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déclaration d'amour

Puisque c'est toi qui veux nouer encore
Notre lien,
Puisque c'est toi dont le regret m'implore,
Ecoute bien :

Les longs serments, rêves trempés de charmes,
Ecrits et lus,
Comme Dieu veut qu'ils soient payés de larmes,
N'en écris plus !

Puisque la plaine après l'ombre ou l'orage
Rit au soleil,
Séchons nos yeux et reprenons courage,
Le front vermeil.

Ta voix, c'est vrai ! Se lève encor chérie
Sur mon chemin ;
Mais ne dis plus : " A toujours ! " je t'en prie ;
Dis : " A demain ! "

Nos jours lointains glissés purs et suaves,
Nos jours en fleurs ;
Nos jours blessés dans l'anneau des esclaves,
Pesants de pleurs ;

De ces tableaux dont la raison soupire
Otons nos yeux,
Comme l'enfant qui s'oublie et respire,
La vue aux cieux !

Si c'est ainsi qu'une seconde vie
Peut se rouvrir,
Pour s'écouler sous une autre asservie,
Sans trop souffrir,

Par ce billet, parole de mon âme,
Qui va vers toi,
Ce soir, où veille et te rêve une femme,
Viens ! Et prends-moi !

Auteur: Desbordes-Valmore Marceline

Info: Recueil : Elégies, Un billet de femme

[ poème ]

 

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deuil

Arrêtez les horloges, coupez le téléphone,

Jetez un os au chien pour faire taire ses aboiements,

Faites taire les pianos et, au son d'un tambour voilé,

Sortez le cercueil, qu'avance le cortège endeuillé.



Que les avions tournoyant dans les airs gémissent 

Et tracent sur le ciel le message : Il est mort.

Nouez des rubans de crêpe au cou blanc des pigeons des squares,

Et que les mains des gendarmes soient gantées de coton noir.



Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,

Ma semaine de labeur et mon dimanche de sieste,

Mon midi, mon minuit, ma langue, ma chanson;

Je croyais que l'amour durerait à jamais: je sais à présent que non.



Eteignez les étoiles; elles ne sont pas conviées à la veille.

Remballez la lune et démontez le soleil,

Videz l'océan et balayez les forêts;

Car plus rien de bon ne saura désormais advenir .

Auteur: Auden Wystan Hugh

Info: Funeral Blue

[ poème ] [ déclamation ]

 

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vision

Sous la pluie, le vieux père danse, nu ; il va se tremper.
La pluie est éparse, mais il ne peut esquiver toutes les gouttes.

Il chante une chanson, mais pour moi, le langage en est étrange.

La mère compte son argent, comme une folle, au soleil.
Comme des navettes, ses doigts volent, et la somme est clairement astronomique.

Son souffle est doux comme violettes pilées, et son sourire se balance comme jonquilles reflétées dans un ruisseau.

La chanson du père dit, finalement, qu'il comprend.
C'est pourquoi, pour moi, le langage en est étrange.

C'est pourquoi les horloges à travers le continent se sont arrêtées.

L'argent que compte la vieille mère nue, ce sont les souvenirs dorés de l'amour.
C'est pourquoi je ne vois rien entre ses doigts, maniaquement occupés.

C'est pourquoi tous les vols ont été annulés, à Kennedy Airport.

Ça m'embête vraiment, mais je dois faire venir la police.
Pour leur propre bien, comme pour celui de la société, je dois les placer sous surveillance.

Ils doivent apprendre à rester dans leurs tombes. C'est pour ça que les tombes sont faites.

Auteur: Robert Penn Warren

Info: "Natural History", in "Or Else" - ma traduction

[ hantise ] [ parents ] [ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

slam

Chaque atome est un trou noir.
Qui s'inverse.
Alors, par refroidissement, agrégations, rebondissements (sacré kangourou va !), il passe par des stades. Mute en éléments : hydrogène et hélium beaucoup, carbone pareil, etc. Appariages quantiques que Madame Épigénétique veut bien dévoiler ; bricolages progressifs des infimes brindillons, insensiblement transmutés en molécules, moins nombreuses. Presqu'infinies aussi.
Qui se marient. Bidouillent entre elles.
Le vivant se déploie.
Microbes, mousses... Où est l'échelle ?... Végétaux, organes... Etres.
Moi.
Le voilà, l'animal humain, issu à son insu, (yssu asson ninçu ? - Impro possible ici ). Univers monade, assemblage d'assemblages d'assenblages de quatre milliards de milliards de milliards d'atomes.
Comment c'est, l'univers, anglé de sa singularité ?
Miroir, projection ?
Les deux, Très Cher Super Intendant A.I.
A travers nous passent les atomes, le désir, les infos... L'émotion.
Une éraflure sur l'épaule ? Strange conflagration, horizon de l'univers perso.
Et ces autres cosmos inversés ? Si passionnants. Prodigieux de mystères tout simples et inépuisables.
Merlin le chien par exemple, qui ne parle pas. Mais sait le vrai du faux.
...
Regards levés ensemble, la voie lactée scintille.
En son centre un trou noir.
Unique.
...
Parait-il.

Auteur: Mg

Info: 24 août 2019, petit clin d'oeil à Nassim Aramein et François A.

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

richesse

Grand pouvoir a l'argent, il convient de l'aimer :
Rend le loubard habile et homme à estimer,
Fait courir le boiteux et le muet parler ;
Il n'est pas de manchot qui n'en veuille agripper.

L'homme stupide et niais, le rude laboureur
Par l'argent est mué en un savant seigneur ;
Plus grenu est son bien, plus grande est sa valeur,
Et qui n'a point d'argent ne peut avoir d'honneur.

Qui a bonne espèces, il a consolation,
Plaisir et allégresse, et du pape ration,
Achète paradis et gagne son salut :
À grand somme d'argent, grande bénédiction.

À Rome même au vu, siège de sainteté,
Que tous envers l'argent ont grande humilité
Et lui rendent honneur en grande solennité :
Tous vénèrent l'argent ainsi que majesté.

Y fait forces prieurs, évêques et abbés,
Archevêques, docteurs, potestats, patriarches ;
À maint nigaud de clerc donne des dignités.
Mensonge et vérité par lui se voient changés.

Plus d'un prêtre en ce lieu doit d'être ordonné,
Et moines et moniales, au couvent d'être entrés :
L'argent leur tenait lieu d'examen et brevet.
Aux pauvres, l'on disait qu'ils n'étaient point lettrés.

Auteur: Ruiz Juan

Info: Livre du bon amour, La poésie espagnole, Seghers, 1963

[ éloge ] [ poème ] [ reconnaissance sociale ] [ ironie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

effort

Me voici donc à mi-chemin, ayant eu vingt années -
En gros vingt années gaspillées, les années "de l'entre-deux guerres" -
Pour essayer d'apprendre à me servir des mots, et chaque essai
Est un départ entièrement neuf, une différente espèce d'échec
Parce que l'on n'apprend à maîtriser les mots
Que pour les choses que l'on n'a plus à dire, ou la manière
Dont on n'a plus envie de les dire. Et c'est pourquoi chaque tentative
Est un nouveau commencement, un raid dans l'inarticulé
Avec un équipement miteux qui sans cesse se détériore
Parmi le fouillis général de l'imprécision du sentir,
Les escouades indisciplinées de l'émotion. Et ce qui est à conquérir
Par la force et la soumission a déjà été découvert
Une ou deux fois, ou davantage, par des hommes qu'on n'a nul espoir
D'égaler - mais il ne s'agit pas de concurrence -
Il n'y a ici que la lutte pour recouvrer ce qui fut perdu,
Retrouvé, reperdu : et cela de nos jours, dans des conditions
Qui semblent impropices. Mais peut-être ni gain ni perte,
Nous devons seulement essayer. Le reste n'est pas notre affaire.

Auteur: Eliot Thomas Stearns

Info: Quatre quatuors, East Cocker, V, p. 183 - éd. du Seuil, traduit par Pierre Leyris - je propose l'étiquette "sans espoir", que je distinguerai de "désespéré" - plus haut, dans East Cocker, III, les vers 125-128 ("wait without hope") permettent (?) de comprendre cela

[ malgré tout ] [ sans espoir ] [ écriture ] [ poème ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

transport ferroviaire

Nous roulons protégés dans l'égale lumière

Au milieu de collines remodelées par l'homme

Et le train vient d'atteindre sa vitesse de croisière

Nous roulons dans le calme, dans un wagon Alsthom,



Dans la géométrie des parcelles de la Terre,

Nous roulons protégés par les cristaux liquides

Par les cloisons parfaites, par le métal, le verre,

Nous roulons lentement et nous rêvons du vide.



A chacun ses ennuis, à chacun ses affaires;

Une respiration dense et demi-sociale

Traverse le wagon; certains voisins se flairent,

Ils semblent écartelés par leur part animale.



Nous roulons protégés au milieu de la Terre

Et nos corps se resserrent dans les coquilles du vide

Au milieu du voyage nos corps sont solidaires,

Je veux me rapprocher de ta partie humide.



Des immeubles et des gens, un camion solitaire:

Nous entrons dans la ville et l'air devient plus vif;

Nous rejoignons enfin le mystère productif

Dans le calme apaisant d'usines célibataires.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Célibataires, https://www.youtube.com/watch?v=435UpN6eFf4

[ tgv ] [ cohabitation sociale ] [ tension latente ] [ urbanisation ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Le papier blanc, miroir implacable

restitue seulement ce que tu étais.



Le papier blanc parle avec ta voix

ta propre voix

non pas celle qui te plaît ;

ta musique est la vie

celle que tu as gaspillée.

Tu peux la regagner si tu le veux

si tu te fixes cette chose indifférente

qui te jette en arrière

à ton point de départ.



Tu as voyagé, tu as vu

beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.

Tu as touché morts et vivants

tu as ressenti la douleur de l'adolescent

et le gémissement de la femme,

l'amertume de la verte enfance -

tout ce que tu as ressenti s'écroule

si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.

Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,

l'éclosion de la jeunesse

le juste naufrage des ans.



Ta vie est ce que tu as donné

ce vide est ce que tu as donné

le papier blanc.

Auteur: Séféris Georges Giorgos Seferiadis

Info: Poèmes 1933-1955 - Trois poèmes secrets, Solstice d'été

[ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

racines

Personne n’est la patrie. Même pas le haut cavalier

qui dans l’aube d’une place déserte

régit un coursier de bronze le long du temps

(…)

Personne n’est la patrie. Même pas les symboles.

Personne n’est la patrie. Même pas le temps

chargé de batailles, d’épées et d’exodes

et du lent peuplement de ces régions

(…)

La patrie, mes amis, c’est un acte perpétuel

comme le perpétuel univers (si l’Eternel

Spectateur cessait de nous rêver

un seul instant, nous serions foudroyés

par le blanc et soudain éclair de son oubli)



Personne n’est la patrie, mais nous devons tous être dignes

de ces anciens gentilhommes qui jurèrent

qu’ils seraient ce qu’ils ignoraient, des Argentins,

(…)

Nous sommes l’avenir

De ces vaillants, la justification

de ces morts. Sauvons-les, assumons cette charge

de gloire que lèguent ces ombres à notre ombre.



Personne n’est la patrie, mais nous le sommes tous.

Que dans mon cœur et dans le vôtre, incessamment

brûle la limpide flamme mystérieuse.


 

 

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Oda escrita, 1966, extraits. In "L’autre, le même". Pour célébrer le cent-cinquantenaire de l’indépendance de l’Argentine, traduction Ibarra

[ poème ] [ nation ] [ continuité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

matin

J’ai embrassé l’aube d’été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne quittaient pas la route

du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes

se levèrent sans bruit.

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai dénoncée au coq.

A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre,

je la chassais.

En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai senti un peu

son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

Au réveil il était midi. 



 

Auteur: Rimbaud Arthur

Info: Illuminations. Aube

[ poème ] [ nature ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste