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vivre

Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clefs, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... je veux faire entrer l'air dans mes poumons, ... je veux respirer.

Auteur: Mourlevat Jean-Claude

Info: Terrienne

[ jouir ]

 

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art pictural

Une peinture de Klee intitulée "Angelus Novus" montre un ange qui semble sur le point de s'éloigner de quelque chose qu'il contemple fixement. Ses yeux sont fixes, sa bouche est ouverte, ses ailes sont déployées. C'est ainsi que l'on imagine l'ange de l'histoire. Son visage est tourné vers le passé. Là où nous percevons une chaîne d'événements, il voit une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'empiler les ruines les unes sur les autres et les jette à ses pieds. L'ange voudrait rester, réveiller les morts et réparer ce qui a été détruit. Mais une tempête souffle du Paradis ; sa prise sur les ailes de l'ange est d'une telle violence qu’il ne peut plus les fermer. Cette tempête le propulse irrésistiblement vers l'avenir auquel il tourne le dos, tandis que le tas de décombres qui se trouve devant lui croît vers le ciel. Cette tempête est ce que nous appelons le progrès.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Sur le concept d'histoire, "Thèse IX" in Oeuvres III, page 434

[ interprétation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

enchantement

Je ne sais pas très bien comment vous expliquer qui je suis, mais disons que les choses se sont passées à peu près comme ça: j’ai un ami spécial qui n’a jamais besoin de rien. Déjà, quand nous étions petits, s’il voulait un vaisseau spatial... il le dessinait... Mais il le dessinait si bien qu’on aurait dit un vrai.
Nous montions dedans, et faisions un beau voyage autour du monde. Un jour, en volant dans un biplan étincelant qu’il avait peint en rouge, à peu près comme celui du Baron Rouge, mais plus petit, nous avons failli nous écraser sur un gigantesque volcan qu’il venait justement de dessiner. Quand il avait sommeil, il esquissait un lit à quatre pieds... dans lequel il rêvait jusqu’au matin. Il gardait sur lui un magnifique crayon en bois à deux pointes, toujours parfaitement bien taillé.
À présent, cet ami est parti pour la Chine, mais, avant de partir, il m’a laissé son crayon magique !

Auteur: Baccalario Pierdomenico

Info: La boutique Vif-Argent: Une valise d'étoiles

[ enfance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décrochage

Le vent fait virevolter un sac de plastique bleu autour de nos pieds. Je cligne des yeux. A nouveau, la rue vacille, s’incurve, tourne et se retourne sur elle-même jusqu’à former un cercle. Sous mes paupières, dans une voiture à l’arrêt, une enfant au visage livide hurle tandis qu’on la roue de coups. Je secoue la tête. Je promène mes yeux alentour. Personne n’a l’air de savoir que j’ai disparu dans un pli du sac de plastique qui vient de s’écraser dans une flaque froide. L’enfant que j’ai mise au monde me dévisage. Je pense Si elle est là, et que tu la vois te regarder, et que puisque tu la vois te regarder c’est qu’elle te voit, c’est donc que du temps a passé et que tu n’es pas un sac de plastique, et que tout ce qui a eu lieu auparavant est fini et bien fini et ne recommencera plus jamais. Le vent se faufile le long de nos jambes.

Auteur: Chiche Sarah

Info: Dans "Les enténébrés" page 83

[ répétition ] [ lignes temporelles ] [ vertige ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

dialogue

– Je crois pas à la magie, répondit Sam.
– Moi je crois à tout, Tom pouce.
– M’appelle pas Tom Pouce. D’ailleurs je te ferai remarquer que t’es à peine plus grand que moi.
– Je sais, mais t’es quand même qu’un petit freluquet, qu’un goujon dans le grand fleuve.
– Je suis un tueur de géant.
– Ben voyons. D’façon comme je t’ai dit, je crois à tout…crevette.
– Si tu continues, moi je vais t’appeler rat d’égout.
– Nabot.
– Pet de mouche.
– Crapaud.
– Galeux.
– Plancton.
– Tête de caca.
– Tête de caca? se gaussa le Kid.
– Ouais, répondit Sam avec un gloussement moqueur. C’est ça que tu es. tête de caca. Tu pues.
– Tu rigoles tu sens pire. Tu pues les pieds. Vieille chaussette.
– M’appelle pas vieille chaussette, pauvre port à tabac qui pu du cul.
– Ouh le ragondin. T’es-un-ra-gondin!
– Morveux.
– Trou de balle.
Soudain le Kid s’arrêta.

Auteur: Higson Charles

Info: Ennemis, Tome 1

[ gamins ] [ insulte ]

 

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rapports humains

J'ai fait un pas vers elle. "C'est mon droit d'avoir mes propres pensées. C'est mon droit", ai-je dit. "C'est mon droit d'être peu sociable et c'est mon droit d'être peu agréable à côtoyer. Est-ce que vous vous écoutez parfois ? Ce truc est est fou, cet autre est fou, tout est fou pour vous. A l'aune de quoi ? Eh bien, c'est mon droit d'être fou, comme vous aimez tant le dire. Je n'ai pas honte. J'ai ressenti beaucoup de choses dans ma vie, mais la honte n'en fait pas partie." À cause du volume de ma voix, je me suis haussé sur la pointe des pieds. Je ne me souviens pas avoir crié comme ça, jamais. "Vous pensez peut-être que j'ai une obligation envers vous, mais je vous assure que le fait que nous soyons ensemble dans cette situation arbitraire n'a aucun sens . Je n'ai jamais eu aussi peu d'obligation envers qui que ce soit dans ma vie, pauvre femme si ordinaire et agressive."

Auteur: Machado Carmen Maria

Info: Her Body and Other Parties: Stories

[ coup de gueule ] [ colère ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

toubibs

Les médecins, debouts, du haut de leur superbe, paradent tous les jours dans tous les mourroirs à pauvres de l'assistance publique, poursuivis par le zèle gluant d'un troupeau de sous médecins serviles qui leur collent au stétoscope comme un troupeau de mouches à merde sur une bouse diplômée !

Et les médecins, debouts, paradent au pied des lits des pauvres qui sont couchés, et qui vont mourrir. Et le médecin leur jette à la gueule, sans les voir, des mots en graco-latin, que les pauvres, couchés ne comprennent jamais. Et les pauvres, couchés, n'osent pas demander, pour ne pas déranger le médecin debout, qui pue la science, et qui cache sa propre peur de la mort en distribuant, sans sourciller ses sentences définitives et ses antibiotiques approximatifs, comme un pape au balcon dipersant la parole et le sirop de dieu sur le monde à ses pieds.

Alors, fais gaffe toubib, j'ai piégé me métastases, le premier qui touche à mon cancer, j'y saute à la gueule !

Auteur: Desproges Pierre

Info: Réquisitoire, prononcé dans le Tribunal des flagrants délires. Rapporté par Mona Chollet dans Sorcières

[ dénigrés ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

enfance

Parfois, les enfants sont pris de joie à se sentir échapper à la pesanteur. Avec une témérité folle, ils sautent du mur. le plus haut et, tels des chats, ils atterrissent en douceur sur les mains et sur les pieds. Ils dansent, ils tournent sur eux-mêmes toujours plus vite jusqu'à être pris de vertige et tomber.
Ils jouent à la princesse et aux brigands, et la princesse vole d'un épais buisson à l'autre pour se cacher des brigands. Si elle est quand même prise, les brigands se changent en Peaux-Rouges qui attachent leur victime au poteau et tirent sur elle arcs et flèches. Le jeu est dangereux mais c'est cela qu'elle veut. On lui bande les yeux. On allume un feu si près de ses vêtements qu'ils commencent à brûler. On lui tire les cheveux, on la pince, on la boxe. Pas une plainte ne s'échappe de ses lèvres. Elle souffre en silence, perdue dans des rêveries masochistes où les idées de vengeance et de représailles n'ont pas de place. La souffrance et les douleurs lui font plaisir.

Auteur: Unica Zürn Nora Berta Ruth

Info: Sombre printemps

[ jeux ] [ fantasme ]

 

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océanique

Dans cette île, nous n'avons jamais beaucoup aimé la mer, persuadés qu'elle nous a amené tous nos malheurs. Je ne suis donc allée qu'une ou deux fois m'y baigner, cet été là, mais j'ai longtemps imaginé ses grondements durant le jour et les soirs sa plainte hagarde roulant dans l'épaisseur de la nuit. J'aimais marcher le long de la dentelle des algues sur le sable et sentir la mer me lécher les pieds. J'aimais la mer comme la danse, j'aimais le risque physique et le plaisir. J'aimais ses mystères d'écume, de sel et d'eau. Les yeux grands ouverts je rêvais de son désordre fantasque et violent tout au loin. De sa poésie si amère. De son ventre d'eau pleine de toutes sortes d'animaux vivants et morts, de vieilles carcasses à la dérive, de sables mouvants et fins, d'algues de toutes les couleurs, de coraux étranges. L'idée de la vie et de la mort dans ce ventre d'eau du monde devenait un songe bienfaisant qui m'enchantait. Et quand le songe ne trouvait plus où s'arrêter, je le laissais filer au-dessus de l'eau, m'enivrant d'air et de sel.

Auteur: Lahens Yanick

Info: Dans la maison du père

[ amniotique ]

 

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eros-thanatos

Je laisse courir mes doigts sur la photo

déchirée d’un magazine & pliée

chez Fils et Amants.

Elle a une main sur sa hanche

& l’autre pointe un revolver

vers une cible échappant

de l’objectif. Entre une équipe

de femmes en treillis, elle met au défi

le soleil de pénétrer son ao dai.

Des officiers de haut rang laissent leurs yeux

voyager sur la soie tandis qu’ils poussent des pions

sur des cartes sous un ciel de mort.



Les ombres rampent sous ses pieds.

Sait-elle que les soldats la déshabillent

derrière leurs lunettes noires d’aviateurs ?

Elle est aussi délicate qu’un roseau

sur la berge, juste soupesant le flingue

dans sa main, un lotus maculé de sang

enraciné dans l’air agité.

Un autre genre de fleurs voluptueuses

dans la chair, de mauvais augure comme une photo

sur un cercueil attendant d’être

perdue parmi les papiers & les notes,

mais cela fait quand même mal quand le pistolet

joue avec le cœur de cette manière.

Auteur: Komunyakaa Yusef

Info: Le Xuan, Beau printemps, traduction Cédric Barnaud

[ guerre ] [ brutalité ] [ réconfort ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson