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sensibilité

Mes nerfs étaient exceptionnellement réceptifs après une nuit sans sommeil ; j'assimilais tout : le sifflement d'une grive dans les amandiers par-delà la chapelle, la paix des maisons en ruine, la pulsation de la mer au loin qui haletait dans la brume, à quoi venait s'ajouter le vert jaloux des tessons de bouteilles qui hérissaient le sommet d'un mur et les couleurs indélébiles d'une affiche de cirque représentant un Indien à plumes sur un cheval qui se cabrait en train de prendre au lasso un zèbre hardiment acclimaté tandis que quelques éléphants complètement mystifiés étaient assis, méditatifs, sur leurs trônes étoilés.

Auteur: Nabokov Vladimir

Info: Mademoiselle O

[ drogue ] [ lsd ]

 

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pensée-de-femme

Ce moi féminin, oui, je vois maintenant que c’est un véritable moi ; depuis quelques années seulement, depuis qu’il y a une ministre spécialement pour lui mais que l’on a hélas remerciée, ce moi féminin est habitué, voire encouragé par les journaux à prendre des décisions de son propre chef. Il frappe alors une fois et jette son dévolu sur l’homme qu’il a sous les yeux, qui le dérange, fait couler des larmes et risque de tout casser sans même avoir besoin de palabrer. Il lui suffit d’être là. Je me bats pour toi, dit la femme. Non merci, il ne fallait vraiment pas, dit l’homme.

Auteur: Jelinek Elfriede

Info: Avidité

[ femmes-hommes ] [ incompréhension ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

heimatlos

Allé voir au dehors la vie d'un dimanche d'hiver. Il faisait froid et beau, et tout était calme, serein. La ville entière semblait s'étirer langoureusement sur un canapé confortable et cotonneux. J'ai décidé de prendre le bus pour aller jusqu'au port, voir la mer. La mer et son absence d'obstacle. J'ai longtemps marché le long des jetées. Bruits de filins s'entrechoquant et rires d'enfants. Cris des mouettes et souffle du vent. Molesse du sable, caresse du soleil. Mais rien de tout ça ne voulait m'envelopper. Je restais désespérément extérieur à tout ce qui m'entourait. Comme blindé au mal de vivre, clôturé de solitude, carapace d'une vie sans horizons.

Auteur: Kris Goret Christophe

Info: Les ensembles contraires : Première partie

[ perdu ] [ océan ] [ solitude ]

 

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enfance

Pour retrouver ma jeunesse, je ferais n'importe quoi sauf prendre de l'exercice, me lever de bonne heure ou devenir respectable. La jeunesse! Rien ne vaut la jeunesse! On parle de son ignorance. C'est absurde. Maintenant, je n'écoute plus avec un certain respect que l'opinion des gens beaucoup plus jeunes que moi. Ils me paraissent en avance sur moi. La vie leur a révélé ses dernières merveilles. Quant aux personnes âgées, je les contredis toujours, par principe. Si vous leur demandez leur avis un événement de la veille, elles vous confient solennellement l'opinion qui avait cours en 1820, lorsqu'on portait des bas, qu'on croyait à tout et qu'on ne savait strictement rien...

Auteur: Wilde Oscar

Info: Le portrait de Dorian Gray, chap 19, trad de Michel Etienne

 

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campagne

La politique est impuissante et nulle. Jamais les députés ne feront vraiment des lois pour le peuple. Les gros bourgeois qu'on dédaigne un peu dans les élections n'en conservent pas moins toute leur influence, croyez-le bien. Quant à Renaud, à Laronde et à leurs pareils, ce sont des ambitieux qui voudraient prendre la place des autres pour faire les bourgeois à leur tour. "Ote-toi de là que je m'y mette" : c'est toujours la même histoire.
Les opposants, aussi longtemps qu'ils n'ont pas la responsabilité du pouvoir, se disent capables de faire monts et merveilles, - après quoi ils s'empressent d'imiter les autres. Que les socialistes arrivent en majorité, vous verrez le peu qu'ils réaliseront de leur programme.

Auteur: Guillaumin Emile

Info: La vie d'un simple

[ pouvoir ] [ politicien ]

 

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pédagogie

Il y a dans la vie des gens qui croient nécessaire, pour être entendus, d'adopter un ton sérieux, de prendre la voix de Dieu le père. Ces gens-là sont à fuir. On ne peut décemment les écouter plus d'une minute, et d'ailleurs ils ne parlent pas: ils affirment. Ils donnent des leçons de morale, des cours de pédagogie, d'ennuyeuses leçons de maintien. Même quand ils disent vrai ils tuent la vérité de ce qu'ils disent. Et puis, merveille des merveilles, on rencontre ici ou là [..] des gens qui se taisent comme dans les livres. Ceux-là on ne se lasserait pas de les fréquenter. On est avec eux comme on est avec soi: délié, calme, rendu au clair silence qui est la vérité de tout.

Auteur: Bobin Christian

Info: Isabelle Bruges, coll. folio # 2820, p. 100

 

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appréhension

On dit qu'avant d'entrer dans la mer,
une rivière tremble de peur.
Elle regarde en arrière le chemin
qu'elle a parcouru, depuis les sommets,
les montagnes, la longue route sinueuse
qui traverse des forêts et des villages,
et voit devant elle un océan si vaste
qu’y pénétrer ne paraît rien d'autre
que devoir disparaître à jamais.
Mais il n'y a pas d'autre moyen.
La rivière ne peut pas revenir en arrière.
Personne ne peut revenir en arrière.
Revenir en arrière est impossible dans l'existence.
La rivière a besoin de prendre le risque
et d'entrer dans l'océan.
Ce n'est qu'en entrant dans l'océan
que la peur disparaîtra,
parce que c'est alors seulement
que la rivière saura qu'il ne s'agit pas
de disparaître dans l'océan,
mais de devenir océan.

Auteur: Gibran Khalil

Info: La peur

[ éternel retour ] [ cycles ] [ mort ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

deuil

Il y a quelque chose de merveilleux avec un décès, comment tout s'arrête, et que toutes ces activités qu'on pensait vitales perdent leur importance. Votre mari peut nourrir les enfants, il peut utiliser le nouveau four, il peut aller chercher les saucisses dans le réfrigérateur, après tout. Et sa réunion importante n'était pas si importante, pas du tout. Et puis les filles seront récupérées à l'école, et redéposées le matin. L'aînée pensera à prendre son inhalateur, et la cadette emportera son kit de gym. C'est exactement comme on le suspectait - la plupart de nos routines ne sont que stupides, vraiment stupides, la plupart des choses dont on s'occupe ne sont que tracas,  pleurniches, avoir la charge de trucs pour des gens qui sont trop paresseux pour nous aimer.

Auteur: Enright Anne

Info: The Gathering

[ arrêt ] [ pensée-de-femme ] [ altruisme perdu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

océan

Tahiti, 15 mars 2002, il fait particulièrement beau. Le vent du Nord creuse la mer et les oiseaux, là-haut, désignent le poisson. Tavae Raioaoa a 56 ans et remercie le Seigneur pour l'exceptionnelle journée de pêche qui s'annonce. Quelques heures plus tard, il a dépassé l'île de Maiao puis celle de Moorea, quand une épaisse fumée s'échappe de son moteur diesel. Dans sa longue vie de pêcheur, Tavae n'est jamais tombé en panne. Et maintenant il dérive. La côte est trop loin pour un appel radio. Il va errer 118 jours, sans eau et sans nourriture, au milieu du pacifique.
"Le vent m'avait entraîné loin des terres, j'ignorais où m'emportait le courant, et j'eus soudain le sentiment vertigineux d'être entré sans y prendre garde dans le vide infini du monde".

Auteur: Raioaoa Tavae

Info:

[ survie ]

 

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obligation

Le devoir est une chose triste, laide, inventée pour abêtir et duper les hommes. Rien que le mot est disgracieux. Il éveille la contrainte, l'ennui. Il n'y a que les sots pour le prendre au sérieux. Regardez la figure niaise d'un homme qui se félicite d'accomplir son devoir. Voyez comme sont peu aimables les femmes qui n'ont jamais oublié leur devoir. Rappelez-vous toutes les phrases hypocrites et creuses avec lesquelles on célèbre le devoir. Il en est du devoir comme de la vertu : chose et mot, c'est haïssable. Le plaisir est bien autrement important. Il ne faut jamais hésiter à le faire passer avant. La vie est si courte, si rapide ! Serons-nous encore là demain ? Il faut détester tout ce qui, sous une forme ou une autre, s'oppose au plaisir.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Le théâtre de Maurice Boissard, Oeuvres, Mercure de France 1988, p.1639

[ négatif ]

 

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