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flatterie

Sterne, dans son Voyage sentimental, raconte qu'il voulut, une soirée, essayer jusqu'où on pouvait louer quelqu'un sans cesser de lui plaire. Il fit l'épreuve sur trois personnes qui n'étaient pas sans mérite ; il commença par les écouter, ce qui est une flatterie très agréable ; ensuite il en redemanda ; et enfin il les reconnus supérieurs comme ils voulaient l'être, sans restriction, disant par exemple au diplomate : "J'ai entendu souvent parler de politique extérieure ; mais je ne soupçonnais même pas cette solidité de doctrine, cette profondeur de vues, cette connaissance des hommes que vous venez de me montrer." Naturellement ces éloges furent savourés ; il essaya de les forcer ; mais plus il exagérait, plus l'autre y trouvait de plaisir. Le flatteur reçut en échange quelques compliments qu'il n'attendait point, qu'il s'efforça de mépriser, mais qui trouvèrent tout de même asile au plus profond de son coeur. Bref, pour avoir été trois fois flatteur dans cette soirée, et impudemment flatteur, il se fit trois amis, trois vrais et fidèles amis, qui ne l'oublièrent jamais et lui rendirent mille services sans qu'il le demandât. Voilà de ces terribles histoires, dont le sel est bien anglais ; cette froide plaisanterie glace comme une douche, et laisse une trace brûlante. Leurs clowns grands et petits sont comme leurs épices ; quand on en a goûté, tout le reste paraît fade.

Auteur: Alain

Info: Propos I, la Pléiade, nrf Gallimard 1956<15 novembre 1907 p.23>

[ malentendu ]

 

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musique

Le célèbre Farinelli, qui présidait à l'opéra de Ferdinand II, roi d'Espagne, avait commandé à un tailleur un habit magnifique. Quand celui-ci le lui apporta, le musicien demanda son mémoire. "Je n'en ai point fait, répondit le tailleur, et n'en ferai point : pour tout payement je n'ai qu'une grâce à vous demander. Je sais que ce que je désire est un bien réservé à des monarques; mais, puisque j'ai eu le bonheur de travailler pour un homme dont on ne parle qu'avec admiration, je ne veux d'autre payement que de lui entendre chanter un air. " Farinelli tenta inutilement de lui faire accepter de l'argent ; le tailleur ne voulut jamais y consentir. Enfin, après beaucoup de débats, le musicien, vaincu par l'extrême désir que cet homme avait de l'entendre, et plus flatté peut-être de la singularité de l'aventure que de tous les applaudissements qu'il avait reçus jusque là, s'enferma avec lui, chanta les morceaux les plus brillants, et se plut à déployer toute la supériorité de ses talents. Le tailleur était enivré de plaisir ; plus il paraissait attendri, plus Farinelli mettait d'expression et d'énergie dans son chant, plus il s'efforçait de faire valoir toute la séduction et toute la magie de son art.
Quand il eut chanté, le tailleur, hors de lui-même, lui faisait des remercîments, et se préparait à sortir : " Un moment, lui dit Farinelli; si je vous ai cédé, il est juste que vous me cédiez à votre tour. " En même temps il tire sa bourse, et force le tailleur à recevoir au moins le double du prix de son habit.

Auteur: anonyme

Info: litt 1778, in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ anecdote ] [ réplique ]

 

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phonétique

Mon ami Jacques aimait manger épicé
Moules aux cumins ou l'asperge à la réglisse
Concupiscent avec les belles
Il se vantait d'être facile leur complice

Un jour de printemps on suppute
Croisant Lou il l'osa l'assaillir... de louanges
Fiancée putative peu convaincue
Et Jacques ulcéré... fut rembarré
car....
Gros lèche-cul vraiment compétent
Voire tout petit suspect presbyte
Dès qu'on pense pouvoir séduire facilement
On s'permet vraiment de drôles choses

Car pour qu'les opinions convergent
Il faut savoir quelle pétulance
User pour marquer ces annales
Car en loccurrence on nest jamais.... trop aidé

(refrain)
Démago démago mago
On subit tous ces concurrences
Démago démago mago
Chacun fait c'qui peut... pour s'exprimer

Prussien à cheval en tant qu(e)uhlan il paradait
Tapissé partout... d'plein'd'décorations
Il s'pavanait longuement comme dans ces concours
Ou la pièce est longue et le concert dure

Bref Jacques visait un job de prestige
Mais jamais il ne voulut coucher (même par contumace)
Ce qui eut simplifié son introduction
Mais lui préférait à la force du poignet

Ces gens qui n'aiment pas les coups d'piston
Il faut bien le mettre à leur décharge.
Car si on était dans le même cas qu'eux...
Peut-être bien qu'on préférait... s'exterminer

(refrain)

Evitons donc d'faire défection
Tout comme les mères de nos enfants
Qui montrent qu'enfin... nous fûmes féconds
Et qu'tout ça n'est pas sans fondement

Et je précise pour que la foule opine
Qui qu'tu sois, roi ou un toréador
Il faut culot et toupet
Si tu veux pénétrer... dans l'arène... du monde

Démago démago mago
On accepte même les consensus
Démago démago mago
Chacun fait c'qui peut...
Pour s'exprimer
Démago démago mago
On nage tous dans les faux semblants
Démago démago mago
Chacun fait c'qui peut...
pour commu... niquer.

Auteur: MG

Info: chanson : Mon ami Jacques 2009

[ jeu de mots ]

 

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derniers instants

Le peloton se forma et se mit au garde-à-vous. Hladik, debout contre le mur de la caserne, attendit la décharge. Quelqu'un craignit que le mur ne fût tâché de sang ; alors on ordonna au condamné d'avancer de quelques pas. Hladik, absurdement, se rappela les hésitations préliminaires des photographes. Une lourde goutte de pluie frôla une des tempes de Hladik et roula lentement sur sa joue ; le sergent vociféra l'ordre final.

L'univers physique s'arrêta.

Les armes convergeaient sur Hladik, mais les hommes qui allaient le tuer étaient immobiles. Le bras du sergent éternisait un geste inachevé. Sur une dalle de la cour une abeille projetait une ombre fixe. Le vent avait cessé, comme dans un tableau. Hladik essaya un cri, une syllabe, la torsion d'une main. Il comprit qu'il était paralysé. Il ne recevait pas la plus légère rumeur du monde figé. Il pensa je suis en enfer, je suis mort. Il pensa je suis fou. Il pensa le temps s'est arrêté. Puis il réfléchit : dans ce cas, sa pensée se serait arrêtée. Il voulut la mettre à l'épreuve : il récita (sans remuer les lèvres) la mystérieuse quatrième églogue de Virgile. Il imagina que les soldats déjà lointains partageaient son angoisse ; il désira communiquer avec eux. Il s'étonna de n'éprouver aucune fatigue, pas même le vertige de sa longue immobilité. Il s'endormit, au bout d'un temps indéterminé. Quand il s'éveilla, le monde était toujours immobile et sourd. La goutte d'eau était toujours sur sa joue ; dans la cour, l'ombre de l'abeille ; la fumée de la cigarette qu'il avait jetée n'en finissait pas de se dissiper. Un autre "jour" passa avant que Hladik eût comprit.


Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Fictions, Le Miracle secret, pp.155-156, trad. P .Verdevoye

[ immobilisation temporelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

honte

Litost est un mot tchèque intraduisible en d'autres langues. Sa première syllabe, qui se prononce longue et accentuée, rappelle la plainte d'un chien abandonné. Pour le sens de ce mot je cherche vainement un équivalent dans d'autres langues, bien que j'aie peine à imaginer qu'on puisse comprendre l'âme humaine sans lui.

Je vais donner un exemple : l'étudiant se baignait avec son amie étudiante dans la rivière. La jeune fille était sportive, mais lui, il nageait très mal. Il ne savait pas respirer sous l'eau, il nageait lentement, la tête nerveusement dressée au-dessus de la surface. L'étudiante était irraisonnablement amoureuse de lui et tellement délicate qu'elle nageait aussi lentement que lui. Mais comme la baignade était sur le point de prendre fin, elle voulut donner un instant libre cours à sont instinct sportif et elle se dirigea, d'un crawl rapide, vers la rive opposée. L'étudiant fit un effort pour nager plus vite, mais il avala de l'eau. Il se sentit diminué, mis à nu dans son infériorité physique, et il éprouva la litost. Il se représenta son enfance maladive sans exercices physiques et sans camarades sous le regard trop affectueux de sa mère et il désespéra de lui-même et de sa vie. En rentrant tous deux par un chemin de campagne ils se taisaient. Blessé et humilié, il éprouvait une irrésistible envie de la battre. Qu'est-ce qui te prend ? lui demanda-t-elle, et il lui fit des reproches ; elle savait bien qu'il y avait du courant près de l'autre rive, il lui avait défendu de nager de ce côté-là, parce qu'elle risquait de se noyer - et il la frappa au visage. La jeune fille se mit à pleurer, et lui, à la vue des larmes sur ses joues, il ressentit de la compassion pour elle, il la prit dans ses bras et sa litost se dissipa.

[...]

La litost est un état tourmentant né du spectacle de notre propre misère soudainement découverte.

Auteur: Kundera Milan

Info: Le livre du rire et de l'oubli

 

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Ajouté à la BD par miguel

anecdote

Il est temps de ramener, une fois de plus, Guy Roux dans la vie d'Éric.
"La mère de Canto m'a téléphoné le jour de son procès en appel. En trente ans, personne n'avait jamais interrompu une de mes séances d'entraînement. Mais elle était morte d'inquiétude. Éric lui avait dit que, si le juge confirmait le verdict initial, il lui casserait la gueule ! Oh, là, là... Je lui ai répondu : je ne suis pas Dieu le père. Mais... Je connaissais Béatrice Main, ancien sous-préfet de Château-Chinon et chef de cabinet du président Mitterrand à l'époque. Quatorze avant, j'avais accepté de faire une photo de l'équipe aux côtés de Mitterrand pendant qu'il faisait campagne pour la présidentielle. Il avait toujours eu un faible pour Auxerre et m'avait même dit, une fois : "Si un jour vous avez un problème, appelez Béatrice et on verra ce qu'on peut faire." Je lui ai donc expliqué que je n'avais encore jamais dérangé le président - je n'allais quand même pas demander son aide pour un PV ! - mais qu'on était confrontés à une situation grave : Cantona faisait face aux juges. Sa réaction a été prévisible : "On ne va pas donner de leçons aux Anglais, eux qui ont inventé l'indépendance de la justice !" Bien sûr, lui ai-je répondu, mais j'ai pensé à une solution. Si le président envoyait un télégramme à la reine pour dire : "Si Cantona va en prison, cela va ternir sérieusement les relations entre la jeunesse française et la jeunesse anglaise", peut-être que ça pourrait être utile... Elle m'a répondu : "Vous êtes complètement dingue. Je le savais.
- Vous pourriez lui transmettre quand même ?"
C'était un mercredi, jour du Conseil des ministres à l'Élysée. Elle m'a dit qu'elle me rappellerait dans l'après-midi. Et elle m'a rappelé à 15 heures : "Il n'y a que les fous qui réussissent en ce bas monde. Le président a demandé à un haut fonctionnaire d'envoyer un télégramme au Home Office." À 15 heures, Cantona voyait sa peine commuée et retournait chez lui.

Auteur: Auclair Philippe

Info: Cantona, le rebelle qui voulut être roi

[ football ] [ pouvoir ] [ influence ]

 

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physique quantique

Mais revenons à l’article de 1990, dont voici l’introduction : "Le concept de hasard intrigue depuis longtemps les physiciens, et même l'humanité en général. Quelle est l'origine du hasard ? Dans quelle mesure le futur peut-il être prédit ? Notre incapacité à prédire l'avenir est-elle la conséquence de nos limites humaines ou plutôt la conséquence d'une impossibilité de principe ? Ces questions ont, en physique, une longue histoire. La physique classique héritée d'Isaac Newton était complètement déterministe : la connaissance parfaite de l'état d'un système à un instant donné permettait en principe la détermination de son état à tout instant ultérieur. Puis vint au début de ce siècle la mécanique quantique, où probabilités et hasard interviennent au niveau le plus fondamental de la théorie ; en effet, celle-ci ne peut fournir que des probabilités de mesurer telle ou telle valeur de la position, de l'énergie, etc. La mécanique quantique introduisit donc une indétermination fondamentale dans la nature, chose qu'Einstein lui-même ne voulut jamais accepter, comme en témoigne son célèbre "Dieu ne joue pas aux dés". Puis, assez récemment, on s'aperçut avec l'étude des "systèmes dynamiques", qu'après tout, la physique classique avait aussi du hasard, ou plus exactement de l'imprévisibilité, enfouis en son sein, puisque certains systèmes même très simples, comme un système de pendules, peuvent exhiber un comportement imprévisible. Le hasard, souvent associé au désordre, est ainsi devenu, du moins en physique, une notion pleine de contenu." (…)
Mais définir le hasard (ou une suite aléatoire de résultats de mesure) par un programme "minimal", qu’on ne peut pas réduire par un algorithme, c’est faire sauter en souriant l’interprétation métaphysique qui établit une équivalence entre forme aléatoire et absence d’intentionnalité, de sens, de volonté et de conscience. On en revient finalement à Kant qui expliquait que l’on ne peut pas plus démontrer l’existence de Dieu que son inexistence, que toute la métaphysique échappe à la démonstration logique.(…)
Alors sans doute faut-il reconnaître aujourd’hui que ces limites sont inhérentes à la raison humaine, outil magnifique mais incapable de tout surplomber et que, plus nous avancerons dans la connaissance de l’univers et de nous-mêmes, plus nous buterons sur l’inconnaissable ou, plus exactement, l’inexprimable par nos langages, qu’il s’agisse des mots ou des équations. Un inexprimable qui n’empêche pas la conscience et semble jaillir des noces paradoxales de la rigueur et de la liberté, autre nom du hasard.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle"

[ connaissance maximale ] [ butée ] [ impossible ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

musique

(L'auteur se retrouve dans un salon, curieux de rencontrer Richard Wagner)
Après les salutations d'usage, je pris place à mon tour au milieu de quelques fidèles qui m'avaient précédés. - La conversation reprit son cours, que ma venue avait évidemment interrompu ; parmi les visiteurs se trouvait un jeune Italien très bavard, et dont la spécialité me sembla être, comme on dit vulgairement, de faire des gaffes. - Dans le but probablement louable, de m'instruire, il demanda au Maître ce qu'il pensait de la Danse macabre, de Saint-Saëns.
Wagner allant parler, j'étais toutes oreilles.
"La Danse macabre, fit-il avec son disgracieux accent allemand, la Danse macabre ! Ma chère Cosima, n'est-ce pas cette machine où des os se battent ? Qu'il nous a fait entendre à Bade ? Oui, très gentil, très gentil !"
L'Italien, voyant qu'il avait fait fausse route, ne se découragea pas :
- "Et Rossini ? Notre grand Rossini ? Quelle est celle de ces oeuvres que vous préférez ?"
- "Oh ! Rossini, il avait certainement l'étoffe d'un musicien ; et je me souviens qu'étant à Paris, un jour que j'allais le voir, il voulut bien reconnaître devant moi son insuffisante éducation musicale, et avec une franchise qui lui fait honneur, il me dit : Cher maître, si au lieu d'être né italien, j'avais eu le bonheur de naître votre compatriote, je crois que j'aurais fait quelque chose. - Il faut pourtant avouer qu'il a fait trois mesures bonnes dans sa vie."
Et donnant l'exemple à l'appui, il ébaucha trois mesures du Barbier sur le piano. Après cette courte et bienveillante appréciation sur l'auteur de Guillaume Tell, il y eut un moment de silence, après quoi, toujours à l'instigation du jeune Italien, le maître exécuta une série d'autres musiciens, que dans ma naïveté je croyais gens de valeur ; et comme conclusion :
"Non, voyez-vous, à notre époque il n'y en a qu'un : c'est Offenbach."
Je me sentais étouffer dans cette atmosphère haineuse, et j'avais hâte de revoir le soleil, de contempler la nature, si radieuse dans ce beau pays de Naples. Je regrettais presque d'avoir approché et pu juger cet homme, si dieu par son génie, si piètrement humain par sa vanité. Ce fut la seule fois que j'eus l'honneur d'être admis dans l'intimité de Wagner, et plus que jamais j'ai été à même d'apprécier cette véridique parole : il ne faut pas voir les grands hommes de trop près.

Auteur: Godebski Cyprien

Info: Mémoires d'un artiste, texte violemment attaqué comme étant un faux par Willy

[ polémique ] [ critique ] [ vacherie ]

 

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nazisme

Plus d’art. En peinture, nous voyons renaître le tableau de genre, le chromo patriotique. Les sciences découronnées de leurs meilleurs techniciens ne nous offrent plus rien. Les grands chimistes allemands, les grands médecins, surtout les psychiatres étaient israélites. On a brûlé sur les bûchers d’Hitler des ouvrages de haute érudition qui représentaient des années de travail, quelquefois toute une vie de labeur.

Certains de ces ouvrages, qui valent des millions de francs, comme celui du professeur Jedassohn, ne seront plus réédités. C’est une perte pour toute l’humanité. On a détruit l’Institut d’Hirschfeld et ses collections. On a saccagé les maisons d’édition qui imprimaient les ouvrages des auteurs juifs. 

‘‘J’avais chez moi’’, m’a dit un de mes amis berlinois, ‘‘quelques livres qui m’eussent fait passer pour suspect à la moindre perquisition. Des Einstein, une traduction de Barbusse, le Michel-Ange de Romain Rolland, trois Stefan Zweig, un Freud, j’en oublie… Il fallait m’en défaire. J’en fis de petits paquets que j’allais abandonner la nuit, loin de chez moi. Je mis un mois à disperser ma pauvre bibliothèque. Je n’étais pas le seul. On trouvait souvent, dans les taillis des jardins publics, des livres "maudits", dont leur possesseur se défaisait comme d’une peste’’.

Tous les concierges sont de la police, tous les garçons de café, de restaurant, d’hôtel aussi. Et la bonne moitié des chauffeurs de taxi.

Pour remplacer les ouvrages détruits ou poursuivis par la censure, les polygraphes se sont mis au travail. On sort des romans  à l’eau de rose où les bons nazis se conduisent en héros, des aventures policières où le traître est toujours un Juif quand il n’est pas un Français ou un communiste.

Un Français, fixé à Berlin, voulut me faire comprendre par analogie la situation :

- Imagine qu’en France, on n’autorise comme peintres et sculpteurs que les sociétaires des Artistes Français, comme littérateurs  les Veillées des Chaumières, comme théâtre que les répertoires des patronages et comme film la Margoton du bataillon. Tu vois un peu les dégâts.

- Et avec ça, demandais-je- les Allemands sont heureux ?

- Les Allemands, d’abord, ne sont jamais heureux. Mais il peuvent être plus ou moins satisfaits. Or, c’est un fait qu'on trouve une foule de mécontents. Soixante à soixante dix pour cent de la population, peut-être… Seulement…

Mon interlocuteur suspendit un instant son effet : 

- Seulement, ajouta-t-il, le plus mécontent des Allemands, le plus tiède, le moins enthousiaste, considère encore le Führer Hitler comme un fétiche, comme une mascotte, comme le porte-bonheur de son pays.



 

Auteur: Scize Pierre

Info: 1936 en Allemagne, après l'avènement d'Adolf Hitler

[ antisémitisme ] [ possession idéologique ] [ beaux arts ] [ nationalisme ] [ comparaison ] [ dictateur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mégalo

Néron parut plusieurs fois sur le théâtre pour disputer le prix du chant et de la poésie. Il était si jaloux de sa voix, qui cependant n'était pas belle, que, de peur de la diminuer, il se privait de manger certains mets qu'il aimait, et se purgeait fréquemment. Lorsqu'il devait chanter en public, des gardes étaient répandus d'espace en espace pour punir ceux qui n'auraient point paru assez sensibles aux charmes desavoix. Vespasien, homme consulaire, ne put cependant un jour s'empêcher de dormir, quoique ce fût un empereur qui chantât, et ce léger sommeil pensa lui coûter la vie.
Cet empereur comédien fit le voyage de la Grèce, pour entrer en lice aux jeux olympiques. Il entreprit de courir le stade sur un char attelé de dix chevaux. Mais à peine eut-il commencé sa course, qu'il tomba de son char; il n'en fut pas moins proclamé vainqueur et couronné.
Il disputa pareillement les prix des jeux isthmiques, pythiens, néméens et de tous les autres jeux de la Grèce. Un Grec, habile chanteur, mais mauvais courtisan, ayant eu l'imprudence de chanter mieux que l'empereur, Néron fit monter sur le théâtre les acteurs qui lui servaient de ministres dans l'exécution de la pièce. Ils se saisirent du musicien, et l'ayant adossé à une colonne, ils lui percèrent la gorge avec des stylets qu'ils portaient cachés dans des tablettes d'ivoire. Néron remporta de ses différents combats dix-huit cents couronnes. Lorsqu'il revint à Rome, il y parut en héros qui venait de triompher des ennemis de l'empire. Il était dans le même char dont Auguste s'était servi pour ses triomphes. Il était vêtu d'une robe de pourpre et d'une casaque semée d'étoiles d'or. Il portait sur sa tête la couronne olympique, qui était d'olivier sauvage, et dans sa main droite la couronne pythienne, faite d'une branche de laurier. Il avait à ses côtés un musicien nommé Diodore.
On portait devant lui les couronnes qu'il avait gagnées, et il était suivi d'applaudisseurs à gages dont il avait formé une compagnie aussi nombreuse qu'une légion.
Ils chantaient la gloire du triomphateur. Le sénat, les chevaliers et le peuple accompagnaient cette honteuse pompe, et faisaient retentir l'air d'acclamations. Toute la ville était illuminée, ornée de festons, et fumante d'encens. Partout où passait le triomphateur, on immolait des victimes, les rues étaient jonchées de poudre de safran; on jetait sur lui des fleurs, des rubans, des couronnes; et, conformément aux usages des Romains, des oiseaux et des pièces de pâtisserie. On avait abattu une arcade du grand cirque. Tout le cortège passa par cet endroit, vint dans la place, et se rendit au temple d'Apollon Palatin. Les autres triomphateurs portaient leurs lauriers au Capitole; Néron, dans un triomphe tel que le sien, voulut honorer le dieu des arts.

Auteur: Internet

Info: Histoire des empereurs

[ pouvoir ] [ folie ]

 

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