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inventions

Ce matin, je crois bien avoir découvert la trace d'un nouveau pudendum, d'un nouveau motif de honte encore inconnu dans le passé. Pour le moment, je l'appelle "la honte prométhéenne", et j'entends par là "la honte qui s'empare de l'homme devant l'humiliante qualité des choses qu'il a lui-même fabriquées".

J’ai visité avec T. une exposition technique que l’on venait d’inaugurer dans le coin. T. s’est comporté d’une façon des plus étranges, si étrange que j’ai fini par l’observer, lui, plutôt que les machines exposées. Dès que l’une des machines les plus complexes de l’exposition a commencé à fonctionner, il a baissé les yeux et s’est tu. J’ai été encore plus frappé quand il a caché ses mains derrière son dos, comme s’il avait honte d’avoir introduit ses propres instruments balourds, grossiers et obsolètes dans une haute société composée d’appareils fonctionnant avec une telle précision et un tel raffinement. [...]

Si j’essaie d’approfondir cette "honte prométhéenne", il me semble que son objet fondamental, l’ "opprobre fondamental" qui donne à l’homme honte de lui-même, c’est son origine. T. a honte d’être devenu plutôt que d’avoir été fabriqué. Il a honte de devoir son existence – à la différence des produits qui, eux, sont irréprochables parce qu’ils ont été calculés dans les moindres détails – au processus aveugle, non calculé et ancestral de la procréation et de la naissance.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 37-38

[ rabaissement ] [ définie ] [ haine du hasard ] [ transhumanisme ] [ hommes-machines ]

 
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jazz

J'étais encore un très jeune musicien, 25 ans, quand j'ai joué dans le projet de Bill. Avec lui, nuit après nuit, j'ai beaucoup mûri. Ma confiance a grandi, ma capacité de concentration aussi, mon sens du timing s'est amélioré, tout comme ma connaissance de l'harmonie. Avec son projet, si le batteur jouait en 4/4, il n'y avait aucune raison pour que le bassiste le fasse aussi. Il pouvait jouer quelque chose de différent tout en conservant le temps et la forme de la structure de la pièce. Il y avait donc une possibilité d'être plus souple pour la basse qui pouvait jouer à travers la forme plutôt qu'être là pour la souligner. Focus et engagement viennent toujours à l'esprit quand je pense à lui. Bill a joué à un niveau très élevé, non seulement par sa maîtrise technique, mais par ses conceptions et sa concentration. Il a eut une profonde influence sur les musiciens grâce à sa méthodologie. Tous les pianistes avec qui j'ai joué dans d'autres trios ont été touchés par son travail. Même s'il était populaire et influent, je pense que Bill Evans est encore sous évalué. Nous ne saurons jamais quel véritable artiste Bill Evans était. Juste après sa mort, j'ai passé quelques mois seulement plongé dans sa musique. Je ne faisais que l'écouter. Et puis, soudain, j'ai constaté que je ne pouvais plus. C'était tout simplement trop dévastateur pour moi.

Auteur: Johnson Marc

Info: interview, 2 septembre 1990

[ apprentissage ] [ piano ]

 

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homme-machine

C'est un biologiste - Ludwig von Bertalanffy - qui, il y a longtemps, a perçu l'unité essentielle des concepts et des techniques de systèmes dans les divers domaines de la science et qui, dans ses écrits et ses conférences, a cherché à faire reconnaître la "théorie générale des systèmes" comme une discipline scientifique distincte. Il est toutefois pertinent de noter que les travaux de Bertalannfy et de son école, motivés principalement par les problèmes posés par l'étude des systèmes biologiques, sont beaucoup plus empiriques et qualitatifs dans leur esprit que ceux des théoriciens des systèmes qui ont reçu leur formation dans les sciences exactes. En fait, il y a encore un fossé assez large entre ceux qu'on nommera théoriciens des systèmes "animés" et les théoriciens des systèmes "inanimés", et il n'est pas du tout certain que ce fossé soit réduit, et encore moins comblé, dans un avenir proche. Certains pensent que ce fossé reflète l'inadéquation fondamentale des mathématiques conventionnelles -  celles de points précisément définis comme les fonctions, d'ensembles, les mesures de probabilité, etc. pour l'analyse des systèmes biologiques, et que pour traiter efficacement ces systèmes, nous avons besoin d'un type de mathématiques radicalement différent, les mathématiques des quantités floues ou nébuleuses qui ne sont pas descriptibles en termes de distributions de probabilité. En fait, le besoin de telles mathématiques devient de plus en plus évident, même dans le domaine des systèmes inanimés. 

Auteur: Zadeh Lotfi Aliasker

Info: "From circuit theory to system theory", Proceedings I.R.E., 1962, 50, 856-865. cité dans : Brian R. Gaines (1979) " General systems research : quo vadis ?

[ mobile-immobile ] [ entropie-néguentropie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vie légendaire

Si, comme l'a fait Rank en utilisant la technique de Galton, on reconstitue une "légende type" propre à faire ressortir tous les traits essentiels de ces récits, on obtient la formule suivante :
Le héros est né de parents du plus haut rang, c'est, en général, un fils de roi.
Sa naissance est précédée de graves difficultés, par exemple d'une période d'abstinence ou de longue stérilité, ou encore, les parents, entravés par des interdictions et des obstacles extérieurs, ont dû entretenir l'un avec l'autre des relations clandestines. Pendant ou même avant la grossesse, une prédiction (rêve ou oracle) a annoncé que la naissance de l'enfant serait cause d'un malheur et c'est généralement le père qui en est menacé.
En conséquence, le père (ou quelque substitut de celui-ci) donne l'ordre de tuer ou d'exposer le nouveau-né à quelque danger extrême. En général, le bébé déposé dans une petite corbeille est abandonné au fil de l'eau.
Il est ensuite sauvé par des animaux ou par de petites gens (des bergers, par exemple) et allaité par un animal femelle ou par une humble femme.
Devenu grand, il retrouve, après maintes aventures, ses nobles parents, se venge de son père et, d'autre part, s'étant fait reconnaître, parvient à la grandeur et à la renommée.
Le plus anciennement connu des personnages auxquels s'attacha ce mythe de la naissance est Sargon d'Agade, fondateur de Babylone vers 2 800 avant J.-C.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans "Moïse et le monothéisme", trad. Anne Berman, éditions Gallimard, 1948, pages 11-12

[ grandes étapes ] [ archétype ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

novlangue

(Parlant du langage utilisé au sein de l'entreprise)
Cette langue obéit à cinq règles de base :
L'entreprise fait compliqué quand on peut faire simple. Elle utilise " initialiser " à la place de commencer, verbe qui fait beaucoup trop trivial, " finaliser" au lieu du très ordinaire finir, et " positionner " pour le terre-à-terre placer.
Elle choisit son vocabulaire de façon à se donner plus d'importance qu'elle n'en a réellement. " Coordonner ", " optimiser ", sont plus porteurs qu'" exécuter ". Mais c'est " décider " qui trône au panthéon des verbes, d'une courte tête devant " piloter " ou " chapeauter ". Elle ne lésine pas sur les mots en " ence " : pertinence, compétence, expérience, efficience, cohérence, excellence, tous ces mots donnent en apparence de l'importance.
Elle considère la grammaire comme une vieillerie obsolète. Elle abuse des circonlocutions, boursoufle la syntaxe, se revêt de toute une quincaillerie de termes techniques et administratifs, et malmène les mots. Car elle sait dévoyer le français avec maestria: l'entreprise aime les barbarismes. Par exemple, "décliner" n'est pas employé dans son sens usuel; quand on décline un logo, un message, une valeur, cela ne signifie pas qu'on les abaisse, mais qu'ils sont adoptés par d'autres instances, situées en dessous. De même, le très usité " solutionner ", qui remplace sans coup férir résoudre, est d'autant moins français qu'il donne une vraie prestance de cadre.

Auteur: Maier Corinne

Info: Bonjour paresse, De l'art et la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise

[ branché ]

 

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relation amoureuse

C’est dans une sorte d’engluement corporel de la liberté que s’exprime la nature du désir. Nous voulons devenir pour l’autre un objet qui ait pour lui la même valeur de limite qu’a, par rapport à sa liberté, son propre corps. Nous voulons devenir pour l’autre non seulement ce en quoi sa liberté s’aliène – sans nul doute, il faut que la liberté intervienne, puisque l’engagement est un élément essentiel de notre exigence d’être aimé – mais il faut aussi que ce soit beaucoup plus qu’un engagement libre. Il faut qu’une liberté accepte de se renoncer elle-même pour être désormais limitée à tout ce que peuvent avoir de capricieux, d’imparfait, voire d’inférieur, les chemins dans lesquels l’entraîne la captivation par cet objet que nous sommes nous-même.

Ainsi, devenir par notre contingence, par notre existence particulière dans ce qu’elle a de plus charnel, de plus limitatif pour nous-même, pour notre propre liberté, devenir la limite consentie, la forme d’abdication de la liberté de l’autre, c’est l’exigence qui situe phénoménologiquement l’amour dans sa forme concrète – le genital love, comme disait tout à l’heure notre ami Balint. C’est là ce qui l’institue dans cette zone intermédiaire, ambigüe, entre le symbolique et l’imaginaire.

Si l’amour est tout pris et englué dans cette intersubjectivité imaginaire, [...] il exige dans sa forme achevée la participation au registre du symbolique, l’échange liberté-pacte, qui s’incarne dans la parole donnée.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, page 334

[ structuration ] [ couple ] [ régulations narcissiques ]

 
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ésotérisme juif

Le plus important document kabbalistique est le Zohar. Il est officiellement l’œuvre de Siméon ben Yokai, écrit dans la première moitié du XIe siècle et il se compose, pour la plus grande partie, d’un long commentaire des passages de la Thora, voisinant avec divers autres écrits. [...] Pendant environ deux siècles, il resta dans une ombre relative, puis son influence alla grandissant. Il devint un des écrits les plus importants de la pensée juive, l’expression des courants les plus profonds de l’histoire du judaïsme. Non seulement il fut l’expression de la pensée et des sentiments de la communauté juive, mais il servit de base à quelques-uns des événements sociaux les plus lourds de conséquences pour les Juifs d’Europe orientale.

[...] le Zohar présente ses enseignements religieux dans les termes du langage intime propre aux relations familiales et sexuelles. Scholem oppose le kabbalisme d’Abulafia à la Kabbale telle que le Zohar la présente ; celui-là, déclare-t-il, est plus aristocratique, celle-ci plus proche des émotions et des craintes habituelles du peuple, donc plus représentative de ce dernier.

En plus de l’importance singulière qu’il donne aux relations sexuelles et familiales, le Zohar partage avec les écrits psychanalytiques de Freud les caractéristiques suivantes : des considérations sur l’antisémitisme ; une conception de l’homme comme être bisexuel, une théorie du développement socio-sexuel ; et, peut-être la plus importante de toutes, un choix de techniques pour interpréter les productions du langage.

Auteur: Bakan David

Info: "Freud et la tradition mystique juive", traduit de l’anglais par P. Osuky et E. Risler, Payot, 1977, pages 81-82

[ historique ] [ psychanalyse ] [ liens ] [ rapprochements ]

 
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progrès

Claude Lévi-Strauss identifiait trois humanismes en conclusion à ses analyses des rapports entre les sciences et les sciences sociales. Pour Lévi-Strauss, ces trois humanismes ont toujours été anthropologiques. L'humanisme de la Renaissance, ancrée dans la redécouverte des textes de l'Antiquité classique, l'humanisme exotique, associé à la connaissance des cultures de l'Orient et de l'Extrême-Orient, et finalement l'humanisme démocratique, celui de l'anthropologue qui fait appel, dans ses analyses, à la totalité des activités des sociétés humaines... Ces trois humanismes sont aussi des évolutions politiques : le premier, aristocratique, car restreint à un petit nombre privilégié, le second, bourgeois, car il accompagne le développement industriel de l'Occident, et le troisième, démocratique, car il n'exclut aucune personne, aucune culture et surtout, aucun fait ou geste humains.
(...)
Le numérique peut être considéré comme un quatrième humanisme, car il modifie nos rapports avec l'héritage des trois premiers en introduisant de nouvelles perspectives politiques. L'humanisme numérique est le résultat d'une convergence inédite entre notre héritage culturel complexe et une technique devenue un lieu de sociabilité sans précédent. Une convergence qui, au lieu de tout simplement renouer l'antique et l'actuel, redistribue les concepts, les catégories, et les objets, tout comme les comportements et les pratiques qui leur sont associés, dans un environnement nouveau. L'humanisme numérique est l'affirmation que la technique actuelle, dans sa dimension globale, est une culture, dans le sens où elle met en place un nouveau contexte, à l'échelle mondiale.

Auteur: Milad Doueihi

Info: Article de juin 2013 sur le site InaGlobal, La Revue des industries créatives et des médias.

[ historique ] [ vingt-et-unième siècle ]

 

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gematria

Robert Stratton alla étudier la nomenclature au Trinitiy collège de Cambridge. Là-bas il éplucha les textes kabbalistiques écrits des siècles plus tôt, à l'époque où ceux qui deviendraient des nomenclateurs étaient encore appelés des ba'alei et les automates des golems, des textes qui jetaient les bases de la science des noms : le Sefer Yetsirah, le Sodet Razayya d'Eléazar de Worms, le Hayyei ha-Olam ha-Ba d'Abulafia. Puis il disséqua les traités alchimiques qui placaient les techniques de manipulation alphabétique dans un contexte philosophique plus étendu : Ars Magna de Llull, De Occulta Philosophia d'Agrippa et Monas Hieroglyphyca de Dee.

Il appris que chaque nom était une combinaison de plusieurs épithètes, chacune désignant une capacité particulière. Les épithètes étaient créées par compilation de tous les termes décrivant le trait désiré : mots apparentés et étymons, de langues tant vivantes que mortes. Remplacer et permuter les lettre de façons sélective permettait de distiller à partir de ces mots leur essence commune, l'épithète de cette caractéristique. En certains cas les épithètes étaient utilisés comme base d'une triangulation à partir de laquelle étaient forgés des termes servant à qualifier des caracttéristique que ne définissait aucun langage. Le processus reposait sur l'intuition autant que sur les fornules ; la capacuté de choisir les meilleures permutations de lettres relevait d'un art que personne n'aurait pu enseigner.

Il se familiarisa avec les techniques modernes d'intégration et de factorisation nominale (...)

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone. "Soixante-douze lettres", pp 222, 223

[ guématrie ] [ numération hébraïque ] [ alphanumérique ] [ gématrie ]

 
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nosologie psychologique

Comment se présente la maladie créatrice ? Souvent comme une névrose banale, qualifiée de "neurasthénie" ou de tout autre diagnostic conforme aux théories psychiatriques du jour. On observe des symptômes de dépression, d'épuisement, d'irritabilité, de l'insomnie, des maux de tête, des névralgies. Plus rarement, la maladie créatrice prend l'allure d'une psychose plus ou moins grave, ou encore revêt le caractère d'une maladie psychosomatique. Dans tous les cas, cependant, elle se distingue par quelques traits caractéristiques. Généra­lement, le début succède à une période de travail intellectuel intense, à de longues réflexions, à des méditations, peut-être encore à un travail plus technique tel que la recherche et l'accumulation du matériel intellectuel.

Pendant la maladie, le sujet est généralement obsédé par une préoccupation dominante qu'il laisse parfois apparaître mais cache souvent. Il est préoccupé par la recherche d'une chose, d'une idée qui lui importe par-dessus tout et qu'il ne perd jamais complètement de vue.

La terminaison est vécue non seulement comme libération d'une longue période de souffrances, mais comme une illumination. L'esprit du sujet est alors envahi par une idée nouvelle qui lui apparaît comme une révélation ou un ensemble de révélations. La guérison est souvent brusque, à tel point que le sujet peut en donner la date exacte. Elle est généralement suivie d'un sentiment d'exaltation, d'euphorie et d'enthousiasme si intenses que le sujet peut arriver à se sentir dédommagé d'un seul coup de toutes ses souffrances passées.

Auteur: Ellenberger Henry F.

Info: Traité d'anthropologie médicale

[ autoguérison spontanée ] [ obsession ]

 

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