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adn

Je ne connaissais pas les règles de Chargaff lorsqu'il les a énoncées, mais l'effet qu'elles ont eu sur moi a été tout à fait électrique, car j'ai immédiatement réalisé que si l'on avait ce type de schéma proposé par John Griffith, où l'adénine est appariée à la thymine et la guanine à la cytosine, alors on devrait obtenir les règles de Chargaff.

J'étais très enthousiaste, mais je n'en ai pas parlé à Chargaff parce que c'était quelque chose que je faisais avec John Griffith. Il y a eu une sorte d'effet de comédie musicale où j'ai oublié quelles étaient les bases et j'ai dû aller à la bibliothèque pour vérifier, et je suis retourné voir John Griffith pour savoir quels étaient les endroits qu'il avait mentionnés. Il s'est avéré que les idées de John Griffith correspondaient aux règles de Chargaff !

C'était très excitant, et nous nous sommes dit "ah ha !" et nous avons réalisé - je veux dire ce que toute personne familière avec l'histoire des sciences devrait réaliser - que lorsque vous avez des rapports de un à un, cela signifie que les choses vont ensemble. Je ne sais pas comment il se fait que personne n'ait relevé ce simple fait au cours de ces années-là.

Auteur: Crick Francis Harry Compton

Info: Extrait de la transcription du documentaire de VSM Productions, The DNA Story (1973). Extrait de la page web 'Chargaff's Rules', Linus Pauling and the Race for DNA sur le site scarc.library.oregonstate.edu

[ historique ] [ tétravalence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

émergence

L'improvisateur copie certaines phrases d'autres improvisateurs parce qu'elles lui plaisent. Je devais avoir 20 ans lorsque j'ai relevé une séquence de 4 mesures d'un solo de guitare sur un disque de jazz. Séquence qu'au cours du temps j'ai intégré dans mon jeu, d'autant qu'elle convenait bien dans mon système (qui, chez un improvisateur peut être plus ou moins compliqué ). Vingt cinq ans plus tard c'est un peu par hasard que je suis retombé sur l'enregistrement original. Et cette phrase au milieu d'un des solos. Pour réaliser quelque chose de très étonnant. Dans mon jeu les notes et le rythme étaient bien restées les mêmes, suggérant toujours la même harmonie. Cependant la différence avec l'original était devenue extraordinaire. A force de répéter un geste au fil des année j'en avait fait tout autre chose. Un remodelé personnel, à moi. La mémoire, le corps... transmutent, modifient, reforment... refondent. Mon vieux maître-modèle John Scofield disait : "plus tu joues depuis longtemps, plus tu ressembles à ce que tu es". Chaque être qui vit et meurt n'est qu'une singularité qui s'affine avant de se faner et disparaître. Ainsi l'homme, l'artisan (je déteste le terme artiste), reprend à l'infini les mêmes actions... pour se définir lui-même à travers elles, les marquant de son empreinte. Avant de rejoindre le néant.

Ou de rentrer à la maison.

Auteur: Mg

Info: 4 sept 2016

[ jazz ] [ musique ] [ singularité ] [ déformation mémorielle ]

 
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lithurgie administrative

Notons ce point capital : l'importance que revêt l'allure séduisante du rapport. C'est un thème récurrent dans les témoignages de cocheurs de cases, au sein des entreprises plus encore que dans les administrations. Si l'influence d'un manager se mesure au nombre de personnes qui travaillent pour lui, la manifestation concrète, immédiate, de son pouvoir et de son prestige, c'est la qualité visuelle de ses présentations et rapports. D'ailleurs, les réunions au cours desquelles ces emblèmes sont exposés aux regards sont un peu les rituels suprêmes du monde de l'entreprise. De même que la suite d'un seigneur féodal pouvait comporter des serviteurs dont le seul rôle — du moins, le seul rôle apparent — était de polir l'armure de ses chevaux ou d'épiler sa moustache avant les tournois ou les spectacles, les cadres d'aujourd'hui ont parfois des subordonnés dont la seule fonction est de préparer leurs présentations PowerPoint et de réaliser les cartes, croquis, montages photo ou illustrations qui les accompagnent. La plupart de ces rapports sont de simples accessoires dans une comédie digne du kabuki — personne ne les lit réellement du début à la fin. Mais cela n'empêche pas les cadres ambitieux de claquer joyeusement l'argent de la boîte, jusqu'à la moitié du salaire annuel d'un ouvrier, juste pour pouvoir dire : "Ah oui, bien sûr ! On a commandé un rapport là-dessus."

Auteur: Graeber David

Info: Bullshit Jobs. Chapitre 2 : Quels sont les différents types de jobs à la con ?

[ rites corporate ]

 

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oser

Il meurt lentement

celui qui ne voyage pas,

celui qui ne lit pas,

celui qui n'écoute pas de musique,

celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.



Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre,

celui qui ne se laisse jamais aider.



Il meurt lentement celui qui devient esclave de l'habitude

refaisant tous les jours les mêmes chemins,

celui qui ne change jamais de repère,

ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements

ou qui ne parle jamais à un inconnu.



Il meurt lentement celui qui évite la passion et son tourbillon d'émotions,

celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les cœurs blessés.



Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu'il est malheureux au travail ou en amour,

celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves,

celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n'a fui les conseils sensés.



Vis maintenant!

Risque toi aujourd'hui !

Agis tout de suite !

Ne te laisse pas mourir lentement !

Ne te prive pas d'être heureux !

Auteur: Neruda Pablo

Info:

[ poème ] [ vivre ] [ aventurer ]

 

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illusionnisme

Je vous ai déjà parlé de l'art de capter l'attention. La plupart des spectateurs croient savoir que l'un des secrets des magiciens, c'est son contraire : le détournement d'attention. Cependant, l'expression est mal choisie. Le vrai pouvoir du magicien, c'est celui de la misdirection.

Quelle est la différence ? Et d'abord qu'est-ce que la misdirection ?

Détourner l'attention, ça veut bien dire ce que ça veut dire : provoquer un stimulus, souvent évident, avec pour objectif de masquer une action, une manipulation censée être secrète.

Le magicien utilise en fait assez rarement cette technique, sauf dans le cas d'un détournement d'attention actif : le spectateur est mis à contribution, tous les regards sont dirigés vers lui. Dans ce cas là, l'illusionniste a tout le temps - et le loisirs - de s'emparer d'un gimmick, empalmer une carte, se décharger d'un objet etc...

La misdirection est beaucoup plus subtile : il s'agit là d'attirer et surtout de maintenir l'attention pour la diriger... et l'éloigner de la méthode utilisée pour réaliser un tour. Cette technique s'apprend avec le temps. Pour parvenir à la maîtriser, l'artiste doit notamment avoir compris les fondamentaux de l'attention et travailler sur sa mise en scène. Car c'est en effet dans la construction de son numéro qu'il parviendra à captiver ses spectateurs et à les inciter à ne regarder que ce qu'il veut qu'ils voient.

Auteur: Anonyme

Info: contributeur splitch sur Technique magique : Misdirection et détournement d'attention, 15 janvier 2011

[ défini ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

échappatoire

En s'intéressant au rêve la psychanalyse a notamment découvert que l'une des fonctions du sommeil était d'offrir un refuge au sujet.

Un refuge à la réalité qui peut parfois, dans certaines conditions, être perçue comme une agression de tous les instants par le sujet.

La fatigue chronique, qui sous cet angle peut être considérée comme une fatigue nerveuse, voire névrotique, est alors bien souvent le prix à payer, sous forme de compromis, pour le sujet qui veut s'extraire de sa pénible réalité tout en voulant y réaliser les tâches qu'il a à faire.

Il y a beaucoup d'anecdotes qui témoignent que pendant l'occupation allemande, durant la seconde guerre mondiale, une grande partie de la population présentait des altérations du sommeil, une immense fatigue, et chose plus curieuse encore : il n'était pas rare qu'en pleine journée les transports en commun soient remplis de voyageurs endormis.

Depuis l'apparition du virus dans nos vies je n'ai jamais entendu autant de personnes dire qu'elles sont constamment fatiguées, ainsi que d'avoir à de multiples reprises l'occasion d'observer de nombreux passagers endormis dans le métro et dans le bus.

Et pour ceux qui ont encore les yeux ouverts, mais qui paraissent bel et bien endormis, ils sont très souvent rivés sur leur "smartphone", outil qui semble alors avoir la fonctionnalité de produire un réveil articifiel.

Auteur: Goubet-Bodart Rudy

Info: Publication facebook du 17.03.2021

[ fuite ] [ narcolepsie ] [ dépression ] [ pandémie covid ] [ dormir ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

peintre

Cet Arcimboldo, qui opérait en partie à la cour du fameux Rodolphe II de Bohême qui a laissé d’autres traces dans la tradition de l’objet rare, se distingue par une technique singulière, qui a porté son dernier surgeon dans l’œuvre de mon vieil ami Salvador Dali, dans ce qu’il a appelé le dessin paranoïaque. Ayant, par exemple, à représenter la figure du bibliothécaire de Rodolphe II, Arcimboldo le fait par un échafaudage savant des ustensiles premiers de la fonction du bibliothécaire, à savoir des livres, disposés sur le tableau de façon que l’image d’un visage soit, plus encore que suggérée, vraiment imposée. Ou encore le thème symbolique d’une saison, incarnée sous la forme d’un visage humain, sera matérialisé par les fruits de cette saison, dont l’assemblage sera réalisé de telle sorte que la suggestion d’un visage s’imposera également dans la forme réalisée.

Bref, ce procédé maniériste consiste à réaliser l’image humaine dans sa figure essentielle par la coalescence, la combinaison, l’accumulation, d’un amas d’objets, dont le total sera chargé de représenter ce qui dès lors se manifeste à la fois comme substance et comme illusion. En même temps que l’apparence de l’image humaine est soutenue, quelque chose est suggéré, qui s’imagine dans le dés-ensemblement des objets. Ces objets qui ont en quelque sorte une fonction de masque, montrent en même temps la problématique de ce masque.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, livre VIII - Le transfert" page 279-280

[ description ] [ interprétation ] [ art pictural ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Pourquoi écrire, si je n'écris pas mieux ? Mais que deviendrais-je si je n'écrivais pas le peu que je réussi à écrire, même si, ce faisant, je demeure très inférieur à moi-même ? Je suis un plébéien de l'idéal, puisque je tente de réaliser ; je n'ose pas le silence, tel un homme qui aurait peur d'une pièce obscure. Je suis comme ceux qui apprécient davantage la médaille que l'effort, et qui se parent des plumes du paon.

Pour moi, écrire c'est m'abaisser ; mais je ne puis m'en empêcher. Ecrire, c'est comme la drogue qui me répugne et que je prends quand même, le vice que je méprise et dans lequel je vis. Il est des poisons nécessaires, et il en est de forts subtiles, composés des ingrédients de l'âme, herbes cueillies dans les ruines cachées de nos rêves, coquelicots noirs trouvés sur les tombeau de nos projets, longues feuilles d'arbres obscènes, agitant leurs branches sur les rives des eaux infernales de l'âme.

Ecrire, oui, c'est me perdre, mais tout le monde se perd, car vivre c'est se perdre. Et pourtant je me perds sans joie, non-pas comme le fleuve qui se perd à son embouchure - pour laquelle il est né, encore inconnu -, mais comme la flaque laissée dans le sable par la marée haute, et dont l'eau lentement absorbée ne retournera jamais à la mer.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intranquillité

[ quête ] [ passe-temps ] [ mémoire ] [ solitude ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Balzac ne refléchit pas longtemps. Chaque fois qu'on lui parle d'une affaire, c'est son imagination débridée et non sa raison calculatrice qui mène l'argumentation, et spéculer fut pour lui, sa vie durant, une jouissance, tout comme écrire et créer. Jamais Balzac n'a dédaigné, par vanité littéraire, de faire du commerce. Il était disposé à trafiquer de tout : livres et tableaux, actions de chemin de fer, terrains, bois et métaux. Son unique ambition était de dépenser ses forces et de percer, peu importe dans quel domaine et par quels moyens. Le jeune Balzac n'a qu'une volonté, la volonté d'arriver, la volonté de puissance... Et avec la même rapidité qu'il perçoit, dans la première vision artistique, toutes les intrigues et leurs dénouements, son avidité hypertrophiée découvre, dans chaque spéculation, des bénéfices par millions... Le 6 avril 1828... Balzac fait banqueroute, et trois fois banqueroute, comme éditeur, comme imprimeur et comme propriétaire d'une fonderie de caractères... Il doit à 29 ans presque cent mille francs à sa famille et à son amie... Ces cent mille francs de dettes, fruits des trois années de son activité commerciale, seront le rocher de Sisyphe qu'il remontera toute sa vie en déchirant presque ses muscles et qui toujours le précipitera à nouveau dans les abîmes. Cette première et unique faute de sa jeunesse le condamne à rester éternellement endetté; jamais ne se réalisera le rêve de son adolescence, pouvoir travailler librement, être indépendant.


Auteur: Zweig Stefan

Info: Balzac : Le roman de sa vie, pp.91 à 108

[ engrenage ]

 

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écriture

L'homme ne récrée-t-il pas les mondes qui lui sont inaccessibles dans un univers de rêve, et selon son désir ? Ne récrée-t-il pas la peur et l'amour, afin de vivre dans le paradis ou l'enfer qu'il vient de créer ? L'imaginaire a ce sens-là dans mes romans.

J'ai rencontré beaucoup de gens dans ma vie, et beaucoup d'entre eux m'ont servi de modèles pour mes personnages. Mais tous mes personnages, c'est moi qui les ai créés dans mon travail d'écrivain. Bien sûr, je désire aller vers le réel, mais ce n'est pas la quête centrale dans mon travail. Je veux créer un monde d'imaginaire et de narration, faire quelque chose de différent : réaliser ce royaume de l'imaginaire par la parole. Cela dit, je sais que je ne suis ni le premier ni le dernier parmi ceux qui créent des univers de parole. C'est avant tout une démarche professionnelle, pour moi, comme elle l'a toujours été. Les "sages familiers" qui m'entouraient étaient aussi des hommes de métier. Homère était un vrai professionnel ; les "Homère" turcs et kurdes de mon époque sont aussi des professionnels. Leur art consiste à créer des mondes, en racontant des histoires. Ce ne sont ni des mystiques ni des charlatans ni des mendiants vagabonds, mais les maîtres d'un art que nous avons en partage. Ce sont des hommes d'honneur gagnant leur pain avec la parole. Ils étaient des personnes presque sacrées, dans le milieu où ils évoluaient.

Auteur: Yachar Kemal

Info: Entretiens avec Alain Bosquet. trad Altan Gokalp, Gallimard, collection "Blanche", 1992. pp 43-44

[ artisanat ] [ tradition ] [ racines ]

 

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