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concept psychanalytique

le refoulement, il s’agit, dis-je - puisque c’est là le mode qui m’est propre de le présenter - il s’agit, dis-je, d’un effet de substitution signifiante à l’origine. Quand je dis à l’origine, il s’agit d’une origine logique et non point d’autre chose. Ce qui est substitué a un effet que les penchants de la langue si l’on peut dire, en français, peuvent nous permettre d’exprimer tout de suite d’une façon fort vive : le substitut a pour effet de sub-situer ce à quoi il se substitue.

Ce qui se trouve, du fait de cette substitution - dans la position que l’on croit, que l’on imagine, que l’on doctrine même, très à tort à l’occasion - être effacé, est simplement sub-situé, ce qui est la façon dont aujourd’hui je traduirai - parce qu’elle me semble particulièrement pratique - le Unterdrückt de FREUD. Qu’est-ce donc alors que le refoulé ?

Eh bien, si paradoxal que cela paraisse, le refoulé comme tel, au niveau de cette théorie ne se supporte, n’est écrit, qu’au niveau de son retour. C’est en tant que le signifiant extrait de la formule de la métaphore, vient en liaison, dans la chaîne, avec ce qui a constitué le substitut, que nous touchons du doigt le refoulé, autrement dit le représentant de la représentation première en tant qu’elle est liée au fait premier, logique, du refoulement.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 14 décembre 1966, La logique du fantasme

[ définition ] [ explication ]

 

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école laïque

Cette propension, si contraire à l’esprit et aux espérances du vrai libéralisme, s’expliquerait mal si la sphère des intérêts religieux n’était beaucoup plus vaste qu’elle ne le semble au premier abord. Les préoccupations religieuses, on l’a vu maintes fois dans les dernières années, compliquent et passionnent bien des questions diverses. C’est dans le champ de l’enseignement surtout que les partis politiques sont exposés à des conflits avec l’Eglise ; c’est sur ce terrain glissant que l’Etat est le plus souvent poussé à entrer en lutte avec elle au nom de la raison, de la science ou de l’intérêt national. Oubliant son incompétence en matière de doctrines, il se laisse parfois entraîner à faire contre les idées religieuses ce qu’il a longtemps pratiqué à leur profit. Il se laisse investir du rôle et des fonctions de la religion ; il a ses dogmes philosophiques ou scientifiques qu’il fait prêcher au peuple, et jusqu’à ses catéchismes qu’enseigne une sorte de sacerdoce laïque. Il tend à s’arroger le droit qu’il dénie à l’Eglise, le droit de façonner les générations à sa ressemblance et de couler les âmes dans un moule de son choix, en sorte que si les prétentions de certains croyants nous ramèneraient au moyen âge, celles de certains démocrates nous feraient reculer jusqu’à cette espèce de communisme moral où l’enfant, regardé comme chose publique, était la propriété de la cité. Quelle déconvenue pour les libéraux, qui avaient proclamé le principe de l’incompétence de l’Etat et qui en attendaient la pacification religieuse !

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages XVI-XVII

[ endoctrinement ] [ substitution ] [ éducation ]

 

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compensation psychologique

La psychanalyse entreprend d’expliquer ces maladies inquiétantes, elle lance des investigations longues et attentives, se crée des instruments conceptuels et des constructions scientifiques, et peut au bout du compte dire au moi : Rien d’étranger n’est entré en toi ; une partie de ta propre vie psychique s’est dérobée à ta connaissance et à la maîtrise de ta volonté. C’est pour cette raison que tu es aussi faible dans la défense ; tu combats avec une partie de tes forces contre l’autre, tu ne peux pas rassembler toute ton énergie comme tu le ferais contre un ennemi extérieur. Et ce n’est même pas la part la plus mauvaise ou la moins importante de tes forces psychiques qui s’est ainsi dressée en opposition à toi et qui est devenue indépendante de toi. La faute, je dois le dire, c’est à toi qu’elle revient. Tu as surestimé ta force lorsque tu as cru que tu pourrais faire ce que tu voulais avec tes pulsions sexuelles, et que tu n’aurais pas à avoir le moindre égard pour leurs intentions. Alors elles se sont mises en colère et ont suivi leurs propres chemins obscurs pour échapper à l’oppression, elles se sont imposées d’une manière que tu ne peux plus agréer. Tu n’as pas compris comment elles y sont parvenues, ni quelles voies elles ont suivies ; seul le résultat de ce travail, le symptôme que tu éprouves comme une souffrance, est arrivé à ta connaissance. Tu ne le reconnais pas comme le fruit de tes propres pulsions rejetées et tu ne sais pas qu’il s’agit de leur satisfaction de substitution.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Une difficulté de la psychanalyse, trad. Olivier Mannoni

[ signification ] [ antagonisme conscient-inconscient ]

 

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Gaule

La France de Voltaire et de Bossuet, la France de Pascal et de Rabelais, de Diderot et de Bloy, de Molière et de Maistre, d’Aragon et de Claudel, de Proust et de Céline, aura été ce théâtre unique d’une désunion incessante, ou d’une cohabitation tenace et intenable, dont la dialectique sans arrêt renouvelée aura aussi imprimé sa marque dans les vies individuelles. C’est cette base dissolvante, différenciante et conflictuelle, aussi indispensable et structurante pour un peuple que des parents sexuellement différenciés pour leurs enfants, qui aura empêché quoi qu’on en dise, tous les "absolus" de s’y implanter durablement (c’est aussi là que s’originait la souveraineté, et là qu’existaient les conditions de possibilité de la politique). La France aura été le tombeau de Dieu comme celui des divinités idéologiques de substitution qui ont voulu y prendre racine.

Du moins jusqu’à ce qu’elle se convertisse aux "valeurs du Nord", c’est-à-dire à la rationalité protestante et marchande, par définition incompatible avec les attitudes interrogatives ou critiques, avec la duplicité, la contradiction, le flou, la diversité, les faux-semblants et toute la comédie irresponsable des alentendus jamais résolus. Il n’y a pas d’autre Europe possible que l’Europe du Nord. Bernanos, bien avant la dernière guerre, avait qualifié l’entreprise hiltérienne de "seconde Réforme allemande". La troisième, porteuse de messages hygiéniques autant qu’incritiquables, triomphe en douceur et rien ne l’arrêtera. Le terrible ordre européen ne pouvait se faire qu’au prix de l’effacement de la "latinité" et par la victoire des impératifs archangéliques d’authenticité, de vertu, de positivité et de transparence que la civilisation lutérienne contient en elle et que répercutent désormais à jet continu les sacro-saintes recommandations de Bruxelles.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 236-237

[ éloge ] [ esprit frondeur ] [ normalisation ] [ peuples-religions ]

 
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sciences anciennes

Robert consacrait énormément de temps à disséquer les noms, à chercher des substitutions simples qui feraient toute la différence entre un bipède et un quadrupède, et qui obligeraient ses pantins à exécuter des ordres élémentaires. Mais il ne leur trouvait pas de points communs. Il avait sur des bouts de parchemin soixante-douze petites lettres de l’alphabet hébraïque formant douze lignes de six caractères, et leur disposition était totalement arbitraire, pour autant qu’il pouvait en juger.

Robert Stratton et ses camarades de CM1 restaient assis sans faire le moindre bruit pendant que maître Trevelyan effectuait d’incessants allers et retours entre les rangées de bureaux. 

"Langdale, récitez-moi la doctrine des noms.

— Toute chose étant un reflet de Dieu, heu, tous…

— Épargnez-nous vos balbutiements, Langdale. Thorburn ?

— Toute chose étant un reflet de Dieu, tous les noms sont des reflets du nom divin.

— Et quel est le vrai nom d’un objet ?

— Celui qui est le reflet du nom divin de la même manière que l’objet est le reflet de Dieu.

— Quelles sont les propriétés d’un vrai nom ?

— Il apporte à l’objet qui le porte un reflet de la puissance divine.

— Exact. Halliwell, quelle est la doctrine des signatures ?"

La leçon de philosophie naturelle* se poursuivit jusqu’à midi, mais c’était un samedi et ils n’avaient pas cours l’après-midi. Maître Trevelyan les autorisa à se lever et les pensionnaires de l’école Cheltenham s’égaillèrent.

(...)

- Pourquoi s'obstinent-ils à appeler cela de la philosophie naturelle ? Ils devraient admettre qu'il s'agit d'un cours de théologie et renoncer à tous ces faux-semblants.

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone. Soixante-douze lettres, p 217-218. *Qui précède la philo moderne, post Galilée

[ signifiés ] [ phénétique ] [ langage ] [ apparences ] [ religion ] [ appellations ] [ réverbérations ]

 

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film-par-philosophe

(...) la perversion sexuelle consiste dans le fait de ne pouvoir saisir l'autre comme objet de désir dans sa totalité singulière de personne, mais seulement dans le discontinu : l'autre se transforme en paradigme des diverses parties érotiques de son corps, avec cristallisations objectale sur l'une d'entre elles. Cette femme n'est plus une femme, mais sexe, seins, ventre, cuisses, voix ou visage : ceci ou cela de préférence. A partir de là, le désir inventorie les différents termes, dont le signifié réel n'est plus du tout la personne aimée, mais le sujet lui-même dans sa subjectivité narcissique, se collectionnant-érotisant lui-même et faisant de la relation amoureuse un discours à lui-même. Ceci était assez bien illustré par la séquence initiale d'un film de J.L. Godard Le mépris où le dialogue, sur des images "nues", se déroulait ainsi :

- "Tu aimes mes pieds ?" disait-elle (notons que pendant toute la scène, el le se détaille elle-même dans une glace, ce qui n'est pas indifférent : elle se valorise elle-même comme vue, à travers son image, et donc déjà comme discontinuée dans l'espace.)

"Oui je les aime.

- Tu aimes mes jambes ?

- Oui.

- Et mes cuisses ?

- Oui, répondait-il encore, je les aime."

(Et ainsi de suite, de bas en haut jusqu'aux cheveux.)

"Alors tu m'aimes totalement.

- Oui, je t'aime totalement.

- Moi aussi, Paul " dit-elle en résumant la situation.

Il est possible que les réalisateurs aient vu là l'algèbre d'un amour démystifié. Il n'en reste pas moins que cette absurde reconstitution du désir de l'inhumanité même. Désintégré en série selon son corps, la femme objet pur est alors reprise par la série de toutes les femmes objets dont elle n'est qu'un terme parmi d'autres. La seule activité possible dans la logique de ce système est le jeu de substitution. C'est ce que nous avons reconnu comme le ressort même de la satisfaction collectrice.

Cette discontinuation de l'objet en détails dans un système auto-érotique de perversion est freinée dans la relation amoureuse par l'intégrité vivante de l'autre.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ cinéma ] [ rapport homme-femme ] [ industrialisation des membres ]

 

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antisémitisme

Le  Coran  contient  certains  passages particulièrement  choquants  dans  lesquels  Mahomet  stigmatise  les  Juifs comme des ennemis de l’islam et les décrit animés d’un esprit malveillant et rebelle. On trouve également des versets qui évoquent leur humiliation et leur misère justifiées, ‘‘encourant la colère divine’’ à cause de leur désobéissance.  Ils devaient être humiliés ‘‘parce qu’ils n’avaient pas cru aux signes de Dieu et avaient tué les prophètes injustement’’ (sourate 2, versets 61/68). Selon un autre verset (sourate 5, versets 78/82), ‘‘les incroyants parmi les Enfants d’Israël’’ furent maudits par David et par Jésus. À titre de châtiment pour avoir ignoré les signes de Dieu et les miracles accomplis par les prophètes, ils furent transformés en singes et en pourceaux ou en idolâtres (sourate 5, versets 60/65). Le  Coran  insiste  particulièrement  sur  le  fait  que  les  Juifs  rejetèrent Mahomet  (bien  que,  selon  des  sources  musulmanes,  ils  le  reconnurent comme un prophète) – par pure jalousie envers les Arabes et par ressentiment parce qu’il n’était pas juif.



De tels actes sont aujourd’hui présentés comme caractéristiques de la nature sournoise, perfide et intrigante des Juifs telle que la décrit le texte coranique. Pour des traits aussi négatifs, ils étaient voués à  ‘‘l’avilissement dans ce monde-ci’’ et à un ‘‘châtiment magistral’’ dans l’autre monde.



Une  série  de  versets  accuse  les  Juifs  de  ‘‘mensonges’’ (sourate  3, verset 71), d’altérations (sourate 4, verset 46), de lâcheté, d’avidité et de ‘‘corruption des textes sacrés’’.



Cette dernière accusation renvoie à une croyance bien ancrée selon laquelle les révélations des Ancien et Nouveau Testaments étaient authentiques, mais auraient été par la suite déformées par leurs indignes gardiens (Juifs et chrétiens). Le texte biblique devait donc être remplacé par le Coran, la parole littérale de Dieu transmise à son prophète Mahomet par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Cette version musulmane  substitutionniste  considère  Mahomet  comme  le  dernier prophète, celui qui a reçu l’ultime et complète révélation de Dieu sous la forme de l’islam.  



Le principal stéréotype antijuif entretenu par le Coran demeure l’accusation selon laquelle les Juifs ont obstinément et délibérément rejeté la vérité d’Allah. En outre, d’après le texte sacré, ils ont toujours persécuté ses  prophètes,  notamment  Mahomet  qui  dut  par  la  suite  expulser  deux grandes tribus juives de Médine et exterminer la troisième, les Qurayza. 

Auteur: Wistrich Robert

Info:

[ monothéismes ]

 

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occulto-socialisme

[Avec Le Hasard et la nécessité de Jacques Monod] Finie l’évolution dialectique, c’est l’indéterminisme discontinuel du code génétique qui régit la vie – le principe téléonomique : la finalité n’est plus au terme, il n’y a plus de terme, ni de détermination – la finalité est là d’avance, inscrite dans le code. [...] Toutes les finalités transcendantes réduites à un tableau de bord. C’est pourtant toujours le recours à une nature, à l’inscription dans une nature "biologique" : en fait une nature phantasmée comme elle l’a toujours été, sanctuaire métaphysique non plus de l’origine et des substances, mais cette fois du code : il faut que le code ait une assise "objective". Quoi de meilleur pour cela que la molécule et la génétique ? De cette transcendance moléculaire, Monod est le théologien sévère, Edgar Morin le supporter extasié (A.D.N. = Adonaï !). Mais chez l’un comme chez l’autre, le phantasme du code, qui équivaut à la réalité du pouvoir, se confond avec l’idéalisme de la molécule.

On retrouve l’illusion délirante de réunifier le monde sous un seul principe – celui d’une substance homogène chez les Jésuites de la Contre-Réforme, celui du code génétique chez les technocrates de la science biologique (mais aussi bien linguistique) avec comme précurseur Leibniz et sa divinité binaire. Car le programme ici visé n’a rien de génétique, c’est un programme social et historique. Ce qui est hypostasié dans la biochimie, c’est l’idéal d’un ordre social régi par une sorte de code génétique [...] irradiant le corps social de ses circuits opérationnels. [...]

Pratiquement et historiquement, cela signifie la substitution au contrôle social par la fin (et la providence plus ou moins dialectique qui veille à l’accomplissement de cette fin) d’un contrôle social par la prévision, la simulation, l’anticipation programmatrice, la mutation indéterminée, mais régie par le code. [...] D’une société capitaliste productiviste à un ordre néo-capitaliste cybernétique, qui vise cette fois au contrôle absolu : telle est la mutation à qui la théorisation biologique du code donne ses armes. Cette mutation n’a rien d’ "indéterminé" : elle est l’aboutissement de toute une histoire où successivement Dieu, l’Homme, le Progrès, l’Histoire elle-même se meurent au profit du code, où la transcendance se meurt au profit de l’immanence, celle-ci correspondant à une phase bien plus avancée dans la manipulation vertigineuse du rapport social.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 97 à 99

[ vision moderne du monde ] [ opérationnalité sans discours ] [ discours scientifique ]

 
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nom-du-père

Le père est une fonction dans un sens en tous points analogue à ce qui s'appelle fonction en mathématique.

y = f(x)

Il s'agit de la mise en relation de deux éléments. Reliant ces deux éléments la fonction implique leur distinction. En logique, au 1 succède le 3 duquel se déduit le 2. Autrement dit, la fonction est un "lien de séparation", un saut du contigu au discontinu. Sigmund Freud a rarement employé le terme de progrès cependant il l'emploie pour qualifier le passage de la civilisation matriarcale à la civilisation patriarcale. La liaison de l'enfant et de la mère est possible puisque précisément ils auront, au préalable, été indexés comme distincts, séparés et, par conséquent, "partiellisés" l'un pour l'autre. Ils ne sont pas tout l'un pour l'autre { y ≠ x }, mais sont aussi fils/fille de et épouse de.

Une autre façon de dire qu'il n'y a de mère et d'enfant que par rapport à un père. Complétons alors Winnicott dans son affirmation qu'un bébé seul ça n'existe pas en ajoutant qu'une mère et un enfant seuls ça n'existe pas. Il n'y ni mère ni enfant s'il n'y a pas de père (ou de fonction paternelle), mais une entité (con)fusionnelle dévorante et destructice autant pour l'enfant que pour la mère. Françoise Dolto ne disait rien d'autre lorsqu'elle affirmait qu'une femme ne pouvait être mère que si, par ailleurs, elle désirait un homme.

L'enfant et la mère sont liés symboliquement par le père en tant que nom (fonction), ce qui implique que la présence réelle du père, bien que souhaitable, peut être compensée si la mère parvient à faire fonctionner du manque. Céder l'objet afin de ne pas céder sur son désir — unique rempart à la jouissance —, autrement dit, produire/élire un objet de désir différent de son enfant. Ce qui, il faut le dire, est un cas de figure de plus en plus rare. Puisque, comme le disait Dolto dès 1960, si le sens de la paternité est à peu près perdu, il l'est pour l'homme ET pour la femme — ce "ET" est aujourd'hui systématiquement oublié pour faire de cette défaillance paternelle l'appanage de l'homme.

Nuançons aussi l'affirmation issue d'une incompréhension de l'œuvre lacanienne qui voudrait que le père, comme nom, ne soit qu'effet du désir maternel. Ceci est bien souvent une ex-cuse (hors de cause) pour le géniteur afin de se cacher dans l'ombre de la mère de sa progéniture (et dans les jupes de la sienne) ou, "au mieux", pour devenir une seconde mère, une mère bis, ou une mère de substitution en cas de défaillance maternelle de la génitrice. Bien entendu l'attitude de la mère vis-à-vis de son époux, du père de son enfant, importe beaucoup, et surtout la façon dont elle parle de lui à son enfant et à d’autres, et notamment, en son absence. Ceci dit, la "personne du père", en tant qu'élément tiers dans la structure de la parenté, relativement à la dyade mère-enfant, a à occuper cette place d'exception, au sens premier du terme, absolument indispensable au déploiement de la parole.

Auteur: Goubet-Bodart Rudy

Info: Publication facebook du 25.01.2022

[ triade ] [ parentalité ] [ psychanalyse ]

 

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femmes-hommes

La fonction du fantasme, duquel se soutient notre désir, est de nous protéger de la fatale attraction du désir de l'Autre, originellement représenté par la mère - que me veut-elle? quel sorte d'objet suis-je pour elle? que voit-elle en moi? - sans le fantasme, qui est un séquence narrative originelle produite pour colmater le vide de l'inquiétante question, le sujet est sans recours...

Le phantasme originel est un scénario à partir duquel s'articule notre propre désir, mais il reste toujours référent du désir de l'Autre, voilà pourquoi notre désir, c'est toujours le désir de l'Autre, au double sens du génitif objectif et subjectif: ce que l'Autre désire de moi - ce que je désire en l'Autre.

Le désir de l'Autre, par delà le fantasme, reste toujours une question, une énigme, un mystère (sauf pour le sujet pervers qui s’imagine qu’il sait comment faire jouir l’autre...)

Comment se manifeste la différence sexuelle à partir de la formule lacanienne "le désir est toujours le désir de l’Autre ?"

Du côté masculin, pour le dire vite, les choses sont plutôt simples, voire simplistes : "le désir c’est toujours le désir de l’autre" signifie d’abord la compétition, l’envie, la concurrence : je veux ça parce que toi tu veux ça, tant que tu voudras ça, je le voudrai aussi, ce qui confère a priori sa désirabilité à un objet, c’est que quelqu’un d’autre le veuille ; l’objectif final est ici la négation de l’Autre (ce qui in fine ferait perdre toute valeur à l’objet, mais c’est précisément le paradoxe du désir envisagé du point de vue masculin).

Du côté féminin, "le désir est toujours le désir de l’Autre" s’entend plutôt : ce que je désire, je le désire à travers l’autre, à la fois dans le sens de: "laisser le soin à l’autre de le faire, posséder et jouir pour moi..." (mon mari, mon fils, mon amour, qui réussissent pour moi...) ; et aussi dans le sens de "mon désir est ce qu’il désire, la satisfaction de son désir comblera mon désir..." (Antigone, par exemple, qui désire satisfaire au désir de l’Autre en accomplissant le rituel funéraire pour son frère...)

La thèse qui en découle: que l’homme tendrait à agir directement en assumant son acte, tandis qu’une femme préfère agir par procuration, laissant l’autre faire à sa place (ou manipulant l’autre pour qu’il fasse...) peut apparaître ici comme un cliché donnant corps à la fameuse image de la femme dissimulée derrière chaque homme qui agit...

Et si pourtant ce cliché éculé était malgré tout ce qui pointe le plus sûrement vers la nature originellement féminine de la notion même de sujet ?

Et si le geste constitutif du sujet émergeant de sa gangue subjective n’était pas cette forme revendiquée d’autonomie de "faire quelque chose", mais bien plutôt la substitution primordiale qui laisse l’Autre faire pour moi, à ma place ?

Les femmes, bien plus que les hommes, ont cette capacité de "jouir par procuration", éprouver une intense satisfaction dans la conscience aiguë que leur "bien-aimé" jouit ou réussit d’une manière ou d’une autre à atteindre ses buts.

En ce sens précis, la "ruse de la raison" hégélienne repose sur la nature constitutivement féminine de ce que Hegel a appelé "raison".

La raison qui se cache tout en se réalisant elle-même dans l’apparente confusion des motifs et des actes égoïstes apparaît donc comme une variante hegelienne de la célèbre formule: "Cherchez la femme!", nous permettant ainsi de restituer sa complexité originelle à l’opposition courante entre l’homme "actif" et la femme "passive" ; la femme peut bien continuer à paraître passive tout en étant réellement active à travers l’Autre, tandis que l’homme peut bien se montrer actif alors qu’en vérité, il subit sa passivité, déniée, à travers l’Autre...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info:

[ mimétisme ] [ mâles-femelles ] [ femmes-par-hommes ]

 

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