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première fois

Ils restèrent un moment silencieux. Puis Edevart se mit à embrasser la jeune femme et elle le laissa faire. Mais lorsque, timide et inexpérimenté, il voulut aller plus loin, elle dit :
- Non ! … Je n’ose pas !
Confus et très pitoyable, il cacha son visage sur le sein de Lovise, et ils restèrent ainsi quelques temps. Edevart entendait le cœur de la femme battre sous la chemise légère. Soudain elle prit la tête du jeune homme et l’embrassa ; elle murmura près de sa bouche :
- Je n’oserais pas ?
- Si, répondit-il tout bas.
Et oui, elle osa ! Elle s’abandonnait par sentiment maternel, ou par pitié, ou par amour, Dieu le sait ! Elle l’initiait et ce fut pendant des heures une merveilleuse folie, une griserie tout inspirée par la nature, sans artifice ! Et il était insatiable ! et elle ne demanda pas grâce une seule fois !
Le ciel pâlissait quand elle le quitta.

Auteur: Hamsun Knut

Info: Dans "Vagabonds", édition Pochothèque, trad. J. Petithuguenin, page 955

[ relation sexuelle ] [ extase ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éducation nationale

En lisant dans le substantiel discours de M. Thierry Cazes l’histoire de ces malheureux instituteurs, tour à tour gourmandés par le préfet pour leur indifférence, récompensé par le député qu’ils ont servi, honnis par celui qu’ils ont combattu, je pensais à l’infortuné maître d’école est vraiment la plus pitoyable victime de notre glorieuse République.

Nous avons pris un paysan et nous l’avons bourré d’une science hâtive de manuel, où se heurtent effroyablement les niaiseries de l’ancienne scolastique, les mensonges de la philosophie officielle et d’informes données scientifiques sans coordination, sans vue d’ensemble.

Puis nous l’avons bercé d’une illusion magique, nous lui avons dit qu’il était l’ambassadeur de la République auprès des habitants des campagnes, qu’il avait mission d’ouvrir à la lumière, d’éveiller aux idées de liberté, de solidarité, de justice, ces jeunes intelligences jusqu’ici maintenues dans l’inconscience : réservoir inépuisable des énergies de l’avenir. Et, dans la belle école toute neuve, nous avons installé le prophète ébloui du verbe nouveau.

Auteur: Clemenceau Georges

Info: Le grand Pan (Éd.1896)

[ France ] [ historique ] [ formatage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

homme-amimal

L'homme gît, il tousse, il transpire, il gémit, il a chaud, il est brûlant, il sent la maladie. Il ne sort pas ses orteils pour qu'on les mordille, il ne lance pas de souris, il ne fait rentrer de lumière, il ne nous donne pas la cuillère à lécher. L'homme est malade et d'assis, il est passé à coucher. C'est d'un ennui profond. Ses seules attentions sont pour une petite plaquette alvéolée, de papier métal, dont il extrait avec un crissement typique des cachets qu'il avale en grimaçant. La plaquette est légère, elle fait un petit bruit quand elle tombe et elle glisse sur le sol bien mieux qu'une de leurs fausse souris. Vous l'envoyer sous le lit, sous une armoire, sous un meuble lourd. Puis vous prenez place sur un siège, aux premières loges, l'air innocent et assoupi. Que le spectacle commence. [..] Au prix de crucifiantes souffrances, il va explorer tous les dessous alentours, avec une règle, un manche à balai, le front dégoulinant, ramenant poussière. Il vous jettera alors un pitoyable regard noir avant de retourner se blottir sous les plumes. Pourtant, il ne vous déteste pas.

Auteur: Neubourg Monique

Info: Comment domestiquer son maître quand on est chat

[ être humain ]

 

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guerre

Les scandales qui se révèlent en ce moment me donnent une jouissance intense. Enfin, il n'y a pas au monde que les imbéciles, je parle des deux côtés, qui se font trouer la peau. Il y a aussi les malins qui emplissent leurs poches. Quel beau pamphlet on pourrait écrire, cinglant, moqueur, joyeux, pitoyable, méprisant, comique, semblable à un grand éclat de rire, sur tout cela. D'un côté les imbéciles, les héros, comme on dit, le malheureux troupeau, parti ivre de grandes phrases, saoulé de mensonges, pour tuer et se faire tuer, leurs veuves plus ou moins plongées dans le chagrin. De l'autre, les grands coquins faisant superbement leurs affaires, tout en criant : La patrie avant tout, gloire aux héros. Ah ! il faudrait un grand talent, quel beau morceau ce serait. Pour moi, je jubile. Mieux, je jouis intellectuellement de cet admirable spectacle social. Je n'aime pas la bêtise, l'imbécillité servile, la jocrisserie. J'apprécie bien autrement les malins qui ont su faire leurs affaires, que les mille pauvres diables qui n'ont su que mourir pour de prétendus grands mots. Au moins, il y aura eu dans cette histoire quelques individus intelligents.

Auteur: Léautaud Paul

Info: 4 octobre 1917 I p.1025

[ spectacle ] [ ironie ]

 

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dialogue

- Sans vouloir vous choquer, Tom, la première fois que je l'ai vue, elle était en train de se couvrir de ses propres excréments.
- Je ne suis pas choqué.
- Pourquoi ?
- Je l'ai déjà vue se couvrir de merde. Ça choque la première fois. Eventuellement la deuxième. Ensuite on s'habitue et cela devient une composante du décor.
- Où l'avez-vous vue la première fois ?
- A San Francisco. Elle faisait une tournée de lectures. Elle s'est retrouvée dans un authentique asile de fous. L'endroit le plus sinistre que j'aie jamais vu. J'étais incapable de dire si se tartiner de merde relevait de l'expression de la haine de soi ou d'une façon personnelle de repeindre sa chambre.
- Vous faites de l'humour sur la psychose de votre soeur. Vous êtes vraiment quelqu'un de bizarre !
- C'est la manière sudiste, docteur.
- La manière sudiste ? dit-elle.
- L'immortelle expression chère à ma mère. Nous rions quand la douleur se fait trop forte. Nous rions quand la pitié de l'humaine condition devient trop pitoyable. Nous rions quand il n'y a rien d'autre à faire.
- Quand pleurez-vous ?
- Après avoir ri, docteur. Toujours. Toujours après avoir ri.

Auteur: Conroy Pat

Info: Le Prince des Marées

[ fiente ] [ folie ]

 

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erreur chirurgicale

C’était à midi. Cela continuait à saigner modérément du nez et de la bouche, le foetor était très fort. [Ignaz] Rosanes nettoya le pourtour de l’ouverture, retira des caillots de sang qui adhéraient et, brusquement, il tira sur quelque chose qui ressemblait à un fil, il continua à tirer ; avant que l’un de nous deux ait eu le temps de réfléchir, un morceau de gaze long d’un bon demi-mètre était extrait de la cavité. L’instant suivant, il y eut un flot de sang, la malade [Emma Eckstein] devint blanche, les yeux exorbités et sans pouls. Quoi qu’il en soit, l’instant d’après, il avait de nouveau rempli l’intérieur avec de la gaze fraîche iodoformée et le saignement s’arrêta, il avait duré environ une demi-minute, mais avait suffi à rendre méconnaissable la pauvre créature que nous avons ensuite étendue. Entre-temps, c’est-à-dire après, en fait, il se passa encore quelque chose. Au moment où le corps étranger sortit, où tout devint clair pour moi et où, tout de suite après, j’eus le spectacle de la malade, je me suis senti mal ; après qu’elle eut été complètement rebouchée, je me suis enfui dans la pièce d’à côté, j’ai une bouteille d’eau et je me suis trouvé pitoyable. La vaillante doctoresse m’apporta alors un petit verre de cognac et je redevins moi-même.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess (qui avait opéré la patiente) du 8 mars 1895, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ médecin-sur-patient ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

misanthropie

Je ne fréquente mes semblables qu’avec parcimonie […], considérant l’amour de l’humanité comme une illusion sentimentale autant que politique, et tentant de comprendre comment l’humanité s’abolit dans l’illégitimité du nombre, par exemple dans la foule que je traversais, ce jour-là, principalement composée de Noirs, de Maghrébins, de Pakistanais, d’Asiatiques, de diverses sortes de métis, et de quelques Blancs, hommes et femmes, dont deux petites lesbiennes se tenant par la main avec défi, suivies d’un nain dandinant son corps pitoyable entre de jeunes beautés tapageuses, et des enfants, des vieillards, laids, mal vêtus, l’ensemble se mouvant dans une puanteur constituée de relents d’égouts, de viennoiseries, de parfums et de produits de chez Mc Donald’s, au sein d’un vacarme dont on ne savait plus s’il annonçait la fin du monde ou s’il la faisait désirer, sur ce quai de la station Châtelet-les-Halles, un samedi après-midi, dans ce qui fut le ventre de Paris, et qui est devenu cette gigantesque gare souterraine, au-dessous des anciens cimetières des Innocents et de Saint-Eustache : des bas-fonds, où je ne descends jamais sans songer qu’à la foule se mêlent les spectres d’innombrables défunts, dont j’avais vu exhumer les os, quarante ans auparavant, et me demandant au milieu des grondements, des rumeurs et des cris, si, plus encore que la lumière, l’air libre n’est pas la première manifestation de la vérité. 

Auteur: Millet Richard

Info: Arguments d’un désespoir contemporain, Hermann éditeurs, 2011

[ mégapole ] [ surpopulation ] [ freaks ]

 
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infini

Dans le monde, toutes nos actions sont celles de l’égoïsme ; nous nous imaginons que les forces universelles qui œuvrent en nous sont nôtres, nous revendiquons comme un effet de notre volonté et de notre sagesse, de notre force, de notre vertu personnelles, le choix, la formation et le progrès accomplis par le, Transcendant dans le cadre de notre mental, de notre vie et de notre corps. L’illumination nous apporte la connaissance que l’ego n’est qu’un instrument ; nous commençons à percevoir et à sentir que ces choses sont "nôtres" en ce sens qu’elles appartiennent à notre Moi suprême et intégral qui est un avec le Transcendant et non à notre ego instrumental. Nos limitations et nos déformations sont notre contribution au travail, le vrai pouvoir dedans est le Pouvoir du Divin. Quand l’ego humain reconnait que sa volonté est un outil, sa sagesse une ignorance et un enfantillage, son pouvoir un tâtonnement d’enfant, sa vertu une prétentieuse impureté, et qu’il apprend à se confier à Cela qui le transcende, c’est pour lui le salut. L’apparente liberté et l’indépendance de cet être personnel auquel nous sommes si profondément attachés, cachent la plus pitoyable sujétion à un millier de suggestions, d’impulsions et de forces que nous avons rendues étrangères à notre petite personne. Notre ego, qui se vante de liberté, est à chaque instant l’esclave, le jouet et la marionnette d’innombrables êtres, puissances, forces et influences de la Nature universelle.

Auteur: Gose Sri Aurobindo

Info: Dans "La synthèse des Yoga"

[ impersonnel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

enterrement spectacle

Une dizaine de mois auparavant, Marchenoir avait vu Paris enterrer un homme fameux qui avait déclaré la guerre à tous les religieux de la France et qui devait exterminer le christianisme en combat singulier. Ce personnage, parti de bas, n’avait presque pas eu besoin de s’élever pour que ses pieds de cyclope révolutionnaire fussent exactement au niveau de la plupart des têtes contemporaines.

Pendant plus de dix ans, Léon Gambetta, continuant les jeux de sa charmante enfance, put se maintenir à califourchon sur les épaules de la Fille aînée de l’Église, qui reçut ainsi le salaire de ses apostasies et qui but la honte des hontes, — en attendant la dernière ivresse, qui sera vraisemblablement "ce que l’œil n’a point vu, ce que l’oreille n’a point entendu et ce que le cœur de l’homme ne saurait comprendre", en sens inverse de ce que Dieu réserve à ceux qui l’aiment. C’est pourquoi Paris lui a fait les obsèques d’un roi. Jamais, peut-être, dans aucun pays d’Occident, un faste plus énorme n’avait été déployé sur les restes pitoyables d’aucun homme…

Marchenoir se souvenait des trois cent mille têtes de bétail humain, accompagnant à sa demeure souterraine le Xerxès putrescent de la majorité, pendant que roulaient les chars de parade et les innombrables discours funèbres [...]. [...]

Il est vrai que les funérailles de Gambetta furent, elles-mêmes, une bien piètre solennité en comparaison de l’apothéose de Victor Hugo, que Marchenoir était appelé à contempler, deux ans plus tard.

Cette fois, ce ne fut plus seulement Paris, ni même la France, ce fut le globe entier, semble-t-il, qui se rua sur la piste suprême du Cosmopolite décédé. Le monde moderne, las du Dieu vivant, s’agenouille de plus en plus devant les charognes et nous gravitons vers de telles idolâtries funèbres que, bientôt, les nouveau-nés s’en iront vagir dans le rentrant des sépulcres fameux où blanchira, désormais, le lait de leurs mères. Le patriotisme aura tant d’illustres pourritures à déplorer que ce ne sera presque plus la peine de déménager des nécropoles. Ce sera comme un nouveau culte national, sagement tempéré par le dépotoir final où seront transférés sans pavois, — pour faire place à d’autres, — les carcasses de libérateurs et les résidus d’apôtres, au fur et à mesure de leur successive dépopularisation.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 145-146

[ tartufferie ] [ gloire injustifiée ]

 

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pragmatisme

Pour se pousser à travers le monde, il est utile d’emporter avec soi une ample provision de circonspection et d’indulgence ; la première nous garantit contre les préjudices et les pertes, la seconde nous met à l’abri de disputes et de querelles. Qui est appelé à vivre parmi les hommes ne doit repousser d’une manière absolue aucune individualité, du moment qu’elle est déjà déterminée et donnée par la nature, l’individualité fut-elle la plus méchante, la plus pitoyable ou la plus ridicule. Il doit plutôt l’accepter comme étant quelque chose d’immuable et qui, en vertu d’un principe éternel et métaphysique, doit être telle qu’elle est ; au pis-aller, il devra se dire: "Il faut bien qu’il y en ait de cette espèce-là aussi." S’il prend la chose autrement, il commet une injustice et provoque l’autre à un combat à la vie et à la mort. Car nul ne peut modifier son individualité propre, c’est-à-dire son caractère moral, ses facultés intellectuelles, son tempérament, sa physionomie, etc. Si donc nous condamnons son être sans réserve, il ne lui restera plus qu’à combattre en nous un ennemi mortel, du moment où nous ne voulons lui reconnaître le droit d’exister qu’à la condition de devenir un autre que celui qu’il est immuablement. C’est pourquoi, quand on veut vivre parmi les hommes, il faut laisser chacun exister et l’accepter avec l’individualité, quelle qu’elle soit, qui lui a été départie ; il faut se préoccuper uniquement de l’utiliser autant que sa qualité et son organisation le permettent, mais sans espérer la modifier et sans la condamner purement et simplement telle qu’elle est. Voilà la vraie signification de ce dicton : "Vivre et laisser vivre." Toutefois la tâche est moins facile qu’elle n’est équitable, et heureux celui à qui il est donné de pouvoir à jamais éviter certaines individualités ! En attendant, pour apprendre à supporter les hommes, il est bon d’exercer sa patience sur les objets inanimés qui, en vertu d’une nécessité mécanique ou de toute autre nécessité physique, contrarient obstinément notre action ; nous avons pour cela des occasions journalières. On apprend ensuite à reporter sur les hommes, la patience ainsi acquise, et l’on se fait à cette pensée qu’eux aussi, toutes les fois qu’ils nous sont un obstacle, le sont forcément, en vertu d’une nécessité naturelle aussi rigoureuse que celle avec laquelle agissent les objets inanimés ; que, par conséquent, il est aussi insensé de s’indigner de leur conduite que d’une pierre qui vient rouler sous nos pieds. À l’égard de maint individu, le plus sage est de se dire : "Je ne le changerai pas, je veux donc l’utiliser."

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Aphorismes sur la sagesse dans la vie- Chapitre 5. Parénèses et maximes : III/ Concernant notre conduite envers les autres

[ fatalisme ] [ mépris joyeux ] [ relations humaines ] [ tolérance ] [ calcul ] [ rapports humains ]

 
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