Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 342
Temps de recherche: 0.0448s

postérité

J'ai rencontré un voyageur venu d'un pays antique

Qui disait : Deux vastes jambes de pierre, sans tronc

Se dressent dans le désert. Près d'elles, sur le sable

A moitié enfoncé, un visage brisé gît. Son froncement de sourcils

La lèvre ridée et le rictus de froideur impérieuse

Disent que son sculpteur a bien lu ces passions

Qui survivent encore, marquées sur ces choses sans vie,

La main qui s'est moquée d'eux et le coeur qui les a nourris ;

Et sur le piédestal, on peut lire ces mots :

Mon nom est Ozymandias, roi des rois :

Regardez mes œuvres, Puissants, et désespérez !".

Il ne reste rien d'autre. Autour de la décomposition

De cette épave colossale, sans limites et dénudée,

Les sables solitaires et plats s'étendent au loin. 

 

I met a traveller from an antique land

Who said: Two vast and trunkless legs of stone

Stand in the desert. Near them on the sand

Half sunk, a shatter'd visage lies, whose frown

And wrinkled lip and sneer of cold command

Tell that its sculptor well those passions read

Which yet survive, stamp'd on these lifeless things,

The hand that mock'd them and the heart that fed;

And on the pedestal these words appear:

"Mon nom est Ozymandias, roi des rois :

Regardez mes œuvres, Puissants, et désespérez !".

Il ne reste rien d'autre. Autour de la décomposition

De l'épave colossale, sans limites et dénudée,

Les sables solitaires et plats s'étendent au loin. 

Auteur: Shelley Percy Bysshe

Info: Ozymandias d'Égypte - Trad Mg

[ dérisoire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

hyperfestivité

La société de l'autonomie individuelle sécrète des solitaires dépressifs. Le processus est multiforme. L'individu, plus que jamais confronté à l'obligation de faire des choix en permanence, se sent pleinement responsable de ses échecs. Ce n'est évidemment pas un hasard si l'existentialisme s'est développé au moment de la révolution de l'autonomie : l'homme s'éprouve comme pure liberté, comme existant, élaborant son essence dans l'angoisse. L'individu a en outre le devoir de "s'accomplir". Dans une société où tout est affaire de séduction, il faut savoir se vendre, faire preuve de motivation, de dynamisme, donner une image positive de soi. Le culte du look et du corps, la hantise des signes de vieillissement et des traits disgracieux sont une obsession supplémentaire. Il faut à la fois être différent et reconnu de ses pairs. Et toutes ces obligations sont beaucoup plus pesantes que ne l'étaient les règles sociales d'autrefois, qui ne requéraient qu'obéissance et conformisme.

Aux contraintes de la société du narcissisme s'ajoutent les contraintes et frustrations de la société de consommation qui, pour écouler une production de masse, a besoin de consommateurs isolés. Tous pareils et tous différents. Créer des besoins massifs en profondeur et encourager la personnalisation superficielle ; faire croire à chacun qu'il est unique, tout en le réduisant à l'état de clone indifférencié. Pour cela, créer un climat hédoniste, encourageant la satisfaction immédiate des besoins et abolissant les interdits, ce qui suppose la disparition des valeurs transcendantales et de toute idée d'un sens de l'existence ; instaurer la liberté de choix, privilégier l'initiative individuelle, la nécessité pour chacun de s'affirmer, de se faire une place.

L'atmosphère euphorique est entretenue par les fêtes, célébrations, jeux, animations, émissions centrés sur le narcissisme. Tous ces éléments combinés créent un climat propice à une prise de conscience de la solitude individuelle.

Auteur: Minois Georges

Info: Histoire de la solitude et des solitaires, XXe siècle

[ vingtième siècle ] [ psycho-sociologie ] [ individualisme ] [ développement personnel ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par miguel

mort

Un de mes collègues médecins, de peu mon aîné, se plaisait lors de nos rencontres à me taquiner sur "ma manie d'interpréter les rêves". Un jour, me rencontrant dans la rue, il m'interpella : "Comment allez-vous ? Toujours plongé dans les rêves? A propos, j'ai eu dernièrement un rêve stupide; veut-il aussi dire quelque chose?" Voici ce qu'il avait rêvé :
"Je fais l'ascension d'un haut sommet et me trouve sur un névé incliné. Je monte toujours plus haut et il fait un temps splendide. Plus je monte, plus mon bien-être grandit; mon sentiment est tel que je pense: Ah! Si je pouvais monter ainsi éternellement! Lorsque j'arrive à la cime, je suis transporté de bonheur; mon impression de plénitude est telle que je sens pouvoir continuer à m'élever dans l'espace; je m'y risque et m'élève dans les airs. Je me réveillai dans l'extase la plus parfaite."
Je lui répondis: "Mon cher collègue, comme je vous sais alpiniste incorrigible, il me faut au moins vous adjurer de renoncer à l'avenir aux excursions solitaires. Quand vous irez en montagne, engagez deux guides auxquels vous promettrez sur l'honneur une obéissance absolue." Il rit et s'écria en prenant congé: "Vous êtes bien toujours le même!" Je ne le revis plus. Deux mois plus tard survint le premier accident : au cours d'une excursion entreprise seul, il fut surpris par une avalanche et recouvert; une patrouille militaire qui passait par là put encore le dégager. Trois mois après ce fut la fin : lors d'une excursion sans guide, en compagnie d'un ami plus jeune, il fit à la descente, comme l'observa un guide qui se trouvait en dessous, une enjambée littéralement dans le vide, s'écroula sur l'ami qui le précédait, et ils furent tous deux précipités dans le gouffre où ils s'écrasèrent. C'était bien là l'extase, au sens plein du terme.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info:

[ prémonition ] [ littérature ]

 

Commentaires: 0

femmes-hommes

Une chercheuse australienne trouve les talents inattendus du chant des phoques
SYDNEY Thu Jun 30, 9:45 AM ET (AFP) - une chercheuse australienne a montré que les mâles de deux espèces de phoques en Antarctique courtisent les compagnes potentielles en chantant des mélodies complexes. Tracey Rogers du zoo de Taronga de Sydney dit que les phoques léopard, qui peuvent croître jusqu'à trois mètres et ont des rangées de dents pointues comme des rasoir ont un côté sensible malgré leur aspect agressif. "les mâles sont comme des chanteurs d'opéra" dit-elle." ils se mettent à l'envers sous l'eau et basculent doucement dans les deux sens, chantant de manière émouvante des chansons stylisées qui portent sur de longues distances." Tracey dit que les chansons des mâles tendent vers deux catégories, un grognement réitéré mat ou une mélodie complexe qui rivalise en beauté celle des chansons de baleine à bosse et pourrait être entendue sous l'eau à 40 kilomètres (25 milles). Elle dit que quelques mâles amoureux ont chanté jusqu'à 13 heures par jour afin d'essayer de trouver une compagne, prenant des courtes pauses de deux-minute entre les chants. Alors que les phoques léopard sont les animaux solitaires et chantent pour trouver compagne à de longues distances, les phoques de Weddell qui vivent en colonies, aiment avoir une assistance. "Les espèces coloniales comme des phoques de Weddell sont plus comme des chanteurs de jazz" dit elle. "les mâles s'exécutent sur scène sous-marines dans les secteurs fréquentés par des femelles alors qu'elles se déplacent avec leur bébés sur leur terrain de chasse. "ils savent où leur public est, ils ne doivent pas s'inquiéter d'un signal sur de longues distances et ils n'ont pas besoin d'adhérer a des règles strictes. "Ainsi ils improvisent, présentant de nouveaux types de sons avec diverses rangées de vocalises. En leur monde, l'agilité, la finesse et les beaux chants sont ce qui compte.

Auteur: Fortean Times

Info:

[ mâles-femelles ] [ vus-scientifiquement ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

ermites

En descendant le Nil, on passe près du centre d'Oxyrrinchos, où se trouvent plus de 20 000 moniales. En basse Égypte, à l'ouest du delta, à une centaine de kilomètres au sud d'Alexandrie, se trouve le désert de Nitrie, ou de Scété, un désert fort peuplé : plus de 5 000 moines vivant seuls ou à plusieurs dans de petites cabanes isolées. Plus on pénètre profondément dans le désert, plus les cabanes sont éloignées les unes des autres. Dans ce "désert des cellules", on trouve les champions de la solitude, ceux qui ont dépassé le stade cénobitique : "C'est là que se retirent ceux qui ont déjà été formés là-bas et qui veulent abandonner les observances élémentaires pour mener une vie plus séparée. On y trouve en effet le grand désert, et les cellules y sont si éloignées les unes des autres qu'on ne peut, de l'une, ni voir aucune autre ni entendre une voix qui en sort." Toutefois, ils gardent des liens entre eux, se rassemblent pour assister le week-end aux offices, parcourant parfois dix kilomètres dans le sable pour s'y rendre. S'il y a un absent, ses "voisins" vont vérifier qu'il n'est pas mort et lui apportent de l'aide : "Chacun demeure dans sa cellule. Grand est le silence, grande la tranquillité. Le samedi et le dimanche seulement ils se réunissent à l'église et ils se voient les uns les autres comme s'ils étaient rendus au ciel. Si quelqu'un manque dans leur assemblée, ils comprennent aussitôt que quelque accroc de santé l'empêche de venir, et ils vont tous le voir, non pas tous ensemble cependant, mais à des moments différents, chacun apportant ce qu'il a sous la main et qui peut faire plaisir au malade." Cette vie saine leur assure d'ailleurs une remarquable longévité : l'auteur de l'Historia [Ouvrage anonyme relatant un voyage effectué en 394-395] assure avoir vu plusieurs octogénaires et nonagénaires, ainsi que deux moines âgés de 110 ans.

Auteur: Minois Georges

Info: Histoire de la solitude et des solitaires

[ ascètes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

église moderniste

Je viens d’assister à une messe  "nouveau style" (new look comme disent nos voisins d’outre-Manche) : d’un bout à l’autre de l’office, ce n’a été que dialogue, invocations, cantiques criards et je sors la tête cassée par tout ce bruit et sans avoir trouvé la possibilité de prier. Je confie ma déception à un jeune ami qui me répond que je suis un "attardé", un "inadapté" et que la prière est un acte communautaire qui n’exige ni la solitude ni le silence. Il ajoute même que la prière solitaire et muette est le signe d’un repliement égoïste sur soi-même.

J’avoue que l’argument ne me convainc pas. Qu’est-ce que prier ? C’est diriger son attention vers Dieu avec amour. Or, l’attention et l’amour sont des actes éminemment intérieurs et personnels qui s’accommodent très mal de la foule et du bruit. [...]

Je ne conteste ni la nécessité ni l’importance du côté social de la religion. Il est normal que Dieu, qui est le Créateur et le Sauveur de tous les hommes, soit l’objet d’un culte public.

J’affirme seulement que cet aspect social de la religion doit être le prolongement et la traduction du dialogue intérieur entre Dieu et l’âme. [...] la prière publique ne signifie rien si elle n’est pas le résultat et, pour ainsi dire, le confluent de la multitude des prières personnelles. [...]

N’oublions pas non plus que nous vivons dans l’âge des foules et l’âge du bruit. Le climat de la cité moderne rend de plus en plus difficile l’accès à la solitude et au silence. Ces deux biens essentiels de l’âme sans lesquels aucune vraie prière n’est possible, où irons-nous les chercher si nous ne les trouvons pas à l’Eglise ? Tout aujourd’hui conspire à nous distraire de nous-mêmes : il serait désastreux que, sous prétexte d’ "être à la page" et de "suivre le mouvement", nous épousions, jusque dans nos rapports avec Dieu cette vaine agitation du siècle.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, pages 11-12

[ critique ] [ intériorité ]

 
Commentaires: 4
Ajouté à la BD par Coli Masson

couple

Or il arriva que, le lendemain, le destin me réserva un don différent et unique : la rencontre avec une femme, jeune et faite de chair et d'os, chaude contre ma jambe à travers nos manteaux, allègre au milieu du brouillard humide des vallées, patiente, savante et sûre tandis que nous marchions dans les rues encore bordées de décombres. En quelques heures, nous sûmes que nous nous appartenions, non pour une rencontre mais pour la vie, ainsi qu'il en a été. En quelques heures, je m'étais senti neuf et plein de puissances nouvelles, lavé et guéri de mon long mal, prêt enfin à entrer dans la vie avec joie et vigueur ; le monde, autour de moi, était lui aussi soudainement guéri, et exorcisés le nom et le visage de la femme qui était descendue aux enfers avec moi et n'en était pas revenue. Mon écriture même devint une aventure différente, non plus l'itinéraire douloureux d'un convalescent, d'un homme qui mendie de la pitié et des visages amis, mais une construction lucide, qui avait cessé d'être solitaire – une œuvre de chimiste qui pèse et sépare, mesure et juge sur des preuves sûres, et s'ingénie à répondre aux pourquoi. À côté du soulagement libérateur qui est le propre de celui qui est de retour et raconte, j'éprouvais maintenant dans l'écriture un plaisir complexe, intense et nouveau, semblable à celui que j'avais éprouvé, étudiant, en pénétrant dans l'ordre solennel du calcul différentiel. Il était exaltant de chercher et de trouver, ou de créer, le mot juste, c'est-à-dire mesuré exactement, bref et fort, de tirer les choses du souvenir, et de les décrire avec le maximum de rigueur et le minimum d'encombrement. Paradoxalement, mon bagage de souvenirs atroces devenait une richesse, une semence ; il me semblait, en écrivant, croître comme une plante. Dans le train de marchandises du lundi suivant, pressé au milieu de la foule ensommeillée et emmitouflée dans les cache-nez, je me sentais joyeux et décidé comme jamais avant ni après. J'étais prêt à défier le monde entier et tout le monde.


Auteur: Levi Primo

Info: ​​​​​​​Le Système périodique

[ amour ] [ fertilisant ] [ contact ] [ rapprochement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

hommes-femmes

Il savait qu’Ursule lui était revenue. Il savait que sa propre vie reposait en elle. Mais il aurait préféré mourir que d’accepter l’amour qu’elle lui offrait. L’ancienne façon d’aimer lui semblait un terrible lien, une sorte d’enrôlement forcé. Ce que l’amour était pour lui, il ne le savait pas, mais l’idée de l’amour, du mariage, des enfants, d’une vie vécue côte à côte, dans l’horrible intimité de la satisfaction domestique et conjugale avait pour lui un côté répugnant. Il voulait quelque chose de plus épuré, de plus libre, de plus frais pour ainsi dire. L’intimité ardente et étroite entre l’homme et la femme le dégoûtait. La façon dont ils fermaient leurs portes, ces gens mariés, et s’enfermaient dans leur alliance exclusive, même par amour, le choquait. 

C’était toute une communauté entièrement composée de couples méfiants, enfermés comme dans une île dans leurs maisons ou leurs chambres particulières, et n’admettant aucune vie plus large, aucun avenir, aucune relation désintéressée : un kaléidoscope de couples, désunis, séparatistes, des entités dépourvues de signification, de couples mariés !

Car il détestait le concubinage plus encore que le mariage ; une liaison, c’était un autre genre d’accouplement réactionnaire par rapport au mariage légal. Et la réaction était beaucoup plus ennuyeuse que l’action.

[…] Il croyait au mariage intersexuel. Mais, au-dessus, il désirait une union plus haute dans laquelle l’homme et la femme conserveraient la liberté de l’autre, se faisant équilibre l’un à l’autre comme les deux pôles d’une même force, comme deux anges ou deux démons.

Il désirait tellement être libre, non sous la contrainte d’un besoin quelconque d’unité, ou la torture d’un désir insatisfait. Le désir et l’aspiration trouveraient leur objet sans toute cette torture, de même que dans un pays où l’eau est abondante, on ne sent jamais la soif que l’on étanche sans y penser.

Il désirait être avec Ursule aussi libre qu’avec lui-même, solitaire, clarifié, froid et en même temps équilibré, polarisé avec elle. Il détestait jusqu’à la folie l’amour qui dévore, qui empoigne, qui mélange les êtres.

Auteur: Lawrence David Herbert

Info: Femmes amoureuses, traduit de l’anglais par Maurice Rancès et Georges Limbour, éditions Gallimard, 1949, pages 281-282

[ réinvention ] [ transcendant ] [ idéal ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

Or les plus beaux dessins de Kalmykov datent de cette période. Les femmes y ressemblent à des palmiers ou à des fruits du Sud. Elles ont les mains fines, les yeux en amande. De haute taille, debout ou couchées, elles emplissent toute la surface de la feuille. Quelques-unes ont des ailes, telles des fées. D'autres sont simplement des femmes. Sur des dessins publiés, le long et lourd vêtement d'intérieur n'est que jeté sur les épaules. Il laisse voir la jambe, la poitrine, le torse. La femme porte un vase de style oriental comme on en fait dans les montagnes. Sur une petite table, un candélabre allumé (on dirait un rameau avec trois fleurs écloses) et un livre ouvert avec un signet. Dans le silence de la nuit, où va donc cette belle solitaire, que suit - chien ou chat ?- une créature étrange. Un autre dessin est intitulé Jazz lunaire. Une blonde élancée, douce et froide (il est à présumer que Kalmykov n'admettait qu'un seul type de beauté féminine), avec des ailes de papillon, porte sur un plateau une bouteille à col fin et un vase d'où jaillit une branche. Ici encore, les vêtements laissent voir le corps. (Plus exactement, tout le corps est une ligne ondoyante enfermée dans l'ovale des vêtements.) Et, ici, encore, il fait nuit. Au fond, un serviteur, en coiffure et cape baroques, descend les marches d'une estrade. Kalmykov a laissé deux ou trois cents de ces dessins dont la vertu d'envoûtement est indicible. Les techniques employées sont diverses : le pointillé et la ligne continue des contours vides ou habités de couleur, le crayon aussi bien que l'aquarelle. Dans Le Chevalier Motte, le personnage n'est pas sans ressembler à Kalmykov : même cape tumultueuse, même béret, même capuchon de couleur démente, et les décorations de tous les pays existants ou non ! L'homme va, il rit, il vous regarde. En public, Kalmykov n'a jamais ri. Jamais il n'a laissé entrer personne dans cet univers de jazz lunaire, de belles allées qui prennent leur vol et de cavaliers superbes. Dans cet univers-là, il a toujours été seul.

Auteur: Dombrovskij Ûrij Osipovic

Info: La faculté de l'inutile

[ femmes-par-hommes ] [ littérature ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

perspective insectoïde

Je suivais attentivement le parcours de la coccinelle, elle montait lentement sur le pont, l'autoroute lisse de son tibia, en direction du genou et contournait l'obstacle arrondi de l'os pour s'aventurer dans la plaine du mollet en traversant le blé fragile, ce duvet doré et presque invisible sur la peau, épis solitaires, la plaine, le désert pâle qui se trouve après le mollet, cet espace qui n'est ni ventre ni mollet ni entrejambe ni presque la hanche, avec le vide d'un côté et l'ombre du pubis de l'autre, cette haie découpée derrière laquelle se cache l'entrée dans un autre monde, et continuer, continuer vers le haut en direction du thorax, vers ce nord qui est toujours une promesse, monter par le doux escalier des côtes et par la dune soyeuse de la poitrine jusqu'au sombre monument du téton, contempler de puis la cime le merveilleux paysage, ces vallées et ces collines qui s'étendent, ces rigoles, ces pores invisibles, ces grains de beauté planétaires, ces cuvettes et des lits de rivière dépeuplés, poursuivre le chemin en une descente harmonieuse jusqu'à la dépression de la clavicule, remonter ce léger obstacle et entreprendre l'ascension du cou, à l'ombre déjà de la forêt des cheveux, ces vagues, ces courbes de mèches claires, un champ de blé abondant parmi des veines brunes, achever l'ascension par le menton et depuis ce promontoire contempler la frontière rouge des lèvres, ce cratère élastique qui se répand en un sourire qui est l'incarnation du futur et de la vérité (ce qui est pour moi le futur et la vérité, l'incertain, ce que je n'atteindrai peut-être jamais complètement et qui me fuit, comme la vie me fuit, comme fuient les jours, de même que le paysage reste derrière moi lorsque je cours sans aller nulle part), la bouche, la vérité, le futur, mon destin au fond de cette grotte de laquelle pointe, brillante et humide, la pierre des dents, cette archéologie de stalagmites et de stalactites blanches, monter à l'ombre du versant du nez et, oui, arriver alors vraiment au lieu choisi, à la destination ultime, l'embouchure de l’œil, sa rive, le regard dont tout dépend.

Auteur: Soler Antonio

Info: Sud

[ corps paysage ] [ point de vue liliputien ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel