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habitude

Tous les rituels possèdent en commun une caractéristique fondamentale : ils augmentent la tolérance à la dissonance cognitive. Ceux qui participent à un rituel deviennent capables de combiner des attentes irréalistes avec une réalité indésirable. Un exemple : les élèves qui, régulièrement et pendant longtemps, participent au rituel de l’institution scolaire sont à même d’accepter le mythe selon lequel la nation fournirait des chances égales à tous les citoyens, alors même qu’ils apprennent simultanément à reconnaître à tout instant à quelle classe sociale précise ils appartiennent. Plus une société compte d’écoles, plus il y a de gens qui, d’une manière ou d’une autre, en viennent à croire au progrès de tout le monde, alors même qu’on a pu montrer que la principale production de l’école est celle d’une hiérarchie de recalés. De la même façon, les rituels de la médecine font croire aux gens que les traitements qu’ils subissent feront du bien à leur santé, alors même que leur résultat le plus clair est de les priver de la volonté d’exercer un contrôle sur leurs conditions de travail et d’habitat.

Auteur: Illich Ivan

Info: Némésis médicale, l'expropriation de la santé, 1975

[ conditionnement ] [ pensée réflexe ] [ filtre idéologique ] [ pouvoir sémantique ] [ itération ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

superstitions

Remettre en cause les croyances d'une personne, c'est remettre en cause sa dignité, son standing et son pouvoir. Et lorsque ces croyances ne reposent que sur la foi, elles sont chroniquement fragiles. Personne ne s'offusque de la croyance que les pierres tombent vers le bas plutôt que vers le haut, parce que toute personne saines d'esprit peut le voir de ses propres yeux. Il n'en va pas de même pour la croyance que les bébés naissent avec le péché originel, que Dieu se décompose en trois entités ou qu'Ali est le deuxième homme le plus divinement inspiré après Mahomet. Lorsque les gens organisent leur vie autour de ces croyances, et qu'ils réalisent ensuite que d'autres personnes semblent très bien s'en passer - ou pire, qu'elles les réfutent de manière crédible - ils risquent de passer pour des idiots. Puisqu'on ne peut pas défendre une croyance basée sur la foi en persuadant les sceptiques qu'elle est vraie, les fidèles sont susceptibles de réagir à cette incrédulité avec rage, et peuvent essayer d'éliminer cet affront à tout ce qui donne un sens à leur vie.

Auteur: Pinker Steven

Info: The Better Angels of Our Nature: Why Violence Has Declined

[ religions réconforts ] [ tolérance ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

spiritualité

J'ai souvent eu le sentiment que le judaïsme porte, en ses langages, quelque chose qui résonne avec cette idée. L'identité juive repose elle aussi sur une vacance. Tout d'abord parce qu'elle n'est pas prosélyte et ne cherche pas à convaincre l'autre qu'elle détient l'unique vérité. Ensuite, parce qu'elle peine à formuler ce qui la fonde. Nul ne sait vraiment ce qui fait un juif et encore moins un "bon juif". Est-ce une origine, une pratique, une croyance, une tradition culinaire ? L'identité juive est toujours au-delà de ce qu'on pourrait en dire, et ne se laisse jamais emmurer dans une définition unique qui réduirait ses possibles.

Pour le dire autrement : "le" judaïsme est toujours plus grand que le "mien". Il préserve un espace libre pour une autre conception que la mienne, et donc une transcendance infinie : celle de la définition qu'en donnera un autre.

Le judaïsme garantit en son sein la place d'Elsa (Cayat) et la mienne, celle d'une juive non croyante et celle d'un rabbin, sans qu'aune de nous puisse se revendiquer plus légitime. Aucune ne peut s'affirmer "plus" ou "meilleure" juive que l'autre. 

Auteur: Horvilleur Delphine

Info: Vivre avec nos morts, p 30

[ judéité ] [ ouverture ] [ tolérance ]

 
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hypocrisie sociétale

[...] l’idéologie de la compassion est en elle-même l’une des influences principales qui subvertissent la vie civique, car celle-ci dépend moins de la compassion que du respect mutuel. Une compassion mal placée dégrade aussi bien les victimes, réduites à n’être que des objets de pitié, que ceux qui voudraient se faire leurs bienfaiteurs et qui trouvent plus facile d’avoir pitié de leurs concitoyens que de leur appliquer des normes impersonnelles qui donneraient droit au respect à ceux qui les atteignent. Nous avons pitié de ceux qui souffrent, et surtout de ceux qui souffrent de manière bien visible ; mais nous réservons notre respect à ceux qui refusent d’exploiter leur souffrance à des fins de pitié. [...]
La compassion est devenue le visage humain du mépris. Autrefois, la démocratie sous-entendait l’opposition à toutes les formes de normes inégales. Aujourd’hui, nous acceptons les normes inégales — comme toujours, elles anticipent la citoyenneté à deux vitesse — au nom du souci humanitaire. [...]
De nos jours, il y a plus de chances pour que la démocratie meure d’indifférence que d’intolérance. La tolérance et la compréhension sont des vertus importantes, mais elles ne doivent pas devenir un prétexte pour l’apathie.

Auteur: Lasch Christopher

Info: La Révolte des élites et la trahison de la démocratie (1994), trad. Christian Fournier, éd. Flammarion, coll. "Champs Essais", 2009

[ désistement politique ] [ responsabilisation citoyenne ] [ émollience sociale ]

 
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roman

Peu à peu, Fédor Mikhaïlovitch consentit à nous parler de sa vie en Sibérie et des mœurs des réprouvés, ses compagnons de bagne. La plupart de ces récits furent inclus ensuite dans les Souvenirs de la maison morte. Ce livre, d’ailleurs, parut dans des circonstances opportunes.

L’esprit de tolérance soufflait sur le pays et pénétrait jusqu’à la censure. Des ouvrages virent le jour dont, peu de temps avant, la publication paraissait impensable. Certes, la censure fut quelque peu troublée par ce livre sans précédent, tout entier consacré à illustrer des vies de forçats, par le fond noir des récits dont les héros étaient d’effroyables criminels et enfin par le fait que l’auteur lui-même était un ancien prisonnier politique, à peine revenu à la vie normale. Cependant, rien ne put détourner Dostoïevski de rapporter exactement ce qu’il avait connu. Aussi les Souvenirs de la maison morte bouleversèrent-ils l’opinion ; leur auteur apparut comme un autre Dante. L’enfer où il était descendu fut d’autant plus terrifiant pour le public que, loin d’être le fruit de l’imagination du poète, il appartenait incontestablement au monde de la réalité. Cependant, sur les instances de la censure, Dostoïevski supprima l’épisode des Polonais déportés et des détenus politiques.

Auteur: Milioukov Alexandre

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 67

[ contexte ] [ réception ] [ circonstances ]

 

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oecuménisme

Un jour, elle avait lu sur le journal mural un article de lui où il disait que la morale sans la foi valait mieux que la foi sans la morale......
Je prie, je jeûne, j’accomplis toutes les obligations, mais je crois que la religion véritable, c’est ce que l’on fait et pas ce que l’on croit. La religion n’est pas un but en soi mais elle est un moyen de nous enseigner la vertu. Dieu, qu’il soit glorifié et exalté, n’a pas besoin de notre prière et de notre jeûne. Nous prions et nous jeûnons pour notre propre éducation. L’islam n’est pas quelque chose de formel et de rituel, comme le croient les salafistes, et ce n’est pas non plus un moyen de s’emparer du pouvoir, comme le croient les frères. Si l’islam ne nous rend pas plus humains, il ne sert à rien, et nous non plus.
Elle le regarda sans lui répondre et il poursuivit avec enthousiasme :
-Pourquoi apprenons-nous la médecine ? C’est pour soigner les gens. Donc les études n’ont pas de valeur si l’on n’exerce pas la médecine. Avec la même logique, la religion est un entraînement à faire le bien. Il ne sert à rien de la pratiquer si cela ne se reflète pas sur notre morale.

Auteur: El Aswany Alaa

Info: J'ai couru vers le Nil

[ tolérance ]

 

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outil casuistique

Ils nous font souvent esquisser un sourire, ces initiés, qui ont eu accès à la mémoire globale, ont touché à la grande non discrimination, rencontré des extraterrestres (ou autres aventures) et qui ont donc compris bien plus que la moyenne.

Parce que de ce que nous pouvons voir de notre petite réalité les stimuli cognitifs et autres paramètres sont si nombreux, ambivalents et souvent paradoxaux, qu'une simple augmentation de leur nombre ne parait pas - particulièrement dans notre monde rationaliste - apporter plus de tolérance et d'élévation. En espérant nous tromper.

En réalité ces gourous (spirituels, astraux, channellés, clairvoyants, etc) sont suivis, et éventuellement crus, dans la mesure où ils sont de bon conteurs, cohérents, avec un minimum d'aplomb et de charisme. A les écouter, ce que nous faisons de manière ponctuelle sur youtube - car il y a à prendre, partout - nous ne les dénigrons, ni ne les croyons plus que ça. Plus ça va plus le "Tout est à l'intérieur de tout, et inversement" nous semble convenir. Ou, en mieux, cette opinion de John Lilly.

En ce sens, chaque formulation linguistique peut être comprise, appréhendée... et classifiée. C'est ce que nous tentons de faire avec FLP. Conserver l'ouverture la plus grande possible tant que le langage, utilisé de manière correcte et/ou intéressante, projette des concepts articulés, compréhensibles, amusants...

Ou autres.

Auteur: Mg

Info: 1 mars 2020

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ charlatans ] [ embobineurs ]

 

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nature

(...) il existe, à l'égard de l'animal, ce que l'on peut nommer une "éthique en cercles concentriques", axée sur l'homme, et organisée en couronnes successives correspondant à des obligations morales de degrés décroissants. (...) En s'éloignant du centre, les cercles d'attention se transforment en cercles de désintérêt, puis de répulsion. Le sentiment d'obligation morale s'amenuise peu à peu : il se traduit notamment dans la distinction arbitraire établie entre animaux dits "supérieurs" et animaux "inférieurs", entre animaux dits "méchants" ou "gentils", "beaux" ou "laids", ou "sales", "nuisibles" ou "utiles". (...) Les animaux passent ainsi du statut d'être vivant sensible, proche, digne de compassion, d'assistance, de respect, à celui d'objet, voire à celui d'ennemi.
Cette éthique en quelque sorte sélective et manquant de rationalité conduit à des attitudes paradoxales et presque incohérentes. Tel homme qui combattra la consommation de la viande de cheval ("Moi j'aime les chevaux, j'en mange pas !"), pourra aller se délecter d'une tranche de gigot d'agneau après avoir distribué ses tracts militants. Tel autre, qui ne supporte pas que l'on bouscule son chien qu'il aime, ira à coups de fusil tuer des oiseaux en plein vol, ou farcir un lièvre de plomb. Tel autre est révolté par l'expérimentation conduite sur un chat, ou un singe, mais reste indifférent au sort de dizaines de millions de souris et de rats.
C'est précisément à cette éthique sélective et irrationnelle que s'opposent les "droits" de l'animal, dont le respect conduit l'homme à manifester à l'égard des autres animaux empathie, compréhension, ou au moins tolérance, et à bannir toute contrainte, toute violence et toute cruauté.

Auteur: Coulon Jean-Marie

Info: Les droits de l'animal

[ anthropocentrisme ] [ végétarien ]

 

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beaux-arts

Même si tous les historiens de l'art ne sont pas d'accord, on peut voir dans le regard de Lautrec une grande empathie pour les prostituées. Il ne s'intéresse pas seulement aux corps nus et suggestifs, mais montre surtout les moments de vie entre filles, quand le client n'est pas là. On les voit manger ensemble au réfectoire, discuter tranquillement entre elles, faire une partie de cartes. D'un côté, les corps au travail, jouant leur rôle de séduction, de l'autre des corps au repos, relâchés ou en train de se préparer pour l'arrivée du client. L'atmosphère est souvent tranquille et douce, parfois morose et lugubre. L'artiste était un habitué de quelques maisons closes dans le quartier de l'Opéra, celle de la rue des Moulins en particulier, et on sait qu'il était autorisé à faire partie du quotidien des filles.
D'autres peintres, comme Munch ou Picasso dans certaines toiles, ont ce même regard empathique. Dans Mélancolie ou La femme au fichu, Picasso représente une prostituée de la prison Saint-Lazare (que l'on reconnaît au bonnet qu'elle porte) et nous fait sentir toute la solitude de la jeune femme aux traits émaciés, au corps recroquevillé sur lui-même. Munch quant à lui, dans Noël au bordel, propose la vision étonnante d'une maison de tolérance à l'atmosphère presque familiale et douillette, avec le sapin en arrière-plan et cette femme qui lit, une cigarette à la main. Dans L'Allée, il donne à voir une très jeune fille, dont le corps nu est livré en pâture à ces bourgeois habillés et portant haut-de-forme qui l'entourent - comme si l'aisance matérielle leur donnait le droit d'en détourner la vertu.

Auteur: Pludermacher Isolde

Info: Entretien, in l'Objet d'Art hors-série 91, Splendeurs et misères, images de la prostitution, 1850-1910, de L'Objet d'Art

[ art pictural ] [ chair-esprit ]

 

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sécularisation

Le xvie siècle fut un équinoxe historique, où l’Idéal bafoué par les giboulées du sensualisme s’abattit enfin, racines en l’air. Le spirituel christianisme, sabordé dans ses méninges, saigné au tronc des carotides, vidé de sa plus intime substance, ne mourut pas, hélas ! Il devint idiot et déliquescent dans sa gloire percée.

Ce fut une convulsion terrible pendant cent ans, accompagnée d’un infiniment inutile et lamentable rappel des âmes. Notre circulante sphère parut rouler au travers des autres planètes comme un arrosoir de sang. Mais le martyre même ayant perdu sa vertu, la vieille bourbe originelle fut réintégrée triomphalement, toutes les portes des étables furent arrachées de leurs gonds et l’universelle porcherie moderne commença son bréneux exode.

Le christianisme, qui n’avait su ni vaincre ni mourir, fit alors comme tous les conquis. Il reçut la loi et paya l’impôt. Pour subsister, il se fit agréable, huileux et tiède. Silencieusement, il se coula par le trou des serrures, s’infiltra dans les boiseries, obtint d’être utilisé comme essence onctueuse pour donner du jeu aux institutions et devint ainsi un condiment subalterne, que tout cuisinier politique put employer ou rejeter à sa convenance. On eut le spectacle inattendu et délicieux, d’un christianisme converti à l’idolâtrie païenne, esclave respectueux des conculcateurs du Pauvre, et souriant acolyte des phallophores.

Miraculeusement édulcoré, l’ascétisme ancien s’assimila tous les sucres et tous les onguents pour se faire pardonner de ne pas être précisément la volupté, et devint, dans une religion de tolérance, cette chose plausible qu’on pourrait nommer le catinisme de la piété. Saint François de Sales apparut, en ces temps-là, juste au bon moment, pour tout enduire. De la tête aux pieds, l’Église fut collée de son miel, aromatisée de ses séraphiques pommades. La Société de Jésus, épuisée de ses trois ou quatre premiers grands hommes et ne donnant déjà plus qu’une vomitive resucée de ses apostoliques débuts, accueillit avec joie cette parfumerie théologique, où la gloire de Dieu, définitivement, s’achalanda. Les bouquets spirituels du prince de Genève furent offerts par de caressantes mains sacerdotales aux explorateurs du Tendre, qui dilatèrent aussitôt leur géographie pour y faire entrer un aussi charmant catholicisme… Et l’héroïque Moyen Âge fut enterré à dix mille pieds !…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 226-228

[ décadence ] [ religion traîtresse ]

 

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