Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 113
Temps de recherche: 0.0578s

femmes-par-femme

Les différents âges de la femme se présentent et s'enfoncent dans la vapeur. Leurs corps s'évanouissent peu à peu. Des corps qui ont donné la vie, subi le bistouri, trimé des décennies derrière leur machine à coudre, planté et déplanté des potagers, émigré, puis sont revenus, qui ont encaissé les coups puis l'abandon de leur mari et de leurs enfants, épuisés, immobiles sur des lits étriqués avec pour seule compagnie le vacillement du téléviseur dans le coin de la pièce et les souvenirs d'amours anciennes. Sous le verre crasseux du dôme, avec ce goutte-à-goutte incessant, ces réminiscences glougloutantes, ce savoir que renferme le corps se propageait par vaguelettes à travers chacune de nous, comme si nous ne formions qu'un seul et unique organisme. Plic, plic, plic. Dans le bassin des dames, nous sommes jeunes et vieilles à la fois.

Auteur: Kassabova Kapka

Info: Élixir

[ bain public ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

fumets

Il est dix heures du matin et il commence à faire chaud, les gens sont fatigués et montent dans l'omnibus du cimetière (ce sont les mêmes que ceux des gares, du football et des arènes), certains, les plus loyaux et les plus en vue, ont passé la nuit à veiller le cadavre, les gens quand ils sont fatigués dégagent une odeur spéciale, Madeleine Immaculée Mugica, elle, ne sentait pas la femme fatiguée mais la femme morte, par contre Belle Turquoise sent la femme fatiguée, très fatiguée, on le remarque difficilement mais c'est vrai, mesdames, pour votre santé utilisez les lotions parfumées "Perleucuterol", malheureusement le parfum des lotions n'efface pas l'odeur traîtresse de la fatigue. Rien ne se crée ni ne se détruit dans la nature, les choses se déguisent et le cycle du carbone est lui aussi très mystérieux et riche en enseignements.

Auteur: Cela Camilo José

Info: In "San Camilo 1936", éd. Albin Michel, p. 173

[ chimie ] [ publicité ] [ veille mortuaire ] [ courant de conscience ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Benslama

anecdote

Un jour que Liszt et Rubini avaient annoncé leur concert dans une grande ville de France, amie intelligente de la belle musique, ils ne furent pas médiocrement surpris de ne trouver que cinquante auditeurs dans la salle. Rubini, maugréant, chanta comme un ange, et Liszt joua comme un Dieu; mais, voyant que l'assemblée était assez maussade : "Messieurs, dit-il et madame (il n'y en avait qu'une), je pense que vous avez assez de musique ; oserai-je maintenant vous prier de vouloir bien venir souper avec nous ? Il y eut un moment d'indécision parmi les cinquante, conviés ; mais comme, à tout prendre, cette proposition ainsi faite était engageante, ils n'eurent garde de la refuser. Le souper coûta à Liszt 1,200 fr. Les deux virtuoses ne reuouvelèrent pas l'expérience. Ils eurent tort.
Nul doute qu'au second concert la foule n'eût accouru... dans l'espoir du souper.

Auteur: Janin Gabriel-Jules

Info: Débats

[ argument ] [ publicité ]

 

Commentaires: 0

marchandisation débridée

Imaginez que vous ayez un marteau. C'est l'apprentissage automatique (machine learning). Il vous a aidé à gravir une montagne éreintante pour atteindre le sommet. C'est la domination de l'apprentissage automatique sur les données en ligne. Au sommet de la montagne, vous trouvez un vaste tas de clous, moins chers que tout ce qui était imaginable auparavant. C'est la nouvelle technologie des capteurs intelligents. Un panorama de planches vierges s'étend devant vous à perte de vue. C'est le monde de la stupidité. Puis vous apprenez que chaque fois que vous plantez un clou dans une planche avec votre marteau machine learning, vous pouvez extraire de la valeur de cette planche autrefois stérile et muette. C'est la monétisation des données. Et que faites-vous ? Vous commencez à marteler comme un fou et vous ne vous arrêtez jamais, à moins que quelqu'un ne vous y oblige. Mais il n'y a personne ici pour nous faire arrêter. C'est pourquoi "l'internet de tout" est inévitable.

Auteur: Zuboff Shoshana

Info: The Age of Surveillance Capitalism

[ régulation nécessaire ] [ métadonnées ] [ publicité ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par miguel

capitalisme de surveillance

De l'intérêt de mettre l'intelligence artificielle au service de l'économie de l'attention: le grand jeu de notre époque. Un marché colossal. Pas une seconde ne s'écoule, sur nos écrans, sans que quelqu'un cherche à nous convaincre d'acheter son produit, de s'intéresser à lui, de nous joindre à sa cause, de voter pour lui, d'écouter ses problèmes, de liker ses photos, sa dernière vidéo, de faire connaissance... Il en résulte une pénurie globale d'attention disponible. Plus aucun cerveau n'a le temps de faire le tri entre l'essentiel et l'insignifiant ni d'arbitrer ce qui mérite son intérêt. Alors on fait appel à des algorithmes, pour trier les sollicitations à notre place, filtrer les contenus qui nous indiffèrent et promouvoir ceux qu'on désire - parfois sans le savoir. Avec le temps, ces guides apprennent à nous connaître et détectent des parts insoupconnées de nous, dont nous n'avions même pas conscience. C'est logique, ils ont été entrainés pour ça.


Auteur: Markov Bruno

Info: Le dernier étage du monde, 2023

[ captage de l'intérêt ] [ culture de l'epic fail ] [ public captif ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écrivain-sur-écrivain

L’écrivain doit rejeter l’extérieur, s’isoler et s’inspirer de lui-même, de sa vie et de ce qu’il sent. C’est une aventure intérieure et individuelle, et non collective. On peut s’arrêter sur Malraux, à qui je ne voue aucune estime. Je pense en effet qu’il n’a jamais été écrivain. Il a écrit sept romans qui lui ont servi d’instruments pour assurer sa notoriété d’homme, ce qui est la démarche inverse de celle de tout écrivain authentique, qui souhaite la notoriété de son art et non de sa personne. Dans L’Espoir, son ouvrage sur la guerre d’Espagne pour laquelle il s’est impliqué durant peu de mois, il n’y met rien de lui-même. Il a écrit ce livre à toute vitesse pour être le premier à traiter de ce sujet et pour être sûr d’être lu, car il s’agissait alors d’un thème d’actualité. Il a d’ailleurs récidivé avec son film Espoir, sierra de Teruel. Mais qui, aujourd’hui, lit L’Espoir ? Il ne passe pas l’épreuve du temps, il est bâclé et n’a aucune solidité.

Auteur: Guillet Christian

Info: https://philitt.fr/2021/12/13/christian-guillet-la-litterature-est-la-fille-de-la-foi/

[ critique ] [ social ] [ personnage public ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

manipulation

Les hommes sont rarement au courant des véritables raisons qui motivent leurs actions... Ce sont surtout les psychologues de l’école de Freud qui ont fait remarquer que beaucoup de pensées et d’actions de l’homme sont des substituts compensatoires pour les désirs qu’il a été obligé de supprimer. Une chose peut être souhaitable non pas pour sa valeur ou son utilité intrinsèque, mais parce qu’il l’a vue inconsciemment comme un symbole de quelque chose d’autre, le désir qu’il a honte d’admettre à lui-même […] Ce principe général, que les hommes sont très largement actionnés par des motifs qu’ils se cachent à eux-mêmes, est aussi vrai de la masse que de la psychologie individuelle. Il est évident que le propagandiste efficace doit comprendre les véritables motifs et non se contenter d’accepter les raisons que les hommes donnent pour ce qu’ils font... Les désirs humains sont la vapeur qui fait que la machine sociale fonctionne. Le propagandiste peut, seulement s’il le comprend, contrôler le mécanisme souple qu’est la société moderne.

Auteur: Bernays Edward

Info: Propaganda, Horace Liveright, 1928, p. 74, p.75 et p.76

[ psychologie ] [ publicité ] [ pulsion ]

 

Commentaires: 0

habitants

Si l’on emprunte le Stalechnikov, on respire : ici on peut enfin sans danger s’arrêter devant des étalages et aller son chemin sans prendre part à cette marche zigzagante et flâneuse à laquelle l’étroitesse du trottoir a accoutumé la plupart. Mais quelle abondance dans cette ligne qui n’est pas seulement envahie par les hommes, et comme Berlin est mort et vide ! A Moscou la marchandise jaillit partout des maisons, elle est accrochée à des palissades, elle s’appuie sur des treillis, elle est étalée sur le pavé. Tous les quinze pas on tombe sur des femmes avec des cigarettes, des femmes avec des fruits, des femmes avec des sucreries. Elles ont leur corbeille à linge à côté d’elles avec la marchandise et quelquefois aussi un petit traîneau. Une étoffe de laine colorée protège du froid pommes et oranges, deux échantillons sont posés dessus. A côté, des figures en sucre, des noix, des bonbons. […] Maintenant, pour se reposer un peu, elle s’arrête en chemin, dans la rue.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Moscou" in Images de la pensée, page 27

[ flânerie ] [ vie sociale ] [ espace public ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

néolibéralisme

Lorsqu'elle quitte le pouvoir, le monde a changé. Le mur de Berlin est tombé. L'Empire soviétique s'est effondré. Le bloc capitaliste triomphe de la guerre froide. C'est un véritable rouleau compresseur. Il exulte. S'étend. Démultiplie ses gains. S'est affranchi du dernier frein: l'Etat et sa régulation.

Et puis Microsoft a commercialisé sa première souris.

Le charbon est fini.

Des métiers disparaissent. Des vieux quartiers aussi.

C'est l'apparition du management.

D'un nouveau langage. Les mots fondent au profit d'obscurs sigles.

Les chiffres triomphent. Courbes d'audience à la télé. Élevage intensif dans les campagnes. Rendement imposé à l'hopital.

La Bourse n'est plus la criée des hommes. Mais le produit de froides transactions électroniques.

Les punks se sont tus. Les Stranglers font des tubes dans des studios en pleine révolution digitale. L'Histoire a connu une accélération technologique. Thatcher n'a rien inventé. Elle a été le bras armé d'un changement d'époque. Le thatchérisme n'existe pas, assure son ancien ministre Kenneth Clarke. 

Auteur: Perrignon Judith

Info: Le jour où le monde a tourné, pp 16-17, Grasset.

[ vingtième siècle ] [ capitalisme nomade ] [ pouvoir financier ] [ public-privé ] [ bascule numérique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

conformisme

Une tueuse en série rôde et elle ne s'attaque qu'aux filles. Elle est partout à la fois. Elle mesure entre 1,68 m et 1,75m, elle s'habille en 38-40. Sur sa tête elle a des cheveux, dans son visage deux grands yeux et une grande bouche mais son nez, lui, est petit. Elle a les mollets de Carla, les cuisses de Claudia, le ventre de Naomi, le nombril de Karen, les seins d'Ophélie, les fesses de Cindy (cf. l'Écho des savanes de janvier 96 : la fille idéale), bref elle est jolie en kit.
Quand elle a ses règles, c'est bleu (cf. pubs télé). Sa seule préoccupation : trouver un bon shampooing, un bon mec et une chouette lessive. Elle a 25 ans pour toujours, une peau parfaitement pâle et le caractère doux. Elle ne parle jamais fort.
La tueuse est un modèle. Elle rend malade plein de filles.
Elle, c'est la norme de la féminité dans la société où j'habite. Névroses, anorexie, boulimie, complexes en tous genres. Regarde-la partout, ressemble-lui beaucoup ou crève devant ton miroir.

Auteur: Monnet Corinne

Info: Au-delà du personnel

[ oppression ] [ publicité ] [ adolescente ] [ femmes-par-femmes ]

 

Commentaires: 0