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échange

Dans la communication orale, des formes innombrables de renforcement extralinguistique (gestuel, ostensif, etc.), de multiples procédés de redondance et de feedback interviennent et se soutiennent réciproquement. Ce qui veut dire qu’il n’y a jamais de communication linguistique au sens strict du terme, mais bien une activité sémiotique au sens large, où plusieurs systèmes de signes se complètent l’un l’autre. Mais qu’en est-il d’un texte écrit, que l’auteur génère et confie ensuite à divers actes d’interprétation, comme on jette une bouteille à la mer ?

Nous avons dit que le texte postule la coopération du lecteur comme condition d’actualisation. Nous pouvons dire cela d’une façon plus précise : un texte est un produit dont le sort interprétatif doit faire partie de son propre mécanisme génératif. Générer un texte signifie mettre en œuvre une stratégie dont font partie les prévisions des mouvements de l’autre — comme dans toute stratégie.

Auteur: Eco Umberto

Info: Lector in fabula, p 65

[ émission ] [ réception ] [ code ] [ interlocution écrite ] [ pouvoir sémantique ] [ propagande ] [ compréhensibilité ] [ citation s’appliquant à ce logiciel ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

psychanalyse

Quant à la question de la valeur de mes travaux et de leur influence sur le développement de la science dans l’avenir, je ne peux que difficilement prendre position moi-même. Parfois j’y crois, parfois j’en doute. Je pense qu’on ne peut absolument pas le prévoir ; le Bon Dieu ne le sait peut-être pas encore lui-même. Malgré tout, ils pourraient bien nous être maintenant de quelque valeur, et je me réjouis sincèrement de ne plus être tout seul. Si je ne vis pas très vieux, je n’en profiterai pas, et je ne travaille certes pas dans l’attente d’un bénéfice ou de la gloire ; et, compte tenu de l’inéluctable ingratitude des humains, je n’en attends rien non plus dans l’après-coup pour mes enfants. Toutes ces supputations doivent jouer chez nous un tout petit rôle, si tant est que nous soyons sérieux en proclamant notre appartenance à la firme mondiale : "Fatum et Ananké". 

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans "Correspondance Freud-Ferenczi 1908-1914", trad. par le groupe de traduction du Coq-Héron, composé de Suzanne Achache-Wiznitzer, Judith Dupont, Suzanne Hommel, Christine Knoll-Froissart, Pierre Sabourin, Françoise Samson, Pierre Thèves, Bernard This, Calmann-Lévy, 1992, lettre du 10 janvier 1910

[ réception ] [ utilité collective ] [ postérité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

réception critique

Avec l’explication des névroses, je me sens plutôt seul ici. Ils me considèrent quasiment comme un monomane, et j’ai le net sentiment d’avoir touché à l’un des grands secrets de la nature. Il y a quelque chose de drôle dans l’écart existant entre l’appréciation que l’on a de son propre travail intellectuel et celle qu’en ont des personnes étrangères. Prends mon livre sur les diplégies, qui est une compilation faite avec un minimum d’intérêt et d’effort, presque dans un état d’esprit insouciant. Il a eu un énorme succès. La critique en dit les choses les plus belles, les articles français en particulier fourmillent de commentaires élogieux. [...] Et pour ces choses qui sont vraiment bonnes, comme l’aphasie, les représentations de contrainte, dont la parution est imminente, comme l’étiologie et théorie des névroses à venir, je ne peux m’attendre à rien de mieux qu’à un échec respectable. Cela vous fait douter et vous rend un peu amer.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 21 mai 1894, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ psychanalyse ] [ incompréhension ] [ déception ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

journal de bord

En la police économique, mon père avait cet ordre, que je sais louer, mais nullement ensuivre : c'est qu'outre le registre des négoces du ménage où se logent les menus comptes, paiements, marchés, qui ne requièrent la main du notaire, lequel registre un receveur a en charge, il ordonnait à celui de ses gens qui lui servait à écrire, un papier journal à insérer toutes les survenances de quelque remarque, et jour par jour les mémoires de l'histoire de sa maison, très-plaisante à voir quand le temps commence à en effacer la souvenance, et très à propos pour nous ôter souvent de la peine : quand fut entamée telle besogne ? Quand achevée ? Quels trains y ont passé ? Combien arrêté ? Nos voyages, nos absences, mariages, morts, la réception des heureuses ou malencontreuses nouvelles ; changement des serviteurs principaux ; telles matières. Usage ancien, que je trouve bon à rafraîchir, chacun en sa chacunière. Et me trouve un sot d'y avoir failli.

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.254 livre I chap.XXXV

[ main courante ]

 

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gloire

- Tu ne l'aimes pas beaucoup, Proust ?
- Il est tellement couvert d'amour... Il a tellement été aimé... depuis un siècle... Tu te demandes comment un petit baiser supplémentaire peut bien se loger sans se noyer dans ces litres de salive déposés depuis tant de temps... Ou alors tu te demandes ce qui peut bien encore respirer sous une telle quantité d'amour ! Comme s'il avait prévu l'étouffement auquel ce qu'il a écrit allait devoir faire face, par son asthme.
- Un asthme prémonitoire !
- Trop c'est trop.
- Au fond, c'est plutôt les proustiens que t'aimes pas !
- Mais comment veux-tu séparer le Proust d'aujourd'hui de ce que les proustiens en ont fait ?
- C'est le Proust de "La Recherche" ! L'amour de "La Recherche" est indivisible !
- Il aurait dû couper dans les réceptions... Dans "Guermantes"... Tu sens qu'il y a un travail éditorial qui n'a pas été fait... Mais je peux pas dire ça !

Auteur: Quintane Nathalie

Info: In "Ultra-Proust", éd. La Fabrique, p.7

[ littérature ] [ réévaluation ] [ rafraîchissement ] [ longueurs ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

traite des noirs

Un jour, j'ai visité le fort aux esclaves de Cape Coast, au Ghana. L'architecture m'a laissé une impression durable. Le bâtiment comptait trois niveaux. Les niveaux supérieurs abritaient le palais du gouverneur et la chapelle. Il y avait suffisamment de place pour une salle de bal et des réceptions de mariage. Les niveaux inférieurs de la même forteresse étaient l'endroit où les esclaves captifs attendaient d'être embarqués vers l'Amérique. Le palais et l'église étaient bâtis sur les tombes des esclaves. Ainsi, tandis qu'ils esclavageaient, les riches chantaient leur gratitude au Tout-Puissant, puis, tandis qu'ils gémissaient de la joie de l'amour charnel au lit, les esclaves gémissaient en attendant la délivrance. Les cris de plaisir en haut contrastaient avec les cris de douleur en bas, mais les deux n'étaient pas sans rapport. La splendeur d'en haut était bâtie sur la misère d'en bas. Aujourd'hui, le palais mondial est bâti sur une prison mondiale. La splendeur dans la misère - voilà la base de l'instabilité mondiale.

Auteur: Ngugi wa Thiongo

Info: Pour une Afrique libre

[ domination ] [ impérialisme ] [ colonialisme ] [ extrêmes ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

détachement feint

Dans la mesure où travailler ne représente guère plus qu'une agitation sans grande signification, et où les habitudes sociales, jadis honorées en tant que rituel, dégénèrent en rôles à jouer, le salarié – qu’il travaille à la chaîne ou occupe un poste grassement payé dans une vaste bureaucratie – cherche à échapper au sentiment d'inauthenticité qui en résulte en créant une distanciation ironique par rapport à sa routine journalière. Il tente de transformer le rôle qu'il joue en une évaluation symbolique de la vie quotidienne, et se réfugie dans la plaisanterie, la moquerie, le cynisme. Si on lui demande d’exécuter une tâche désagréable, il établit clairement qu’il ne croit pas aux objectifs de l’organisation qui tendent vers une efficacité et un rendement accrus. S’il se rend à une réception, son comportement tend à montrer que tout n’est qu’un jeu, faux, artificiel, dénué de sincérité, une mascarade grotesque de la sociabilité. Il tente, de cette manière, de se rendre invulnérable aux pressions de la situation. En refusant de prendre au sérieux ses occupations, il nie leur pouvoir de le blesser.

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, page 159

[ mécanisme de défense ] [ sujet passif ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maison close

Le maharadjah de Kapurthala était d'un autre style. Il avait un oeil de verre. Aussitôt arrivé, il choisissait deux ou trois filles. Les bouteilles de champagne valsaient. Puis, c'était une tradition, dès qu'il était rond, défoncé, il perdait son oeil. On me faisait appeler. Dans la chambre ou dans le salon, je trouvais mes trois femmes, fesses en l'air, en train de chercher l'oeil du prince hindou. A mon tour, je m'y mettais. La règle du jeu consistait à ne pas trouver le postiche qui, bien sûr, scintillait sur le tapis. Quand Karputhala en avait assez du spectacle, il disait:

- Je m'en vais. Si vous le trouvez, faites-le-moi porter au Ritz.

Et, il partait sans payer. Dans la matinée, je téléphonais à la réception du palace:

- Nous avons retrouvé l'oeil de son Altesse.

Invariablement, l'homme aux clés d'or me répondait:

- On ne peut pas déranger le prince qui est en prières.

Un moment plus tard, un groom arrivait au One avec l'argent de la nuit et des cadeaux pour chacune des chercheuses d'oeil.

Auteur: Jamet Fabenne

Info: One Two Two : 122, rue de Provence

[ singulière routine ] [ bordel de luxe ] [ insolite ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

extraterrestres

Il y a des milliers d'années les tribus humaines souffraient de grandes privations dans la lutte pour l'existence. Il était alors important, non seulement de savoir manier une matraque, mais de posséder la capacité de penser intelligemment, de tenir compte du savoir et de l'expérience engrangés par la tribu et de développer les liens qui établiraient les bases d'une coopération avec d'autres tribus. Aujourd'hui la race humaine doit affronter une épreuve analogue. Plusieurs civilisations pourraient exister dans l'espace infini, parmi lesquelles des sociétés qui pourraient être plus sages et plus "performantes" que la nôtre. Je soutiens l'hypothèse cosmologique selon laquelle le développement de l'univers se répète un nombre infini de fois, suivant des caractéristiques essentielles. D'autres civilisations, y compris certaines plus "performantes", sont inscrites un nombre infini de fois sur les pages "suivantes" ou "précédentes" du Livre de l'univers. Néanmoins nous ne devons pas minimiser nos efforts sacrés en ce monde, où comme de faibles lueurs dans l'obscurité, nous avons surgi pour un instant du néant de l'inconscience obscure à l'existence matérielle. Nous devons respecter les exigences de la raison et créer une vie qui soit digne de nous-mêmes et des buts que nous percevons à peine.

Auteur: Sakharov Andreï Dmitrievitch

Info: Fin de son discours de réception du prix Nobel de la paix. Lu par sa femme Elena Bonner

[ humanité ] [ sagesse ]

 

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roman

Peu à peu, Fédor Mikhaïlovitch consentit à nous parler de sa vie en Sibérie et des mœurs des réprouvés, ses compagnons de bagne. La plupart de ces récits furent inclus ensuite dans les Souvenirs de la maison morte. Ce livre, d’ailleurs, parut dans des circonstances opportunes.

L’esprit de tolérance soufflait sur le pays et pénétrait jusqu’à la censure. Des ouvrages virent le jour dont, peu de temps avant, la publication paraissait impensable. Certes, la censure fut quelque peu troublée par ce livre sans précédent, tout entier consacré à illustrer des vies de forçats, par le fond noir des récits dont les héros étaient d’effroyables criminels et enfin par le fait que l’auteur lui-même était un ancien prisonnier politique, à peine revenu à la vie normale. Cependant, rien ne put détourner Dostoïevski de rapporter exactement ce qu’il avait connu. Aussi les Souvenirs de la maison morte bouleversèrent-ils l’opinion ; leur auteur apparut comme un autre Dante. L’enfer où il était descendu fut d’autant plus terrifiant pour le public que, loin d’être le fruit de l’imagination du poète, il appartenait incontestablement au monde de la réalité. Cependant, sur les instances de la censure, Dostoïevski supprima l’épisode des Polonais déportés et des détenus politiques.

Auteur: Milioukov Alexandre

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 67

[ contexte ] [ réception ] [ circonstances ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson