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vieillir

Est-ce grotesque ? Est-il impossible de faire comprendre à autrui une illusion aussi subjective de la beauté ? En fait, dès l'instant où ils cessèrent d'avoir vingt-trois et dix-huit ans, c'est à dire dès l'année suivante, c'était devenu l'objectif essentiel de leur vie ou plutôt face à la vie. Ils mirent de l'acharnement à s'y tenir. Ils revenaient à leur première vision, autant de fois qu'il le fallait, et l'extraordinaire jeunesse de leur apparence les y aidait.

Pourtant, cette jeunesse avait des limites. Peu à peu, ils commençaient à éviter la lumière crue du jour, tout autant que la lumière artificielle de la nuit, pour préférer l'éclairage subtil du crépuscule ou de l'aube. Dans ces lueurs floues mais naturelles, l'homme de cinquante ans et la femme de quarante-cinq ans bénéficiaient de la délicatesse innée qui ne gardait de leur visage qu'un contour. Ils avaient compris que ce n'était que dans ce halo que la nature adoucissait la cruauté de ses lois, en maintenant dans sa fraîcheur le reflet de leur lointaine jeunesse, comme une aurore sur un flanc de montagne.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Une matinée d'amour pur

[ enlaidir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

aurore

Micael hausse les épaules. Il tourne le dos et s'engage sur un chemin qui s'écarte de l'alignement des tours. Un bassin. Il se couche à côté et plonge les bras dans l'eau. Il avance le visage et boit. Il éclabousse gaiement autour de lui. Déjà les premiers rayons de l'aube ont commencé à strier le ciel. Les étoiles ont disparu et la lune n'est plus qu'une tache à peine discernable. En hâte, il se déshabille. Puis il entre dans le bassin... lentement... soufflant quand l'eau atteint ses reins. Il nage précautionneusement, plongeant ses pieds de temps en temps pour sentir le fond boueux et froid. Là, il n'a plus pied. Les oiseaux chantent. C'est le premier matin au monde. Des lueurs pâles blanchissent le ciel silencieux. Un peu plus tard, il sort de l'eau. Il reste ainsi, nu et dégoulinant, frissonnant un peu, au bord du bassin à écouter le ramage des oiseaux. A l'est le disque rouge du soleil s'élève majestueusement. Il prend lentement conscience qu'il est en train de pleurer. Toute cette beauté. La solitude. Il est seul, et c'est la première aube.

Auteur: Silverberg Robert

Info: Les Monades urbaines

[ isolement ]

 

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aliments

Après la plage, nous raccompagnions les filles jusqu'à la ferme, Mme Le Dour avait préparé un goûter de crêpes - non pas les crêpes fines ou les galettes de sarrasin fourrées de choses salées comme on les trouve maintenant, mais de vraies krampouzen de froment épaisses et lourdes, sans sucre ni beurre, et les bolées de cidre tiède (le cidre glacé doit être une invention américaine). Comme de toutes les nourritures d'enfance (les gnocchis cuisinés par la bonne Maria chez ma grand-mère, ou le foufou et la soupe de cacahuètes d'Ogoja au Nigéria), j'ai gardé le goût de ces crêpes, l'épaisseur chaude, le tanin du cidre dans les bols de grès, quelque chose de doux et de sauvage à la fois, dans la pénombre enfumée de la ferme, avec l'odeur des vaches, la lueur du jour par la porte ouverte, les reflets du quinquet sur la vaisselle des étagères et sur les clous des lits-clos formant des losanges et des rosaces, et aussi le rire niais des deux filles qui les vengeait de la violence des arrosages et des poignées de sable dans leurs cheveux.

Auteur: Le Clézio Jean-Marie

Info: Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : Deux contes

[ manger ] [ jeunesse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

couchant

Les beaux jours sont rares, mais de quelle magie ils parent la blanche banquise ! La plaine, comme poudrée de diamants, étincelle sous le clair soleil ; les icebergs et les hummocks dressent leurs arêtes d'argent et projettent derrière eux des ombres diaphanes, d'un bleu si pur qu'elles semblent un lambeau détaché du ciel. Les chenaux décrivent des méandres de lapis-lazuli, et, sur leurs bords, la jeune glace prend des teintes d'aigue-marine. Vers le soir, insensiblement, les ombres changent, tournent au rose tendre, au mauve pâle, et, derrière chaque iceberg, il semble qu'une fée, en passant, ait laissé accroché son voile de gaze. Lentement, l'horizon se colore en rose, puis en jaune orange, et, lorsque le soleil a disparu, longtemps encore une lueur crépusculaire persiste, s'estompant délicieusement sur le fond bleu sombre du ciel où scintillent, innombrables, les étoiles. Plus souvent, hélas ! la brume noie tout ce qui nous entoure dans de blancs floconnement ; les nuages bas se confondent avec les dos arrondis des hummocks ; les ombres ont disparu avec les contours des choses, et c'est à tâtons qu'il faut marcher dans ces blancheurs opaques.

Auteur: Gerlache de Gomery Adrien De baron

Info: Quinze mois dans l'Antarctique : L'Expédition de la Belgica 1897-1899, pp. 158-159, Chapitre 9, Le premier hivernage dans la banquise australe

[ pôle sud ]

 

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existence

Plus je pénètre la vie d'Emilia, plus celle-ci m’apparaît, du début à la fin, comme un enchaînement de pertes, de disparitions, de quêtes vaines. Elle a consacré des années à pourchasser des néants; des personnes qui n'existaient plus, à se souvenir de faits qui ne s'étaient jamais produits. Et si nous étions tous ainsi ? Notre vie ne se réduit-elle pas à malmener l'histoire pour y laisser un signe de notre passage, une misérable fumée, une petite lueur, tout en sachant que même la trace la plus profonde est un oiseau emporté par le vent ? Un être humain équivaut à un autre, il est possible que nous soyons tous morts sans nous en rendre compte, ou que nous ne soyons pas encore nés et que nous l'ignorions, avais-je dit à Emilia l'une des dernière fois où je l'avais vue. Nous venons au monde à notre insu, à cause d'une somme de hasards, et nous partons n'importe où, très probablement nulle part. Si tu n'avais pas aimé Simon, tu en aurais aimé un autre. Tu l'aurais fait avec joie et sans culpabilité, car on n'aime pas ce que l'on ne connait pas.

Auteur: Eloy Martinez Tomas

Info: Purgatoire

[ dérisoire ]

 

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extraterrestres

Il y a des milliers d'années les tribus humaines souffraient de grandes privations dans la lutte pour l'existence. Il était alors important, non seulement de savoir manier une matraque, mais de posséder la capacité de penser intelligemment, de tenir compte du savoir et de l'expérience engrangés par la tribu et de développer les liens qui établiraient les bases d'une coopération avec d'autres tribus. Aujourd'hui la race humaine doit affronter une épreuve analogue. Plusieurs civilisations pourraient exister dans l'espace infini, parmi lesquelles des sociétés qui pourraient être plus sages et plus "performantes" que la nôtre. Je soutiens l'hypothèse cosmologique selon laquelle le développement de l'univers se répète un nombre infini de fois, suivant des caractéristiques essentielles. D'autres civilisations, y compris certaines plus "performantes", sont inscrites un nombre infini de fois sur les pages "suivantes" ou "précédentes" du Livre de l'univers. Néanmoins nous ne devons pas minimiser nos efforts sacrés en ce monde, où comme de faibles lueurs dans l'obscurité, nous avons surgi pour un instant du néant de l'inconscience obscure à l'existence matérielle. Nous devons respecter les exigences de la raison et créer une vie qui soit digne de nous-mêmes et des buts que nous percevons à peine.

Auteur: Sakharov Andreï Dmitrievitch

Info: Fin de son discours de réception du prix Nobel de la paix. Lu par sa femme Elena Bonner

[ humanité ] [ sagesse ]

 

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irremplaçable

Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. Malheureusement pour moi, je me connais en vrais diamants.

Auteur: Gary Romain

Info: La promesse de l'aube

[ femmes-par-homme ] [ maman ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

écrivain

Si mes écritures ne me paraissent pas de nouveau trop insuffisantes, je sais que je les publierai un jour. Mais cela aussi, cela surtout, je le voudrais oublier. Songer au lecteur entraîne à trop de ruses inconscientes, et à des timidités qui affaiblissent, et à des hardiesses qui dévoient. Cela incite à telles séductions persuasives qui ne vont pas, peut-être, sans dangereuses concessions. Cela soulève d’autoritaires démonstrations qui vous troublent vous-même et vous en imposent. Il y a des vérités que je connais par intuition. Je n’ai aucun moyen de conduire un autre homme au lieu d’où se voit leur resplendissement. Si je songe à cet autre, je cacherai, lâche, le trésor dont l’étranger ne pourra soupçonner le prix. Ou bien, pour empêcher qu’on rie de mes richesses, pour les rendre remarquables et acceptables, je les disposerai dans le mensonge d’un ordre logique et superficiel ; je les inonderai de fausses lueurs qui éteindront les véritables lumières. Le lecteur est trop exigeant. Il y a des choses que j’ignore ou qui ne m’intéressent point ; mais lui entend que je les connaisse et que je les dise. Ses réclamations créent en moi un intérêt artificiel ou une fausse science.

Auteur: Ryner Han

Info: La Sagesse qui rit . Paris, Éd. du monde moderne, 1928 . Chapitre premier : "L’Art de Vivre et la Science de la Vie."

[ contrainte aliénante ] [ liberté ] [ sans interlocuteur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

autocritique

Demain je reprendrai à nouveau cet important poème

A propos de Ferguson [Mara], homme jaloux et trompé

Qui braille la vérité, la vérité, et ne peut en supporter la plus petite lueur. Ce poème m’ennuie, et j’espère qu’il ennuiera

Toute bonne âme qui le lira, étant en quelque sorte

Au plus proche de moi-même mais surtout à mes antipodes ;

Mais ayant ordonné à l’artillerie lourde de faire feu

Je dois pilonner jusqu’au bout.

          Ce soir, ma chère,

Oublions tout ça, ceci et la guerre,

Isolons-nous juste au-delà du temps,

Toi avec ton whisky irlandais, moi avec mon vin rouge,

Tandis que les étoiles passent au-dessus de l’océan qui ne dort jamais,

Et peu après minuit j’en cueillerai certaines pour t’en faire une couronne ; nous parlerons de l’amour et de la mort,

Thèmes solides comme le roc, vieux et profonds comme la mer,

N’admettant rien de plus opportun, rien de moins réel

Tandis que les étoiles passent au-dessus de l’océan qui ne connaît pas le temps,

Et quand elles s’évanouiront nous aurons agréablement passé la nuit.

Auteur: Jeffers Robinson

Info: Dans "Mara ou Tu peux en vouloir au soleil", Préface, trad. de l’anglais (États-Unis) par Cédric Barnaud, éditions Unes, 2022

[ littérature-réalité ] [ préoccupations essentielles ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

poème

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

Auteur: Maupassant Guy de

Info: Nuit de neige,

[ obscurité ]

 

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