Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 462
Temps de recherche: 0.0489s

libre-arbitre

La parole est l’expression de la liberté, suppose la liberté, appelle l’interlocuteur à s’affirmer lui aussi libre en parlant. Dieu est le libérateur. Il ne faut pas cesser de rappeler que le Dieu d’Israël se manifeste historiquement pour la première fois dans l’Exode comme celui qui libère l’homme de l’esclavage établi par l’homme et qu’il choisit son peuple parmi les esclaves, pour le libérer. Et sans cesse, les prophètes renouvellent avant tout cette proclamation : ce Dieu, le seul vrai, libère de toutes les aliénations. Et le même mouvement anime le Nouveau Testament, toute la théologie de Paul est une théologie de la liberté, c’est pour la liberté que Christ vous a affranchis, à quoi répond Jacques (qui n’a certes pas la même théologie !) : "Vous serez jugés selon la loi de la liberté." La liberté est le courant fondamental qui de la première à la dernière page de la Bible lie tout le reste, explique tout le reste, donne sens à toute l’aventure décrite de l’élection, de la grâce et de la rédemption. Ce n’est pas une erreur de déclarer que c’est avec la révélation d’Horeb et l’accomplissement de Jésus-Christ que la liberté est entrée dans le monde. Nulle part ailleurs on n’a ni vécu ni proclamé la liberté. Et il faut le redire avec fermeté en un temps où la mode veut que l’on accuse le christianisme d’avoir été une source d’esclavage et d’avoir répandu la servitude dans le monde.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 93-94

[ émancipatrice terrestre ] [ religion libératrice ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

auto-exigence

L’homme supérieur, l’homme d’élite, est caractérisé par l’intime nécessité d’en appeler de lui-même à une règle qui lui est extérieure, qui lui est supérieure, et au service de laquelle il s’enrôle librement. On se souviendra que, au début de cet essai, nous distinguions l’homme d’élite de l’homme médiocre en affirmant que le premier exige beaucoup plus de lui-même, tandis que le second, au contraire, toujours satisfait de lui, se contente d’être ce qu’il est. La noblesse se définit par l’exigence, par les obligations, et non par les droits. Noblesse oblige. "Vivre à son gré est plébéien ; le noble aspire à l’ordre et à la loi" (Goethe). Les privilèges de la noblesse ne sont pas, à l’origine tout au moins, des concessions ou des faveurs, mais des conquêtes. Et, en principe, leur maintien suppose que le privilégié devait être capable de les reconquérir à tout instant, si cela était nécessaire, ou si quelqu’un les lui disputait. Les droits privés, ou privilèges, ne sont donc pas une possession passive ou une simple jouissance, mais au contraire ils représentent les limites où se haussent les efforts des individus. En revanche, les droits communs comme ceux de "l’homme et du citoyen" sont une propriété passive, pur usufruit et bénéfice, don généreux du destin, auquel tout homme peut participer et qui ne correspond à aucun effort, à moins que ce ne soit l’effort de respirer et de demeurer sain d’esprit. Les droits impersonnels, on les a, mais les droits personnels, il faut les soutenir. 

Auteur: Ortega y Gasset José

Info: La révolte des masses (La rebelión de las masas, 1929), trad. Louis Parrot, éditions Stock, 1937

[ effort ] [ discipline ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

philosophe-sur-philosophe

"Tout philosophe a deux philosophies, la sienne et celle de Spinoza", écrivait Bergson. Je ne suis donc pas philosophe. D’une part je n’ai jamais élaboré de système, et, d’autre part, à supposer que je fusse parvenu à pareil exploit, l’"Éthique" est une œuvre qui ne m’eût pas permis de nourrir ma pensée. Il ne m’en reste que le souvenir d’une lecture pénible. Avec sa prétention d’exposer une psychologie "more geometrico", Spinoza a sans doute fait le bonheur des professeurs de philosophie, mais a ruiné toute chance de faire celui de l’honnête homme, lequel, plus réceptif que ces derniers à l’esprit de finesse, préfère, concernant la même matière, les "Maximes" de La Rochefoucauld. On connaît la phrase de Spinoza: "Ne pas se moquer, ne pas pester ni détester, mais comprendre". La Rochefoucauld n’eût pas manqué de se demander quel vice pouvait bien masquer l’affichage de pareille principe vertueux et de rappeler que la moquerie, la colère et la détestation sont des inclinations qu’une forte intelligence non seulement demeure impuissante à vaincre mais dont elle se fait la servante. La funeste lacune de Spinoza fut d’ignorer le péché originel. En s’évertuant à décrire le mécanisme des affects sans partir de cet irréfutable postulat, il condamna son lecteur à une ennuyeuse doctrine du salut. Au lieu de se faire passer pour un géomètre de l’âme et un maître de sagesse, se fût-il"piqué de rien" comme La Rochefoucauld, peut-être eût-il goûté aux joies du cynisme.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info:

[ critique ] [ vacheries ] [ joies de la méchanceté ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

émotion médiatique

-Vous avez vu pour ces cinquante petites filles brûlées vives dans cet orphelinat de Boston ?
-Oui.
-Horrible hein ?
-Je suppose que oui.
-Vous supposez ?
-Oui.
-Vous n’êtes pas sûr ?
-Si j’avais été là, je pense que j’en aurais eu des cauchemars pour le restant de ma vie. Mais quand on lit ça dans le journal, ce n’est pas pareil.
-ça vous fait pas de la peine ces cinquante petites filles brûlées vives ? Elles étaient aux fenêtres et elles hurlaient.
-Je suppose que c’était horrible. Mais vous comprenez, c’était juste le titre d’un journal, une histoire de journal. Ça ne m’a pas frappé. J’ai tourné la page.
-Vous voulez dire que ça ne vous fait rien ?
-Pas grand-chose.
Il est demeuré un moment sans rien dire et a bu une gorgée de bière. Puis il a hurlé :
-HÉ ! Y A UN MEC QUI DIT QUE CA LUI FAIT RIEN QUAND ON PARLE DE CES CINQUANTE PETITES ORPHELINES BRÛLÉES VIVES A BOSTON !
Tout le monde m’a regardé. J’ai contemplé le bout de ma cigarette. Il y a eu un long silence. Puis la femme à la perruque rousse a dit :
-Si j’étais un homme, je lui ferais remonter la rue à coups de pompe dans le cul.
-ET IL CROIT PAS EN DIEU NON PLUS, a repris le type à côté de moi. IL DÉTESTE LE BASE-BALL. IL ADORE LA CORRIDA, ET IL AIME VOIR DES PETITES ORPHELINES PÉRIR DANS LES FLAMMES !

Auteur: Bukowski Charles

Info: "Une bière au bar du coin" dans "Je t'aime Albert" pages 235-236

[ lynchage public ] [ faits divers ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

idiomes musiques

Au commencement était le verbe nous disent les anciens. Pour moi, celui du commencement fut roumain. Le médecin et ceux qui avaient veillé sur ma difficile naissance parlaient le roumain. Chez moi, on parlait roumain, je passais la majeure partie de mon temps avec Maria, la jolie fille de paysans qui s’occupait de moi et m’adorait en roumain. Ce n’était, certes, pas la seule phonétique de mon environnement. Dans la Bucovine d’avant la dernière guerre mondiale, on parlait l’allemand, le yiddish, l’ukrainien, le polonais et un étrange mélange de slave, caractéristique des Ruthènes. La grande guerre fratricide entre le yiddish, la langue de l’exil, plébéienne, laïque, et l’hébreu sacré, élitiste, connut, ne l’oublions pas, son heure dramatique à la Conférence de Czernowitz en 1908, quand la victoire solennelle du yiddish (" les Juifs sont un seul peuple, leurs langues est le yiddish") ne pouvait laisser augurer la suprématie spectaculaire et définitive que la création de l’État d’Israël allait assurer quatre décennies plus tard à la langue hébraïque. Lorsque mon grand-père demanda si j’avais des ongles, afin d’évaluer les chances du nouveau-né, je suppose qu’il le fit en yiddish, bien qu’il sût l’hébreu, parlât couramment le roumain, et que dans sa librairie on vendît essentiellement des livres roumains.

À 5 ans, déporté en Transnistrie avec toute la population juive de Bucovine, je ne connaissais que le roumain. Lors de mon premier exode au-delà du Dniestr, la langue roumaine subit l’exil en même temps que moi.

Auteur: Manea Norman

Info: La cinquième impossibilité, p. 45, première page du texte "La langue exilée", 2002

[ judaïsme ] [ enfance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

philosophie

Pour ce qui est du "Dieu trompeur", par la figure duquel il est aisé de se laisser fasciner, il n’est en fait que le fantôme d’un instant, une ombre lointaine qui se dissout quand on s’en approche. "Dieu trompeur" : l’expression, que Descartes évite soigneusement, ne tient pas seulement du blasphème ; c’est une expression intrinsèquement contradictoire, si par "Dieu" nous devons entendre un être infini, autrement dit un être souverainement parfait, dont les perfections sont infinies. Or, comme indiqué au début de la Méditation IV, il est transcendantalement évident que si pouvoir tromper est puissance, vouloir tromper est impuissance. Et dès la fin de la Méditation I, pour que nul ne s’y trompe, Descartes avait écrit : "Je supposerai donc qu’il y a non point un vrai Dieu, qui est la souveraine source de vérité, mais un certain mauvais génie…" 

[…] Sans un Dieu tout-puissant, "souveraine source de vérité", pas de réalité stable, et rien d’assuré non plus dans la pensée. Le sujet cartésien, de la sorte, ne se définit qu’en s’arrimant à l’infini.

[…] Pour autant qu’une métaphysique est nécessaire, celle-ci consiste certes presque toute dans la construction et dans l’ajustement d’un dispositif de protection de la connaissance, telle que Descartes la conçoit ; mais ce n’est pas pour autant qu’un défaut de protection ait été expérimenté sur un mode que l’on pourrait qualifier d’existentiel. Ce défaut est plutôt appréhendé comme une virtualité abstraite dont il convient seulement de démontrer l’irréalité par les moyens appropriés.

Auteur: Kambouchner Denis

Info: La question Descartes, éditions Gallimard, 2023, pages 70-71

[ concept ] [ démystification ] [ explication ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie

L’aristotélisme ressortit au Samkhya, le platonisme au vedânta. Le raisonnement d’Aristote contre les Idées est le suivant. On postule l’essence pour rendre compte de la communauté de nature entre deux êtres individuels, deux hommes par exemple, qui tous deux participent de la "forme" humaine. Or, si l’essence est aussi une réalité existant en elle-même (thèse de Platon), il faudra supposer un "troisième homme" pour rendre compte de la communauté de nature entre tel homme et l’essence "Homme", et ainsi de suite. On voit que l’horizon ontologique d’Aristote est limité à l’exister individuel, et qu’il ne conçoit pas que l’essence puisse être parfaitement réelle sans pour autant exister à la manière d’un chat ou de Callias. (Métaphysique, livre II, 9, 980 b). Aristote a perçu aussi vivement que Platon la nécessité de lutter contre les Sophistes. Il a lui aussi clairement compris qu’il s’agissait d’une crise de l’intelligence analytique dévoyée par la découverte de sa propre puissance instrumentale. Mais la solution qu’il propose est significativement différente. Au lieu de découvrir dans le contenu de cette intelligence les traces du vrai et de l’être et, à partir de ces qualités immanentes, de la retourner vers son Principe, Aristote veut redresser l’intelligence analytique sur son propre plan et dans sa forme même : il invente la logique formelle, c’est-à-dire l’art de raisonner juste indépendamment de l’essence ou de la chose même (ibidem, XIII, 4, 1078 b 25), art auquel on donna justement à partir du VIe siècle, le nom d’Organon, c’est-à-dire d’instrument.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Platon ou la restauration de l'intellectualité occidentale", n°471 de la revue "Etudes traditionnelles "

[ différences ] [ résumé ] [ critique ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

cartésianisme

Autrement dit, tout le système du savoir tel que Descartes l’a décrit est tiré, par une opération purement intellectuelle, d’un petit nombre de principes a priori estimés évidents. Cette affirmation est capitale, car elle implique la méconnaissance de la vraie révolution intellectuelle du XVIIe siècle, c’est-à-dire de la méthode consistant à aller des faits aux causes et non plus à supposer des principes universels dans la nature pour en déduire les phénomènes et leurs explications. L’usage cartésien de la notion de causalité tourne le dos à la science de son temps, dont sa philosophie ne peut donc nullement être considérée comme la "totalisation" ni même comme le début d’une prise de conscience moyennement lucide. Inconscient des concepts neufs qui naissaient sous ses yeux, Descartes recommande "de commencer par la recherche des premières causes, c’est-à-dire des principes", ce qui est préconiser le retour aux physiques et aux biologies déductives de l’Antiquité, dans ce que l’Antiquité offrait de plus stérile, et non pas dans ce qu’elle offrait de points d’appui pour lutter contre la scolastique. […]

Aussi ne faut-il pas se méprendre sur les applications pratiques et les expériences dont Descartes annonce le programme à la fin du Discours de la méthode. Il ne se propose pas d’expérimenter au sens où Galilée le faisait. A l’inverse, comme Platon, il a confiance dans la validité absolue de ses principes a priori, aperçus par la seule lumière du raisonnement, et donc, par avance, il est sûr de leur efficacité dans la pratique.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Préface au Discours de la méthode de René Descartes, Librairie générale française, 1973, page 17

[ critique ] [ conservateur ] [ préjugé ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

évolution

Le recul des jungles nord-africaines à la fin de l'ère glaciaire la plus récente a laissé la place aux prairies. Alors une branche de nos ancêtres primates arboricoles abandonnèrent les frondaisons et vécurent à découvert, suivant les hordes d'ongulés, glanant ce qu'ils pouvaient lors des déplacements.
Parmi les nouveaux composants de leur régime alimentaire, les hommes se sont trouvés des champignons contenant de la psilocybine qui poussaient dans le fumier des troupeaux d'ongulés. On peut supposer que l'augmentation constatée de l'acuité visuelle sous l'influence de la psilocybine a été un instrument de la domination humaine sur leurs proies. Et, sous les effets de doses légèrement supérieures, qui comprennent une augmentation des performances sexuelles - et dans des doses encore plus élevées des hallucinations extatiques et la glossolalie - cela donna des avantages évolutionnaires aux tribus qui les utilisaient. Il y aurait donc eu de nombreux changements induits par l'introduction de cette drogue dans le régime des primates. On peut aussl théoriser que la synesthésie (flou des frontières entre les sens) causée par la psilocybine a conduit au développement du langage parlé : la capacité de former des images dans l'esprit d'une autre personne en utilisant des sons vocalisés.
Il y a environ 12 000 ans, des changements climatiques supplémentaires ont supprimé les champignons du régime alimentaire humain, ce qui a entraîné un nouvel ensemble de changements profonds dans notre espèce qui régressa dans les structures sociales des primates brutaux jusqu'alors modifiées et/ou muselées par la consommation fréquente de psilocybine.

Auteur: McKenna Terence

Info:

[ être humain ] [ spéculation ] [ drogue ]

 

Commentaires: 0

hermétisme

D’une part, l’alchimiste prétend qu’il dissimule intentionnellement la vérité, de façon à empêcher les gens malintentionnés ou stupides d’obtenir de l’or et, par là, de provoquer une catastrophe. Mais, d’autre part, le même auteur nous assurera que l’or qu’il cherche n’est pas – comme le supposent les gens stupides – l’or ordinaire (aurum vulgi,or du vulgaire), mais l’or philosophique ou même la pierre merveilleuse, le lapis invisibilitatis (la pierre d’invisibilité) ou le lapis aethereus (la pierre éthérée) ou enfin l’inimaginable rebis hermaphrodite, et il terminera en disant que toutes les recettes, sans exception, doivent être méprisées. Cependant, pour des raisons psychologiques, il est hautement invraisemblable que le motif qui incitait l’alchimiste au mystère ait été le respect de l’humanité. Chaque fois que quelque chose de réel était découvert, on l’annonçait par une sonnerie de trompettes. Le fait est que les alchimistes avaient peu de chose ou rien à révéler dans le domaine de la chimie, et surtout pas le secret de la fabrication de l’or. Le fait de rester mystérieux peut n’être qu’un bluff, dans le but évident d’exploiter les gens crédules. Mais toute tentative d’explication de l’ensemble de l’alchimie sous cet angle entre, à mon avis, en contradiction avec le fait qu’un assez grand nombre de traités savants, rédigés avec conscience, furent écrits et imprimés anonymement et, par suite, ne purent être d’aucun avantage illégitime à qui que ce soit. A part cela il y a, sans aucun doute, un grand nombre de productions trompeuses et charlatanesques.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Psychologie et alchimie", éd. Buchet-Chastel, 2014, trad. par Henry Pernet et Roland Cahen, pages 340-342

[ paradoxes ] [ brouillage de piste ] [ interprétation historique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson