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dissidents de salon

Les cinéastes ne brûlent pas ce dont ils se servent. Quand leurs films font de la critique sociale, celle-ci est toujours déjà écrite, mais ailleurs, et avant eux. Les matériaux dont ils usent, ceux de l’univers concret qui nous entoure, ils les laissent intacts après en avoir fait usage. Il leur paraît suffisant de s’être montrés socialement incorrects, ou sexuelle non conformes, ainsi que la voix du temps les y encourageait. Ce sont de bons garçons obéissants. Des scouts dociles et bien élevés, soucieux avant tout de la défense et de l’illustration de la nouvelle hygiène sociale qui préconise et même ordonne (mais ils ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir) le dérèglement de tous les sens. De cette manière font-ils frétiller, par leurs audaces, les critiques de la bonne presse rebelle et à genoux, lesquels ont le plus haut intérêt, eux aussi, à ce qu’aucun rapport exact sur la situation de l’humanité actuelle ne soit plus jamais dressé.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 321-322

[ politiquement incorrect ] [ approbation générale ] [ cinéma ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Nord-sud

Nelson Mandela, dirigeant historique de la lutte contre l’apartheid fut emprisonné durant vint-sept longues années par la justice sud-africaine pour s’être opposé à leurs institutions racistes. A sa libération il devint le symbole de la lutte pour l’égalité raciale et en tant que tel était bien placé pour choisir ses alliés.
C’est ce que lui reproche un jour le journaliste américain Ken Adelman lors d’une conférence télévisée durant la visite de Mandela aux Etats-Unis. Le journaliste fustige l’ancien Chef d’Etat sur les Droits de l’Homme en dénonçant ses amitiés avec Kadhafi, Arafat et Castro. Sous-entendus qui sont comme autant de flèches décochées à Madiba, qui écoute religieusement son interlocuteur sans l’interrompre ni même broncher.
Il prend ensuite la parole avec grand calme et détermination et mouche Adelman.
- Ces pays sont nos amis, ils nous ont aidé, pas seulement en théorie. Nous sommes une entité indépendante et ce n'est pas parce que d'autres pays veulent que nous ayions les mêmes ennemis qu'eux que nous leur obéirons.

Auteur: Mandela Nelson

Info: C'est bien la prétention des gouvernements occidentaux que Mandela montre ici du doigt.

[ géopolitique ]

 

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autoportrait

[…] Vermeer semble bien s’être peint une fois, par un jeu de double miroir : dans cette toile sans nom précis, aujourd’hui appelée l’Atelier. Mais de dos, comme un peintre quelconque, qui pourrait être n’importe quelle autre personne occupée à sa toile. Rien, dans le costume, la taille, l’attitude du peintre, qui puisse être regardé comme signe distinctif, rien donc qui fasse état d’une complaisance quelconque du peintre à l’égard de sa propre personne. Dans le même temps cet Atelier – comme toutes les toiles de Vermeer – semble riche d’un bonheur d’exister qui irradie de toutes parts et saisit d’emblée le spectateur, et qui témoigne d’une jubilation perpétuelle au spectacle des choses : à en juger par cet instant de bonheur, on se persuade aisément que celui qui a fait cela, s’il n’a fixé dans sa toile qu’un seul moment de sa joie, en eût fait volontiers autant de l’instant d’avant comme de l’instant d’après. Seul le temps lui a manqué pour célébrer tous les instants et toutes les choses.

Auteur: Rosset Clément

Info: "Le réel et son double" in L'école du réel, page 70

[ interprétation ] [ émotion ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

boîte échangiste

Quelque chose, depuis l’année dernière, semble s’être durci. Un couple de jeunes fait l’amour sur la piste ; l’homme a de longs cheveux bouclés et blonds, son ventre est plat et musclé. La femme est brune, sa peau est mate. Il la prend par-derrière, ses fesses parfaitement rondes sont soulevées très haut, la cambrure de ses reins est magnifique. Un quinquagénaire s’approche, essaie de la toucher ; elle le repousse d’un geste brusque. Les autres couples, maintenant, restent à distance ; ils font cercle, à trois mètres des jeunes gens. L’homme se retire un instant, son sexe est brièvement baigné par un éclat de lumière violette ; puis il recommence à pénétrer la femme, sur un rythme plus rapide ; la lumière stroboscopique joue sur ses abdominaux en plein effort. Je vais m’asseoir sur une banquette. Près de nous, un couple de sexagénaires allemands ; l’homme est débraguetté et mou. La femme porte une guêpière en latex, mais sa viande dépasse d’un peu partout ; son regard est désemparé : ils sont vraisemblablement proches de la retraite. Elle pose une main sur le sexe de son mari, sans parvenir à le ranimer ; puis ils terminent leur bière. Nous repartons assez vite.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: "Lanzarote", Librio, 2021, page 81

[ violence symbolique ] [ professionnalisation ] [ débandade ] [ exclusion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

connaissance dévoilée

Il n’est pas étranger à l’essence de la parole [...] de s’accrocher à l’autre. La parole est médiation sans doute, médiation entre le sujet et l’autre, et elle implique la réalisation de l’autre dans la médiation même. Un élément essentiel de la réalisation de l’autre est que la parole puisse nous unir à lui. [...]

Mais il y a une autre face de la parole qui est révélation.

Révélation, et non expression – l’inconscient n’est pas exprimé, si ce n’est pas déformation. [...] toute l’œuvre de Freud se déploie dans le sens de la révélation, et non pas de l’expression. La révélation est le ressort dernier de ce que nous cherchons dans l’expérience analytique.

La résistance se produit au moment où la parole de révélation ne se dit pas [...]. La venue arrêtée de la parole, pour autant que quelque chose peut-être la rend fondamentalement impossible, c’est là le point-pivot où, dans l’analyse, la parole bascule tout entière sur sa première face et se réduit à sa fonction de rapport à l’autre. Si la parole fonctionne alors comme médiation, c’est de ne pas s’être accomplie comme révélation.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, pages 80-81

[ psychanalyse ] [ vérité du sujet ] [ relation ] [ parole pleine-parole vide ]

 
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forclusion

La différenciation majeure de mémoire implicite entre les opérés et les non-opérés peut être attribuée au facteur objectif qu’est l’activation de l’amygdale, dans des conditions biochimiques analogues à celles du stress, qui sont réalisées durant l’opération. Ces conditions de stress physiologique peropératoire sont d’ailleurs corroborées par l’apparition assez fréquentes de signes neurovégétatifs de forte sollicitation corporelle au cours de l’intervention […]. Mais à quoi correspondent ces signes lorsqu’ils sont traduits en première personne de l’expérience instantanée ? Ne doit-on pas les requalifier selon ce point de vue de signes de souffrance ? Et n’est-ce pas tout simplement cette souffrance, celle-là même qu’on croyait pouvoir éviter par l’anesthésie, qui se manifeste par un traumatisme implicite post-opératoire ? Voilà une série de questions dérangeantes qui ne peut qu’en entraîner d’autres. Que signifie au juste "être anesthésié" ? Est-ce que cela veut dire ne pas être "conscient" d’une douleur qui peut pourtant se manifester sur un plan " inconscient " ? Ou est-ce que cela revient simplement à perdre la mémoire explicite de cette douleur et de ses circonstances opératoires, après s’être vu privé des voies de communication qui permettraient de la faire converger vers une expérience unifiée, ainsi que des capacités motrices d’en témoigner au moment où elle se produit ?

Auteur: Bitbol Michel

Info: Dans "La conscience a-t-elle une origine ?" pages 466-467

[ questions ] [ silence des organes ]

 
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souverain

Les anciens princes, pour faire briller les vertus naturelles dans le cœur de tous les hommes, s’appliquaient auparavant à bien gouverner chacun sa principauté.

Pour bien gouverner leurs principautés, ils mettaient auparavant le bon ordre dans leurs familles.

Pour mettre le bon ordre dans leurs familles, ils travaillaient auparavant à se perfectionner eux-mêmes.

Pour se perfectionner eux-mêmes, ils réglaient auparavant les mouvements de leurs cœurs.

Pour régler les mouvements de leurs cœurs, ils rendaient auparavant leur volonté parfaite.

Pour rendre leur volonté parfaite, ils développaient leurs connaissances le plus possible.

On développe ses connaissances en scrutant la nature des choses.

La nature des choses une fois scrutée, les connaissances atteignent leur plus haut degré.

Les connaissances étant arrivées à leur plus haut degré, la volonté devient parfaite.

La volonté étant parfaite, les mouvements du cœur sont réglés.

Les mouvements du cœur étant réglés, tout l’homme est exempt de défauts.

Après s’être corrigé soi-même, on établit l’ordre dans la famille.

L’ordre régnant dans la famille, la principauté est bien gouvernée.

La principauté étant bien gouvernée, bientôt tout l’empire jouit de la paix.

Auteur: Confucius

Info: Ta-hio, 1re partie, traduction du P. Couvreur

[ récapitulation intégrative ] [ mandat du ciel ] [ droit divin ]

 

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cité imaginaire

C’est selon l’humeur de celui qui la regarde que Zemrude prend sa forme. Si tu y passes en sifflotant, le nez au vent, conduit par ce que tu siffles, tu la connaîtras de bas en haut : balcons, rideaux qui s’envolent, jets d’eau. Si tu marches le menton sur la poitrine, les ongles enfoncés dans la paume de la main, ton regard ira se perdre à ras de terre, dans les ruisseaux, les bouches d’égout, les restes de poisson, les papiers sales. Tu ne peux pas dire que l’un des aspects de la ville est plus réel que l’autre, pourtant tu entends parler de la Zemrude d’en-haut surtout par ceux qui se la rappellent pour s’être enfoncés dans la Zemrude d’en-bas, parcourant tous les jours les mêmes morceaux de rue et retrouvant le matin la mauvaise humeur de la veille collée au pied des murs. Pour tous, vient tôt ou tard le jour où ils abaissent le regard en suivant les gouttières et ne parviennent plus à le détacher du pavé. Le cas opposé n’est pas exclu, mais il est plus rare : c’est pourquoi nous continuons à tourner dans les rues de Zemrude avec des yeux qui désormais fouillent plus bas que les caves, jusque dans les fondations et les puits.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ pessimiste pesanteur ]

 

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apparition

Elle, d’une douce voix inarticulée

Pas plus syllabique que celle de l’océan : "Je suis ici depuis des années

Cognant aux portes fermées de ton esprit ... – Allez-vous-en, dit-il,

Je ne crois à rien." Elle dit "Autrefois tu voulais comprendre,

Tu voulais connaître la vérité à propos des choses,

Et si cette... immense implantation de terre et d’étoiles,

De chair, d’esprit et de temps et ainsi de suite, avait un sens.

Mais maintenant tu t’es perdu dans la passion. – Mmh ?

pas du tout. La passion ?

Froide comme une carpe. Si je n’étais...

Qui êtes-vous, au fait ? – Mara, répondit-elle,

mais quand il

La regarda à nouveau elle avait disparu, et il lui semblait

Ne s’être parlé qu’à lui-même. "Mmh. Mara. Si c’est un nom,

Que veut-il dire ?

Si je me mets à entendre des voix et avoir des visions... Ah ?

Quel affreux symptôme. Je dois me reprendre en main,

Ne plus trop penser, et être froid comme un serpent. Mais elle avait raison :

Vivre sans savoir n’est pas suffisant. Qui connaît

Tout ? Alors vivre n’est pas suffisant. Alors nous trimons,

Aveugles, aveugles, aveugles."


Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022, page 38

[ ange ] [ pression de la vérité ]

 

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arts modernes

Si la machine est entrée en contact avec la sexualité, ce n’est pas pour collaborer avec elle mais pour puiser dans la violence que celle-ci accumule l’énergie dont elle a besoin ; pour faire de la danse un processus de transformation et, des danseurs eux-mêmes, des transformateurs dont la fonction et le devoir ne consistent qu’à transformer l’énergie animale en énergie mécanique.

[...] Dans la frénésie de la danse, la machine libère bien – puisque, dans son exigence autocratique, elle ne tolère aucune autre énergie – la puissance vitale excédentaire, mais elle ne la laisse se perdre qu’après s’être assurée que le processus de cette dépense emprunte la forme même de son mouvement mécanique. Les musiques qui accompagnent cette danse ont toujours une allure impersonnelle et automatique. La fureur de la répétition, qui neutralise en elles tout sentiment du temps et piétine toute temporalité, est la fureur du fonctionnement de la machine. Et la syncope qu’elles ont érigée en principe n’est peut-être pas seulement une caractéristique "musicale", quelque chose comme une "ritournelle". Elle est aussi le symbole de l’obstination sans faille avec laquelle le rythme de la machine pénètre littéralement celui du corps humain.

[...] ce que le danseur danse n’est plus seulement l’apothéose de la machine mais aussi, en même temps, une cérémonie d’abdication et de mise au pas, une pantomime enthousiaste de la défaite la plus absolue.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 103-104, chapitre consacré au jazz

[ interprétation mécaniciste ] [ mise en conformité technologique ] [ critique ] [ anti ] [ transe mécanique ] [ rythme inhumain ] [ perfection électronique ] [ homme-machine ]

 
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