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communauté religieuse

Le surlendemain, Marchenoir commençait à pied l’ascension du Désert de la Grande-Chartreuse. Lorsqu’il eut franchi ce qu’on appelle l’entrée de Fourvoirie, rainure imperceptible entre deux rocs monstrueux, au-delà desquels la vie moderne paraît brusquement s’interrompre, une sorte de paix joyeuse fondit sur lui. Il allait enfin savoir à quoi s’en tenir sur cette Maison fameuse dans la Chrétienté, — si bêtement entrevue, de nos jours, à travers les fumées de l’alcoolisme démocratique, — ruche alpestre des plus sublimes ouvriers de la prière, de ceux-là qu’un vieil écrivain comparaît aux Brûlants des cieux et qu’il appelait, pour cette raison, les "Séraphins de l’Église militante !"



Les gens badigeonnés d’une légère couche de christianisme, qui veulent que les pèlerinages soient commodes, affirment sous serment que le monastère est inaccessible dans la saison des neiges. L’effet heureux de ce préjugé est une restitution périodique de l’antique solitude cartusienne tant désirée par saint Bruno pour ses religieux !



L’énorme affluence des voyageurs, dans ce qu’on est convenu d’appeler la belle saison, doit être, pour les solitaires, une bien pesante importunité. La foi du plus grand nombre de ces curieux n’aurait certainement pas la force évangélique qui fait bondir les montagnes, et beaucoup viennent et s’en vont qui n’ont pas d’autre bagage spirituel que le très sot journal d’un touriste sans ingénuité. N’importe ! ils sont reçus comme s’ils tombaient du ciel, — aérolithes mondains de peu de fulgurance, qui ne déconcertent jamais l’accueillante résignation de ces moines hospitaliers



La Grande-Chartreuse doit donc être visitée en hiver par tous ceux qui veulent se faire une exacte idée de cette merveilleuse combinaison de la vie érémitique et de la vie commune qui caractérise essentiellement l’ordre cartusien, et dont la triomphante expérience accomplit, tout à l’heure, son huitième siècle.



Fondée, en 1084, la famille de saint Bruno, — rouvre glorieux qui couvrit le monde chrétien de sa puissante frondaison, — seule entre toutes les familles religieuses, a mérité ce témoignage de la Papauté : Cartusia nunquam reformata, quia nunquam deformata, l’ordre des Chartreux, ne s’étant point déformé, n’a jamais eu besoin d’être réformé.



Dans un siècle aussi jeté que le nôtre aux lamproies ou aux murènes de la définitive anarchie qui menace de faire ripaille du monde, il est au moins intéressant de contempler cet unique monument du passé chrétien de l’Europe, resté debout et intact, sans ébranlement et sans macule, dans le milieu du torrent des siècles.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 95-97

[ description ] [ historique ] [ admiration ]

 

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monastère

L’ensemble des constructions de la Grande Chartreuse couvre une étendue de cinq hectares et ses bâtiments sont abrités par quarante mille mètres carrés de toiture. Au seul point de vue topographique, ces chiffres justifient suffisamment l’épithète de grande inséparable du nom de Chartreuse, quand on veut désigner ce caput sacrum de toutes les chartreuses de la terre. On dit la Grande Chartreuse comme on dit Charlemagne.



Écrasée une première fois par une avalanche, au lendemain de sa fondation, et reconstruite presque aussitôt sur l’emplacement actuel, moins exposé à la chute des masses neigeuses ; saccagée deux fois de fond en comble par les calvinistes et les révolutionnaires, cette admirable Métropole de la Vie contemplative a été incendiée huit fois en huit siècles. Ces huit épreuves par le feu, symbole de l’Amour, rappellent à leur manière les huit Béatitudes évangéliques, qui commencent par la Pauvreté et finissent par la Persécution.



Enfin, le 14 octobre 1792, la Grande Chartreuse fut fermée par décret de l’Assemblée nationale et rouverte seulement le 8 juillet 1816. Pendant vingt-quatre ans, cette solitude redevint muette, de silencieuse qu’elle avait été si longtemps, muette et désolée comme ces cités impies de l’Orient que dépeuplait la colère du Seigneur.



C’est qu’il lui fallait payer pour tout un peuple insolvable que pressait l’aiguillon du châtiment, en accomplissement de cette loi transcendante de l’équilibre surnaturel, qui condamne les innocents à acquitter la rançon des coupables. Nos courtes notions d’équité répugnent à cette distribution de la Miséricorde par la Justice. Chacun pour soi, dit notre bassesse de cœur, et Dieu pour tous. Si, comme il est écrit, les choses cachées nous doivent être révélées un jour, nous saurons, sans doute à la fin, pourquoi tant de faibles furent écrasés, brûlés et persécutés dans tous les siècles ; nous verrons avec quelle exactitude infiniment calculée furent réparties, en leur temps, les prospérités et les douleurs, et quelle miraculeuse équité nécessitait passagèrement les apparences de l’injustice !



Chose digne de remarque, la Grande Chartreuse continua d’être habitée. Un religieux infirme y resta et n’y fut jamais inquiété, bien qu’il portât toujours l’habit. Le 7 avril 1805, — c’était le dimanche des Rameaux, — on le trouva mort dans sa cellule, à genoux à son oratoire : il avait rendu son âme à Dieu, en priant.



[…] Aujourd’hui, la Grande Chartreuse est aussi prospère que jamais. Les innombrables voyageurs peuvent rendre témoignage de l’étonnante vitalité de cette dernière racine du vieux tronc monastique, que quatre révolutions et quatre républiques n’ont pu arracher du sol de la France.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 102-104

[ historique ] [ signes d'élection ] [ communion des saints ]

 

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ufo

Le mercredi 17 juillet 1957, à l'aube, un bombardier de reconnaissance électronique RB-47H Stratojet de l'USAF, indicatif Lacy 17, se rend à Oklahoma City, avec 6 officiers à bord, dont le commandant Mac Clure, et le major Lewis D. Chase.
A 10500 m il repère une grosse et intense lumière blanche-bleutée, comme le rappelle le résumé de l'American Institute of Aeronautics and Astronautics.
Muni d'un appareillage électronique de contre-mesures (ECM) le RB-47 de l'Air Force sera suivi par un objet non identifié sur plus de 1200 km pendant 1 heure et 30 minutes, tandis qu'il survole le Mississippi, la Louisiane, le Texas et atteint l'Oklahoma. L'objet fut à plusieurs reprises vu directement par l'équipe du poste de pilotage comme une très vive lumière ; il fut acquis par un radar au sol et détecté par les appareils de contrôle ECM du RB 47. Une transmission de micro-ondes à 3 Ghz a été détectée par l'équipage du RB-47. L'opérateur #2 des contre-mesures électroniques de Lucy 17 (identifiant), du RB47, intercepta près de Meridian, Mississippi, un signal ayant les caractéristiques suivantes : fréquence 2995 à 3.000 Ghz; étendue du signal pulsé : 2.0 microsecondes; fréquence de répétition du signal : 600 Hz (cycles par seconde); taux de balayage 4 tours/mn; polarité verticale. Le signal s'est rapidement déplacé sur l'écran du localisateur, indiquant un déplacement rapide de la source émettrice; la source est en vol. L'intérêt de ce cas tient aux apparitions et disparitions constatées simultanément par 3 canaux distincts et à la rapidité des manoeuvres qui dépassait tout ce dont l'équipage avait eu jusque-là l'expérience 1.
L'objet disparaît ainsi des écrans radar plusieurs fois de suite, pour réapparaître simultanément en suivant presque tout le temps l'avion à une distance d'environ 17 km, avant de changer rapidement de position pour se trouver devant l'avion. Chase oublie un moment sa mission et met le cap sur la mystérieuse lumière qui disparaît à son approche. Chase reprend son cap initial mais la "cible" réapparaît sous le Stratojet. L'avion pique à nouveau vers l'ovni qui disparaît encore une fois. A court de kérosène, le Boeing doit retourner sur sa base de Forbes.
10 ans plus tard, la commission Condon est saisie du cas, mais classera l'affaire faute de pouvoir accéder au dossier, ayant fait ses recherches sur la date erronée du jeudi 19 septembre.
Par la suite, James E. McDonald retrouve la date correcte du mercredi 17 juillet, et de ce fait beaucoup plus d'informations.
Philip Julian Klass proposera des explications de ce cas qui seront contestées, notamment par Brad Sparks 6 qui arguera que sans le vouloir Klass n'avait en fait que renforcer ce cas.

Auteur: Internet

Info:

[ ovni ] [ témoignage ]

 

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enfance

Puis je pensai à ma grand-mère. Elle croyait aux fantômes, souvent ils lui rendaient visite. La maison se trouvait dans un vieux verger au bout du village. Elle racontait ses visions tranquillement comme quelque chose de naturel. Les fantômes venaient tant le jour que la nuit, entraient simplement par la porte et la surprenaient dans ses activités quotidiennes à la ferme ou dans sa cuisine. Ils avaient l’air humain, mais étaient faits dans une substance plus légère, souvent ils ressemblaient à quelqu’un de la famille. Tout le monde croyait à ses histoires. Moi aussi. […]

"Il est passé par là, s’est arrêté ici, a ouvert le tiroir, a fait sonner les cuillères, mais n’a rien dérangé." J’adorais son sens du concret Ces événements avaient toujours leur temps et leur endroit propres. "Il était six heures, je venais de me réveiller, je m’étais assise sur le lit. Mais il est venu de l’alcôve, pas du couloir." Ces témoignages étaient totalement désintéressés, ne voulaient rien prouver ni rien promettre. J’y crois encore. Jamais depuis ce temps-là je ne fus confronté à des signes si simples et si directs. Face à l’extraordinaire, son seul compromis était de ponctuer ses récits de "qu’est-ce que j’ai eu peur" spontanés et rhétoriques. Car on ne voyait aucune peur. Ça sonnait plutôt comme "qu’est-ce que j’ai été surprise", "oh là là". Venant du passé, sa famille et ses amis ne faisaient rien d’autre que de lui rendre visite. Ils s’attardaient un peu à la fenêtre ou à côté du buffet blanc, puis repartaient, laissant derrière eux la porte entrouverte qu’il fallait refermer à cause des courants d’air. […]

Puis un jour, ma grand-mère décéda. Je me réveillai dans la pièce voisine de la sienne, et les tantes qui la veillaient me dirent : "Tu n’as plus ta grand-mère." Je l’aimais et cela me rendit triste. Elle était maintenant allongée, droite, le visage grave et sévère. J’étais près d’elle et regardais. Dans le silence de la matinée, j’entendais mes tantes s’affairer quelque part derrière moi, une matinée ordinaire de plus dans une maison à la campagne, et je sentis que cette mort, que peut-être même la mort, était quelque chose de, comment dire, un peu surfait. Je sentais que ma grand-mère n’était absente qu’un peu, quelle s’était discrètement faufilée hors de cette chambre et de ce monde pour aller dans un endroit pas très loin, quelle avait seulement rejoint ceux qui lui rendaient visite et que, si elle le voulait, elle viendrait comme eux avant. C’est-à-dire que je savais qu’elle était vivante. Seulement, elle n’avait pas pu prendre avec elle la silhouette qui reposait maintenant dans son lit. Elle n’en avait certainement pas besoin.

Auteur: Stasiuk Andrzej

Info: Dukla

[ grand-maman ] [ surnaturel ] [ mémé ] [ mamie ]

 
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dernières paroles

Ici nous sommes cinq mille
Dans cette petite partie de la ville.
Nous sommes cinq mille.
Je me demande combien nous sommes en tout
Dans les villes et dans le pays entier ?
Rien qu'ici
Il y a dix mille mains qui sèment les graines
Et font tourner les usines
Combien d'humanité
Exposée à la faim, au froid, à la panique, la douleur,
pression morale, terreur et folie
Six d'entre nous ont été perdus
Comme dans un espace étoilé.
Un mort, autre battu comme je n'ai jamais imaginé
qu'un être humain puisse être battu.
Les autres quatre ont que leur terreur finisse
En bondissant dans le néant,
Un autre tapait sa tête contre un mur,
Mais tous avec le regard fixe de la mort.
Quelle horreur crée le visage du fascisme !
Ils effectuent leurs plans avec la précision du couteau.
Rien ne compte pour eux.
Pour eux le sang égale les médailles,
Le massacre est acte d'héroïsme.
Oh Dieu, est-ce le monde que tu as créé,
Pendant tes sept jours d'étonnement et le travail ?
Entre ces quatre murs seulement un nombre existe
qui ne progresse pas,
qui lentement exigera toujours plus la mort.
Mais soudainement ma conscience se réveille
Et je vois que cette marée n'a aucun battement de coeur,
Seulement l'impulsion de machines
Et les militaires montrant des visages de sages-femmes
pleins de douceur.
Laissez le Mexique, Cuba et le monde
Crier contre cette atrocité!
Nous sommes dix mille mains
Qui ne peuvent rien produire.
Combien d'entre nous dans tout le pays ?
Le sang de notre Président, notre compagnon
Frappera avec plus de force que des bombes et des mitrailleuses!
Ainsi notre poing mènera la grève à nouveau!
Comme il est dur de chanter
Quand il faut chanter d'horreur.
Horreur que je vis,
Horreur dont je meurs.
Me voir parmi tant et
tant de moments d'infini
dans lequel silence et cris
sont la fin de ma chanson.
Ce que je vois, je n'ai jamais vu
Ce que j'ai ressenti et ce que je sens
Donneront naissance au moment...

Il ne peut achever car rapidement on le sépare des autres prisonniers. Mais il peut à le transmettre à un prisonnier qui parvient à le dissimuler dans sa chaussure. Plusieurs témoignages rapportent qu'il fut ensuite battu, qu'on lui coupa les doigts à la hache et qu'ensuite ses tortionnaires lui proposèrent ironiquement de jouer de la guitare et de chanter. C'est alors qu'il aurait entonné "Venceremos" l'hymne de campagne de Salvador Allende... dont voici le premier couplet et le refrain.

Desde el hondo crisol de la patria
se levanta el clamor popular,
ya se anuncia la nueva alborada,
todo Chile comienza a cantar.

Venceremos, venceremos,
mil cadenas habrá que romper,
venceremos, venceremos,
la miseria al fascismo sabremos vencer.

Auteur: Jara Victor

Info: battu à nouveau il est ensuite abattu à la mitraillette

[ exécutions ]

 

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progrès

Selon des traditions dignes de foi, ce serait au cours du XVIe siècle, période d’intense animation spirituelle, que l’homme, renonçant à violer les secrets de la nature comme il l’avait tenté jusqu’alors pendant vingt siècles de spéculation religieuse et philosophique, se contenta, d’une façon que l’on ne peut qualifier que de "superficielle", d’en explorer la surface. Le grand Galilée, par exemple, qui est toujours le premier cité à ce propos, renonçant à savoir pour quelle raison intrinsèque la Nature avait horreur du vide au point qu’elle obligeait un corps en mouvement de chute à traverser et remplir espace après espace jusqu’à ce qu’il atteignît enfin le sol, se contenta d’une constatation beaucoup plus banale : il établit simplement à quelle vitesse ce corps tombe, quelle trajectoire il remplit, quel temps il emploie pour la remplir et quelle accélération il subit. L’Eglise catholique a commis une grave faute en forçant cet homme à se rétracter sous peine de mort au lieu de le supprimer sans plus de cérémonies : c’est parce que lui et ses frères spirituels ont considéré les choses sous cet angle que sont nés plus tard (et bien peu de temps après si l’on adopte les mesures de l’histoire) les indicateurs de chemin de fer, les machines, la psychologie physiologique et la corruption morale de notre temps, toutes choses à quoi elle ne peut plus tenir tête. Sans doute est-ce par excès d’intelligence qu’elle a commis cette faute, car Galilée n’était pas seulement l’homme qui avait découvert la loi de la chute des corps et le mouvement de la terre, mais un inventeur à qui le Grand capital, comme on dirait aujourd’hui, s’intéressait ; de plus, il n’était pas le seul à son époque qu’eût envahi l’esprit nouveau. Au contraire, les chroniques nous apprennent que la sobriété d’esprit dont il était animé se propageait avec la violence d’une épidémie ; si choquant qu’il soit aujourd’hui de dire de quelqu’un qu’il est animé de sobriété, quand nous penserions plutôt en être saturés, le pas que l’homme fit à cette époque hors du sommeil métaphysique vers la froide observation des faits dut entraîner, si l’on en croit quantité de témoignages, une véritable ardeur, une véritable ivresse de sobriété. Si l’on se demande comment l’humanité a pu penser à se transformer ainsi, il faut répondre qu’elle a agi comme tous les enfants raisonnables quand ils ont essayé trop tôt de marcher ; elle s’est assise par terre, elle a touché la terre avec une partie du corps peu noble sans doute, mais sur laquelle on peut se reposer. L’étrange est que la terre se soit montrée si sensible à ce procédé et qu’elle se soit laissé arracher, depuis cette prise de contact, une telle foison de découvertes, de commodités et de connaissances qu’on en crierait presque au miracle. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, pages 472-473

[ sciences ] [ matérialisme ] [ dénigrement ] [ décadence ]

 

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drogue psychotrope

C'est au summun de notre adolescence, autour des 17-18 ans qu'avec mes copains nous avons pris du LSD. Oh pas des centaines de foi, ni même des dizaines, mais en tous les cas autant que les doigts des deux mains.

L'expérience de l'acide est dit-on indescriptible, incommunicable, à moins de pouvoir prendre quelqu'un avec soi dans son cerveau pour la partager. Une chose est certaine, c'est un voyage fort, biblique, mystique. Mon souvenir conserve de cette expérience que si notre cerveau filtre les informations, le LSD enlève tout ou partie de ces filtres, pas dans le sens d'une désorganisation mais d'un affutage, d'une plus grande capacité cérébrale. Par exemple si je discute avec vous au restaurant je suis normalement focalisé sur vous. Avec l'acide le décor se complexifie, s'enrichit et on a alors l'impression de pouvoir AUSSI suivre les discussions des tables alentours, le bruit du percolateur devient d'une netteté incroyable, le son de la TV du fond de la salle aussi. Vous fixez le coin d'une porte, c'est à dire un angle droit, le voilà beaucoup plus à angle droit qu'auparavant, etc. Le solo de guitare en avant plan de la musique qui passe sur le juke box n'est plus musique, mais pâte brillante qui sort spasmodiquement d'un tube de dentifrice sonore...

Et puis ce que le type en face de vous raconte est d'un prévisible effarant, tant les rapports humains sont basés sur des conventions de langage, situations répétées.... pensées préprogrammées sans surprise aucune.

Et d'un coup on se retrouve sans sollicitation externe ; c'est parti pour un voyage gamberge introspectif. Il me souvient m'être ainsi embarqué dans un long raisonnement, implacable et étayé, dont la conclusion irrévocable fut : "C'est ça, t'es complètement fou, dingo-sinoque irrécupérable"... Constat que j'accueillis avec sérénité ce jour-là, comme une évidence de sagesse.

Ensuite vous vous retrouvez à l'extérieur. Le ballet des mouettes au-dessus de vous écrabouille les meilleurs effets spéciaux de la guerre des étoiles, les oiseaux dessinant par leurs vols croisés d'incroyables trajectoires dont vous comprenez les paramètres comme si vous étiez le frère de la calculatrice qui les aurait créés. Au sol les lignes des zones bleues sur le macadam sont phosphorescentes et font 5 centimètres d'épaisseur...

Vous avez l'impression d'enfin voir et comprendre l'univers, d'avoir vieilli d'un coup. Je me rappelle avoir pensé que cet état "en trip" était celui qui serait le mien à un âge avancé, quand j'aurai beaucoup de recul et une grande sensibilité. Par la suite les quelques fois où je me suis quelque peu rapproché de cette sensation générale ce fut lors d'états de grande fatigue, comme lors de ces journées qui suivent une nuit blanche.

C'était il y a près de quarante ans. Ces expériences nous marquèrent avec force.

Auteur: Mg

Info: 12 sept 2013

[ hyperconscience ] [ simultanéité ] [ témoignage ] [ déséquilibre homéostasique ]

 
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christianisme

Ce fait [catholique] est-il divin ? Porte-t-il le sceau de Dieu ? Est-il miraculeux ? Ne peut-il avoir pour cause que Dieu seul ?

Appliquons notre raison et voyons.

Partons de ce principe évident : qu'il n'y a pas d'effet sans cause et sans cause proportionnée.

Donc le fait catholique doit avoir une cause et une cause proportionnée.

Elle ne peut exister que dans le monde humain, ou dans un monde supérieur au monde humain.

Dans le monde humain, nous avons l'individu et la collection de ces individus.

Est-ce que la cause du fait catholique serait dans l'individu humain ? —Voyez plutôt : dans l'individu humain, nous avons le corps et l'âme ; et dans l'âme l'intelligence et la volonté : puis, unissant les deux, la partie affective sensible.

Est-ce donc l'intelligence ? — Mais le fait catholique, comme tel, propose des mystères à l'épouvanter : Trinité, Incarnation, Eucharistie, Prédestination et le reste.

Est-ce dans la volonté ? — Le fait catholique propose ou plutôt impose une loi d'une rigueur de justice inflexible : devoirs envers Dieu — envers le prochain — ; la plus légère infraction est menacée de châtiment.

Est-ce dans le corps, dans la partie affective sensible ? Oh ! ici, c'est encore pire : la pureté du cœur et du corps qu'elle requiert a quelque chose d'effroyable [...].

Et en échange de quoi ? — de biens temporels ? Il faut les mépriser d'une façon absolue. — En échange de biens qui n'ont aucune prise sur les sens, ni même sur la raison et dans un avenir qui n'a de certitude que par la foi.

Que l'individu humain — que des individus humains acceptent cela, évidemment nous n'en trouvons pas la cause en eux. Or, ils l'acceptent, — nous l'avons vu dans le fait catholique — élément fidèles.

Où donc sera la cause ? — Au-dessus de l'être et du monde humain, il n'y a que le monde des formes pures et de l'Acte pur ou de Dieu.

Les formes pures ! Peut-être ! Encore est-il que ce ne sera que ministériel, — puisque tout le fait catholique est ordonné à cette fin : La conquête de Dieu.

C'est donc à Dieu qu'il faut aboutir ! Lui seul ! Lui seul peut expliquer par son action, non seulement miraculeuse du début — comme l'affirme le témoin du fait catholique — mais miraculeuse actuellement — dans les âmes — dans les témoins pour qu’ïls ne défaillent point, dans les fidèles pour qu'ils acceptent toujours, l'existence de ce fait catholique actuellement présent sous nos yeux et que nul ne peut méconnaître, puisqu'il est seul à exister avec sa raison propre et son caractère essentiel de témoins qui portent un témoignage et de fidèles qui acceptent ce témoignage.

Auteur: Pègues Thomas

Info: Dans "Aperçus de philosophie thomiste et de propédeutique", pages 408-409

[ démonstration ] [ vérité ] [ causalité ]

 

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adjoints exploités

Plus l’art se fait conceptuel, moins les artistes y mettent la main, plus le rôle de leurs aides s'accroît. Mais sans la reconnaissance ni la rétribution. Le magazine "Mouvement" a recueilli le témoignage de quelques-uns de ces "assistants d'artistes", jeunes, motivés, ultraflexibles et mégadociles, agents idéaux d’une scène de l’art transformée en industrie globalisée.

Bien sûr, "Michel-Ange n’a pas peint la chapelle Sixtine en solo": les grands artistes ont toujours été entourés de petites mains. Mais avec le pop art puis le développement de l’art conceptuel, le rôle de ces dernières n’a cessé de croître: "De nombreux artistes ont carrément cessé de toucher à leurs œuvres", tandis qu’avec "les moyens colossaux" mobilisés pour certaines expositions, ils n’ont jamais été aussi entourés. C’est la constatation introductive de Julie Ackermann dans une excellente enquête* qu’elle signe pour Mouvement, "magazine culturel indisciplinaire" français.

L’article nous emmène à la rencontre de quelques "assistants d’artiste" qui, en termes pudiques et sous strict couvert d’anonymat, racontent la face cachée d’une scène artistique transformée en industrie globalisée: jeunes, enthousiastes, aussi flexibles que mal payés, ils en sont en quelque sorte les agents uberisés. Très réticents à se plaindre et insistant sur "la chance" qui leur est donnée d’entrer de plein pied dans un milieu aussi fermé, ils finissent pourtant par dire leur frustration. Comme Marco: "Quand je vois qu’une œuvre est vendue 800'000 euros et que je suis payé 800 euros pour l’avoir conçue de bout en bout, je me dis que ce n’est pas normal."

C’est l’élément le plus frappant de ces témoignages: on comprend à quel point, quoique sous-payé, le rôle d’assistant d’artiste dépasse celui du simple exécutant. Martin a travaillé pour un "plasticien français", qui traversait un moment "particulièrement fragile" - manque de chance- précisément à la veille d’une grande exposition: le jeune assistant lui a carrément sauvé la mise, en lui fournissait des propositions (dessins, prototypes) sur lesquels l’artiste "intervenait ensuite pour se les réapproprier."

Cela s’appelle – au moins – de la co-création. Quand cette participation artistique ne se double pas d’un rôle de "soutien affectif" et de secrétariat à domicile. Pourtant, les doubles d’artistes restent dans l’ombre: leur nom n’est mentionné nulle part. "Lors du vernissage, j’ai été complètement mise à l’écart", raconte Hélène, qui s'était carrément substituée à une artiste aux abonnés absents pour la préparation d’une grande expo.

Ce mensonge par omission est pourtant considéré comme normal dans le milieu: il y est admis que l’artiste est "une marque", au service de laquelle travaillent une multitude de gens. Comme dans la mode, en somme. Sauf que: dans la mode, le rôle des stylistes est reconnu, aux côtés de celui du directeur artistique. Alors que "dans l’art contemporain, le mythe de l’artiste solitaire est particulièrement tenace", souligne Julie Ackermann. Et l'inégalité des rétributions aussi.

La journaliste conclut: "Motivé, ultraflexible, précaire, autonome mais pluridépendant, l’assistant d’artiste […] est l’agent dont rêve le néolibéralisme."

Auteur: Lietti Anna

Info: A propos de : Les doubles de l’artiste, par Julie Ackermann, publié dans Mouvement, mai-juin 2019

[ beaux-arts ] [ ubérisation ] [ star labellisée ] [ hiérarchie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

prospective

On ne se lasse pas, chez FLP, de découvrir, décrypter, traduire et analyser tous types d'écrits dont les extraits considérés comme intéressants et/ou significatifs sont ensuite intégrés dans la base de données. Les langages humains, centrés/rassemblés ici en français, sont d'une immense diversité.

Nous constatons en parallèle que le langage est, pour ce que nous pouvons constater, une émergence assez miraculeuse et étonnante puisqu'elle constitue un importante particularité de l'humain en tant qu'espèce. On constate aussi que les signes écrits sont une apparition très très tardive au regard de l'évolution terrestre et même de celle des mammifères hominidés. 

Ce développement récent, cette ouverture sémantique, est très probablement propice aux outrecuidances ; L'homme se met au centre de l'univers, développe des religions et voilà qu'arrivent ceux qui, avec force contorsions linguistiques, viennent nous expliquer l'être, le non-être, l'infini... toutes choses ma foi fort intéressantes en termes de développement des idiomes et des approches syntaxiques, mais qui semblent de bien pâles et simplistes explications si on veut bien comparer ces développement onomasiologiques et sémasiologiques avec l'incroyable et semble-t'il infini développement que le vivant (où est la frontière avec le non vivant ?) présente devant nos yeux ébahis.

FLP, outil lexicographique d'une certaines complexité, voudrait sans cesse remettre cette idée sur le tapis : les langages humains actuels, de par leurs  simplicités conceptuelles et donc les limites qu'elles imposent, sont porteurs d'extraordinaires développements futurs, développements potentiels qu'il faut stimuler sans se refuser, comme ici, à l'utilisation de la technologie informatique. Ainsi sera-t'il peut-être possible de se libérer de carcans idiomatiques tels que le binarisme, un certain mécanisme grammatical ou autres manies analogiques. 

Avec "Les Fils de La Pensée" nous voulons aussi nous positionner sur une voie pragmatique, en prolongement des fondements sémiotiques logiques apportés par C.S. Peirce, c'est à dire en tentant de rester en contact avec un réel dit scientifique, à l'image, par exemple, des développements de l'épigénétique. Avec cette phrase de Bruce H. Lipton au passage : "Il faut que les gens réalisent que leurs pensées sont plus primaires que leurs gènes, car l'environnement, qui est influencé par nos pensées, contrôle les gènes." Voilà probablement une piste pour éviter le langage pulsionnel simpliste et ses effets, par comparaison avec une sagesse de la matière vivante, progressivement développée dans le temps via d'itératives résonances que nous commençons à découvrir..

Le langage n'est que consensus grégaire provisoire pour communiquer, conserver et développer le savoir. Nous croyons donc que ce consensus s'appuiera de manière plus heureuse sur le réél (priméité) tel que délivré par nos sens et les outils mis à leur disposition, qu'en prenant pour acquis on ne sait quels raisonnements métaphysiques abstraits ou religieux qui, avec l'inertie et les routines du temps, ont pris des positions sémantiques bien trop importantes au regard de leurs réalités démontrées. Les mondes astraux, la télépathie ou les Ovnis, si on veut s'amuser avec d'autres concepts ésotériques et/ou proches de la simple croyance religieuse, ne semblent pas avoir moins de consistance que les diverses traditions spirituelles humaines, en termes de témoignages rapportés en tous les cas.

Auteur: Mg

Info: 30 août 2020

[ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 
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