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végétal

Comme jadis elles avaient recruté le soleil pour se nourrir, les plantes utilisèrent enfin la nuit pour se donner à elles-mêmes leur joie dans la rosée qu'elles produisent en la transpirant aux heures où l'ombre est la plus profonde. Leur sexe alors est leur odeur.

Auteur: Quignard Pascal

Info: L'Origine de la danse

[ littérature ]

 

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création

J’étais là, immobile, silencieux, transpirant, le regardant dans les yeux lorsqu’il lui arrivait de dire : "Hé, regarde-moi" ou : "Ne bouge pas !" ou : "Montre-toi !". Et par moments la situation semblait devenir tout à fait irréelle. Le portrait en tant que portrait n’avait plus aucune signification. Même en tant que peinture, il ne semblait pas signifier grand-chose. Ce qui signifiait quelque chose, ce qui seul avait sa vie propre, c’était l’inlassable, l’interminable lutte d’Alberto pour exprimer en termes visuels, via l’acte de peindre, une perception de la réalité qui se trouvait coïncider momentanément avec ma tête.

Auteur: Lord James

Info: Un portrait par Giacometti

[ capture ] [ contingence ] [ art pictural ] [ image ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

hommes-par-femmes

Si certaines femmes avaient tout de la narcissique frigide, de l'arriviste pratique, de la salope cartésienne, ce n'était pas son cas. Un homme ne représentait pas, à ses yeux, un tas de billets. Il ne servait pas à payer le loyer ou à acheter un pavillon. Elle n’était pas non plus une belle pour vieux, même s'ils l'appréciaient hautement ; elle aimait les hommes autant qu’elle les méprisait, leur virilité, leur sex - appeal transpirant de tous les pores de leur peau, leur belle gueule, leur beau corps svelte, l'air pas trop couillon avec un bel animal dans le caleçon !

Auteur: Guimard Elena pseudo

Info: Plus loin que le désir

[ objets ]

 

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bains publics

Dante et Lang, culs nus mais pas décoiffés de leur casque, avaient l'air comblé, ils suaient, se baignaient aux bassins de pierre, se livrant ensuite aux filets glacés suintant de ces moignons violets qui furent des pommes de douche, jetaient de temps en temps un coup d'oeil aux micros qu'ils avaient installés sur de mini-trépieds parmi le hamam, puis venaient se brancher sur un de leurs enregistreurs fourrés pour l'occasion dans des sacs plastiques, et alors transpirant les narines en alerte et la mine concentrée, les yeux mi-clos, ils souriaient enclins à tout, aux basses du dôme qu'ils buvaient insatiables, autant qu'aux plus infectieux frottis qu'offrait son service standard.

Auteur: Montavon Stéphane

Info:

[ preneurs de son ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

accroche

"LES TROUPES SOVIETIQUES FRANCHISSENT LA FRONTIERE TURQUE !... " Coup au cœur, arrêt de ma circulation : "Cette fois, ca y est ! La troisième guerre mondiale a commencé!" Négligeant les détonations incessantes de ciseau à froid des ouvriers municipaux, je me précipitai vers le kiosque à journaux et pus lire au-dessous du titre, en caractères minuscules : " Si des bases nucléaires américaines y sont installées!..." aurait déclaré à Moscou le maréchal Malinowski.

Coup au cœur pour rien. Il est à noter en passant que le même journal annonçait en seconde page, le début d'une grande enquête sur : Comment lutter contre les maladies cardiaques et nerveuses, malédiction de l'homme moderne. Je m'enfuis, les extrémités glacées et transpirantes, frémissant d'angoisse et de colère, l'odorat souillé d'odeurs abominables, l'ouïe retentissant du fracas des machines..

Auteur: Kassak Fred Pierre Humblot

Info: Une chaumière et un meurtre

[ putaclic ] [ astuce publicitaire ] [ à la une ] [ mensonge accrocheur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

imaginaire

Cette foule serait comme des chenilles qui foisonnent sur un pêcher ; comme un champ dense de cannes à sucre ; un banc de sardines ; une nuée d’insectes ; le lit asséché d’une rivière semé de galets multicolores… Non, ce qui lui ressemblerait le plus, ce sont les dessins clignotant que l’on voit derrière les paupières en serrant fort les yeux. Et chacun de ces points clignotants serait alors cet homme puant l’alcool aux incisives cassées qui remet sa casquette, cet ex-aviateur amputé des deux bras à la suite d’un accident, debout, l’air absent, qui fixe mastiquant son chewing-gum le profil de sa fille qui tient les manches vides du complet veston, cette femme aux longs orteils qui crie, sans savoir à qui, qu’on lui piétine son chapeau tout neuf, cet infirmier en uniforme bleu qui bourre de coton la bouche d’un malade et trinque à la bière avec son collègue, ce fou à lier qui saute à cloche-pied en transpirant, ce jeune garçon robuste avec dans son dos sa vieille mère qui a bandé d’un pansement ses paupières boursoufflées et pleines de pus, cet exhibitionniste qui montre son sexe à tout le monde, cette femme squelettique, ce vieillard à la jambe articulée, ce nourrisson qui agonise…

Auteur: Murakami Ryūnosuke

Info: La Guerre commence au-delà de la mer

[ personnages phosphènes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sexe

Quand Faria lui avait fait ses adieux, Vich était remonté et, à nouveau, l’avait prise. Quand il l’avait forcée à se redresser, fatiguée, elle avait protesté. Il lui avait serré les chevilles, l’avait pénétrée vivement : elle avait roulé sous lui, affalée, flic flac. Elle exsudait du vin aigre et, lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, la chambre empestait sa mauvaise odeur. Sa maîtresse commençait à l’irriter, avec cette façon qu’elle avait désormais de lui donner des conseils stupides d’un ton impérieux. Qu’avait-il besoin qu’elle lui apprît comment l’orateur de Ferdinand à Rome devait se comporter ! Les draps étaient maculés de son fard. Elle le dégoûtait.
En même temps, elle l’attirait. Les épais replis de sa chair l’enveloppaient. Il logea sa tête entre ses gros seins. Parfois, transpirant et trépignant entre ses cuisses, il se sentait sombrer comme dans un bain de gras. Dans le noir, ses mains étaient de doux coussinets de viande humaine terminés par des ongles de porcelaine. Il frissonna, pressa sa bouche contre elle afin de s’empêcher de hurler lorsqu'il fut au point culminant. Le plaisir de la femme se manifesta sous la forme de longs soupirs interrompus par de menus grognements et plaintes. De la chassie s’était accumulée sur ses cils. Une minuscule bille de salive gonfla et éclata à la commissure de ses lèvres. S’habillant déjà, il songea : elle suinte. Des jaunes délavés tachaient le ciel au levant, promesse d’une nouvelle journée de chaleur. Il referma doucement la porte derrière lui pour ne pas la réveiller.

Auteur: Norfolk Lawrence

Info: Le rhinocéros du pape

[ orgasme ] [ obèse ] [ pulsion ]

 

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humour

L'enfant précoce
Le petit Thomas demande à sa maîtresse s'il peut lui parler après le cours. Elle accepte
- Alors, que veux-tu me dire Thomas ?
- Je pense être trop intelligent pour rester dans cette classe, je m'embête ! Je voudrais passer directement au Lycée.
Sur ce, le directeur informé, demande à Thomas s'il veut bien passer des tests, Thomas accepte sans hésiter. Le directeur, décidé à faire fort pour clore l'entretien rapidement, commence le test.
- Voyons voir Thomas : 36 x 49 ?
- 1764 !...
- Et 363 x 363 ?
- 131769, M. le directeur...
- Capitale du Liechtenstein ?
- Vaduz !
Le test continue pendant une demi-heure, Thomas ne fait aucune erreur. A la fin du test, le directeur est satisfait mais la prof demande si elle peut à son tour lui poser des questions.
Tous les deux acceptent, la prof commence.
- Bon, ... Thomas, ... la vache elle en a 4 et moi j'en ai 2, qu'est-ce que c'est ?
- Les jambes, Madame !
- Correct. Qu'est-ce qu'on trouve dans tes pantalons et pas dans les miens ?
Le directeur s'étonne de la question...
- Des poches, Madame !
- Où est-ce que les femmes ont les poils les plus frisés ?
Le directeur se prépare à intervenir lorsque Thomas répond :
- En Afrique, Madame !
- Qu'est-ce qui est mou mais qui, avec les mains d'une femme, devient dur ?
Le directeur ouvre grands les yeux, mais avant qu'il ait eu le temps de parler Thomas répond :
- Le vernis à ongles, Madame !
- Qu'est-ce que les hommes et nous avons au milieu des jambes ?
- Les genoux, Madame !
- Bien, et qu'est-ce qu'une femme mariée a de plus large qu'une femme célibataire ?
Le directeur n'en croit pas ses oreilles.
- Le lit, Madame !
- Qu'elle est la partie de mon corps qui est souvent la plus humide ?
- Votre langue, Madame !
- Quel mot commençant par la lettre C... désigne quelque chose qui peut être humide ou sec et que les hommes aiment regarder ?
- Le ciel, affirme Thomas.
Le directeur soufflant, transpirant comme un sauvage, décide d'arrêter le test et s'exclame :
- Ce n'est pas au lycée que je vais t'envoyer mais directement à l'Université ! Même moi j'aurais tout raté à ce test...

Auteur: Internet

Info: Morale de l'histoire : c'est avec l'âge que l'on devient pervers...

[ jeu de mots ] [ sexe ] [ école ]

 

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pandémies

Trieste faisait alors partie de l’empire austro-hongrois. Avant la guerre, mon père vendait du beurre, du miel et du fromage blanc sur le marché de Ponterosso, avec son étal roulant exposé à tous les vents. Les jours de bora, il se protégeait avec un journal qu’il glissait sous sa veste. Mais au moment de l’épidémie, il n’était pas à la maison, mobilisé dans l’armée autrichienne, comme photographe de guerre.

Je n’étais alors âgé que de cinq ans et cette épidémie (1918) fut un désastre car nous étions seuls, ma mère, mes deux jeunes sœurs et moi. Mimitza avait trois ans, Evelyna deux ans. Tous atteints, avec quarante de fièvre, transpirant de sueur. Impossible de quitter le lit, d’être secourus. Nous vivions alors 28, via Commerciale dans une sorte de cave. Une pièce unique en sous-sol où mon père avait tendu un fil de fer. Maman y avait accroché une toile en guise de séparation, d’un côté la chambre, de l’autre la cuisine. Je me rappelle qu’il y avait dehors un peu d’herbe, quelques arbres, et je jouais là avec ma jeune sœur Mimitza. Elle était toute petite Mimitza. Mimitza est un diminutif qui veut dire Marie.

Mon grand-père, le père de mon père, ne pouvait nous venir en aide, retenu aux côtés de ma grand-mère et de mon cousin Cyril – qui devait se suicider quelques années plus tard. Ils habitaient dans une mansarde sous les toits, près du canal Grande, cette langue de mer qui pénètre au cœur de la ville thérésienne, là où mouillent les vieux bateaux à fond plat. Ils attendent le printemps pour sortir, quand la marée basse laisse un passage assez large sous le Ponterosso. Tout près, sur ce marché du Ponterosso, les Slovènes descendaient du plateau karstique pour vendre les produits de leur ferme. C’est l’une d’elles qui est venue nous porter secours. Qui l’a alertée ? je ne sais pas, mon grand-père sans doute car il ne pouvait se déplacer. Je me souviens qu’elle nous a préparé du thé. De cela je m’en rappelle bien car nous mourrions tous de soif à cause de la fièvre. Finalement nous avons guéri. Sauf ma petite sœur Mimitza. Elle était délicate, comme le sont aujourd’hui ceux qui décèdent du Covid-19, les personnes âgées, les malades. Elle n’a pas survécu mais aujourd’hui je pense qu’on l’aurait sauvée. Je me rappelle de la douleur de mon père, je me rappelle que tous les jours il fleurissait sa tombe.

Et pour nous pas de répit. Peu de temps après, ce fut une autre catastrophe : l’incendie de la maison de culture slovène par les chemises noires et le début du fascisme avec l’interdiction de parler notre langue, l’obligation d’italianiser nos patronymes. "Les Slovènes, des poux à écraser !" écrira le frère de Mussolini dans le journal Populi Roma…

C’était en 1920, il y a cent ans de cela. Une autre contamination, une peste brune commençait à envahir l’Europe. Et combien y en eut-il ensuite, des milliers et des milliers de poux que l’on s’est acharné à écraser ?

Je veux espérer que le mal d’aujourd’hui sera différent d’alors, que l’épidémie se trouvera rapidement enrayée. Les peuples n’ont-ils pas assez souffert ? Je souhaite de tout cœur que toutes ces souffrances viennent un jour à nous enseigner la sagesse…

Auteur: Pahor Boris

Info: Propos recueillis par Anne-Marie Mansuym, sur Causeur.fr, mars 2020

[ témoignage ] [ grippe espagnole ] [ coronavirus ]

 

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Ajouté à la BD par miguel