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intuition intellectuelle

Cet intellect, non seulement reçoit en lui les connaissances qui viennent de l’extérieur, en tant qu’intellect passif, mais encore, en tant qu’intellect actif, il illumine la connaissance reçue pour en révéler à lui-même la dimension intelligible, comme un œil qui éclairerait ce qu’il voit. Or, cette lumière par laquelle l’intellect actualise la nature intelligible du connu, est d’origine divine […].

[…] L’intellect en est en effet ce que l’homme a de commun avec Dieu et avec les anges, non pas l’intelligence pratique, ou agissante, mais l’intelligence spéculative, ou contemplative, ou toute connaissante […]. [….]

Même si l’on peut ramener la raison à l’intellect dans son principe cognitif, il reste que "le nom d’intellect désigne la pénétration intime de la vérité, alors que celui de raison désigne la recherche et la discursion" [Somme théologique, II II, Q.49, a.5]. Et cette pénétration intime est non seulement connaissance objective, mais aussi assimilation "subjective" et vie divine […].

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 115

[ définition ]

 

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catholicisme

Persuadée que la philosophie scolastique était l’expression de la raison naturelle, d’une raison indépendante de toute révélation et n’usant que de ses propres lois, elle [la théologie la plus officielle] a cru pouvoir continuer à en parler le langage à une société qui n’avait précisément à la bouche que les mots de naturel et de raison. D’accord avec la science européenne pour traiter selon la raison naturelle les choses rationnellement naturelles, elle espérait lui faire en outre admettre qu’il n’était pas déraisonnable d’envisager un "supplément d’âme" [Bergson] : la proposition d’un message révélé, surnaturel par essence, et qui, par conséquent, ne pouvait entrer en concurrence avec le domaine de la science. Illusion ! De part et d’autre, les concepts de nature et de raison n’avaient pas la même signification. Bientôt, les sciences humaines allaient montrer que la philosophie d’Aristote, loin d’être l’expression de raison à l’état de nature […] était un produit culturel parmi d’autres. Tous les modernismes sont sortis de là.

Auteur: Borella Jean

Info: Le sens du surnaturel, L'Harmattan, 1997, page 22

[ confusion catégorielle ] [ sécularisation ] [ modernité ]

 

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christianisme

Le premier théologien à être entré dans la plénitude du "Je suis l’Immaculée Conception" est saint Maximilien Kolbe. Ce fils de saint François d’Assise est un prêtre polonais, mort martyr à Auschwitz le 14 août 1941. Fait unique dans les annales de l’horreur concentrationnaire, il offrit spontanément de prendre la place de l’un des dix otages – un père de famille – que les autorités du camp avaient condamnés à mourir de faim dans un bunker, en représailles de l’évasion d’un détenu. Quatorze jours plus tard, après avoir soutenu le courage de ses neuf compagnons et apaisé leur haine dans la prière et les chants religieux, le Père Kolbe fut retrouvé, seul survivant, veillant et priant, et achevé d’une piqûre de phénol. "A la question brutale de Fritsch, le chef du camp, absolument ahuri par l’audace de ce bagnard qui voulait prendre la placé d’un condamné : "Qui donc es-tu ?", Maximilien Kolbe donna cette simple réponse : "Je suis un prêtre catholique"." [Karol Wojtyla, 1971].

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 120-121

[ élément biographique ]

 

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réaction

Ce n’est vraiment qu’après la Révolution française que la monarchie devient une théorie et une doctrine. Auparavant, c’est un présent quotidiennement vécu. Ensuite, c’est aussi, et ce n’est presque plus qu’une abstraction. Et précisément pour cela, pour obvier au risque sans cesse menaçant de voir la réalité du principe inspirateur se transformer, sous le nouveau régime, en cadavre conceptuel, on est tenté de plus en plus fortement d’identifier ce principe à l’une des formes concrètes qu’il a revêtues, les uns s’arrêtant au dernier état – considéré comme canonique – de sa lente évolution, d’autres voulant au contraire remonter à la pauvreté supposée des formes primitives. […]

Telle est la situation générale que les forces de révolution imposent à la résistance. Elle est normalement intenable. Et parce qu’elle est normalement intenable, s’y tenir exige des comportements anormaux. C’est alors que l’on devient royaliste et même ultra-royaliste, ou traditionaliste, et même intégriste. Est-on royaliste sous la royauté ? Est-on traditionaliste sous le régime de la tradition ?

Auteur: Borella Jean

Info: Le sens du surnaturel, L'Harmattan, 1997, page 109

[ historique ] [ après-coup ] [ abstraction rétrospective ]

 
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herméneutique

Pour Clément [d'Alexandrie], ce sont les anges séduits par les filles des hommes "qui ont livré prématurément aux hommes les secrets réservés pour la révélation du Christ ; heureuse faute, prévue par la Providence, qui l’a laissée développer ses conséquences et a pourvu ainsi les Grecs d’un testament à eux […]" [A. Méhat, Etude sur les Stromates, 1966, p. 358]. Doctrine curieuse, dont la signification profonde est certainement ésotérique et qui, en tout cas, assigne une origine supra-humaine, d’ailleurs de nature seulement angélique, non pas précisément à la gnose primordiale, mais à la tradition métaphysique qui en dérive. La philosophie – grecque – est donc une "conséquence" impliquant une relative dégénérescence, de la connaissance originelle, mais elle est toujours porteuse de la gnose sous-jacente, ce que prouve le fait que cette philosophie nous permet de pénétrer les sens cachés de l’Ecriture Sainte : au contact des dogmes de la Révélation christique, les "dogmes" philosophiques révèlent donc leur véritable nature gnostique en nous ouvrant la gnose des mystères divins.

Auteur: Borella Jean

Info: L'intelligence et la foi, L'Harmattant, Paris, 2018, page 36

[ préchrétienne ] [ christianisme ] [ éclairage rétroactif ]

 

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sécularisation

Notre époque se croit réaliste. Jamais époque n’a été plus idéaliste, jamais elle n’a moins eu le sens du charnel. Elle oublie que l’homme est un esprit dans un corps et que pour lui le corporel est la médiation obligatoire du spirituel. On veut qu’il rejoigne immédiatement la foi pure, l’esprit pur, l’amour pur, et par un étrange retour des choses, on finit par immerger tout le spirituel dans le politique. On affirme alors que la religion, et spécialement la liturgie, parce qu’elle parle d’un autre monde, et qu’elle le rend quasiment perceptible, est la plus dangereuse des aliénations : elle nous détourne de combattre pour celui-ci, elle est l’opium du peuple. Ce qu’on veut détruire, ce que l’on a déjà détruit, ce sont les formes sacrées. Il ne demeure qu’une foi nue, tellement transcendante et subtile qu’elle ne se distingue plus guère de l’athéisme, mais qui continue d’exiger tout autant plus d’être incarnée dans des formes concrètes : l’ordre sacral étant détruit, il ne reste que l’ordre politico-social.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 19-20

[ règne de l'imaginaire ] [ actions profanes ] [ désincarnation ]

 

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philosophie moderne

L’existence des évidences naturelles implique donc un champ culturel de type essentialiste qui exige la croyance à la réalité d’un monde archétypal. Mais, tout le mouvement de la civilisation moderne, dans tous les domaines, depuis le XVIIe siècle, consiste en une immense et permanente dénaturation ou désessentialisation. Ce mouvement, qui est celui du rationalisme, s’effectue par la réduction de toute compréhension à la raison. Or, comprendre, pour la raison, c’est construire le donné qu’elle doit saisir, ce qui implique, en premier lieu, qu’elle nie sa qualité même de donné. Ce qui est incompréhensible pour la raison, c’est qu’il y ait un donné objectif. Le cartésianisme, dans la mesure où il se présente comme une construction rationnelle du monde, le kantisme qui répute le donné pur comme radicalement inconnaissable et qui lui substitue l’ "objectivité" des structures a priori de la connaissance humaine, l’axiomatisme mathématique qui rejette les évidences mathématiques premières, les principes, et qui les remplace par des conventions construites décisoirement, ne laissent aucun doute à cet égard.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 61

[ critique ] [ anti-réalisme ]

 

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science

Tout au contraire [d’Aristote], renonçant à saisir le sens du mouvement, Galilée le considère comme un état (il n’a donc plus besoin d’explication) et le déploie dans un système abstrait de coordonnées spatio-temporelles dépourvues de toute organisation hiérarchique. Le biais par lequel s’opère la fermeture épistémique du concept de corps (qui se trouve réduit à son centre de gravité et défini désormais par la notion de "point matériel") n’est donc pas tant un processus d’abstraction qui ne retiendrait que certains caractères de l’objet empirique et en rejetterait d’autres, qu’un processus de construction, par lequel Galilée définit un "corps idéel". Il y a ainsi identité de nature entre le concept et son objet puisque celui-ci est aussi un concept, alors que dans la connaissance philosophique le concept n’est que le moyen par lequel l’objet est connu : essentiellement transitif, il demeure ainsi ontologiquement ouvert. L’univers galiléen est donc un univers d’objets-concepts qui se meuvent eux-mêmes dans un espace-temps conçu. La géométrisation de l’espace entraîne la déchéance de toute distinction qualitative.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Histoire et théorie du symbole", éd. L'Harmattan, Paris, 2015, pages 103-104

[ réalisme-idéalisme ] [ méthode ] [ résumé ] [ mathématisation ]

 

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vicaire du Christ

[A propos de Jean-Paul II] [...] un pape exceptionnel, qui entreprit avec une inébranlable obstination, sans renier le deuxième concile du Vatican, de refaire l’unité de la chrétienté par le retour à l’unité de la foi, ce qu’il a appelé une "nouvelle évangélisation". L’événement le plus considérable de ce pontificat à bien des égards providentiel, c’est la publication du Catéchisme de l’Eglise catholique où se trouve explicitée l’intégralité de la foi la plus orthodoxe. […] La stratégie de ce pape ne fut pas de dénoncer les diverses formes de l’hérésie, ou d’en condamner les porte-paroles (à quelques exceptions près et mis à part le cas de Mgr Lefebvre qui relève non de l’hérésie mais de la discipline). Mais ce fut de refaire le tissu chrétien aux lieux mêmes de son existence historique, en quelque sorte d’occuper le terrain, en confirmant ses frères dans la foi, de restaurer l’Eglise à partir des centres spirituels de la plus ancienne tradition : Saint-Jacques-de-Compostelle, le mont Saint-Odile, le sanctuaire de Czestochowa, Fulda, etc.

Auteur: Borella Jean

Info: Le sens du surnaturel, L'Harmattan, 1997, pages 101-102

[ ecclésiastique ] [ opinion ] [ œuvre ] [ réalisation ]

 
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théologien

[...] la doctrine de [saint] Thomas [d'Aquin] est, en profondeur, beaucoup plus platonicienne que ne le laisse apparaître sa présentation aristotélicienne. Et ce ne sont pas seulement les notions de création et d’immortalité de l’âme qui inclinent en ce sens. C’est aussi la doctrine des Idées-Archétypes que S. Thomas fait sienne, qu’il a reprise de S. Augustin et que, à son exemple, il réfère au Verbe divin, lieu de tous les possibles, c’est-à-dire de tous les modèles divins des créatures. Et c’est en outre la doctrine de la participation des créatures à leurs modèles incréés, doctrine reçue d’Augustin mais aussi de Denys l’Aréopagite, l’auteur le plus cité dans l’œuvre de Thomas. Or, la notion de participation est expressément rejetée par Aristote qui n’y voit qu’une métaphore poétique. Il s’ensuit donc que si Thomas est pleinement aristotélicien pour tout ce qui concerne la description et l’analyse de l’ordre naturel, il est non moins substantiellement platonicien pour tout ce qui relève du fondement métaphysique de cet ordre naturel et de son fonctionnement.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, page 194

[ références ] [ christianisme ]

 

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