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accouchement

A l'aube d'un matin brumeux d'automne, le travail de Miriam commença. Elle crut d'abord que c'était le rauque appel des corbeaux qui l'avait réveillée. Puis quelque chose se tordit, roula dans son ventre tendu et elle se mit à crier. Fanny vint en courant et Eugene envoya Blaise chercher le médecin. C'était commencé. A mesure que le soleil ayant crevé le brouillard escaladait le ciel, la douleur monta avec lui. Elle venait en spirales ascendantes puis se brisait. Les spirales montaient de plus en plus vite, de plus en plus serrées. A la descente, le rythme ralentissait, elle apercevait des bandes jaunes de soleil sur le plafond et son propre bras faiblement étendu sur le drap. Puis la douleur montait de nouveau et le monde entier se réduisait au creux de son ventre dans lequel la bataille se déroulait. A la retombée de la vague, elle se vit telle qu'on la voyait : une pauvre chose honteuse - non, avant tout, elle ne devait pas perdre sa dignité, ses cris ne devaient pas résonner à travers toute la maison ni franchir la fenêtre. Elle fourra son poing dans la bouche - je ne hurlerai pas, je ne hurlerai pas, je ne hurlerai pas. Je vais tenir.

Auteur: Plain Belva

Info: Comme un feu secret

 

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multitude aérienne

Très tôt, avant même que pointe le jour, une foule enjouée et variée d’aérophiles venus pique-niquer n’avait cessé d’affluer, et ce ballet incessant avait duré jusque bien après le coucher du soleil, s’éternisant au cours de cette soirée d’été du Midwest dont ils ne percevaient guère la mélancolie, trop occupés qu’ils étaient pour la plupart, leurs ailes à la fois immobiles et palpitantes, des ailes pareilles à celles des chauve-souris, des mouettes et des albatros, des ailes faites avec la peau de veau tannée des bambous, des ailes décorées laborieusement de plumes en celluloïd, dans un vaste scintillement céleste ils arrivaient, avec à leur bord des aviateurs de tous acabits, depuis le sceptique de laboratoire jusqu’à l’ascentionniste en quête christique, souvent accompagnés d’aéro-chiens, qui avaient appris à se tenir tranquilles, à l’abri dans les tableaux de bord et aboyant s’ils remarquaient un détail qui avait échappé à l’attention du pilote – on pouvait néanmoins en distinguer d’autres sur les plats-bords et les passerelles hautes, leurs têtes tendues dans le courant atmosphérique, leurs traits empreints d’une expression de félicité absolue. Les aéronautes se saluaient de temps en temps en usant de porte-voix, et le soir retentit bientôt, telles les rues bordées d’arbres de la ville proche, de leurs plaisanteries aéronavales.

Auteur: Pynchon Thomas

Info: Contre-jour

[ encombrement ] [ avions ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gouvernants

Plus s’est élargi le cercle où se recrutaient les hommes politiques et les fonctionnaires de toute sorte, plus leur niveau intellectuel semble avoir baissé. Cette détérioration du personnel gouvernemental a été plus fréquente et plus frappante encore au point de vue moral. Au lieu d’aller toujours en se purifiant, la politique a de nouveau tendu à se corrompre, à s’avilir, à souiller les mains qui y prennent part et les hommes qui en vivent. Les luttes en sont devenues trop âpres et trop grossières pour ne point répugner par leurs violences ou leurs artifices aux natures les plus élevées ou les plus droites. Loin de s’y sentir de plus en plus attirée, l’élite de la nation, chez plus d’un peuple déjà, tend manifestement à s’en écarter. La politique devient peu à peu un métier sur lequel se rejettent les hommes qui n’ont pas de quoi réussir dans les autres, ou les aventuriers qui veulent faire une fortune rapide. C’est une industrie où, pour prospérer, il faut moins d’intelligence ou de connaissances que d’intrigue et d’audace. Aussi de toutes les carrières est-ce déjà, en certains états, l’une des plus décriées. Pour la plupart de ceux qui s’y livrent, la politique n’est que l’art de faire ses affaires aux dépens du public.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les mécomptes du libéralisme, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 69, 1885

[ médiocrité ] [ critique ] [ opportunisme ] [ décadence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

autiste savant

Charles Dirac venait de Saint-Maurice en Suisse. Avec ses enfants ils étaient officiellement ressortissants helvètes jusqu'à leur naturalisation en 1919. Le père de Dirac était strict et autoritaire, tout en désapprouvant les châtiments corporels. Paul Dirac avait une relation tendue avec son père, à tel point qu'après sa mort il écrira : "Je me sens beaucoup plus libre maintenant, me voilà mon propre maitre". Charles obligeait ses enfants à lui parler uniquement en français pour apprendre la langue. Lorsque Dirac se rendit compte qu'il ne pouvait  exprimer ce qu'il voulait dire en français, il décida  de se taire.

Une connaissance, physicien de profession, m'a conté une parmi les nombreuses anecdotes à son sujet.

Un jour, désespéré de n'avoir pu résoudre une question mathématique, un des étudiants de Dirac se suicida. Ce dernier vint aux obsèques et prononça une courte allocution.  Au cours de laquelle il commentera : "Cette équation n'était pourtant pas très difficile".  

Considéré comme un des grands mathématiciens du vingtième siècle, Dirac, diagnostiqué a posteriori par certains comme atteint du syndrome Asperger, se coupait systématiquement de ses amis. Albert Einstein écrivit à son propos : "J'ai des problèmes avec Dirac. Cet équilibre sur le chemin vertigineux entre le génie et la folie est horrible."

Auteur: Internet

Info: Traduit/compilé par MG

[ personnage ] [ éléments biographiques ] [ insensibilité ] [ indifférence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

apparences

Je suis toujours très frappée, lorsque je vais à l'une des grandes manifestations mondaines de mon métier, de lire tant de terreur dans les yeux des femmes - de presque toutes les femmes, jeunes et moins jeunes. Derrière le maquillage, les bijoux, les coiffures impeccables, ces faciès tendus, bridés, ces yeux un peu fixes et durs, tous ces muscles bandés, jusqu'aux fessiers, afin de tendre la peau et éviter que quelque chose ne s'affaisse par inadvertance. Ce qui-vive permanent, ce contrôle ardu de son image n'aident pas, certes, à la souplesse des expressions et à la spontanéité des sourires... Il y a quelque chose de tragique, d'infiniment triste dans cette peur au fond des yeux. Et je ne ris pas, non, car je tremble qu'on ne lise la même peur dans les miens - je la vois si mal cachée derrière une apparente désinvolture. On veut se croire plus fort, mais nul n'est à l'abri. Il faut un tempérament de révolutionnaire pour rejeter sans hésiter cette dictature de l'image, de la jeunesse à conserver à tout prix. Je ne connais guère que Simone Signoret qui ait proclamé que jamais elle ne se ferait arranger la gueule - j'emploie ces mots car ils me furent dits par elle et je les entendis de mes propres oreilles - et qui ait tenu parole.

Auteur: Duperey Anny

Info: Les chats de hasard

[ femmes-par-femmes ]

 
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judéo-christianisme

A chaque fois que les Hébreux sympathisent avec d'autres nations au point de se mêler à leur vie religieuse (la vie sociale étant inséparable de la vie cultuelle), Yahvé les punira, et il le fera en envoyant contre eux, précisément, d'autres nations. La main tendue par autrui est un piège mortel. Celui dont tu cherches l'amitié est ton pire ennemi. Ce principe inscrit dans l'idéologie yahviste enferme le peuple juif dans un cercle cognitif vicieux, les empêchant de tirer la seule leçon sensée de leur expérience : que les échanges favorisent la bonne entente des peuples. [...] Selon la Bible, le peuple élu n'a d'obligation qu'envers Yahvé, jamais envers ses voisins. [...] Depuis deux mille ans, les Juifs se voient constamment rappelés par leurs élites que les persécutions dont ils sont victimes sont le résultat, non pas de leur comportement blessant à l'égard des Gentils, mais au contraire de leurs efforts pour vivre avec eux en bonne entente, efforts assimilés à une infidélité envers Dieu ou envers leur destin de “peuple séparé”. Le peuple se rebelle parfois contre cette logique catastrophique [... et le] rapport de force entre une élite légiférant au nom de Dieu et un peuple perpétuellement rebelle est bien la tension fondamentale de l'histoire juive, car elle est au coeur de la mémoire juive conservée dans la Bible.

Auteur: Guyénot Laurent

Info: Du Yahvisme au Sionisme, p. 64-65

[ élitisme ]

 

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harmonie cosmique

Il était allé un jour dans la montagne, c’était une journée claire, ensoleillée. Il avait rôdé pendant longtemps, tourmenté par une pensée qui n’arrivait pas à prendre forme. Il voyait devant lui un ciel éclatant, un lac tout en bas, et tout autour un horizon clair, sans limite. Il avait contemplé tout cela avec souffrance. Il se rappela maintenant comment il avait tendu ses mains en pleurant vers ces espaces azurés. Il se tourmentait de se sentir étranger à tout cela. Qu’était-ce donc que ce festin, immense et éternel, qui ne se termine jamais, et vers lequel il se sentait attiré depuis son enfance, sans réussir à y prendre part : chaque matin, on voit se lever un soleil tout aussi éblouissant ; chaque matin, on aperçoit un arc-en-ciel au-dessus de la chute d’eau ; chaque soir, une montagne, la plus haute de toutes, couverte de neige, située très loin, là-bas, aux confins du ciel et de la terre, prend des reflets pourpres ; chaque "mouche qui bourdonne autour de lui dans un chaud rayon de soleil prend part à ce chœur, connaît sa place, l’aime et se sent heureuse". Chaque brin d’herbe pousse et trouve son bonheur. Et tous, tous connaissent leur chemin, tous viennent et repartent en chantant. Lui seul ne sait rien, ne comprend rien, ni aux hommes, ni aux sons, étranger pour tous, pauvre avorton qu’il est !

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 346

[ ordre naturel ] [ exclusion ] [ souffrance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

chasseur

Les mains serrées sur son épais gourdin, Dakil tendit l'oreille. Le bruit sourd d'un galop résonnait dans le sous-bois. On ne discernait rien encore au travers des fourrés. Pourtant, le chemin était tout proche. À un jet de salive, au plus. Mais Dakil avait bien choisi son poste d'observation. Personne ne pourrait le voir : il s'était accroupi derrière un buisson épineux, petits yeux noirs brillant d'excitation, nez pointu reniflant l'air par brèves inspirations fureteuses. Le voyageur se rapprochait, le sol vibrait déjà sous le poids de sa monture. Dakil sourit, dévoilant ses dents pointues et mal plantées. Il entrevoyait, de sa place, la corde qu'il avait tendue au milieu du sentier, et qui allait faire voltiger dans les airs l'innocent pèlerin qui venait droit vers lui à grande chevauchée ! Le cheval allait d'une enjambée rapide, régulière. Belle prise en perspective ! Sans nul doute, un fringant destrier, monté par un chevalier cousu d'or ! Dakil plissa un peu plus ses yeux ronds, riant tout seul en imaginant la surprise de celui qui allait s'étaler de tout son long, le nez dans la poussière, avant de se faire estourbir d'un coup de bâton en pleine tête ! D'enthousiasme, il ôta son bonnet, le pétrit entre ses doigts, le remit, l'enfonça au ras de ses sourcils broussailleux, ce qui fit ressortir un peu plus ses oreilles pointues.

Auteur: Roger Marie-Sabine

Info: Dakil, le Magnifique

[ affût ] [ plaisir ] [ aux aguets ]

 

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écrivain-sur-écrivain

Je ne voudrais pas établir de rapprochement entre l'auteur d'Ironie sanglante et ce comte de Lautréamont (Ducasse) dont l'éditeur de Rachilde vient justement de remettre au jour les extraordinaires Chants de Maldoror. D'analogie, il n'en est point, à part peut-être la communauté d'Injustice qui les voue à d'immérités silences. Je signale simplement le fait de ce tumultueux et imprécatoire rhéteur, de ce musicien des grandes orgues littéraires, de cet infant de lettres qui mourut sans avoir régné et probablement ne sera reconnu Prince spirituel que par un très petit nombre de ses pairs. Ce lyrique blasphémateur, qui attisa le plus virulent satanisme sur les grils de ses prosopopées, ce nébuleux et outré négateur des morales et des cultes professés, aux métaphores tendues comme des balistes ou giroyantes comme des catapultes, ce vociférateur des litanies du Péché et de la Damnation, créateur d'un antiphonaire sabbatique s'égalant aux pires rituels du Diabolisme, perturba tellement l'inepte critiquaille contemporaine qu'à part deux ou trois hauts esprits, nul ne se sentit assez sûr de ses propres lumières pour plonger dans ces gouffres d'incohérences et de ténèbres où, par moment, clame une voix merveilleusement musicale. La plénipotentiaire sottise s'effara d'un livre dont il eût fallu chercher la clef dans les effrois du moyen âge et qui, sur le crépusculaire marécage des actuels détritus littéraires, projette les noires coruscations d'un inquiétant bolide. 


Auteur: Lemonnier Camille

Info: In : Préface de La Sanglante Ironie de Rachilde *recueil liturgique canonique

[ éloge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anonymat

Durant ces dernières années, elle avait fini par comprendre qu'il suffisait tout simplement d'être une femme d'âge mûr, sans signes particuliers, pour devenir invisible. Et pas seulement pour les hommes. Pour les femmes aussi, car elles ne la soupçonnaient plus de vouloir participer à une quelconque compétition. Une impression inédite, surprenante - elle sentait le regard des autres glisser sur son visage, sur ses joues, sur son nez, sans même les frôler. Ces regards traversaient son corps, et sans doute les gens voyaient-ils à travers lui les affiches publicitaires, le paysage, les horaires des bus. Oh oui, elle avait tout l'air d'être devenue transparente. Et elle songea que cela lui ouvrait d'énormes possibilités dont elle apprenait seulement à tirer parti. Par exemple, dans une situation dramatique, personne ne se souviendrait d'elle; les témoins déclareraient seulement : 'une femme...' ou 'il y avait encore quelqu'un d'autre qui était là...'. Les hommes, sur ce point, sont plus rigoureux que les femmes, ils ne se donnent pas la peine de faire semblant, leur regard ne se pose jamais sur elle plus longtemps qu'une seconde; les femmes, elles, fixeront quelquefois leur attention sur un détail, par exemple sur une jolie paire de boucles d'oreille. Seul un enfant, pour des raisons connues de lui seul, plantera parfois ses yeux dans les siens, pour étudier son visage en détail, impassiblement, puis détournera sa tête tendue vers l'avenir."

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Les Pérégrins

[ banalité ]

 

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