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routine

Nous entrons tous les trois ; nous commençons par prendre le thé, puis paraissent sur la table deux jeux de cartes, le gros fromage, les fruits et la bouteille de champagne de Crimée que je connais depuis longtemps. Le sujet de nos conversations n'a rien de nouveau, c'est toujours le même que cet hiver. L'université, les étudiants, la littérature, le théâtre en prennent pour leur compte ; la médisance rend l'atmosphère épaisse, irrespirable et ce ne sont plus deux crapauds, comme cet hiver, mais trois qui l'empoisonnent de leur haleine. Outre le rire chaud et velouté et les roulades en cascade pareilles à celles de l'accordéon, la femme de chambre qui nous sert entend encore un ricanement fêlé, pareil à celui d'un général de vaudeville : hé-hé-hé...

Auteur: Tchekhov Anton Pavlovitch

Info: "Une banale histoire", in "Le duel, et autres nouvelles", éd. Folio-Gallimard, p. 303

[ médiocrité ] [ amertume ] [ habitude ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

convivial

C'était un grand individu dégingandé, qui se balançait sur les hanches en marchant, hâbleur, gouailleur, ricaneur, mais assez bonne nature au fond pour se faire pardonner ses faiblesses.
Et au nombre de celles-ci - bien que le mot faiblesse ne soit peut-être pas parfaitement en situation - il fallait compter au premier rang une disposition, assez forte au contraire, à lever le coude un peu plus souvent qu'à son tour.
Il avait passé sa jeunesse dans les chantiers de l'Ottawa, 4 de la Gatineau et du Saint-Maurice ; et si vous vouliez avoir une belle chanson de cage ou une bonne histoire de cambuse, vous pouviez lui verser deux doigts de jamaïque, sans crainte d'avoir à discuter sur la qualité de la marchandise qu'il vous donnait en échange.

Auteur: Fréchette Louis

Info: La maison hantée et autres contes fantastiques

[ générosité ] [ personnage ] [ narrateur ]

 

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principe symbolique

Le dernier séminaire où il parvint à articuler un discours audible fut celui consacré à Joyce, Le Sinthôme. Comment pallier la psychose dans un espace psychique où la métaphore paternelle est absente ? Par la prothèse de l’ego, c’est-à-dire en parvenant à se faire un nom. Telle fut la thèse nouvelle ou l’aveu d’échec qu’il avança à ce séminaire. Sans Nom-du-Père, déclara-t-il un jour, nous allons vers un monde concentrationnaire dont les nazis furent les précurseurs. Le père moderne avait désormais pris cette figure illustrée par Claudel sous le titre de père humilié. Mais il n’y aura bientôt plus de père du tout. Telle fut, me semble-t-il, la vision tragique qui occupa sa pensée à la fin de sa vie et qu’il résuma un jour à sa présentation par ce "tous à l’asile" déjà rapporté, accompagné d’un effrayant ricanement. 

Auteur: Haddad Gérard

Info: Dans "Le jour où Lacan m'a adopté", éd. Grasset & Fasquelle, Paris, 2002, page 386

[ pathologie mentale ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

reformulation

Deux semaines après leur cessez-le-feu, Mauricio et sa femme se rendent à leur première séance de thérapie de couple. Entre-temps les choses n’ont quasiment pas évolué. Mauricio a réussi à réintégrer le lit conjugal, c’est sa seule victoire. Tout le reste n’est que phrases laconiques, torrents de larmes, silences en voiture, et autres n’essaie-même-pas-de-me-toucher...

Le meilleur moment, c’est quand la psy demande à son épouse de parler de la clé de voûte de leur couple. Mauricio ricane en son for intérieur du jargon de ces gens. La "clé de voûte". Pourquoi ne pas utiliser une expression moins solennelle, moins prétentieuse ? Est-ce qu’ils pensent que ça fait moins sérieux de dire "qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’être mariée à ce type" ? Est-ce qu’ils ont peur qu’on ne remette en question leurs tarifs s’ils se mettent à parler comme tout le monde ?

Auteur: Sacheri Eduardo

Info: Petits papiers au gré du vent

[ conseils aux conjoints ] [ mariage tendu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Le portier répond en écartant les bras juste ce qu’il faut pour indiquer la résignation. Mais il sait bien que, pour ces nouvelles générations, la résignation n’existe pas. Ou vainqueurs immédiats du trophée, ou abjects perdants. Ou le ricanement arrogant du triomphe, ou les pleurnicheries rageuses de la déception.

C’est à lui, Oreste Nava, qu’il incomberait d’expliquer que la résignation n’est pas une vieillerie à l’usage des curés et des bonnes femmes, mais l’art infiniment délicat de se mouvoir entre les rudes extrêmes du tout et du rien, le seul yoga capable de développer l’intelligence, le seul karaté permettant de mûrir, et donc de poursuivre au milieu des coups de bâton qui de toute façon vous pleuvront sur le dos le long du chemin. Et en outre de regarder le moment venu la mort, sans vraiment, de terreur, faire dans son pantalon.

Mais ce sont là des concepts complexes, ramifiés, qui, traduits en mots par Oreste Nava, auraient à ses propres oreilles un son bien peu persuasif : celui d’un sermon confus de vieux gâteux.

Auteur: Fruttero Carlo

Info: L'amant sans domicile fixe

[ décalage ] [ renoncement ] [ abnégation ] [ limitation sémantique ] [ jeune-vieux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

homme-animal

Soudain, une bordée d’éclats de rire retentit dans la foule et couvre la voix de Mikolka. La jument, accablée de coups redoublés, avait perdu patience et s’était mise à ruer malgré sa faiblesse. Le vieux n’y peut tenir et partage l’hilarité générale. Il y avait de quoi rire en effet : un cheval qui tient à peine sur ses pattes et qui rue ! Deux gars se détachent de la foule, s’arment de fouets et courent cingler la bête des deux côtés, l’un à droite, l’autre à gauche. - Fouettez-la sur le museau, dans les yeux, en plein dans les yeux, vocifère Mikolka. - Frères, une chanson, crie quelqu’un dans la charrette, et tous de reprendre le refrain ; la chanson grossière retentit, le tambourin résonne, on siffle la ritournelle ; la paysanne croque ses noisettes et ricane. Rodia s’approche du petit cheval ; il s’avance devant lui ; il le voit frappé sur les yeux, oui sur les yeux ! Il pleure. Son cœur se gonfle ; ses larmes coulent. L’un des bourreaux lui effleure le visage de son fouet ; il ne le sent pas, il se tord les mains, il crie, il se précipite vers le vieillard à la barbe blanche qui hoche la tête et semble condamner cette scène. 

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Crime et châtiment, chapitre 6. Passage parfois décrit comme ayant été le déclencheur de la crise de folie finale de Nietzsche, qui avait lu cet ouvrage.

[ empathie ] [ déclencheur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gauche-droite

Jubilation. Les vrais amateurs de traditions sont ceux qui ne les prennent pas au sérieux et se marrent en marchant au casse-pipe, parce qu'ils savent qu'ils vont mourir pour quelque chose d'impalpable jailli de leurs fantasmes, à mi-chemin entre l'humour et le radotage. Peut-être est-ce un peu plus subtil : le fantasme cache une pudeur d'homme bien né qui ne veut pas se donner le ridicule de se battre pour une idée, alors il l’habille de sonneries déchirantes, de mots creux, de dorures inutiles, et se permet la joie suprême d'un sacrifice pour carnaval. C'est ce que la Gauche n'a jamais compris et c'est pourquoi elle n'est que dérision haineuse. Quand elle crache sur le drapeau, pisse sur la flamme du souvenir, ricane au passage des vieux chnoques à béret et crie "woman's lib !" à la sortie des mariages en blanc, pour ne citer que des actions élémentaires, elle le fait d'une façon épouvantablement sérieuse, "conne" dirait-elle si elle pouvait se juger. La vraie Droite n'est pas sérieuse. C'est pourquoi la Gauche la hait, un peu comme un bourreau haïrait un supplicié qui rit et se moque avant de mourir. La Gauche est un incendie qui dévore et consume sombrement. En dépit des apparences, ses fêtes sont aussi sinistres qu'un défilé de pantins à Nuremberg ou Pékin. La Droite est une flamme instable qui danse gaiement, feu follet dans la ténébreuse forêt calcinée.

Auteur: Raspail Jean

Info: Le Camp des saints

[ pensée de droite ]

 

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abrutissement

A cette heure, les gens sont chez eux dans ce coin de Bretagne, à regarder leur bonne télévision ruisselante de lots, de fric et de voyages autour du monde à gagner. De nos jours, c'est ça l'aventure, l'ultime : la téloche. Tu peux y décrocher du flouze, une chambre à coucher, une bagnole, des bijoux certifiés avec des rubis et des émeraudes pur fruit d'une valeur de deux mille balles ! Elle t'envoie en cure aux Antilles, à Dache ! On te fournit des fiancées d'un soir ! Des oeuvres d'art galvanisées !
Elle te prend en charge. Si t'es joueur, tu peux ramasser le pactole. Suffit que tu répondes bien à des questions perfides telles que "combien fait dix fois douze" ou "quelle est la capitale du Dannemark" et tu gagnes le canard, décroche la timbale. C'est la fée Marjolaine, la télé ; l'enchanteur Merlin ou Bouygues ; elle relègue lotto et tiercé, petit à petit. On vit d'elle, par elle, pour elle. L'ogresse nous a pris possession. Elle nous fait rêver avec ses ricaneries et bander avec ses films X. Nous enniaise, nous embobeline, bandelette, pétrifie.
Mais un jour viendra où l'homme sortira de l'asservissement. Il brisera les tubes cathodiques à coups de hache ! Il grimpera scier l'antenne de la tour Eiffel ! Les animateurs se laisseront pousser la barbe, pour ne pas être reconnus ; on les contraindra à porter une étoile rouge avec "T.V." écrit dessus en gothique ! Le sursaut se produira, j'annonce haut et fort. Juste les très vieillards et les grabataires auront encore droit à visionner un peu. On retrouvera la campagne, la pluie, les fleurs, la baise, bref, la liberté !

Auteur: Dard Frédéric

Info: Au bal des rombières

[ TV ]

 

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indiscrétion séditieuse

Avoir une âme tendancieusement rebelle ; haïr convulsivement les injustices à l’œuvre sous le soleil ; trembler devant le souffle bestial de ses semblables ; être étranglé par le ricanement assassin de la créature et maudire la Création, solidification trop visible de l'idée d'injustice...

Et être empêché par un reste de philosophie et par les enseignements de l'expérience de faire quoi que ce soit, renoncer à l'acte de révolte, capituler dans l'inconsolation ou dans le dans le réconfort de la vacuité.

C'est là toute la contradiction entre la réaction spontanée de ton être et la pétrification qui résulte d'une réflexion désabusée. — Lucifer a été le moins philosophe d'entre tous les anges. Ses ailes n'ont pas connu l'éreintement d'un vol lucide ; ses connaissances n'ont pas épuisé sa fraîcheur, dont émane la naïveté sublime de n'importe quelle contestation. Un ange sans expérience, noble proie de quelque amertume qui n'est pas incurable. Car croire que l'on peut améliorer quelque chose, que la créature et la Création peuvent figurer dans un meilleur ordre, c'est ne connaître la temporalité que dans ce qu'elle a d'amer, et imaginer à son terme une issue qui ne serait pas illusoire. Ses camarades qui sont restés au sein du Tout-Puissant ce sont eux qui ont tout su, parce qu'ils ont connu la vanité de toute tentation : ce sont eux qui se reposent dans le doux sommeil de l'irréparable éternité, gouvernés par la chaleur à jamais insipide, mais sûre, de leurs ailes réactionnaires. Ils logent encore dans le vieux bien divin, qui est notre mal.

Renverser le monde, impossible ; l'accepter, encore moins. Ce conflit est la formule qui résume la vie terrestre, dont le caractère irréparable fait figure de seule solution.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Divagations

[ dualité ] [ monothéisme ] [ connaissance interdite ] [ fruit défendu ] [ rebelle curiosité ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

éthique

S'il était possible qu'il se dégage des pages d'un livre une réelle puanteur, ce serait le cas pour celui-ci [l'autobiographie de Dali] [...]. Mais cela étant, il reste que Dali est un dessinateur exceptionnellement doué. C'est un exhibitionniste et un carriériste, mais ce n'est pas un imposteur. Il a cinquante fois plus de talent que la plupart des gens qui s'en prennent à sa moralité et ricanent devant ses tableaux. Et si l'on considère à la fois ces deux séries de faits, on se trouve face à un problème qui, en l'absence de toute base sérieuse d'accord, fait rarement l'objet d'une véritable discussion.
(...)
Ce que revendiquent en fait les défenseurs de Dali, c'est une sorte d'immunité artistique. L'artiste doit être exempté des lois morales qui pèsent sur les gens ordinaires. [...] On voit à quel point cette théorie est fausse si on l'applique à la criminalité ordinaire. [...] Si Shakespeare ressuscitait demain, et si l'on découvrait que sa distraction favorite consiste à violer des petites filles dans des voitures de chemin de fer, nous ne lui dirions sûrement pas de continuer à agir de la sorte sous prétexte qu'il écrira peut-être un nouveau Roi Lear.
(...)
Dali est un bon dessinateur et un être humain répugnant. L'un n'exclut pas l'autre et, en un sens, ne l'affecte même pas. Ce que nous demandons avant tout à un mur, c'est qu'il tienne debout. S'il tient debout, c'est un bon mur, et savoir à quoi il sert est une tout autre question. Et pourtant, le meilleur mur du monde mérite d'être abattu s'il entoure un camp de concentration.
(...)
Il représente un symptôme de la maladie du monde. L'important n'est pas de le dénoncer comme une crapule qui mériterait d'être cravachée en public, ni de le défendre comme un génie au-dessus de toute critique, mais de découvrir pourquoi il fait montre de ces aberrations particulières.

Auteur: Orwell George

Info: in L'immunité artistique. "Benefit of Clergy"

[ beaux-arts ] [ morale ]

 

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Ajouté à la BD par miguel