poterie
Siècles durant leur place est là, dès le début premier,
grotesques et bêtes, goitreux silencieux.
Des potiers, aptes à mouiller la glaise et la brûler.
Tels des dragons retardés et cléments
figures oblongues comme des cornemuses
mecs archaïques, qui portent si heureux
un rêve frêle durant les jours recluses.
La roue tournoie en grésillant en chaque foyer autour.
Les cœurs portent, toujours, les vieux modèles.
Les potiers œuvrent en sommeillant, et s'assoupissent près du four.
Très rarement ils sont hantés
par quelque fée ou des étincelles.
Dans les vallées des récoltes sublimes
il n'y a pas un bled aux âmes plus lentes
ni autre lieu où l'on saurait y cuire
des cruches aussi belles et si câlines,
avec des croupes de filles indignes et saintes.
Auteur:
Blaga Lucian
Années: 1895 - 1961
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète et philosophe
Continent – Pays: Europe - Roumanie
Info:
Les potiers, traduit du roumain par Cindrel Lupe
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céramistes
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poème
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frangine
Ma soeur,
une nuée toujours ombrait
tes paupières.
Accoudée au balcon
- une enfant encore -
tu regardais la mer
dérouler le rêve
de la solitude sans fin.
Tu alimentais ton coeur
des feuilles de l'automne
La mère reflétait
l'énigme de son ombre
dans le fond de tes yeux.
La pâle lueur de ton visage
errait sur le plancher
de notre demeure.
Nous ne te vîmes jamais pleurer.
Là seulement sur tes tempes
les veines ténues
pareilles à des filons de lumière bleue
battaient la fièvre
de tes lèvres recluses.
(Combien de fois,
aux heures où tu dormais,
je me penchais sur elles pour y lire
ton secret.)
Remplie d'amour et de pitié
tu pansais nos blessures
et te taisais.
Ton silence avisait de tout.
Par les soirs d'hiver
tu avançais seule dans la forêt
pour soigner
les moineaux nus,
pour réchauffer
les insectes transis.
Grain à grain tu amassais en toi
les larmes des pauvres, des humbles.
Et quand s'effondra notre maison
ce fut toi encore qui resta droite
- ombre de la Sainte Vierge -
afin de me montrer les étoiles
au travers des trouées du toit.
Désormais ton silence s'est brisé
et dans le petit coquillage que tu cachais
j'ai écouté les clameurs de l'océan.
Ma soeur, il ne m'est resté
pas même une pierre où m'étendre.
Auteur:
Yannis Ritsos
Années: 1919 - 1990
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète
Continent – Pays: Europe - Grèce
Info:
Le chant de ma soeur : Edition bilingue français-grec.
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