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inspiration

Tu es la présence avec laquelle je parle
tout à coup, seul à seul.
Ce sont les mots qui te forment,
ceux qui sortent du silence
et de la mare de rêve dans laquelle je me noie
libre jusqu’au réveil.

Ta main métallique
durcit l’urgence de ma main
et conduit la plume
qui trace sur le papier son littoral.

Ta voix, lieu de l’écho,
est le rebondissement de ma voix sur le mur,
et sur ta peau en miroir
je me regarde me regardant parmi mille Argos
pendant de longues secondes.

Mais le moindre bruit te fait fuir
et je te vois sortir
par la porte du livre
ou par l’atlas du plafond,
par les planches du plancher,
ou la page du miroir,
et tu me laisses
sans vie sans voix et sans visage,
sans masque comme un homme nu
en pleine rue des regards.

Auteur: Xavier Villaurrutia y González

Info:

[ ange gardien ] [ poème ]

 

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sculpture

Il arriva alors que Soderini, voyant avec satisfaction la statue [le David] debout tandis que Michel-Ange y faisait quelques retouches, lui dit que le nez lui paraissait un peu fort. Michel-Ange observa que Soderini regardait le géant par en-dessous et ne pouvait en saisir la véritable proportion ; il monta sur l'échafaudage qui se trouvait à la hauteur des épaules, prit rapidement un marteau de la main gauche avec un peu de poussière de marbre qui traînait sur les planches, et se mit à façonner doucement avec les ciseaux en laissant tomber des petits tas de poussière, sans rien modifier au nez. Il s'adressa au gonfalonier qui d'en bas suivait le travail et lui dit : "Regardez-le maintenant" - "Je l'aime mieux ainsi, répondit-il, vous lui avez donné la vie". Et Michel-Ange descendit tout en riant de pitié à part soi de ceux qui, pour avoir l'air de s'y connaître, disent n'importe quoi.

Auteur: Vasari Giorgio

Info: les vies des meilleurs peintres sculpteurs et architectes, tome 9, Berger-Levrault, p. 197

[ anecdote ]

 

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autodidacte

D’abord, elle n’avait pas compris, rebutée par les mots techniques qu’il lui fallait chercher dans le dictionnaire. Devinant ensuite la nécessité d’une méthode, elle s’était acharnée sur l’Anatomie descriptive, avant de passer au Traité de physiologie. Alors, cette enfant de quatorze ans apprit, comme dans un devoir, ce que l’on cache aux vierges jusqu’à la nuit des noces. Elle feuilletait les planches de l’Anatomie, ces planches superbes d’une réalité saignante ; elle s’arrêtait à chacun des organes, pénétrait les plus secrets, ceux dont on a fait la honte de l’homme et de la femme ; et elle n’avait pas de honte, elle était sérieuse, allant des organes qui donnent la vie aux organes qui la règlent, emportée et sauvée des idées charnelles par son amour de la santé. La découverte lente de cette machine humaine l’emplissait d’admiration. Elle lisait cela passionnément, jamais les contes de fées, ni Robinson, autrefois, ne lui avaient ainsi élargi l’intelligence.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 12 : La Joie de vivre

[ lecture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

marchandisation débridée

Imaginez que vous ayez un marteau. C'est l'apprentissage automatique (machine learning). Il vous a aidé à gravir une montagne éreintante pour atteindre le sommet. C'est la domination de l'apprentissage automatique sur les données en ligne. Au sommet de la montagne, vous trouvez un vaste tas de clous, moins chers que tout ce qui était imaginable auparavant. C'est la nouvelle technologie des capteurs intelligents. Un panorama de planches vierges s'étend devant vous à perte de vue. C'est le monde de la stupidité. Puis vous apprenez que chaque fois que vous plantez un clou dans une planche avec votre marteau machine learning, vous pouvez extraire de la valeur de cette planche autrefois stérile et muette. C'est la monétisation des données. Et que faites-vous ? Vous commencez à marteler comme un fou et vous ne vous arrêtez jamais, à moins que quelqu'un ne vous y oblige. Mais il n'y a personne ici pour nous faire arrêter. C'est pourquoi "l'internet de tout" est inévitable.

Auteur: Zuboff Shoshana

Info: The Age of Surveillance Capitalism

[ régulation nécessaire ] [ métadonnées ] [ publicité ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

stakhanoviste

Le déligneur*, c’est Garnier. Spectacle ahurissant. J’ai d’abord l’impression qu’il est ivre, ou fou de rage. Le déligneur titulaire de la place s’est fait enterrer par le scieur et ne peut plus fournir. Garnier a pris la place et lui fait voir comment on déligne. Ses gestes sont violents : il arrache la planche du tablier avec un rictus méchant, la place sur le petit chariot mobile, l’ajuste à la lame d’un coup d’oeil, et pousse dans la scie, à toute vitesse, le corps jeté en avant. A chaque trait, ses doigts passent à un centimètre de la lame. Il retire son chariot de toutes ses forces et jette les planches hors du hangar, à cinq mètres de lui. On a l’impression qu’il va bouffer chaque planche sur laquelle il met la main : il en bave, il en écume. Sa cadence est insensée. Inutile de s’approcher de lui, on prendrait un paquet de bois dans la gueule. Et on est en fin de journée ! Qu’est-ce que ça doit être au début !

Auteur: Anonyme

Info: La Scierie, Héros-limite éditions 13/04/2013, 137 p. *Qui scie une pièce dans le sens de sa longueu. L'action se passe en 1950,

[ charpentier ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

froidure

En l'espace d'une nuit, l'hiver répandit sa blancheur sur les pentes des collines.
L'eau dans les seaux gela jusqu'au fond, des tonneaux éclatèrent, une couche de glace se forma sur la rivière et dans les puits de mine, la terre devint dure comme de la pierre.
Le vent d'Est plongeait des sommets des Tobacco Roots dans la vallée de la Gulch, transperçant les manteaux, se glissant entre les planches disjointes des bâtiments et des cabanes.
C'était le premier signe annonciateur du long hiver à venir, voilà pourquoi les plus intrépides isolèrent leurs cabanes avec des vieux journaux, amoncelèrent de la terre autour de leurs tentes légères et se préparèrent en vue d'un interminable siège alors que les solitaires et les mineurs découragés se préparaient à partir.
Les diligences au départ de Virginia City étaient remplies, tandis que d'autres mineurs craignant, les attaques des hors-la-loi, commencèrent à former de larges groupes, afin de voyager en se sentant en sécurité.
Tous les prix s'envolèrent.
Les épaves humaines de Virginia, qui mangeaient les restes et dormaient à la belle étoile, tentaient maintenant de se faufiler à l'intérieur des écuries.

Auteur: Haycox Ernest

Info: Les fugitifs de l'Alder Gulch

[ saison ] [ arrivée ]

 

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dualité politique

Le principe d’une division gauche-droite en politique vient de la révolution française, il y a un peu plus de deux cents ans. Et cette répartition spatiale semble refléter une réalité profonde de la psychologie humaine. […] Dans le cadre d’une étude américaine, des chercheurs ont étudié les lieux de vie et de travail de conservateurs et de progressistes. Les résultats montrent que les chambres à coucher des conservateurs avaient en général plus d’objets liés à l’organisation, comme des calendriers ou des timbres-poste. Dans ces chambres, on trouvait plus souvent des accessoires de nettoyage ou d’entretien, comme des paniers à linge, des fers et planches à repasser. Les chambres des conservateurs étaient plus propres, plus fraîches, mieux organisées et bien éclairées. […] Les chambres des progressistes contenaient plus de livres, notamment des livres de voyage, sur la question raciale, sur le féminisme et sur la musique. Il y avait également une plus grande variété de musique, avec de la world music, de la folk, de la musique classique et du rock. Ces chambres contenaient plus d’articles de loisirs créatifs, de papier à lettres, de cartes, de documents de voyage et d’objets culturels.

Auteur: Cunningham Darryl

Info: L'ère de l'égoïsme : Comment le néolibéralisme l'a emporté

[ historique ] [ occident ] [ bipolarité ]

 

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enfance

Il y a ce souvenir de jeunesse, récurrent. Pré-ados nous avions construit une superbe cabane, à environ 5 mètres du sol à cheval sur deux grands hêtres en lisière de la forêt, hauteur qui avait pour résultat que les "petits" n'arrivaient pas à monter, ce qui nous arrangeait bien. Plusieurs longues planches volées sur les chantiers alentours constituaient un grand balcon au coin duquel se situait la cabane proprement dite, petite, - mais avec un fourneau à bois dégotté je ne sais plus où -, et solidement établie à l'embranchement de quatre branches maitresses du plus grand des deux foyards. 

J'ai passé de longs et bienheureux moments, seul dans cet endroit à quelques centaines de mètres des habitations. Mais ce souvenir récidiviste concerne précisément les après-midis de belle saison où je grimpais au-dessus de la cabane pour me retrouver, beaucoup plus haut, à peut-être à 8 ou 10 mètres, mi-allongé sur une branche en surplomb pointant en direction de la ville et du lac. Tranquillité et cool panorama, sans aucune sensation de danger autre que la conscience de la hauteur, qui n'obérait en rien de longues rêveries dont je ne me souviens d'aucun détail. 

Auteur: Mg

Info: 30 sept. 2020

[ béance juvénile ]

 
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cité imaginaire

Passé le gué, franchi le col, l’homme se trouve tout à coup face à la ville de Moriana, avec ses portes d’albâtre transparentes à la lumière du soleil, ses colonnes de corail qui soutiennent des frontons incrustés de serpentine, ses villas toutes de verre comme les aquariums où les ombres des danseuses aux écailles argentées nagent sous les lampadaires en forme de méduse. S’il n’en est pas à son premier voyage, l’homme sait déjà que les villes comme celle-ci ont un envers : il suffit de parcourir un demi-cercle pour avoir en vue la face cachée de Moriana, une étendue de tôle rouillée, de toile de sac, de planches hérissées de clous, de tuyaux noircis par la suie, de tas de pots, de murs aveugles couverts d’inscriptions délavées, de chaises dépareillées, de cordes tout juste bonnes pour se pendre à une poutre pourrie.

D’un côté à l’autre, la ville semble se continuer en une perspective qui multiplierait son répertoire d’images : en fait, elle n’a pas d’épaisseur, elle consiste uniquement en un envers et un endroit, comme une feuille de papier, avec une figure de-ci et une figure de-là, qui ne peuvent se détacher ni se regarder.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ biface ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

flemme

Il est peu d'hommes qui aient poussé plus loin que M. du Hellain, ancien juge de paix près de Caen, mort en 1828, l'amour du repos et presque de l'immobilité ; et comme le lit est le meuble le plus propre à favoriser ce genre de quiétisme physique, M. du Hellain le quittait rarement. On prétend même que lorsqu'il exerçait les fonctions de juge de paix, sa chambre à coucher devenait salle d'audience, et il rendait ses arrêts la tête sur l'oreiller et le corps mollement étendu, dans la position horizontale, si favorable à son goût pour ce que l'on appelle la paresse. Son acte de dernière volonté a porté la clause expresse qu'il voulait être enterré la nuit dans le lit et dans la position où la mort l'aurait surpris, c'est-à dire avec sa couche, son matelas, ses draps, son oreiller et tout ce qui compose son lit. Rien ne s'opposant à l'exécution d'une pareille clause, une fosse énorme a été creusée, et le défunt a été descendu dans sa dernière demeure sans qu'on l'ait dérangé en rien de l'attitude où il se trouvait quand il a rendu le dernier soupir. On a placé des planches au-dessus du lit pour que la terre en tombant ne troublât pas le repos de cet imperturbable quiétiste.

Auteur: Peignot Étienne-Gabriel

Info: Testaments remarquables

[ tranquillité ]

 

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