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frustration

... Passion de la vengeance et de la punition. On devient moral, a écrit Proust quelque part, dès qu'on est malheureux. Phrase étonnante, phrase profonde en écho à laquelle on pourrait citer aussi Nietzsche citant Balzac: "Celui qui moralise ne fait en somme, comme disait Balzac, que montrer ses plaies sans pudeur."

Comment ne pas s'acharner à montrer ses plaies, comme autant d'appels à une punition généralisée? Comment ne pas moraliser, même quand on est malheureux? D'où vient que la vertu ostentatoire apparaisse automatiquement si proche du ressentiment; et que, devant toute position morose et moralisante, remonte dans notre souvenir l'exclamation de Zarathoustra: "Hélas! que ce mot "vertu" est déplaisant quand il coule de leur bouche! Et quand ils disent: "je suis juste", cela sonne toujours comme: "je suis vengé!"

Auteur: Muray Philippe

Info: Essais

[ rancoeur ] [ révélatrices ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

projection altruiste

"Vraiment il y a progrès sensible, se disait-il le lendemain ; à voir exactement les choses, je n’avais presque aucun plaisir hier à être dans son lit ; c’est curieux, je la trouvais même laide." Et certes, il était sincère, mais son amour s’étendait bien au-delà des régions du désir physique. La personne même d’Odette n’y tenait plus une grande place. Quand du regard il rencontrait sur sa table la photographie d’Odette, ou quand elle venait le voir, il avait peine à identifier la figure de chair ou de bristol avec le trouble douloureux et constant qui habitait en lui. Il se disait presque avec étonnement : "C’est elle", comme si tout d’un coup on nous montrait extériorisée devant nous une de nos maladies et que nous ne la trouvions pas ressemblante à ce que nous souffrons.

Auteur: Proust Marcel

Info: A la recherche du temps perdu, tome 1, 2ème partie : Du Côté de chez Swann II : Un amour de Swann

[ rapports humains ] [ incarnation fantasmée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

littérature

On pensait d'ordinaire que le roman du XIXe siècle - du moins jusqu'à Zola- avait évité les aspects les plus scabreux et les plus pathologiques de l’expérience érotique. On citait Dostoïevski comme un pionnier dans la révélation de ce monde souterrain du refoulement et de la luxure "contre nature" que Freud nous a si largement ouvert. Mais les faits sont tout autres. Même dans le "grand" roman, nous trouvons des chefs-d'œuvre, comme la Cousine Bette de Balzac et les Bostoniens de Henry James, qui traitent de thèmes sexuels risqués avec une intelligente liberté. L’Armance de Stendhal et le Roudine de Tourgueniev sont des tragédies de l'impuissance ; le Vautrin de Balzac précède les invertis de Proust de près de trois quarts de siècle et Pierre, de Melville, est un extraordinaire coup de sonde dans les dévoiements de l'amour.

Auteur: Steiner George

Info: Tolstoï ou Dostoïevski

[ transgression ] [ historique ] [ homosexualité ] [ europe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

curiosité

En d'autres termes, si je m'en tiens à la fiction, le romancier ne se contente pas de nous faire voir, mais souvent nous fait voir ce que personne ne pourrait voir, à moins d'être justement un voyeur.(...) on ne peut nier que la représentation d'un fait aussi privé que le rapport sexuel relève du voyeurisme. Et cela pour la bonne raison qu'on ne fait pas l'amour en public et que, par là, quand le romancier nous décrit deux personnages en train de s'accoupler, en réalité il regarde et nous fait regarder par un imaginaire trou de serrure. Ce voyeurisme du narrateur est souvent redoublé par le voyeurisme d'un personnage scoptophile, comme, par exemple, dans la scène bien connue de Proust où le baron de Charlus est espionné par le narrateur tandis qu'il fait l'amour avec le "giletier" Jupien.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'homme qui regarde

[ appétit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

détails

Or les souvenirs d'amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l'habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c'est justement ce que nous avions oublié (parce que c'était insignifiant et que nous lui avions ainsi laissé toute sa force). C'est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur de renfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-mêmes ce que notre intelligence, n'en ayant pas l'emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore. Hors de nous? En nous pour mieux dire, mais dérobée à notre propre regard, dans un oubli plus ou moins prolongé.

Auteur: Proust Marcel

Info: Dans "Nom de pays : le nom"

[ hologramme ] [ inconscient ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Nous avons hérité de nombreuses idées sur l'écriture qui sont apparues au XVIIIe siècle, en particulier un intérêt pour la littérature en tant qu'expression et exploration du soi (self). Ce développement, qui fait partie de ce qui distingue les "modernes" des "premiers modernes", a façonné l'œuvre de nombre de nos auteurs les plus célèbres, dont les expériences personnelles marquent leurs écrits de manière indélébile et visible. Il est juste de dire que la fiction et la poésie d'un grand nombre des meilleurs écrivains du siècle dernier - je pense ici à Conrad, Proust, Lawrence, Joyce, Woolf, Kafka, Plath, Ellison, Lowell, Sexton, Roth et Coetzee, pour n'en citer que quelques-uns - sont profondément autobiographiques. Le lien entre la vie et l'œuvre est l'une des choses qui suscitent notre curiosité et que nous recherchons lorsque nous prenons le dernier livre d'un auteur préféré.

Auteur: Shapiro James S.

Info: Contested Will: Who Wrote Shakespeare?

[ textanalyse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

santé

J’ai dormi par bribes mais enfin bien (sauf asthme qui me restait) et tout étonné de me réveiller sans apercevoir devant moi la désolation. J’en ai profité pour rester douze heures dans mon lit, mon pouls est tombé de 120 à 76 et j’ai pu hier aller dîner chez Durand avec Brancovan sans avoir de crise ni pendant le dîner, ni après, ni cette nuit, ce qui est une nouveauté depuis mes soirées quotidiennes. Bien plus, moi qui ces jours-ci faisais des ravages de poudre (ayant été repris de mon asthme), j’ai fumé à peine vers cinq heures du matin en me mettant au lit et plus une seule fois jusqu’à huit heures ce soir, c’est-à-dire infiniment moins que quand j’étais couché. J’ai refait douze heures de lit et je me suis levé pour dîner vers huit heures, mais mes ennuis sont un peu repris, hélas.

Auteur: Proust Marcel

Info: Lettre à Jeanne Proust (sa mère), 18 août 1902

[ fragile ] [ état maladif ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Quand je démarre un roman, je fais des fiches personnages très approfondies dans lesquelles j’indique l’apparence physique, les traumatismes d’enfance, l’histoire familiale… Pour ce bouquin, j’ai ajouté un bloc stylistique dans lequel j’ai défini précisément la syntaxe de chacun : nerveuse, courte, hachée, proustienne avec des périodes ondulantes… Le registre : familier, argotique, jeune, littéraire XIXème ou XXème siècle. Et les dominantes pour chaque personnage en termes de consonnes et de voyelles : sombres ou claires. Mais à ça, s’est ajouté une couche typographique [chaque personnage est associé à une sélection de glyphes, des variations ou altérations de certaines lettres, ndlr]. Pour Sahar, on a décidé d’enlever le point sur le "j" et la petite barre du "f", pour traduire l’absence de sa fille. Lorca, lui, est saturé de Tishka qui est symbolisée par ce point. La typologie a un rôle narratif, une utilité dans le récit, ce n’est plus juste une dimension esthétique ou caractérisante.

Auteur: Damasio Alain

Info: A propos de la création des "Furtifs". https://www.ernestmag.fr/2019/04/19

[ méthodologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

projections

Et à la mauvaise habitude de parler de soi et de ses défauts il faut ajouter, comme faisant bloc avec elle, cette autre de dénoncer chez les autres des défauts précisément analogues à ceux qu'on a. Or, c'est toujours de ces défauts-là qu'on parle, comme si c'était une manière de parler de soi, détournée, et qui joint au plaisir de s'absoudre celui d'avouer. D'ailleurs il semble que notre attention, toujours attirée sur ce qui nous caractérise, le remarque plus que toute autre chose chez les autres. Un myope dit d'un autre : "Mais il peut à peine ouvrir les yeux" ; un poitrinaire a des doutes sur l'intégrité pulmonaire du plus solide ; un malpropre ne parle que des bains que les autres ne prennent pas ; un malodorant prétend qu'on sent mauvais ; un mari trompé voit partout des maris trompés ; une femme légère des femmes légères ; le snob des snobs.

Auteur: Proust Marcel

Info: A la recherche du temps perdu, tome 2 : A l'ombre des jeunes filles en fleurs

[ rapports humains ] [ miroirs ]

 
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gloire

- Tu ne l'aimes pas beaucoup, Proust ?
- Il est tellement couvert d'amour... Il a tellement été aimé... depuis un siècle... Tu te demandes comment un petit baiser supplémentaire peut bien se loger sans se noyer dans ces litres de salive déposés depuis tant de temps... Ou alors tu te demandes ce qui peut bien encore respirer sous une telle quantité d'amour ! Comme s'il avait prévu l'étouffement auquel ce qu'il a écrit allait devoir faire face, par son asthme.
- Un asthme prémonitoire !
- Trop c'est trop.
- Au fond, c'est plutôt les proustiens que t'aimes pas !
- Mais comment veux-tu séparer le Proust d'aujourd'hui de ce que les proustiens en ont fait ?
- C'est le Proust de "La Recherche" ! L'amour de "La Recherche" est indivisible !
- Il aurait dû couper dans les réceptions... Dans "Guermantes"... Tu sens qu'il y a un travail éditorial qui n'a pas été fait... Mais je peux pas dire ça !

Auteur: Quintane Nathalie

Info: In "Ultra-Proust", éd. La Fabrique, p.7

[ littérature ] [ réévaluation ] [ rafraîchissement ] [ longueurs ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama