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aube

Le jour se levait, triste et froid, mur mouvant de lumière grise qui sortait du nord-est et semblait, au lieu de se fondre en vapeurs humides, se désagréger en atomes ténus et vénéneux, comme de la poussière, précipitant moins une humidité qu'une substance voisine de l'huile légère, incomplètement congelée. Quand Dilsey, ayant ouvert la porte de sa case, apparut sur le seuil, elle eut l'impression que des aiguilles lui transperçaient la chair latéralement. Elle portait un chapeau de paille noire, perché sur son madras, et, sur une robe de soir violette, une cape en velours lie de vin, bordée d'une fourrure anonyme et pelée. Elle resta un moment sur le seuil, son visage creux insondable levé vers le temps, et une main décharnée, plate et flasque comme un ventre de poisson, puis elle écarta sa cape et examina son corsage. 

Auteur: Faulkner William

Info: Le bruit et la fureur, 8 avril 1928. in Oeuvres romanesques - La Pléiade 01

[ personnage ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

humour

Lee Lightouch et Pato Conchi franchirent la frontière à l’aube. Lightouch était habillé de cuir, Conchi de lin. Le premier portait un couvre-chef gras de sueur, le deuxième allait boucles au vent. L’un était grand, l’autre rond. Le grand maigre, arborant moustache et barbiche, marchait mains dans les poches, le gros glabre avait glissé une machette dans sa ceinture. Leur mule les suivait comme une ombre. Ils voyagèrent cinq jours d’affilée. Le soir, ils mangèrent du lard : une couenne était attachée au bat. Ils firent de petits feux sans fumée. Le matin, ils burent une infusion de chicorée. Les nuages à l’horizon ne changeaient ni de taille ni de couleur, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Sauf le soir, quand ils viraient au rouge, comme d’ailleurs le reste du monde.
– C’est magnifique, dit Lightouch.
– Bof, dit Conchi.

Auteur: Biermann Mika

Info: Booming

[ western ] [ décalage ]

 

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agnosticisme

Thomas et François

Dans les nombreuses conversations que j’ai pu avoir sur des sujets religieux, il m’est souvent arrivé de déclarer, de façon quelque peu provocatrice, que je ne reconnaissais que deux saints : le Thomas de l’Évangile et François d’Assise. Thomas arrivait en premier, bien sûr, puisqu’il avait eu l’audace de vouloir vérifier que Jésus-Christ portait bien des stigmates, au lieu de croire aveuglément. Il n’a certes pas conservé longtemps son esprit critique puisqu’il s’est très vite mis à croire, juste après avoir constaté cette présence. À sa place, j’aurais demandé des explications, beaucoup d’explications ! Il fallait absolument demander des explications ! Mais c’était déjà un premier pas : il voulait voir avant de croire. Le deuxième pas aurait consisté à voir au lieu de croire. Mais pour être capable de voir, il faut que les lumières de la raison dissipent l’obscurité des croyances. Les esprits n’étaient pas prêts…

Auteur: Santarini Gérard

Info: Extrait de "Croire ou savoir ? Petites graines de réflexion pour un monde meilleur", Librinova, 2019

[ réflexion ] [ factualisme ]

 
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Ajouté à la BD par SANTARINI

deuil

Vers la mi-décembre, la fille d'un des voisins s'empoisonna par amour. Elle aimait un musulman et tout était vraiment trop compliqué. Elle avait avalé du shiré et le garçon s'était pendu de son côté, Capulets et Montaigus. Longs cris de femmes au-dessus du quartier. Des affiches vertes et noires placardées sur toutes les portes annonçant l'heure du culte mortuaire... A la chapelle arménienne, la fille reposait mains jointes dans son cercueil ouvert. Elle portait une robe de velours presque neuve et des anneaux d'or aux oreilles. Au fond de l'église les vieilles formaient un groupe d'une extraordinaire noblesse : une phalange de Parques drapées dans leurs châles noirs, silencieuses, dures, féminines, les yeux comme des soleils. Jamais, sauf chez quelques vieilles Tziganes, je n'avais vu cette dignité de Sphinx, poignante et puissante. C'étaient vraiment les gardiennes de la race, cent fois plus belles que les filles à marier.

Auteur: Bouvier Nicolas

Info: L'usage du monde, p 147

[ femmes-par-hommes ]

 

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arrière-été

Qu'il est donc rapide, le glissement d'une saison moribonde vers la saison future ! Hier encore (il semble que c'était hier), ce grand pays sous le soleil sec de septembre s'abandonnait aux charrues. Elles ouvraient dans l'herbe rase des prairies de longues blessures roses d'heure en heure élargies. A la pointe du dernier sillon, Fernand, l'épaule nue et dorée comme au plein de l'été, une main sur le soc éblouissant, portait de l'autre à ses lèvres une pomme si rouge que le ciel autour d'elle avivait son bleu trop doux. Les chevaux las s'endormaient au repos et leurs crinières, en se penchant vers le sommeil, démasquaient par à-coups le ruban d'horizon, ses pans de collines, ses villages minuscules délicatement dessinés, avec le compte exact de toitures et des arbres, leurs couleurs posées côte à côte sans une bavure, à peine amorties au fond de l'air mûri comme un vin d'or.

Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude

[ impressionnisme littéraire ] [ tableau écrit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lieu de naissance

Le mot "Nazaréen" signifie méprisé. Le petit village de Nazareth était niché dans un vallon, au pied des montagnes, à l’écart des grandes routes, hors d’atteinte des marchands de la Grèce, des légions de Rome et des séjours des sophistes. Les géographies anciennes ne le mentionnent même pas. Il portait bien son nom, car il était tout juste un "netzer", un rejeton qui pousse sur la souche d’un arbre. Quelques siècles plus tôt, Isaïe avait prédit qu’une "tige", un "rejeton", un "netzer" surgirait des racines de la nation. Il paraîtrait de peu d’importance, et beaucoup le mépriseraient, mais finalement il dominerait la terre. Le fait que le Christ ait choisi de résider dans un village méprisé préfigurait l’obscurité et l’ignominie qui L’affecteraient toujours, Lui et aussi Ses disciples. Le nom de "Nazareth" sera cloué au-dessus de Sa tête, sur le "signe de contradiction", comme une réfutation méprisante de ses prétentions à être le Roi des Juifs.

Auteur: Sheen Fulton

Info: Dans "La vie du Christ", trad. Abbé Giraud P.S.S., éditions Dominique Martin Morin, 2012, page 46

[ étymologie ] [ symbolisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

plénitude

Ils nagèrent tous les trois vers le large. Couchés au ras de l’eau, ils voyaient accourir de l’horizon le poids régulier des vagues, et dans un capiteux vertige il leur semblait qu’il tombât tout entier sur leurs épaules et dût les écraser, — avant de se faire au-dessous d’eux un flux de silence et de douceur qui les élevait paresseusement sur un dos liquide, avec une sensation exquise de légèreté. Tantôt la crête d’une vague projetait une ombre brusque sur le visage de Heide et tantôt reparaissait l’étincellement salin de ses joues lavées. Il leur sembla que leurs muscles participaient peu à peu du pouvoir dissolvant de l’élément qui les portait : leur chair parut perdre de sa densité et s’identifier par une osmose obscure aux filets liquides qui les enserraient. Ils sentaient naître en eux une pureté, une liberté sans égales — ils souriaient tous les trois d’un sourire inconnu aux hommes en affrontant l’horizon incalculable.

Auteur: Gracq Julien

Info: Au chateau d'Argol

[ proprioception ] [ sentiment océanique ] [ amnios ] [ nage symbiose ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

langue française

Il était une fois un sot qui se promenait à dos d'âne, il portait dans la main droite un seau d'eau, et dans la gauche, le sceau du roi, l'âne, tentant un saut, trébucha, les trois [so]s tombèrent. Dans une dictée, comment écrire le dernier |so] de la phrase ? On ne peut que... dire cela... et non l'écrire : il s'agit d'homophones (mots s'entendant de la même manière, mais avec des orthographes différentes).C'est toute l'astuce... de l'astuce. Elle montre d'ailleurs tout l'intérêt de l'orthographe qui met du sens dans le son (et pas le son destiné à l'âne, bien entendu). Le problème posé n'a aucune solution, parce que le nombre correspond à des "objets" différents n'ayant pas le même sens. Aucune graphie n'est possible : chacune d'elle ne correspond qu'à un objet. Outre le maladroit de l'histoire, il n'y a qu'un seul sot : celui qui tente (vainement) de trouver une réponse à un problème insoluble... même dans l'eau du seau.

Auteur: Internet

Info:

[ malentendus ] [ limitation ]

 

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prisonnier

Au village d'Obebe le cannibale, sur les rives de l'Ugogo, Esteban Miranda, accroupi dans la crasse d'une hutte obscure, rongeait les restes d'un poisson à demi cuit. Il portait au cou un collier d'esclave, dont le cercle de fer était relié par une chaîne rouillée, longue de quelques pieds, à un fort piquet planté profondément dans le sol, près de la porte basse donnant sur l'allée principale, non loin de la case d'Obebe lui-même.
Cela faisait un an qu'Esteban Miranda était ainsi enchaîné comme un chien. Et comme un chien, il se glissait parfois dehors, par la petite ouverture de sa niche, afin de se chauffer au soleil. Il n'y avait que deux choses pour le soutenir. Uniquement deux.
L'une était l'idée définitivement ancrée qu'il était Tarzan, seigneur des singes, dont il avait joué le rôle si longtemps et avec tant de succès que, bon acteur, il en était arrivé à ne plus seulement représenter le personnage, mais aussi, à le vivre, à être Tarzan...

Auteur: Burroughs Edgar Rice

Info: Tarzan et les hommes fourmis, chapitre 1

 

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réseaux sociaux déprimants

On commença à déceler de nouvelles formes de dépression chez les adolescents et certains sujets adultes ayant grandi avec les écrans, loin des Pueblos et des Guarani. Une détresse psychologique affectait désormais des individus à la vie ordinaire et équilibrée. Ils avaient souvent un chien ou une femme, parfois les deux. Ils étaient quelquefois propriétaires, cadres supérieurs, détenteurs d’un pavillon avec jardin ou d’un bac à douche avec porte coulissante. Ils aimaient la cuisine et le sexe, prendre des photos, faire des barbecues. C’était de bons citoyens sans histoires. Quant aux étudiants, ce n’était pas toujours les moins brillants ou les plus marginaux. Ils jouaient aux jeux vidéo, utilisaient des contraceptifs efficaces, faisaient des comas éthyliques. C’était des individus intégrés. Voilà qui fut un point marquant : la dépression ne sembla pas être la conséquence d’une perte de repères ou d’un déséquilibre profond. Du moins, elle n’en portait pas le nom. Toutes les personnes concernées par le mal en question étaient seulement d’inconditionnels utilisateurs du réseau ShowYou.

Auteur: Bied-Charreton Solange

Info: Dans "Enjoy", éditions Stock, 2012, pages 138-139

[ comparaison ] [ spectacularisation de soi ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson