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réveil

Quand nous nous levions le matin, nous nous efforcions de rétablir ce qui avait été perdu pendant la nuit : par un sourire, un regard, l'idée bien admise que le destin est inéluctable, irréversible, immuable. Et tout recommençait : tiède, âpre, étriqué.

Auteur: Prilepine Zakhar

Info: Des chaussures pleines de vodka chaude

[ groupe ]

 

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mère-fille

Je ne pouvais supporter l'idée qu'il était trop tard pour tenter de nous apaiser, pour dire à ma mère : "je t'aime. Ne t'inquiète pas, j'ai tout oublié" Trop tard pour la tenir dans mes bras, la bercer, sentir battre son cœur.
Je lui prenais la main, elle se dégageait d'une secousse et recommençait à marcher, comme une automate, d'un bout de couloir à l'autre.

Auteur: Roland Nicole

Info: Les veilleurs de chagrin

[ vieillesse ] [ regrets ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

persécutions

Grand-mère revint de chez les voisins en racontant qu'un jeune garçon de 14 ans, qui avait réussi à s'enfuir en rampant du ravin, s'était réfugié dans la cour des maraîchers et racontait des choses atroces : là-bas, on déshabillait tout le monde, on alignait les gens au bord du ravin et on tirait dans la nuque du premier de façon à en tuer plusieurs avec une seule balle. On entassait les tués, on les recouvrait d'une couche de terre, et on recommençait l'opération. Mais beaucoup de fusillés étaient encore en vie, si bien que la terre bougeait et certains sortaient en rampant. Alors on les frappait sur la tête et on les poussait à nouveau dans le ravin. Mais lui, on ne l'avait pas vu, il était sorti en rampant et était accouru.

Auteur: Kuznetsov Anatoli

Info: Babi Yar

[ camps de concentration ] [ antisémitisme ]

 

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écriture

Lorsque je m'achète un roman, j'ai pour habitude de le garder dans son emballage jusqu'à ce que j'aie le sentiment d'avoir mérité la récompense. A ce moment-là, je m'offre le livre avec un plaisir non dissimulé.
Tous les gens seuls que je connais ont recours à ce type de rituels. On me présenta un jour, un type qui s'écrivait des lettres. Lorsqu'il recevait sa propre missive, dûment affranchie, il l'ouvrait avec soin et la lisait comme si elle venait de très loin. Ensuite il méditait une journée entière sur son contenu et, le jour suivant, répondait avec un grand luxe de détails. La lettre apparaissait tamponnée trois jours plus tard dans sa boîte aux lettres et tout recommençait.
Grâce au courrier, je crois que cet homme réussit à devenir assez ami avec lui-même.

Auteur: Miralles Francesc

Info: amour en minuscules

[ lecture ] [ dialogue ] [ littérature ]

 

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inaction

À quoi bon installer la 5G si l’on n’arrivait simplement plus à rentrer en contact, et à accomplir les gestes essentiels, ceux qui "permettent à l’espèce humaine de se reproduire, ceux qui permettent aussi, parfois, d’être heureux ?" Il redevenait capable de penser, sa réflexion prenait même un tour presque philosophique, constata-t-il avec dégoût. À moins que tout cela ne relève de la biologie, ou de rien du tout, il allait retourner se coucher finalement, c’était la seule chose à faire, sa réflexion était condamnée à tourner à vide, il se sentait comme une boîte de bière écrasée sous les pieds d’un hooligan britannique, ou comme un beefsteak abandonné dans le compartiment légumes d’un réfrigérateur bas de gamme, enfin il ne se sentait pas très bien. Pour ne rien arranger, il recommençait à avoir mal aux dents ; est-ce que c’était psychosomatique, finalement, tout ça ?

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Anéantir, p.366

[ aquoibonisme ] [ laisser-aller ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

fable oecuménique

Sur une île verdoyante, une vache vivait dans la solitude. Elle y paissait jusqu’à la tombée de la nuit et engraissait ainsi chaque jour. La nuit, ne voyant plus l’herbe, elle s’inquiétait de ce qu’elle allait manger le lendemain et cette inquiétude la rendait aussi maigre qu’une plume. A l’aube, la prairie reverdissait et elle se remettait à paître avec son appétit bovin jusqu’au coucher du soleil. Elle était de nouveau grasse et pleine de force. Mais, la nuit suivante, elle recommençait à se lamenter et à maigrir.

Le temps avait beau s’écouler, jamais il ne lui venait à l’esprit que, la prairie ne diminuant pas, il n’y avait guère lieu de s’inquiéter de la sorte.

Ton ego est cette vache et l’île, c’est l'univers. La crainte du lendemain rend la vache maigre. Ne t’occupe pas du futur. Mieux vaut regarder le présent. Tu manges depuis des années et les dons de Dieu n’ont jamais pour autant diminué.

Auteur: Djalâl ad-Dîn Rûmî

Info: Le Mesnevi : 150 contes soufis, pp. 153-154

[ monothéisme ] [ généreuse gaïa ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

complexe de supériorité

"N'est-ce pas que vous autres gens de l'Iran, vous êtes plus bêtes que nos chevaux ?

- Oui, maîtresse, répondais-je avec humilité, c'est bien vrai. Dieu l'a voulu ainsi !

- Les Turcomans, continuait-elle, vous pillent, vous volent, vous emportent vous-mêmes, et vous vendent à qui ils veulent, et vous ne savez pas trouver un moyen de les en empêcher.

- C'est vrai, maîtresse, répliquais-je encore ; mais c'est que les Turcomans sont des gens d'esprit, et nous nous sommes des ânes."

Alors elle recommençait à rire aux éclats et ne s'apercevait jamais que son lait et son beurre diminuaient à mon profit. J'ai toujours remarqué que les gens les plus forts sont toujours les moins intelligents. Ainsi voyez les Européens ! On les trompe tant que l'on veut, et, partout où ils vont, ils s'imaginent qu'ils sont supérieurs à nous, parce qu'ils sont les maîtres ; ils ne savent pas et ne sauront jamais apprécier cette vérité que l'esprit est bien au-dessus de la matière.

Auteur: Gobineau Joseph Arthur

Info: Nouvelles Asiatiques - Gobineau et l'Orient

[ stupidité ] [ cause-effet ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

charité

Cette sacrée Rotonde, on allait là comme si on rentrait chez soi ; on se sentait en famille. Le papa Libion était bien le meilleur des hommes, et il les aimait, ses galopins d'artistes.

Il s'y passait des scènes vraiment curieuses.

Par exemple, à l'heure où on livrait le pain, la grande famille des affamés était au complet.

On apportait une vingtaine de pains immenses que la porteuse mettait dans une espèce de panier en osier, près du bar, mais les pains étaient trop longs et il y en avait un bon tiers qui dépassait : oh ! pas pour longtemps. Le temps de se retourner - et papa Libion avait toujours à s'absenter pendant quelques secondes à ce moment-là -, le temps de se retourner et tous les pains étaient décalottés en un clin d'œil.

Puis d'un air détaché, tout le monde sortait avec son bout de pain dans la poche. Et c'était toujours la même chose !

Papa Libion se mettait à tempêter, à parler de représailles, de police... et le lendemain, ça recommençait.

Auteur: Kiki de Montparnasse Alice Prin

Info: Souvenirs retrouvés

[ anecdote ] [ aumône ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

emmerdeurs

" [...] Vous êtes allés voir le nouveau film de Woody Allen ou pas ?"
JE TROUVE QUE C'EST UN SIGNE DE FAIBLESSE quand la conversation porte trop vite sur les films. Au fond, les films sont plutôt un sujet pour la fin de soirée, quand on n'a vraiment plus rien à dire. Je ne sais pas pourquoi, mais je ressens toujours un creux dans l'estomac quand les gens se mettent à parler de films : c'est comme s'il recommençait à faire nuit dehors alors qu'on vient de se lever.
Le pire, ce sont ceux qui racontent les films du début jusqu'à la fin ; ils prennent tout leur temps, ils s’étendent pendant un quart d'heure : un quart d'heure par film, j'entends. Peu leur importe au fond que vous ayez l'intention d'aller voir le film en question ou que vous l'ayez vu depuis longtemps, ils ne tiennent aucun compte de ce genre d'information, ils sont déjà en plein milieu de la scène d'ouverture. Par politesse, vous faites mine au début de vous intéresser, mais vous renoncez vite à toute forme de politesse, vous bâillez ouvertement, regardez le plafond et changez sans cesse de position sur votre chaise, Vous ne ménagez pas votre peine pour faire taire le conteur, mais rien n'y fait, il est déjà allé trop loin pour percevoir ces signaux à leur juste valeur, il est surtout esclave de lui-même et des âneries qu'il débite.

Auteur: Koch Herman

Info: Le dîner

[ emmerdeurs ] [ bavards ]

 

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espérance

A midi, sur les pentes à demi sableuses et couvertes d’héliotropes comme d’une écume qu’auraient laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, je regardais la mer qui, à cette heure, se soulevait à peine d’un mouvement épuisé et je rassasiais les deux soifs qu’on ne peut tromper longtemps sans que l’être se dessèche, je veux dire aimer et admirer.

Car il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer. Nous tous, aujourd’hui, mourons de ce malheur. C’est que le sang, les haines décharnent le cœur lui-même ; la longue revendication de la justice épuise l’amour qui pourtant lui a donné naissance. Dans la clameur où nous vivons, l’amour est impossible et la justice ne suffit pas. C’est pourquoi l’Europe hait le jour et ne sait qu’opposer l’injustice à elle-même. Mais pour empêcher que la justice se racornisse, beau fruit orange qui ne contient qu’une pulpe amère et sèche, je redécouvrais à Tipasa qu’il fallait garder intactes en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise. Je retrouvais ici l’ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel ne m’avait jamais quitté. C’était lui qui pour finir m’avait empêché de désespérer. J’avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. Ô lumière ! c’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant.

Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible

Auteur: Camus Albert

Info: L'été, retour à Tipasa, 1952

[ cyclique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel