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femmes-par-hommes

Rien qu'à la voix, j'aurais dû me douter de quelque chose. Une superbe voix de gravier, une tonalité travaillée par le tabac et les boissons corrosives, une onde sablonneuse qui crisse dans l'oreille. Cette voix-là sortait d'une gorge érodée par le temps et de lèvres striées aux commissures. Une dame, quoi.

Auteur: Benacquista Tonino

Info: La commedia des rates

[ maturité ] [ vécu ]

 

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incipit

Oural s’accouda aux créneaux de la forteresse, ses avant-bras tatoués appuyés contre la pierre ocre et rugueuse, chaude de soleil. Le désert s’étalait depuis les remparts jusqu’à l’horizon tremblotant de chaleur. Difficile d’imaginer qu’il y a encore quinze ans de cela, une mosaïque de prés salés et de prairies inondées bordées de roseaux entourait la citadelle. La disparition des mers et des océans, par ricochets climatiques, avait métamorphosé cette région marécageuse en un chaos de roches basses, strié de crevasses, de sable fauve parfois vitrifié en coulures noires, et d’éboulis de terre rouge.

Auteur: Wellenstein Aurélie

Info: Mers mortes

[ eau disparue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

corps-esprit

Si la poésie ne s'explique pas par la biographie, mais doit pour autant sortir de quelque part, de quelque chose, ce "quelque chose" se confond, jusqu'à un point, avec le "corps" – celui vivant–douloureux, strié de nerfs terriblement "sensibles", du poète. Surtout lorsqu'il s'appelle Verlaine… Là, ma mémoire involontaire, qui en "sait" plus long que l'autre, que la mémoire exposée à bon escient, me dicte une petite digression, juste de quoi y faire entrer ce vers de George Bacovia : "ou comme Verlaine, recru de boisson". Le "corps" verlainien, donc, mais non moins la poésie par lui, de lui suscitée. J'insiste – le "corps", et non la biographie avec ses éternels aléas... 


Auteur: Raïcu Lucian

Info: Cent lettres de Paris, p. 80

[ substrat ] [ essence ] [ écriture ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

paysage

Les vallons débonnaires du Plateau suisse, par comparaison avec l’énergie volontaire des Alpes voisines, semblent incarner la procrastination. [...] Les champs suisses sont identifiables entre mille. Ils sont plus verts (car mieux irrigués), plus géométriques, plus prévisibles aussi que n’importe quel champ, n’importe où dans le monde. Les sillons tracés par les râteaux de la mécanisation sont si fignolés qu’ils ressemblent à la dernière touche du pâtissier virtuose sur l’enduit d’une tarte. Au-dessus d’eux se déploie un ciel oblomovien, traînant, qui aimerait bien s’ouvrir mais peut-être pas aujourd’hui (demain ça ira tout aussi bien), qui serait tout fier d’atteindre un bleu intense et pur de lazuli, mais qui se contente des nuances jean délavé d’une atmosphère striée d’avions et de vapeurs lacustres.

Auteur: Despot Slobodan

Info: "Champs", Olivier Morattel Editeur, 2021

[ description ] [ Helvétie ] [ campagne ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

couchant

Ce soir-là au crépuscule, quand Kwan A-hung se pendit sous la jaquier, un feu de plaine tournoyait dans les chaumes, une brume sale et poisseuse se répandit sur la campagne et engloutit la moitié de Krokop, le Bouk aux sangliers. Un soleil rougeoyant flottait, strié par les vapeurs et les fumées, tel un banc de carpes dorées. Des éperviers bleus aux ailes de braises ardentes, qu'illuminaient les flammes élancées vers le ciel, volaient bas en cercle et fondaient sur leurs proies en fuite dans l'océan de feu. Les plaintes de dizaines d'oiseaux s'élevaient des bosquets, les plus sonores, les plus affligées d'entre elles étaient celles des grands coucals, immobiles au bout des branches ou recroquevillés sur le sol, ils regardaient brûler leurs nitées tout juste sorites de l’œuf ou en âge de s'envoler.

Auteur: Guixing Zhang

Info: La traversée des sangliers, Incipit

[ suicide ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poème

Le plus beau des océans
est celui que l'on n'a pas encore traversé.
Le plus beau des enfants
n'a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n'avons pas encore vécus.
Et les plus beaux des poèmes que je veux te dire
sont ceux que je ne t'ai pas encore dits.

Que c'est beau de penser à toi :
à travers les rumeurs de morts et de victoire
en prison
alors que j'ai passé la quarantaine...

Que c'est beau de penser à toi :
ta main oubliée sur un tissu bleu
et dans tes cheveux
la fière douceur de ma terre bien-aimée d'Istanbul...
C'est comme un second être en moi
que le bonheur de t'aimer...
le parfum de la feuille de géranium au bout de mes doigts,
une quiétude ensoleillée
et l'invite de la chair :
striée d'écarlate
l'obscurité
chaude
dense...

Auteur: Hikmet Nazim

Info: 24 septembre 1945

[ déclaration d'amour ]

 

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cyclisme

Au dernier jour des longues courses, une petite goutte de tristesse venait parfois se diluer dans le soulagement d'en avoir fini. La fatigue n'est jamais pure, elle comporte ce soupçon de bile qui teinte la joie des aboutissements, la peur du silence qui suit les activités intenses. Les lundis matin sont souvent difficiles pour les coureurs. On a passé plusieurs semaines dans l'agitation et le bruit, on s'est jeté à l'assaut des pentes dans la foule fournaise, on traversé avec les autres d'interminables paysages striés par la pluie silencieuse, on s'est engouffré à pleine vitesse dans l'ombre menaçante des tunnels de montagne et des sous-bois, entre les barrières métalliques de la dernière ligne droite, et puis plus rien. Lundi, à la maison, la solitude et ses acouphènes. Chez les parents lorsqu'on est jeune, puis chez soi. Une épouse qui a manqué, mais dont ni la voix ni l'étreinte ne comble l'incomblable.

Auteur: Haralambon Olivier

Info: Le versant féroce de la joie

[ après-coup ] [ vacuité ] [ contraste ]

 

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réminiscences

[...] je crois qu’il y a des devenirs qui s’épuisent ou se résorbent, localement. Un exemple bête : très longtemps, j’ai voulu faire de la musique professionnellement, j’y suis même un peu arrivé — et puis j’ai fini par abandonner, pour mille bonnes raisons. Mon “devenir-musicien”, qui m’a pris tant d’énergie et de temps, s’est épuisé. C’est comme une autre vie qui a laissé de nombreuses traces dans la mienne (toutes joyeuses) mais c’est le petit tombeau d’un devenir en moi. C’est la même chose pour nos amours passées et, au fond, pour tout ce par quoi nous sommes passés ou qui est passé par nous : nous sommes entièrement striés par les anciens passages de devenirs résorbés. Mais c’est comme les cours d’eau : ils peuvent gonfler ou s’amenuiser, confluer ou se diviser, faire de longs méandres ou déferler droit vers la mer, ils peuvent aussi s’assécher définitivement ou attendre la prochaine saison des pluies.

Auteur: Astor Dorian

Info: Interview pour les Inrockuptibles (https://www.lesinrocks.com/2016/10/16/idees/philosophie-cache-formule-deviens-es-11870923/)

[ choix ] [ nostalgie ] [ construction-de-soi ] [ palimpseste ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

labeur

Août dans la buanderie. La poussiéreuse lumière argentait les cactus en pots enrobés de toiles d'araignées. Sueur. Bassines grattées au couteau. Vapeurs de Javel qui brûlent les yeux. Sueur sur le carrelage, sur le rouge, le bleu, belles couleurs qui ressurgissent. Gouttes qui se noient, se diluent dans la lavasse. L'eau jetée à pleins seaux dans le trou d'égout, sous le mur, au fond de la cour. Il fallut tout d'abord ramoner avec une de ces tiges de fer dont on arme le ciment, forer les gravats, l'étoupe, après quoi de l'autre côté, vérifier que l'eau s'écoulait bien dans la rigole de la ruelle, la "rouette" comme elle dit. L'eau stagnait encore, la flaque lentement baissait de niveau. Enfin sur la marche, repos, les mains entre les genoux, comme autrefois à la nuit tombante, quand la chose la plus délicieuse était de lire sur cette marche, à l'orée du couloir, sous un carré de ciel bleuissant, strié de vols d'hirondelles.

Auteur: Bassez Danielle

Info: L'égarée, Cheyne Editeur, Collection Grands Fonds, p. 10 et 11

[ littérature ]

 

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saison

Je m'assis sur un petit billot et sortis une cigarette. Devant moi l'Iennisseï s'étalait comme un plateau d'argent ciselé par le vent. Sur la rive opposée, au-delà de la barrière sombre des sapins, ondoyait la profondeur bleutée de la taïga qui était incroyablement automnale. J'ai toujours l'impression, je ne sais pourquoi, qu'ici l'automne n'apparaît pas sur place, mais qu'il vient d'ailleurs, sous la forme d'un air bleuté à la teneur particulière, qui jaunit, flétrit, resserre tout, tandis que soudain, de pair avec une vigueur physique accrue, nous voyons sourdre en nous une étonnante réceptivité à la nature. Et soumis à cette calme volonté, nous avons envie de grimper. sur la plus haute falaise et de tomber à genoux, en regardant la mer lointaine de l'Ienisseï....

Et longtemps s'inscrira en nous le chatoiement funèbre des rives, d'un jaune strié de vert sombre, et la fissure de feu traversant un nuage gris basalte bouchant le nord, jusqu'à ce que dans la fraîcheur d'un petit matin, un coup sourd de rame résonnant dans le brouillard ne donne des ailes au premier poème.

Auteur: Tarkovski Mikhaïl

Info: Le temps gelé, p. 36-37

[ émerveillement ]

 

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