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tâtonnement

Combien d'ébauches manquées dans l'histoire humaine, d'essais interrompus, de séries coupées, auprès de celles qui ont réussi ! Combien d'ébauches dans le monde animal, de types arrêtés, d'espèces qui ont reculé ou se sont éteintes ! Il m'a toujours paru impossible de ne pas accorder au hasard, à la rencontre de conditions infiniment diverses et mêlées, une part considérable dans l'avènement et le succès des formes vivantes. S'il n'est point de plan tracé d'avance dans la nature, et si l'évolution progressive n'est qu'un jeu des organismes vivants, encore serait-il loisible au métaphysicien impénitent d'accepter que l'Être se donne à soi-même le spectacle de ce jeu, et, pour singulière que soit une pareille conception, elle s'apparente à celles qui nous montrent la Vie s'élançant à la conquête de l'Intelligence et de l'Instinct.

Auteur: Arréat Lucien

Info: Réflexions et maximes, p.124, Alcan, 1911

[ évolution ] [ à l'aveuglette ]

 

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égalité

Après tout, si l'ascenseur social est la carotte des classes moyennes et populaires, pourquoi le toboggan social ne serait-il pas le bâton des classes supérieures ? De la sorte, le processus de circulation sociale serait maîtrisé dans sa totalité. Et puisque l'école détermine, par des méthodes proactives, les individus qui s'élèvent, pourquoi pas aussi ceux qui chutent ? On aimerait ainsi que le gouvernement nous présente ses mesures pour nous assurer que les rejetons de bonne famille finissent bien dans la misère s'ils sont nuls en classe. Y a pas de raison ! Pourquoi ne pas se fixer des objectifs ambitieux, du type "30 % de fils de Polytechniciens chez les non-diplômés" ? Une telle n'annonce n'aurait rien de démagogique, pourvu qu'elle soit correctement expliquée à l'opinion : il faudrait la présenter comme le pendant de l'"égalité des chances".

Auteur: Quilgars Emmanuel

Info:

[ société ] [ humour ]

 

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sagesse

La seule invention véritable est de déchiffrer le présent sous ses aspects incohérents et son langage contradictoire. Mais si tu te laisses aller aux balivernes que sont tes songes creux concernant l’avenir, tu es semblable à celui-là qui croit pouvoir inventer sa colonne et bâtir des temples nouveaux dans la liberté de sa plume. Car comment rencontrerait-il son ennemi et, ne rencontrant point d’ennemi, par qui serait-il fondé ? Contre qui modèlerait-il sa colonne ? La colonne se fonde, à travers les générations, de son usure contre la vie. Ne serait-ce qu’une forme, tu ne l’inventes point mais tu la polis contre l’usage. Et ainsi naissent les grandes œuvres et les empires. 

Il n’est jamais que du présent à mettre en ordre. À quoi bon discuter cet héritage ? L’avenir, tu n’as point à le prévoir mais à le permettre. 

Auteur: Saint-Exupéry Antoine de

Info: Citadelle, éditions Gallimard, 1948

[ tradition ] [ continuité ] [ pragmatisme ] [ discernement ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

langage

Mais que l’on nous fiche la paix avec tous les mots creux qui ont permis jusqu’à ce jour de mener les masses vers un idéal de meurtres et de dominance, toujours pour la bonne cause : celle de l’amour, de la responsabilité, de la liberté, de la fraternité, de l’espérance. Ne serait-il pas alors possible d’atteindre la paix et la tolérance, en louant la haine, l’irresponsabilité, l’esclavage, l’égoïsme et le désespoir ? […] Qu’on en finisse avec les humanistes bêlants qui tentent de nous faire croire au père Noël et à la force des mots. Il ne leur en coûte pas beaucoup de les prononcer. Le sens de la vie humaine n’est sans doute que l’accès à la connaissance du monde vivant sous laquelle celle du monde inanimé n’aboutit qu’à l’expression individuelle et sociale des dominances sous la couverture mensongère du discours.

Auteur: Laborit Henri

Info: Éloge de la fuite

[ tromperie ] [ démagogie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

honte prométhéenne

La société technicienne vit sur un mythe tenace : celui de l’avancement ininterrompu des techniques et du "retard" moral des hommes sur ces techniques. Les deux aspects sont solidaires : la "stagnation" morale transfigure l’avancement technique et fait de lui, seule valeur sûre, l’instance définitive de notre société : du même coup se trouve disculpé l’ordre de production. Sous couvert d’une contradiction morale, on esquive la contradiction réelle, qui est que précisément le système de production actuel s’oppose, en même temps qu’il y travaille, à un avancement technologique réel (et par là à une restructuration des relations sociales). Le mythe d’une convergence idéale de la technique, de la production et de la consommation masque toutes les contre-finalités politiques et économiques. Comment serait-il possible d’ailleurs que progresse harmonieusement un système de techniques et d’objets alors que stagne ou régresse le système de relations entre les hommes qui le produisent ?

Auteur: Baudrillard Jean

Info: " Le système des objets ", éditions Gallimard, 1968, pages 174-175

[ réfutation ] [ prétexte ] [ critique ] [ symbolique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maturité

Suzanne disait qu'une vie d'adulte, ce n'était parfois rien d'autre que tous les mensonges dont on recouvrait avec une féroce patience l'illumination de l'adolescence. Une sorte de deuil intarissable qui tombait sur l'incrédulité qui avait mis fin à la jeunesse. Avec le sentiment terrible de retrouver enfin le scepticisme de notre père, celui qu'il opposait silencieusement, de façon détournée, à nos désirs de justice et de bien. Nous ne voulions pas le comprendre alors. On ne savait pas qu'il nous attendait, là-bas, depuis sa douleur de père, avec la certitude désolante de ceux qui souffrent d'avoir raison et voudraient tant avoir tort par amour. Il devait se dire que nous connaîtrions ça, à notre tour, que nous n'échapperions pas à ce moment de vertige quand la vérité nous rattrape sous les traits compassés de notre père, par un rebondissement cruel. Peut-être serait-il mort... et malgré tout, il aurait sa victoire.

Auteur: Boyer Frédéric

Info: Est-ce que tu m'aimes ?

[ décalage générationnel ] [ cycles ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

fanatisme

Ce jeune musulman, élève de Massignon, qui vint un matin me parler et que j'envoyai à Marcel de Coppet : avec des larmes, des sanglots dans la voix, il racontait sa conviction profonde : l'Islam seul était en possession de la vérité qui pouvait apporter la paix au monde, résoudre les problèmes sociaux, concilier les plus irréductibles antagonismes des nations... Berdiaev réserve ce rôle à l'orthodoxie grecque. De même le catholique ou le juif, chacun à sa religion propre. C'est au nom de Dieu qu'on se battra. Et comment en serait-il autrement, du moment que chaque religion prétend au monopole de la vérité révélée ? Car il ne s'agit plus ici de morale ; mais bien de révélation. C'est ainsi que les religions, chacune prétendant unir tous les hommes, les divisent. Chacune prétend être la seule à posséder la Vérité. La raison est commune à tous les hommes, et s'oppose à la religion, aux religions.

Auteur: Gide André

Info: 14 avril 1933, p.1169

[ terrorisme ]

 

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extraterrestres

Peut-être qu'un alien est l'équivalent d'une conserve de tomate, vide et abandonnée. Est-ce qu'un coléoptère sait pourquoi il peut entrer dans la boîte seulement par une extrémité alors qu'elle se trouve en travers du chemin vers son terrier ? Le coléoptère comprend-il pourquoi il est plus difficile de grimper à gauche ou à droite, à l'intérieur de la boîte, que de suivre une ligne droite? Le coléoptère serait-il fou de supposer que la race humaine à mis cette conserve ici pour le tourmenter - ou égomaniaque au point de croire que la canette a été fabriquée seulement pour le mystifier? Il serait préférable pour le coléoptère d'étudier la canette en fonction de sa logique de boite de conserve, à la limite de ses capacités de coléoptère. De cette façon, au moins, le coléoptère procédera intelligemment. Il pourra même découvrir quelques signes qui parlent du fabricant de la boîte. Toute autre approche est soit de la bêtise, soit la folie.

Auteur: Budrys Algis

Info: Rogue Moon

[ étude ] [ traces ] [ spéculation ]

 

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vie

Un corps vivant est une structure impermanente de matière et d’énergie, une structure dissipative : les atomes de matière, échangés sans cesse avec le milieu ambiant, dessinent transitoirement une forme. Quant à l’énergie, elle aussi échangée sans cesse avec l’extérieur, stockée, transformée et mise en œuvre dans différents dispositifs biologiques (comme les mitochondries, ces "centrales énergétiques" des cellules vivantes animales), elle assure les mouvements, la respiration, la circulation sanguine, la transmission de l’influx nerveux, etc. En serait-il de même pour l’esprit, s’il existe ? Serait-il "incarné" dans la matière-énergie, comme l’énergie est "incarnée" dans la matière ? Il pourrait alors être responsable de la conscience d’un corps vivant, de la même façon que l’énergie est responsable de son animation. Un être vivant est déjà, transitoirement, matière et énergie ou plutôt lieu impermanent d’échanges de matière et d’énergie. Il est peut-être également esprit, ou plutôt lieu impermanent d’échange d’esprit. Sans l’énergie, le corps est sans vie. Peut-être que, sans l’esprit, il serait sans conscience.

Auteur: Santarini Gérard

Info: Extrait de "Croire ou savoir ? Petites graines de réflexion pour un monde meilleur", Librinova, 2019

[ incarnation ] [ question ]

 
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Ajouté à la BD par SANTARINI

au-delà

Cependant mon père fut atteint d’une maladie qui le conduisit en peu de jours au tombeau. Il expira dans mes bras. J’appris à connaître la mort sur les lèvres de celui qui m’avait donné la vie. Cette impression fut grande ; elle dure encore. C’est la première fois que l’immortalité de l’âme s’est présentée clairement à mes yeux. Je ne puis croire que ce corps inanimé était en moi l’auteur de la pensée ; je sentis qu’elle devait venir d’une autre source, et, dans une sainte douleur, qui approchait de la joie, j’espérai me joindre un jour à l’esprit de mon père.

Un autre phénomène me confirma dans cette haute idée. Les traits paternels avaient pris au cercueil quelque chose de sublime. Pourquoi cet étonnant mystère ne serait-il pas l’indice de notre immortalité ? Pourquoi la mort, qui sait tout, n’aurait-elle pas gravé sur le front de sa victime les secrets d’un autre univers ? Pourquoi n’y aurait-il pas dans la tombe quelque grande vision de l’éternité ?

Auteur: Chateaubriand François-René de

Info: René (1805)

[ cadavre ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson