principe avec la guérison ici-bas du genre humain ; mais il est arrivé que le genre humain ait cru qu’elles allaient l’aider à se débarrasser, ici et maintenant, de son épidémie : cette rencontre de cures s’est alors appelée pogroms, inquisitions, persécutions, procès et bûchers d’hérétiques ou d’infidèles. Il est à noter que depuis deux siècles le genre humain a cessé d’attendre quelque secours que ce soit des religions pour évacuer le bacille et connaître enfin le bonheur en commun, et qu’il s’est tourné vers des remèdes plus scientifiques. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Céline", éd. Gallimard, 2001, préface à la première édition, page 28

[ état de nirvana ] [ pulsion de mort ] [ idéalisme ] [ solution sanitaire ] [ médecine toute puissante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

processus

L'expérience analytique est [...] définie par Lacan comme un procès où se "reconstitue" l'image "restaurée dans sa réalité propre" de cause psychique. D'où la fameuse définition de son processus : "induire dans le sujet une paranoïa dirigée". Non pas : provoquer une paranoïa, mais la diriger sur l'image du psychanalyste de sorte que tout le kakon* ignoré du sujet soit projeté progressivement sur elle, pour qu'en retour l'analyste le lui rende dans la nomination de son origine historique. Ainsi, rattachée au réel par sa projection sur l'image du dit psychanalyste, l'image est à mesure désassimilée du réel par la nomination qui lui redonne son statut propre d'image. Par là, de "diffuse et brisée" qu'elle était, elle s'élève chez le sujet à la conscience de son "unité", soit à la réussite du miroir : le sujet s'y reconnaît enfin.
Mais à une condition absolue d'ascèse : que la personnalité de l'analyste soit un "miroir pur d'une surface sans accidents", "un personnage aussi dénué que possible de caractéristiques individuelles" [...].

Auteur: Julien Philippe

Info: Dans "Pour lire Jacques Lacan", page 57. *Source d'une pulsion négative potentielle : par exemple l’affect lié au kakon se situe à l'origine du délire de persécution.

[ désêtre ] [ transfert ] [ analyste transparent ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

foi

Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur. Lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin. Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avoie joie ; mais il n’a pas de racine en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse. Celui qui a reçu la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente.

Auteur: La Bible

Info: La Sainte Bible, traduction Louis Segond, Évangile de Matthieu, 13, 18-23

[ réceptivité ] [ christianisme ] [ image ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

respect de l'autorité

- Tu as une aversion morbide de la mort. Tu n'aimes probablement pas le fait d'être en guerre et de risquer de te faire exploser la tête à tout moment.

- J'en suis plus que contrarié, monsieur. Je suis absolument faché.

- Tu as un profond instinct de survie. Et tu n'aimes pas les bigots, les brutes, les snobs ou les hypocrites. Inconsciemment, il y a beaucoup de gens que tu détestes.

- Consciemment, monsieur, consciemment, corrigea Yossarian dans un effort pour lui fciliter la tâche. Je les déteste consciemment.

- Tu es hostile à l'idée d'être volé, exploité, dégradé, humilié ou trompé. La misère te déprime. L'ignorance te déprime. La persécution te déprime. La violence, la corruption te dépriment. Tu sais, je ne serais pas surpris si tu étais maniaco-dépressif !

- Oui, monsieur. Peut-être que je le suis.

- Essaye de le nier.

- Je ne le nie pas, monsieur, dit Yossarian, content du miraculeux rapprochement qui s'était opéré entre eux. Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit. 

Auteur: Heller Joseph

Info: Catch 22

[ impressionnabilité ] [ besoin d'affection ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

antisémitisme

Au moment même de leur essor culturel, les Juifs du Nord de la France subissent leurs premières persécutions (ceux du Midi en avaient connu dès l'an mille, ponctuellement). La première croisade, ou plus exactement ses éléments incontrôlés (bandes de Pierre L'Ermite), fait des pogroms de Rouen à Cologne, obligeant tout le moins ses victimes, réputées ennemies du Christ, à se convertir ou à payer rançon. Le calme revient, mais il s'écoule à peine un jubilé et voilà qu'en 1146, lors du départ de la seconde croisade, la persécution reprend. Il s'agit toujours des "autonomes" : le moine Raoul, prêcheur non autorisé d'allure érémétique, incite au meurtre, en Rhénanie ; saint Bernard fait entrer dans le rang ce disciple dévoyé et préconise le respect des Juifs. Il cite la phrase de saint Paul et s'inspire de textes de saint Augustin pour aboutir à la position suivante : si le peuple juif est voué à la dispersion et à l'itinérance, c'est la sanction du refus de reconnaître la divinité de Jésus (Historiquement pourtant, la dispersion du peuple juif a précédé de beaucoup l'époque du christ).


Auteur: Barthélemy Dominique

Info: Nouvelle histoire de la France médiévale (3) L'ordre seigneurial, XIe-XIIe siècle, 524 - [Points Histoire H203, p. 177]

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

police de la pensée

Pour parler autrement, l’Histoire est sortie de l’ordre du naturel, ou de l’inconscient, c’est-à-dire de l’immortel. Elle est maintenant de l’ordre du conscient. Et, comme telle, elle est fragile. Il faut plaider pour elle, désormais. Il faut élaborer toute une néo-théologie, toute une historiologie, il faut essayer d’apporter des preuves de l’existence de l’Histoire comme on élaborait au Moyen Âge des preuves de l’existence de Dieu. […] D’où la mise en place de nouvelles valeurs absolues, toute cette démence autour de l’éthique, des droits de l’homme, du Bien, de l’humanitaire, tout ce développement international d’associations prêtes à se constituer partie civile au moindre signal, tous ces collectifs de surveillance, de vigilance et de repentance, toute cette Word Virtue Compagny, toute cette éthique planétaire, toute cette McEthic, tout ce chemin de croix de la pacification universelle, tout cela n’est rien d’autre que la constitution galopante du socle de la nouvelle théologie, et la justification par avance des persécutions à venir, de toutes les terreurs qui se préparent ou qui sont déjà là, contre les hérétiques du nouveau dogme. […] Dieu est mort, tout est permis ? L’Histoire est morte, rien ne l’est plus.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 112

[ ceintures de contention ] [ totalitarisme vertueux ] [ pouvoir sémantique rationalisé ] [ mondialisation ] [ anti transcendance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

persécutions

Je ne pouvais pas rater un spectacle aussi extraordinaire que la déportation des Juifs de Kiev. Dès l'aube, je me précipitai dans la rue. Ils étaient sortis avant le lever du jour, pour arriver le plus tôt possible au train et avoir des places. Pleurant et se querellant, la population juive du kolkhoze maraîcher se déversait dans la rue avec ses enfants qui hurlaient, ses vieillards, ses malades. Des paquets mal ficelés, de vieilles valises en contreplaqué, des sacs rapiécés, des caisses contenant des outils de charpentier... Des vieilles femmes portaient autour du cou des couronnes d'oignons, tels des colliers gigantesques : c'étaient les provisions de route... Vous comprenez, en temps normal, les infirmes, les malades, les vieillards, restent à la maison et on ne les voit pas. Mais là, tout le monde devait venir, et ils étaient tous là. [...] En proie à une agitation convulsive, je courais d'un groupe à l'autre, écoutant les conversations, et plus nous approchions du Podol, plus il y avait de monde dehors. Les habitants se tenaient sur le seuil de leur maison, regardaient, poussaient des soupirs, se moquaient des Juifs ou bien leur criaient des injures.

Auteur: Kuznetsov Anatoli

Info: Babi Yar, récit de Tolia, témoin alors qu'il était enfant

[ camps de concentration ] [ antisémitisme ]

 

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