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périple

V-A : Qu’est-ce que le fait de voyager vous a fait découvrir d’essentiel sur vous et sur la vie ?

J-P B : Le rapport à l’autre justement. Je ne voyage pas pour les paysages, c’est clair. Je suis dans la sensation : les pieds sur le sol, les insectes autour, l’ambiance… Je voyage pour les sensations, les rencontre et de plus en plus aussi pour pouvoir mettre des mots sur ce que je ressens. Si on me largue quelque part sans que je sache où je me trouve, je vais chercher des mots pour m’éclairer ; chercher à déduire d’après la chaleur qu’il fait, les odeurs, la qualité de l’air. C’est une écoute, une attention, être présent et laisser entrer les sensations, regarder les pensées qui s’y associent et trouver ensuite les mots pour les rapporter aux autres maintenant que je suis devenu un écrivant*. Un vrai bonheur.

Auteur: Brouillaud Jean-Pierre

Info: http://www.voyageons-autrement.com/jean-pierre-brouillaud-l-illusion-du-handicap. Interview de Jerome Bourgine

[ non-voyant ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

avilissement

Je retournai chez moi avec la sensation d'une solitude absolue. Généralement, cette sensation d'être seul au monde s'accompagne chez moi d'un orgueilleux sentiment de supériorité : je méprise les hommes, je les vois sales, laids, incapables, avides, grossiers, mesquins ; ma solitude ne m'effraie pas, elle est pour ainsi dire olympienne. Mais ce jour-là, comme à d'autres moments semblables, ma solitude était la conséquence de ce qu'il y avait de pire en moi, de mes bassesses. Dans ces cas-là, je sens que le monde est méprisable, mais je comprends que moi aussi je fais partie de ce monde ; dans ces moments-là, je suis envahi d'une fureur d'anéantissement, je me laisse caresser par la tentation du suicide, je me soûle, je recherche les prostituées. Et je ressens une certaine satisfaction à éprouver ma propre bassesse et à admettre que je ne suis pas meilleur que les monstres répugnants qui m'entourent.

Auteur: Sabato Ernesto

Info: Le tunnel, chapitre XXI

[ projection ] [ jouissance ] [ déchéance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

homme-animal

D'un point de vue évolutionniste, en effet, il n'y a aucune différence moralement significative entre l'homme et l'animal, qui sont tous les deux sur la même échelle du vivant, à des degrés divers et sans qu'aucun saut de nature ne les sépare. Rachels n'est pas le seul à critiquer la doctrine de la dignité humaine. Adorno écrivait déjà que "ce qui m'est si suspect dans l'éthique kantienne, est la "dignité" qu'elle accorde à l'homme au nom de l'autonomie". Et Houellebecq explique pourquoi il ne comprend "absolument rien" à cet exceptionnalisme humain : "Je ne ressens pour ma part, dans ma propre personne, aucune dignité spéciale : on peut me faire souffrir, me soumettre à de mauvais traitements ; on peut certainement me briser, me faire subir des dommages physiques ou psychologiques irréversibles. Je me plaindrai de souffrir, et d'être mal traité ; je m'en plaindrai en tant qu'animal, et non, spécifiquement, en tant qu'homme".

Auteur: Vilmer Jean-Baptiste Jeangène

Info: L'éthique animale

[ morale ] [ anthropocentrisme ]

 

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poème

C'est sombre parce que tu essayes trop dur.
Doucement mon enfant, légèrement. Apprends à tout faire légèrement.
Oui, sens-toi légère, même si tu ressens profondément.
Laisse juste les choses se passer légèrement, prends les avec légereté.

J'étais si absurdement sérieux ces jours ...
Doucement, légèrement - c'est le meilleur conseil qu'on m'ait jamais donné

Même quand il s'agit de mourir. Rien de lourd, ou grave ou emphatique.
Pas de discours, pas de tremolos,
Pas de cet auto persona conscient, dans sa célèbre imitation du Christ ou de Little Nell.
Et bien sûr, ni théologie, ni métaphysique.
Juste le fait de mourir et le fait de la claire lumière

Alors jettes tes bagages et va de l'avant.
Il y a plein de sables mouvants te concernant, suçant tes pieds,
Essayant de t'aspirer en bas vers la peur, l'auto apitoiement et le désespoir.
Voilà pourquoi tu dois marcher si légèrement.
Aérienne ma chérie
Sur la pointe des pieds et sans bagages,
Pas même un sac éponge,
Totalement délestée.

Auteur: Huxley Aldous

Info: Ile

[ réconfort ] [ lâcher prise ]

 

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condition humaine

Je ressentis soudain quelque chose comme de la tendresse pour cet homme, cette tendresse que l'on ressent pour la commune médiocrité de l'humanité, pour le quotidien banal du chef de famille qui se rend à son travail, pour son humble et joyeux foyer, pour les petites joies et petites misères dont se compose forcément son existence, pour son innocence à vivre sans analyser -bref, pour le naturel tout animal de ce dos habillé. [...]



Or, le dos de cet homme dort. Cet être qui marche devant moi, d'un pas égal au mien, dort intégralement. Il marche, inconscient. Il vit, inconscient. Il dort, parce que nous dormons tous. La vie tout entière est sommeil. Nul ne sait ce qu'il fait, nul ne sait ce qu'il veut, nul ne sait ce qu'il sait. Nous dormons la vie, éternels enfants du Destin. C'est pourquoi je ressens, si je pense avec cette sensation, une tendresse immense et informe pour cette humanité infantile, pour cette vie sociale endormie, pour tous et pour tout.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ vanité ] [ compassion ] [ ignorance ] [ fraternité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

illumination

Mais dans le cadeau des fées, il y a une autre partie. À vrai dire, il nous reste encore à parler du vrai cadeau. Un jour, au milieu de cette agitation d'idées folles qui ne servent à rien et qui ne vont nulle part, il te vient quelque chose qui, tout à coup, tu ne sais même pas pourquoi, te fascine.T'enchante, te trouble, t'éblouit, te captive.

L'émotion que tu ressens est si grande qu'elle ne te tient pas dans la poitrine, elle te déborde de la tête, si bien que tu te dis : ça, je dois le raconter, je dois le partager. Et c'est là que naît la nouvelle, ou le roman. Cet éblouissement premier, si mobilisateur et si lancinant, je l'appelle le petit œuf. Si tu regardes bien, c'est quelque chose de beau, car le lecteur est présent dès l'instant même de la conception de l'oeuvre. Cet autre à qui tu vas raconter l'histoire et avec qui tu meurs d'envie de la partager. L'art, tout art, je crois, est d'abord de la communication.

Auteur: Montero Rosa

Info: Le danger de ne pas être folle, Une famille magnifique et lamentable, p 98

[ échange ] [ amorce ] [ illumination ] [ épiphanie ] [ langage ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

heimatlos

Anne, je ne veux pas vivre... Écoute, la vie est belle, mais je ne peux pas la vivre. Je ne peux même pas l'expliquer. Je sais que ça semble idiot... mais si tu savais ce que je ressens. D'être en vie, oui, exister, mais de ne pas pouvoir la vivre. C'est là que le bât blesse. Je suis comme une pierre... enfermée et hors de tout ce qui est réel... Anne, connais-tu un truc pareil, entends-tu ???  J'aimerais, ou je pense que j'aimerais, souffrir de quelque chose, car alors je pourrais être courageux, mais ne pas mourir, et pourtant... et pourtant être derrière un mur, à regarder tout le monde s'intégrer là où je ne peux pas, à m'exprimer derrière un mur gris et brumeux, à vivre mais à ne pas y parvenir, ou y parvenir de travers... à tout faire de travers... crois-moi, (le peux-tu ?)... ce qui ne va pas. Je veux être à ma place. Je me sens comme le juif qui se retrouve dans le mauvais pays. Je n'en suis pas un des rouages. Je ne suis pas partie prenante. Je suis pétrifié.

Auteur: Sexton Anne

Info: Anne Sexton: A Self-Portrait in Letters

[ déconnecté ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

radioactivité

Ce que j'ai face à moi, ce que je dessine n'est pas la vérité ! Je ne vois pas le désastre, mais une explosion de couleurs resplendissantes. Seul le compteur me dit : " C'est contaminé, ne reste pas là ! "
Comment dessiner l'invisible ?
J'avais imaginé dessiner des forêts noires, des arbres tordus, décharnés, étranges ou monstrueux... J'avais mes craies noires, mes encres sombres, mes fusains... Mais la couleur s'impose à moi.
Mon dessin ne dit rien du réel. Quelle étrangeté que de devoir représenter ce que je ne vois pas, ne ressens pas ! Mes sens me disent le contraire de ce que m'indique le dosimètre. Je suis pris de vertige. Pripiat, ville désolée, colle à ce que je m'imaginais de la catastrophe, correspond à l'image que je me faisais du désastre. Mais ici dans la zone ? Cette vibration subtile des couleurs couvre l'effroyable réalité qui se cache à mes yeux. Dessiner, c'est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. Va pour Pripiat et ses rues vides et grises, Mais les forêts bleues ? Quoi, alors ? La beauté ? Comment ça, la beauté ?

Auteur: Lepage Emmanuel

Info: Un printemps à Tchernobyl

[ atomique ]

 

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relire

Moi aussi, je ressens le besoin de lire à nouveau les livres que j'ai déjà lus, dit un troisième lecteur, mais à chaque relecture, il me semble que je lis un nouveau livre, pour la première fois. Est-ce moi qui change sans cesse et qui vois de nouvelles choses dont je n'avais pas conscience auparavant ? Ou bien la lecture est-elle une construction qui prend forme, assemblant un grand nombre de variables, et donc quelque chose qui ne peut être répété deux fois selon le même schéma ? Chaque fois que je cherche à revivre l'émotion d'une lecture antérieure, je ressens des impressions différentes et inattendues, et ne retrouve pas celles d'avant. À certains moments, il me semble qu'entre une lecture et la suivante il y a une progression : au sens, par exemple une meilleure pénétration de l'esprit du texte, ou l'accoissement de mon détachement critique. A d'autres moments, au contraire, j'ai l'impression de conserver  le souvenir des lectures d'un même livre comme séparées les des autres, enthousiastes ou froides ou hostiles, éparpillées dans le temps, sans perspective, sans fil conducteur. La conclusion à laquelle je suis arrivé est que la lecture est une opération sans objet ; ou que son véritable objet est lui-même. Le livre est une aide accessoire, voire un prétexte.

Auteur: Calvino Italo

Info: Si par une nuit d'hiver un voyageur

[ instable secondéité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mère-fille

- Ô maman, fais-moi plaisir pour une fois, essaie de crier "maman", à ton tour. Essaie et explique-moi ce que tu ressens.
- Ta grand-mère est morte depuis longtemps. Si je disais "maman", maintenant, je serai folle.
- Mais "maman", tel que je le ressens, peu importante que tu sois vivante ou morte pour prononcer le mot ; c’est une réalité en soi, inaltérable, qui cherche en vain à se libérer, et qui fait mal, si mal. Explique-moi. C’est le supplice de toute chose prisonnière de toute chose ; c’est le supplice du monde dans le ciel, du ciel dans l’univers… c’est comme vouloir s’enfuir et réussir à se sauver mais demeurer piégé dans un tourbillon, qui n’avance ni ne retourne en arrière. C’est horrible, maman, quand je t’appelle ainsi. Est-ce que c’est comme ça quand on naît ? En fait, c’est comme quand on est sur le point de naître et que, tout à coup, on ne sait plus : on se tient là, immobile, de peur de s’accomplir, de se détruire ; mais que l’on avance ou que l’on recule, au seuil de la vie, on se sent pris dans un étau, tout à la fois convié à venir au monde et réabsorbé par le néant : voilà ce que veut dire le mot "maman".

Auteur: Masino Paola

Info: Dans "La Massaia", pages 40-41

[ définition ] [ naissance ] [ incommunicabilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson