Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 1146
Temps de recherche: 0.0431s

homme-amimal

L'homme gît, il tousse, il transpire, il gémit, il a chaud, il est brûlant, il sent la maladie. Il ne sort pas ses orteils pour qu'on les mordille, il ne lance pas de souris, il ne fait rentrer de lumière, il ne nous donne pas la cuillère à lécher. L'homme est malade et d'assis, il est passé à coucher. C'est d'un ennui profond. Ses seules attentions sont pour une petite plaquette alvéolée, de papier métal, dont il extrait avec un crissement typique des cachets qu'il avale en grimaçant. La plaquette est légère, elle fait un petit bruit quand elle tombe et elle glisse sur le sol bien mieux qu'une de leurs fausse souris. Vous l'envoyer sous le lit, sous une armoire, sous un meuble lourd. Puis vous prenez place sur un siège, aux premières loges, l'air innocent et assoupi. Que le spectacle commence. [..] Au prix de crucifiantes souffrances, il va explorer tous les dessous alentours, avec une règle, un manche à balai, le front dégoulinant, ramenant poussière. Il vous jettera alors un pitoyable regard noir avant de retourner se blottir sous les plumes. Pourtant, il ne vous déteste pas.

Auteur: Neubourg Monique

Info: Comment domestiquer son maître quand on est chat

[ être humain ]

 

Commentaires: 0

réconfort

La soupe de courge dégageait des volutes de chaleur. Yu Ling s'essuya les yeux, baissa le feu et s'accroupit. Dada entra à sa suite et vint se placer derrière elle. "Ling, je te promets que je ne jouerai plus jamais au bord de l'eau" souffla-t-il en collant sa tête tout contre son dos. Elle resta sans bouger, sensible à la moindre bouffée d'air chaud qui s'échappait de sa bouche. Il reposait contre elle de tout son poids. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais il y avait au moins une chose dont elle était sûre : il avait besoin d'elle. Pas comme un enfant peut avoir besoin d'une nounou ou une femme d'un homme. A vrai dire, elle ne savait pas trop ce que c'était. Mais elle était heureuse qu'on ait besoin d'elle de cette manière-là. Amy avait dit "On est tous aussi démunis quand vient la souffrance", ce à quoi elle aurait aimé ajouter "On est tous aussi forts quand vient le bonheur". Un courant de chaleur lui traversa le coeur et, à cet instant précis, elle se sentit capable de porter le monde sur ses épaules.

Auteur: Yueran Zhang

Info: L'hôtel du cygne

[ chaud au coeur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

sevrage

Les gens n'ont aucune idée de ce qu'on ressent quand on est en manque. C'est épouvantable, vraiment horrible. (...) Ton corps se retourne comme un sac et se fait la guerre à lui-même trois jours durant. Après ça se tasse, mais ce sont les trois jours les plus longs de ta vie, et tu n'arrêtes pas de te demander pourquoi tu t'infliges ça alors que tu pourrais être en train de vivre ta putain de vie normale de rock star bourrée de fric. Mais non, tu as choisi de vomir tes tripes et de grimper aux murs. Pourquoi tu t'infliges ça ? Je me le demandais bien. Et je me le demande toujours. Ça grouille de bêtes sous ta peau, tes intestins se révoltent, tu ne peux pas empêcher tes membres de s'agiter dans tous les sens, tu te dégueules et te chies dessus simultanément, et il y a de la merde qui s'écoule de ton nez et de tes yeux. Si tu es raisonnable, la première fois que tu vis ça, t'es bien obligé de reconnaître: "Je suis accro." Mais ça ne t'empêchera quand même pas de replonger, aussi raisonnable sois-tu.

Auteur: Richards Keith

Info: Life

[ drogue ] [ héroïne ] [ témoignage ] [ souffrance ]

 

Commentaires: 0

parole

La gratification partielle du besoin de punition qui, dans notre hypothèse, est assurée par l’aveu, tient par conséquent à la souffrance qui découle de l’angoisse précédant l’aveu ainsi que de l’aveu lui-même, vécu comme une expérience pénible. Nous savons que ce qui est déplaisir pour un système psychique est plaisir pour un autre. Loin de moi par conséquent l’idée de contester la réalité du plaisir éprouvé lors de l’aveu grâce à la victoire remportée sur l’angoisse, victoire par elle-même source de déplaisir. [...] J’avais dit que la formulation verbale des motions réprimées leur fournissait une gratification partielle. Cependant, cette formulation représente en elle-même une partie du plaisir préliminaire apporté par la gratification. Je dirai par conséquent que la gratification partielle que l’aveu consent aux pulsions refoulées et au besoin de punition s’enracine dans le plaisir préliminaire qu’il apporte partiellement au sujet et que ce processus s’accompagne d’une victoire sur l’angoisse préliminaire. [...] l’aveu assouvit partiellement les motions et les désirs refoulés dans la mesure où il permet d’éprouver un plaisir préliminaire et de vaincre l’angoisse préliminaire. Grâce à son caractère de compromis, il est donc susceptible de remplacer le symptôme névrotique.

Auteur: Reik Theodor

Info: Dans "Le besoin d'avouer", traduit de l'américain par Sylvie Laroche et Massimo Giacometti, Payot, Paris, 1973, pages 184-185

[ symbolisation ] [ soulagement ] [ ambivalent ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

évolution

Un aspect négligé de la question, enfin. Tu te demandes ce qui a fait tomber en désuétude le message amoureux, et tu en rends responsable la médicalisation des souffrances. Est-ce vraiment tout ? A mon sens, c’est aussi une affaire de technologie. La poésie amoureuse s’effondre au XXe siècle, quand l’écrit, sa lenteur d’acheminement et le caractère partiel de sa représentation du réel sont concurrencés par les communications instantanées (le téléphone) et l’image exhaustive (la photographie). Du moment où l’instantané est redevenu écrit, nous avons recommencé à nous érotiser les uns les autres par messages textuels. L’omniprésence des autres sur le réseau redonne une place paradoxale à la lyrique amoureuse. De fait, la surprésence virtuelle aboutit à un sentiment d’absence impossible à apaiser. L’espace de ce qu’il y a à dire à l’autre grandit sans cesse, avec la réduction des
écarts temporels de communication. Il est certain que les messages ne remplacent pas les corps. L’absence prend juste un nouveau tour, et la manière de s’en plaindre, et la manière d’en souffrir. Il y a un sophisme torturant au coeur des technologies numériques : puisque nous pouvons communiquer tout le temps, comment pourrions-nous nous manquer ?

Auteur: Lucbert Sandra

Info: La Toile

[ rapports humains ] [ trop-plein ] [ téléphone ]

 

Commentaires: 0

travail

Dans mes vagues souvenirs, du temps où j’avais cinq ou six ans, je vois le plus souvent, avec dégoût naturellement, autour d’une table ronde un conclave de femmes intelligentes, sévères et moroses, des ciseaux, des étoffes, des patrons et des figures de mode. Tout ce monde discute et raisonne, en hochant gravement et lentement la tête, tout en mesurant, calculant et se préparant à couper. Tous ces visages caressants, qui m’aiment tant, sont tout à coup devenus inabordables ; que je commette la moindre espièglerie, et on me chassera aussitôt. Même ma pauvre bonne, qui me soutient de la main et a cessé de répondre à mes cris et à mes tiraillements, est tout yeux et tout oreilles comme en face d’un oiseau du paradis. Eh bien ! cette sévérité sur des visages intelligents, cet air grave avant de commencer la coupe, j’éprouve comme une souffrance, aujourd’hui encore, en y pensant. Tatiana Pavlovna, vous aimez passionnément couper ! Si aristocratique que ce soit, j’aime pourtant mieux une femme qui ne fait rien du tout. ne prends pas cela pour toi, Sofia... Mais à quoi bon ? La femme n’a pas besoin de cela pour être une grande puissance.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 112

[ femmes-par-homme ] [ concentration ] [ indifférence ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

unicité

La mort est partout et nous ne savons pas vivre avec elle. Nous la tenons pour une chose ténébreuse et effrayante qu'il convient d'écarter, dont il ne faut pas parler. Qu'elle reste surtout bien loin, derrière la porte fermée. Mais elle est toujours présente. C'est dans la mort que réside la beauté de l'amour, mais nous ignorons l'un et l'autre. La mort est douleur, l'amour est plaisir, et tous deux nous semblent inconciliables : on s'accroche à cette division, qui est génératrice de souffrance et d'angoisse. Cette division et cet inévitable conflit existent de toute éternité. La mort sera toujours présente chez ceux qui ne comprennent pas que l'observateur est l'observé, qu'expérimentateur et expérimenté ne font qu'un. C'est comme un vaste fleuve dans lequel l'homme se débat, avec tous ses biens matériels, sa vanité, ses douleurs et son savoir. A moins qu'il ne laisse au fond du fleuve tout ce qu'il a accumulé et nage jusqu'à la berge, la mort sera toujours devant sa porte, à l'attendre et le surveiller. Lorsqu'il quitte le fleuve, il n'y a pas de berge, la rive est le mot, l'observateur. Il a tout quitté, le fleuve comme la berge.

Auteur: Krishnamurti Jiddu

Info: Journal

[ vie songe ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

femme-par-homme

Oh mon Dieu, il vient de se passer un truc terrible, il y a quelques minutes. J’étais amer et je me morfondais à propos de cette souffrance que le bon Dieu m’a envoyée lorsque la femelle est allée dans la salle de bains et m’a dit d’une voix endormie.

"Je crois qu’on a des Numz ici."

Impeccable… Je la laisse se débrouiller avec ça, les minutes passent et je deviens nerveux. Tu comprends, je suis mal barré, je commence à m’impatienter sérieusement… Alors je rentre là-dedans et comme elle est assise sur les chiottes, je sors. Je la vois se lever et se diriger vers l’armoire à pharmacie, elle ne s’était même pas donné la peine de tirer la chasse d’eau, ce que je fais pour elle. Je la regarde chercher dans l’armoire. Je dois dire que j’ai de la patience. J’attends 5 minutes, 10 minutes… J’essaie de la remuer un peu, mais elle est trop stupide ou trop intelligente pour moi… Je lui ai répété 3 ou 4 fois qu’elle était cinglée, mais ça n’est pas le terme qui convenait : je crois tout simplement qu’elle est morte, morte, morte, morte ! 

Auteur: Bukowski Charles

Info: Lettre à Douglas Blazek, 1965

[ couple ] [ quotidien ] [ insupportable ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

harangue

Je sais ce qu’il en coûte à un travailleur d’acquérir le savoir. J’en ai payé le prix avec ma chair et mon sang, en me privant de nourriture et de sommeil, en mettant en jeu ma santé, ma vie presque. Alors, lorsque je viens vous parler d’espérance et de liberté, faire miroiter devant vous ce monde nouveau qu’il vous faut créer de toutes pièces, cette nouvelle organisation du travail qu’il faut avoir l’audace d’imaginer, je ne suis pas surpris de vous trouver terre à terre et matérialistes, apathiques et incrédules. Si je résiste au découragement, c’est que je sais ce que vous avez enduré ; j’ai connu le fouet cuisant de la misère, le mépris cinglant des maîtres, "la morgue du fonctionnaire et toutes les rebuffades". Mais j’ai la certitude que parmi vous qui êtes là ce soir, si nombreux que vous soyez à avoir sombré dans l’abrutissement et l’indifférence, à être venus par simple curiosité ou pour me tourner en ridicule, il y aura au moins un homme que le chagrin et la souffrance auront poussé à bout, à qui la soudaine révélation des injustices et des horreurs du monde aura fait dresser l’oreille.

Auteur: Sinclair Upton Beall Jr.

Info: La jungle

[ prolétariat ] [ Etats-Unis ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

souffrance

- En voilà une qui vient de loin ! dit-il en désignant une femme encore jeune, mais très maigre et hâve, au visage non pas hâlé, mais plutôt tout noirci. Elle se tenait à genoux et regardait fixement le staretz. Dans ses yeux il y avait quelque chose de hagard.

- De loin, mon père, de loin, à trois cents verstes d’ici. De loin, père, de loin, prononça la femme d’un ton chantant, en balançant la tête d’un mouvement rythmique, la joue appuyée sur la paume de la main. Elle parlait comme si elle récitait une complainte. Il est dans le peuple une douleur silencieuse et d'une infinie patience : elle rentre en elle-même et se tait. Mais il est aussi une autre douleur : elle se fraye un chemin par les larmes et dès lors jaillit en lamentations. Tel est surtout le cas des femmes. Mais elle n'en est pas moins cruelle que la douleur silencieuse. Les lamentations n'apaisent qu'en rongeant et en déchirant encore davantage le cœur. Une telle douleur ne veut pas de consolations, elle se nourrit du sentiment d'être inextinguible. Les lamentations ne sont que le besoin d'irriter sans cesse la plaie.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 61

[ jouissance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson