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saison

Un ciel bleu, sec et froid, dur comme un diamant, tintant comme une cloche immense, allègre et joyeux comme un petit caillou, net, limpide, frais, eau glaciale sans une ride, infini, semblable à un aigle planant au-dessus de Paris, dardant sa froide précision céleste sur les maisons, bleuissant les toits, rosissant les murs, enveloppant chaque chose dans sa gaine inflexible. Voilà le temps que j'aime. Un temps dur et tendre à la fois, infaillible. Les gens dans la rue ont le visage rose, le nez pincé par le froid, les lèvres serrées et pâlies, les traits un peu figés mais resplendissants de bien-être. C'est un temps qui sait ce qu'il veut. Mon bel hiver !

Auteur: Huguenin Jean-René

Info: Journal

[ littérature ]

 
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cycles

[...] Il était satisfaisant pour l'esprit de pouvoir établir une correspondance étroite entre les quatre humeurs, les quatre qualités (sec, humide, chaud, froid) et les quatre éléments (eau, air, terre, feu). A quoi pouvaient s'ajouter, pour constituer un monde symétrique, les quatre âges de la vie, les quatre saisons, les quatre directions de l'espace, d'où soufflent quatre vents différents. La mélancolie, par la vertu de l'analogie, allait se voir liée à la terre (qui est sèche et froide), à l'âge présénile, et à l'automne, saison dangereuse où l'atrabile exerce sa plus grande force. Ainsi se construit un cosmos cohérent, dont les quadripartitions fondamentales se retrouvent dans le corps humain, et où le temps n'est que le parcours régulier de quatre stations.

Auteur: Starobinski Jean

Info: L'encre de la mélancolie

[ conjonction ]

 

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saison froide

Je crois à la vieille légende de Jim Bridger, à l'époque où il a passé l'hiver du côté de Yellowstone. Il est ensuite retourné dans l'est où il a raconté aux citadins de ces régions que quand les trappeurs essayaient de se parler, les mots gelaient en sortant de leur bouche ; ils ne pouvaient pas entendre ce qu'ils se disaient les uns aux autres, parce que les paroles gelaient dès la seconde où elles franchissaient leurs lèvres - si bien qu'ils étaient obligés de ramasser les mots gelés, de les rapporter autour du feu de camp le soir et de les décongeler, afin de savoir ce qui s'était dit dans la journée, en reconstituant les phrases mot par mot. Moi je peux imaginer qu'il fasse aussi froid.

Auteur: Bass Rick

Info: Winter

[ littérature ] [ humour ]

 

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poème

L'air était pur ; un dernier jour d'automne,
En nous quittant, arrachait la couronne
Au front des bois ;
Et je voyais d'une marche suivie
Fuir le soleil, la saison et ma vie,
Tout à la fois.

Près d'un vieux tronc, appuyée en silence ,
Je repoussais l'importune présence
Des jours mauvais ;
Sur l'onde froide, ou l'herbe encore fleurie,
Tombait sans bruit quelque feuille flétrie,
Et je rêvais !...

Au saule antique incliné sur ma tête
Ma main enlève, indolente et distraite,
Un vert rameau ;
Puis j'effeuillai sa dépouille légère,
Suivant des yeux sa course passagère
Sur le ruisseau.

De mes ennuis jeu bizarre et futile !
J'interrogeais chaque débris fragile
Sur l'avenir ;
Voyons, disais-je à la feuille entraînée,
Ce qu'à ton sort ma fortune enchaînée
Va devenir ?

Auteur: Tastu Amable

Info: Poésies

[ enfance ] [ question ]

 

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nourriture

Les menus monastiques changent avec les saisons. L'été, un hôte a quelque chance de déguster de petites merveilles : la soupe à l'oseille, la soupe au lait froide et son sirop de menthe de l'abbaye, la soupe au vin de la vigne, l'omelette aux aubergines, les œufs castillans, brouillés avec tomates et poivrons, la tarte aux oignons, les tomates et les courgettes farcies à la viande de bœuf monastique, la viande de bœuf froide accompagnée de mayonnaise maison, agrémentée de ciboulette ou de persil, les tomates à la provençale, la ratatouille cuisinée avec les courgettes, les aubergines, les oignons, les poivrons, les tomates, le romarin et l'estragon du jardin, la fameuse charlotte Martin, les pommes cuites au four servies avec de la gelée de coing, les tartes aux pommes, aux paires, à la rhubarbe sont comme les strophes merveilleuses d'un poème gustatif sans fin.

Auteur: Diat Nicolas

Info: Le grand bonheur

[ repas ] [ gastronomie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

saisons

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;

Adieu, vive clarté de nos étés trop courts!

J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres

Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère,

Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,

Et, comme le soleil dans son enfer polaire,

Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe;

L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.

Mon esprit est pareil à la tour qui succombe

Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

II me semble, bercé par ce choc monotone,

Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.

Pour qui? — C'était hier l'été; voici l'automne!

Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Les Fleurs du Mal

[ poème ]

 

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désolation

La neige tombe, indiscontinûment,
Comme une lente et longue et pauvre laine,
Parmi la morne et longue et pauvre plaine,
Froide d'amour, chaude de haine.

La neige tombe, infiniment,
Comme un moment -
Monotone - dans un moment ;
La neige choit, la neige tombe,
Monotone, sur les maisons
Et les granges et leurs cloisons ;
La neige tombe et tombe
Myriadaire, au cimetière, au creux des tombes.

Le tablier des mauvaises saisons,
Violemment, là-haut, est dénoué ;
Le tablier des maux est secoué
A coups de vent, sur les hameaux des horizons.

Le gel descend, au fond des os,
Et la misère, au fond des clos,
La neige et la misère, au fond des âmes ;
La neige lourde et diaphane,
Au fond des âtres froids et des âmes sans flamme,
Qui se fanent, dans les cabanes.

Aux carrefours des chemins tors,
Les villages sont seuls, comme la mort ;
Les grands arbres, cristallisés de gel,
Au long de leur cortège par la neige,
Entrecroisent leurs branchages de sel.

Les vieux moulins, où la mousse blanche s'agrège,
Apparaissent, comme des pièges,
Tout à coup droits, sur une butte ;
En bas, les toits et les auvents
Dans la bourrasque, à contre vent,
Depuis novembre, luttent ;
Tandis qu'infiniment la neige lourde et pleine
Choit, par la morne et longue et pauvre plaine.

Ainsi s’en va la neige au loin,
En chaque sente, en chaque coin,
Toujours la neige et son suaire, la neige pâle et inféconde,
En folles loques vagabondes,
Par à travers l’hiver illimité du monde.

Auteur: Verhaeren Emile

Info: "La neige" dans les Villages Illusoires

[ homme-univers ] [ paysage ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cheptel humain

Malgré tout le bonheur que m’a procuré, à titre personnel, chaque voyage entrepris ces dernières années, une impression tenace s’est imprimée dans mon esprit : une horreur silencieuse devant la monotonie du monde. Les modes de vie finissent par se ressembler, à tous se conformer à un schéma culturel homogène. Les coutumes propres à chaque peuple disparaissent, les costumes s’uniformisent, les mœurs prennent un caractère de plus en plus international. Les pays semblent, pour ainsi dire, ne plus se distinguer les uns des autres, les hommes s’activent et vivent selon un modèle unique, tandis que les villes paraissent toutes identiques. Paris est aux trois quarts américanisée, Vienne est budapestisée : l’arôme délicat de ce que les cultures ont de singulier se volatilise de plus en plus, les couleurs s’estompent avec une rapidité sans précédent et, sous la couche de vernis craquelé, affleure le piston couleur acier de l’activité mécanique, la machine du monde moderne. Ce processus est en marche depuis fort longtemps déjà : avant la guerre, Rathenau avait annoncé de manière prophétique cette mécanisation de l’existence, la prépondérance de la technique, comme étant le phénomène le plus important de notre époque. Or, jamais cette déchéance dans l’uniformité des modes de vie n’a été aussi précipitée, aussi versatile, que ces dernières années. Soyons clairs ! C’est sans doute le phénomène le plus brûlant, le plus capital de notre temps.

[…]

Conséquences : la disparition de toute individualité, jusque dans l’apparence extérieure. Le fait que les gens portent tous les mêmes vêtements, que les femmes revêtent toutes la même robe et le même maquillage n’est pas sans danger : la monotonie doit nécessairement pénétrer à l’intérieur. Les visages finissent par tous se ressembler, parce que soumis aux mêmes désirs, de même que les corps, qui s’exercent aux mêmes pratiques sportives, et les esprits, qui partagent les mêmes centres d’intérêt. Inconsciemment, une âme unique se crée, une âme de masse, mue par le désir accru d’uniformité, qui célèbre la dégénérescence des nerfs en faveur des muscles et la mort de l’individu en faveur d’un type générique. La conversation, cet art de la parole, s’use dans la danse et s’y disperse, le théâtre se galvaude au profit du cinéma, les usages de la mode, marquée par la rapidité, le “succès saisonnier”, imprègnent la littérature. Déjà, comme en Angleterre, la littérature populaire disparaît devant le phénomène qui va s’amplifiant du “livre de la saison”, de même que la forme éclair du succès se propage à la radio, diffusée simultanément sur toutes les stations européennes avant de s’évaporer dans la seconde qui suit. Et comme tout est orienté vers le court terme, la consommation augmente : ainsi, l’éducation, qui se poursuivait de manière patiente et rationnelle, et prédominait tout au long d’une vie, devient un phénomène très rare à notre époque, comme tout ce qui s’acquiert grâce à un effort personnel.

[…]

Toutes ces choses, que j’ai seulement évoquées, le cinéma, la radio, la danse, tous ces nouveaux moyens de mécanisation de l’humanité, exercent un pouvoir énorme qui ne peut être dépassé. Toutes répondent en effet à l’idéal le plus élevé de la moyenne : offrir du plaisir sans exiger d’effort. Et leur force imbattable réside en cela : elles sont incroyablement confortables. La nouvelle danse peut être apprise en trois heures par la femme de ménage la plus maladroite, le cinéma ravit les analphabètes, desquels on n’exige pas une grande éducation pour profiter de la radio ; il suffit de mettre les écouteurs sur la tête, pour déjà l’entendre rouler dans l’oreille – même les dieux luttent en vain contre un tel confort. Ce qui n’exige que le minimum d’effort, mental et physique, et le minimum de force morale doit nécessairement l’emporter auprès des masses, dans la mesure où cela suscite la passion de la majorité. Et ce qui aujourd’hui encore réclame l’indépendance, l’autodétermination ou la personnalité dans le plaisir paraît dérisoire face à un pouvoir aussi surdimensionné. À vrai dire, au moment où l’humanité s’ennuie toujours davantage et devient de plus en plus monotone, il ne lui arrive rien d’autre que ce qu’elle désire au plus profond d’elle-même. L’indépendance dans le mode de vie et même dans la jouissance de la vie ne constitue plus, désormais, un objectif, tant la plupart des gens ne s’aperçoivent pas à quel point ils sont devenus des particules, des atomes d’une violence gigantesque. Ils se laissent ainsi entraîner par le courant qui les happe vers le vide ; comme le disait Tacite : “ruere in servitium”, ils se jettent dans l’esclavage […].

Ainsi, aucune résistance ! Ce serait une présomption scandaleuse que d’essayer d’éloigner les gens de ces petits plaisirs (intérieurement vides). Parce que nous – pour être honnêtes – qu’avons-nous d’autre à leur donner ? Nos livres ne les touchent plus, car ils ont cessé depuis longtemps de procurer les sueurs froides ou les excitations fébriles, que le sport et le cinéma prodiguent à foison. Ils ont même l’impudence d’exiger au préalable de nos livres, de notre effort mental et de notre éducation, une coopération des sentiments et une tension de l’âme. Nous sommes devenus – admettons-le – terriblement étrangers à tous ces plaisirs et passions de masse et donc à l’esprit de l’époque, nous, dont la culture spirituelle est une passion pour la vie, nous, qui ne nous ennuyons jamais, pour qui chaque jour est trop court de six heures, nous, qui n’avons besoin ni de dispositifs pour tuer le temps ni de machines d’arcade, ni de danse, ni de cinéma, ni de radio, ni de bridge, ni de défilés de mode. Il nous suffit de passer devant un panneau d’affichage dans une grande ville ou de lire un journal qui décrit en détail les batailles homériques des matchs de football pour sentir que nous sommes déjà devenus des outsiders, tels les derniers encyclopédistes pendant la Révolution française, une espèce aussi rare et menacée d’extinction aujourd’hui en Europe que les chamois et les edelweiss. Peut-être qu’un jour un parc naturel sera créé pour nous, derniers spécimens d’une espèce rare, pour nous préserver et nous conserver respectueusement en tant que curiosités de l’époque, mais nous devons avoir conscience que nous manquons depuis longtemps d’un quelconque pouvoir pour tenter la moindre chose contre cette uniformité croissante du monde. Devant cette lumière éblouissante de fête foraine, nous ne pouvons que demeurer dans l’ombre et, tels les moines des monastères pendant les grandes guerres et les grands bouleversements, consigner dans des chroniques et des descriptions un état de choses que, comme eux, nous tenons pour une déroute de l’esprit.

Auteur: Zweig Stefan

Info: L'uniformisation du monde

[ indifférenciation ] [ loisirs ] [ industrialisation ] [ normalisation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson