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subversion

Oublieux qu'il n'y a pas de discours littéraire sinon comme machination, le romancier s'est peu à peu persuadé que ce qu'il écrivait avait quelque chose à voir avec le monde dans lequel il vivait ; des critiques patients lui ont expliqué que, dans ce monde, le roman était tour à tour miroir, témoignage, interprétation ; poussé par ces suggestions insinuantes à se sous-estimer, le narrateur s'est engagé dans une désastreuse tâche idéologisante ; insatisfait du message, il a tenté la vision du monde. Corrompu par son propre sérieux et par celui des critiques, il a perdu la joie limpide du mensonge, l'irresponsabilité, la duplicité morale, l'arrogance hilare, qui sont, à mon avis, les vertus fondamentales de ceux qui s'appliquent à ce scandale perpétuel qu'est le travail littéraire.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 62

[ anti-réalisme ] [ liberté ] [ ironie ] [ missions de l'écrivain ] [ tyrannie de la réalité ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

discontinuité

"Je crois avoir bien saisi dans son ensemble ma proposition à l'égard de la philosophie, quand j'ai dit : la philosophie, on ne devrait l'écrire qu'en poésie."
(Wittgenstein, Remarques mêlées)
Wittgenstein n'a jamais écrit de poésie. Ses écrits sont des remarques en prose, c'est-à-dire qu'il écrivait par phrases, pas en vers. Mais - il s'en explique dans les remarques suivantes - sa technique d'écriture est assez particulière (même s'il y a des précédents : Montaigne, Joubert, Nietzsche, Valéry et bien d'autres) : "Lorsque je pense pour moi-même, sans vouloir écrire un livre, je tourne autour du thème par bonds successifs ; c'est la seule façon de penser qui me soit naturelle. Être contraint d'aligner mes pensées est pour moi une torture. Mais faut-il même essayer de le faire ?"

Auteur: Hocquard Emmanuel

Info: In "Le Cours de Pise", éd. P.O.L, p. 406

[ logique ] [ citations ] [ problèmes formels ] [ réflexion ] [ essayistes ] [ écriture ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

ville

La nature, c’était Amphion où s’élevait le chalet acheté par ses parents, après leur mariage, à un comte polonais fils naturel de Napoléon. Dans cette "demeure marquée par l’amour", Grégoire de Brancovan avait entrepris des travaux pharaoniques pour transformer l’inconfortable masure en un palais entouré de magnifiques jardins. A l’approche du printemps, toute la famille partait s’installer au bord du lac Léman, le plus souvent jusqu’en septembre. Pour Anna de Noailles, Amphion symbolisa dès lors le paradis sur terre : "Oui, ce fut là le paradis". Durant toute sa vie, elle se partagea entre ces deux lieux à la fois réels et magiques : Amphion symbole du bonheur de l’enfance, de l’éden perdu, et Paris où elle connut l’amour et la gloire, délaissant pour un temps ses racines étrangères.

Auteur: Allard Marie-Lise

Info: Dans "Anna de Noailles, entre prose et poésie", page 61

[ campagne ] [ personnalité ] [ province ] [ aristocratie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

arborescences intriquées

Chaque "branche" occupera alors une bande de papier de cette immense feuille fictive, annoncée par des signes initiaux de couleur vive et séparée de la bande (branche) suivante par une ligne entière de blanc absolu. Chaque fois qu'une "insertion" est annoncée dans la prose, un fil de couleur partirait, qui rejoindrait (pas nécessairement vers le bas d'ailleurs) le point du texte appelé par l'insertion. Il y aurait des fils de couleurs différentes indiquant une certaine classification des insertions, leur répartition en espèces, selon leur nature, leur tonalité affective, narrative, formelle.
J'imagine un lecteur devant ce "grand incendie de londres" mural. Je le vois choisir un itinéraire de lecture, s'approcher. J'aime penser à une telle bande de papier écrit, tissu de prose, avec ses "figures" de fils, les "insertions", sur un mur nu, blanc, et silencieux.

Auteur: Roubaud Jacques

Info: In "le grand incendie de londres", éd. Seuil, p. 42 (écrit en 1989 ?)

[ code chromatique ] [ projet littéraire ] [ pensée ] [ plans-schémas ] [ carrefours-bifurcations ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

amour

Chacun est extraordinaire. Il est seul à s'en apercevoir. Découragement ! Enfin, il finit par s'y faire... puisque personne d'autre que lui ne le remarque.
Mais voilà que dix, quinze ans passent et quelqu'un d'autre, également, le trouve extraordinaire. Merveille. Être aimé. Et l'autre aussi, comme c'est étrange, justement l'autre aussi est extraordinaire, unique, vraiment unique. On n'eût pu l'imaginer... et elle est, naturellement, belle, mais surtout unique, unique.
Amour ! Il est soulagé du poids de sa personne, du poids de sa vie, de ses journées, de ses occupations et soulagé de la propriété à la fin lassante de sa personne.
Quelle merveille ! Qu'est-ce qui ne va pas arriver ? Plus rien n'est impossible. Il atteint sans effort le haut du monde.
Dans la suite, tout d'un coup, ce poète souvent doit apprendre beaucoup de prose...

Auteur: Michaux Henri

Info: passage

[ rencontre ]

 

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avachissement moral

Il serait affreux et douloureux de penser que Moïse fit l’ascension du mont Sinaï, que les Hellènes bâtirent l’Acropole, que les Romains entreprirent les guerres Puniques, que le beau et génial Alexandre, coiffé de son casque empenné, franchit le Granique et combattit sous les murs d’Arbelles ; que les Apôtres se vouèrent à la prédication, que les martyrs donnèrent leurs souffrances, les poètes leurs chants et les peintres leurs plus belles couleurs, que les chevaliers enfin brillèrent dans les tournois, pour que le bourgeois français, russe ou allemand, vêtu de son costume grotesque, pût se vautrer en fin de compte dans ce bonheur "individuel" ou "collectif" fait de toutes les ruines de la splendeur d’antan !... On rougirait d’être homme, si ce bas idéal de bien-être général, de travail mesquin et de prose ignominieuse, devait triompher pour toujours !

Auteur: Léontiev Constantin

Info: Dans "L'Européen moyen"

[ repli ] [ héroïsme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

commentateurs

On a souvent considéré le critique comme un pas-grand-chose, payé par les maisons d'édition, médiocre trameur d'intrigues, de complots, inventeur de valeurs inexistantes et d'idées futiles. Peut-être pense-t-on que les critiques sont devenus critiques par vocation naturelle à la servilité et au vice littéraire.

Il n'en est malheureusement pas ainsi ; il existe un nombre, pas énorme mais notable, de critiques comme il faut, qui font leur métier avec acharnement et patience. Ont-ils des idées ? Oui, souvent, malheureusement ; et même, jusqu'à il y a quelques années, on exigeait qu'ils en aient ; la critique dite militante était généralement faite par des critiques qui avaient des idées. Je me suis toujours méfié de l'homme de lettres doté d'idées ; ce n'est pas son métier ; il doit se contenter d'idées de seconde main, simplifiées et mal comprises ; et d'ailleurs inutiles.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: in "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 126-127 - trad. Dominique Férault

[ intellectualisme ] [ profession méprisée ] [ ironie ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

contraintes d'écriture

Je me rends compte que mon oeuvre, si elle a éclairé mon époque, a aussi intimidé les hommes de lettres. Je choisis de devenir le Père du Roman. Je m'y prends ainsi : je distribue des schémas à chaque écrivain ; je les appelle schémas, en réalité ce sont des sentences. Je leur dis : "Roman de cent quatre-vingt-dix pages ; personnages : six féminins, quatre masculins ; un homicide, un adultère, cadre luxueux, bassesse morale, inflation, coup d'État final." Ou bien : "Riche famille déchirée par des passions inavouables, de la luxure à la philatélie ; homicides : trois ou quatre ; fornications réalistes, appartement de cinq pièces avec vue sur la mer." Ou bien, avec l'audace qui me caractérise désormais : "Inceste entre nouveau-né et bisaïeule qui tire les tarots, ambiance d'inspiration orientale." Puis je relis, je corrige, je donne le bon à tirer : c'est l'époque des Chefs-d'oeuvre grégaires.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 59

[ littérature ] [ despotisme ] [ fantasme ] [ directives ] [ rédaction ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

création

Le poète, à mes yeux, se connaît à ses idoles et à ses libertés, qui ne sont pas celles de la plupart. La poésie se distingue de la prose pour n’avoir ni toutes les mêmes gênes, ni toutes les mêmes licences que celle-ci. L’essence de la prose est de périr, — c’est-à-dire d’être "comprise ", — c’est-à-dire, d’être dissoute, détruite sans retour, entièrement remplacée par l’image ou par l’impulsion qu’elle signifie selon la convention du langage. Car la prose sous-entend toujours l’univers de l’expérience et des actes, — univers dans lequel, — ou grâce auquel, — nos perceptions et nos actions ou émotions doivent finalement se correspondre ou se répondre d’une seule manière, — uniformément. L’univers pratique se réduit à un ensemble de buts. Tel but atteint, la parole expire. Cet univers exclut l’ambiguïté, l’élimine ; il commande que l’on procède par le plus court chemin, et il étouffe au plus tôt les harmoniques de chaque événement qui s’y produit à l’esprit.

Auteur: Valéry Paul

Info: Variété

[ idée ] [ échange ] [ écriture ouverte ] [ formes littéraires ] [ collectivisme limitatif ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

animal domestique

MON CHIEN
Nous sommes deux dans cette chambre : mon chien et moi... Dehors, la tempête hurle et sanglote.
La bête me fait face et me regarde droit dans les yeux.
Et moi je la fixe de même.

Elle a l'air de vouloir me dire quelque chose. Elle est muette. Elle ne parle point et ne se comprend pas elle-même. Mais moi je la comprends.

Je sais que la même émotion nous habite et qu'il n'y a point de différence entre nous. Nous sommes faits de la même matière, et la petite flamme qui palpite en moi vacille également en elle.

La mort va venir et secouer son aile énorme et glacée.
"C'est fini."
Et plus jamais personne ne saura quelle était la petite flamme qui brûlait en nous.
Ce ne sont pas un homme et une bête qui s'entre-regardent.
Mais deux paires d'yeux tout pareils qui s'interrogent.
Et dans chacune d'elles la même vie se blottit frileusement contre l'autre.

Auteur: Tourguéniev Ivan

Info: poèmes en prose

[ homme-animal ]

 

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