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conservatisme

La résistance irraisonnée aux idées neuves, ou du moins à celles qui sont en contradiction avec celles du temps, est un phénomène bien connu. Il tire certainement sa source dans les impératifs de la survie à des époques très reculées, où tout ce qui était nouveau était potentiellement dangereux. " L'esprit n'aime pas les idées inconnues, pas plus que le corps les protéines inconnues, et il y résiste avec la même énergie. Il ne serait sans doute pas exagéré de dire qu'une idée neuve est l'antigène le plus actif que connaisse la science. Si nous nous observons honnêtement, nous verrons souvent que nous nous mettons à argumenter contre une nouvelle idée avant même qu'elle ait été énoncée " (Trotter, cité par Lemaire, 1993, p. 122). Cette attitude défensive vis-à-vis de tout changement d'importance explique pourquoi certaines découvertes sont rejetées a priori (cf la polémique sur l'authenticité de Lascaux, sur celle de Rouffignac, et plus récemment de la grotte Cosquer, Clottes & Courtin, 1994, p. 21-26) ou certains résultats d'analyses contestés, comme les dates de la grotte Chauvet (Clottes, 1999).

Auteur: Clottes Jean

Info: Les chamanes de la préhistoire : Transe et magie dans les grottes ornées Suivi de Après Les Chamanes, polémiques et réponses. Avec David Lewis-Williams. p. 172

[ historique ]

 

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anthropologie

L'étude de 488 sociétés ethniques a montré que, dans 90 % d'entre elles, existait une forme d'institutionnalisation, culturellement structurée, des états de conscience altérée (Bourguignon, 1973, p. 11; 1977, p. 10) et que, en Amérique du Nord, ce pourcentage passait à 97 % des sociétés aborigènes connues ethnologiquement (Turpin, 1994, p. 79).

Auteur: Clottes Jean

Info: Les chamanes de la préhistoire : Transe et magie dans les grottes ornées Suivi de Après Les Chamanes, polémiques et réponses - note 22. P 224

[ spiritualité ] [ psychotropes ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

philosophie antique

Vues d’en bas, les Idées sont des unités lumineuses s’enlevant distinctement sur un fond noir et distinct. Vues d’en haut, ce sont des rayons qui épousent la forme de l’ouverture céleste, de l’ "œil divin" par où ils jaillissent. Cette forme ouranique, cette ouverture céleste, est une détermination, et donc une limitation de l’unique Lumière surintelligible qui, en elle-même, est sans forme et sans limite. Ainsi, ces unités-ouvertures sont bien le "lieu" où s’effectue le passage du créé à l’Incréé et de l’Incréé au créé. La région intelligible est la limite supérieure du monde de la création, le passage-limite où les possibles divins deviennent formes créées afin que la présence divine habite en toute chose et que toute chose soit rattachée à son prototype divin par le lien de l’analogie.

Telle est, pensons-nous, le sens de la dialectique platonicienne et de la doctrine des Idées qu’Aristote, semble-t-il, n’a pas comprise. Ne concevant l’être que sous la forme de l’existence d’une chose, une substance individuelle, il n’a vu dans les Idées de Platon, existant en soi, que des "choses" intelligibles qui doublaient inutilement le monde des réalités sensibles, alors qu’elles sont des rayons, des relations matricielles, des principes unificateurs de tous les degrés de la réalité.

Auteur: Borella Jean

Info: Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, pages 190-191

[ créé-incréé ] [ explication ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie antique

Un dernier point doit être souligné. Des personnages qui portent les figurines derrière le mur, seul peut parler celui qui est redescendu dans la Caverne. En effet, lors de l’ascension du prisonnier délivré montant vers le jour hors de la Caverne, il n’est jamais qu’ayant franchi le mur il se retourne pour voir les personnages qu’il cachait. S’il a vu les figurines, avec difficulté, et, plus difficilement encore, le feu derrière elles qui projette leurs ombres, il n’a pu, tendu tout entier vers le sommet sous la guidance de son initiateur, apercevoir les porteurs de statues, dont, curieusement, Platon ne parlera plus. Parvenu à la surface de la terre, il poursuit son "initiation à la lumière" jusqu’au moment où il peut fixer sa vue sur le soleil lui-même. Nous avons quitté le domaine de la parabole doctrinale pour entrer dans celui de la réalisation effective, nous élevant de hiérarchies intelligibles en hiérarchies intelligibles, où tout est baigné, indirectement d’abord (les ombres, les reflets, les réalités naturelles, la lune, les astres), directement enfin, dans la lumière du Bien. Ce n’est qu’au cours de la redescente et de sa rentrée dans la Caverne que le délivré, regardant vers le bas, dans la même direction que les prisonniers toujours enchaînés, pourra prendre connaissance des personnages derrière le mur. Qu’est-ce que cela signifie ?

Ces personnages, selon l’interprétation que nous avons esquissée, symbolisent les principes eidétiques (cachés dans la Nature divine) des paradigmes cosmiques à l’œuvre dans la construction du monde. Ils symbolisent les racines incréées des essences qui informent démiurgiquement les réalités sensibles. Autrement dit, ils symbolisent l’immanence du multiple dans l’Un, la multiplicité principielle des raisons ultimes de toutes choses. Ce que le mythe métaphysique de la Caverne nous enseigne, c’est que cette multiplicité ou "relativité suprême", qui est le "lieu" véritable des Idées pures, et qui donc peut être identifiée, à certains égards, au Verbe-Sagesse comme "lieu des possibles" ne peut être atteinte au cours de l’ascension spirituelle. Elle ne peut, en aucun cas, être prise comme objectif à atteindre pour une voie de connaissance, puisque, dans l’unité dynamique du mouvement ascensionnel, elle est invisible. Ce qui meut uniquement le prisonnier dans la conversion qui l’arrache à ses chaînes, c’est le désir de la lumière de l’Être, et non la connaissance du mystère de la multiplicité des choses, à laquelle, d’une certaine manière, il lui faut au contraire progressivement renoncer. La leçon spirituelle qui s’impose ici est d’une importance décisive et dirime entre les pseudo-gnoses passées, présentes et à venir, et la véritable voie de la connaissance. Le métaphysicien doit, lorsqu’il s’engage dans la voie de la réalisation, viser seulement l’Être absolu et inconditionné (le Soleil-Bien) et non la connaissance de la raison d’être du multiple. Une telle connaissance est cachée en Dieu même, elle est véritablement le secret de Dieu et de son irradiation créatrice, et tout homme qui se proposerait cette connaissance comme but ne pourrait tenter d’y atteindre qu’en arrêtant sa montée vers le Bien et en se détournant de la lumière du Principe. Il se perdrait alors irrémédiablement, s’imaginant avoir percé les secrets de la création et, en fait, définitivement prisonnier de l’illusion. C’est là, proprement, la voie de Lucifer.

Il y a, dans cette entreprise, quelque chose du demi-habile de Pascal, qui croit avoir saisi la "raison des effets", qui dénonce la comédie sociale ou le mensonge des formes cosmiques, qui ne voit partout qu’apparence et faux-semblants, et qui est alors véritablement enfermé dans l’illusion universelle, tandis que le "naïf", le prisonnier enchaîné, en percevant les ombres sur la paroi et en adhérant à la vérité de leur apparence, perçoit encore, ou déjà, quelque chose du modèle dont elles sont les projections. […]

Il nous semble qu’il y a là une illustration saisissante de la parole du Christ : "Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît". Cherchez d’abord le Dieu-Un et sa vérité, et le multiple qui lui est immanent vous sera donné par surcroît. Le regard du déliré parvenu au Royaume du Bien, quand il se tourne vers ceux d’en bas, épousant la direction même du regard divin sur les choses, n’est plus un regard suspicieux et dénonciateur, il ne poursuit plus la chasse aux simulacres : c’est un regard de compassion et un regard d’amour, car il y a une vérité de l’amour qui surpasse toute connaissance intellective ou, plutôt, qui accomplit en perfection l’espérance de toute connaissance. Le théâtre cosmique cesse alors d’être mensonger, il révèle sa véritable nature qui est l’irradiation mystérieuse de la Beauté divine.

Auteur: Borella Jean

Info: Penser l'analogie, L'Harmattan, Paris, 2012, pages 187 à 189

[ créé-incréé ] [ dialectique ] [ Eternel ] [ mâyâ ] [ interprétation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

âme-esprit

C’est en effet à lui [Descartes] que l’on doit d’avoir définitivement assis la subversion sémantique la plus funeste de tous les temps : celle demandant de croire que le mot esprit sert à désigner de la substance psychique, alors que son étymologie originelle est exactement à l’opposé. La subversion cartésienne est d’ailleurs très habile. Elle se décompose en deux mouvements. Dans le premier, R. Descartes au moment où il écrit son Traité de l’homme, évacue de la définition de l’humain ce qui est signifié par le mot esprit. Et dans un deuxième, ce qui revient à une parfaite élimination du signifiant lui-même, l’auteur du Discours de la méthode écrit avec l’immense autorité qui est la sienne : "Car je ne considère pas l’esprit comme une partie de l’âme, mais comme cette âme tout entière qui pense." Les jeux sont dès lors faits.

Auteur: Fromaget Michel

Info: La drachme perdue, éditions Grégoriennes, 2010, page 10

[ indifférenciation ] [ réductionnisme ] [ dualisme ] [ sécularisation ] [ philosophie ]

 

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ontologie

D'où vient la vie ? Peut-être la réponse n'est-elle pas connaissable par de simples êtres humains. Tchouang-Tseu le laissait entendre il y a longtemps déjà : " Il y a un commencement. Il y a un commencement qui n'a pas encore commencé à être. Il y a un commencement qui n'a pas encore commencé à être un commencement qui n'a pas encore commencé à être. Il y a l'être. Il y a le non-être. Il y a le non-être qui n'a pas encore commencé à être. Il y a le non-être qui n'a pas encore commencé à être un non-être qui n'a pas encore commencé à être. Soudain, il y a le non-être. Mais je ne sais pas, en ce qui concerne le non-être, lequel est réellement l'être et lequel est le non-être. Maintenant, je viens de dire quelque chose. Mais je ne sais pas si ce que j'ai dit a réellement dit quelque chose ou non. "

Auteur: Narby Jeremy

Info: Le serpent cosmique, l'ADN et les origines du savoir

[ perdu ]

 

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homme-végétal

La plupart des projets que j'ai présentés, à des individus, des communes, des groupements de citoyens, des fondations et même une organisation gouvernementale, ont été financés, puis réalisés sur le terrain. Au cours de cette période, j'ai appris à donner des conférences publiques pour expliquer pourquoi il était écologiquement utile de confier la forêt tropicale à ses habitants ancestraux. Dans mes présentations, j'exposais la nature rationnelle de leur utilisation de ce milieu fragile, insistant par exemple sur le rôle-clé, dans les techniques agricoles indigènes, de la polyculture et du déboisement de petites surfaces. Mais plus je parlais, plus je me rendais compte que je taisais une partie de ce que je pensais.

Je ne disais pas que ces indiens, qui détiennent un savoir empirique attesté par la science, affirment que celui-ci provient des hallucinations induites par certaines plantes. J'avais moi-même expérimenté ces hallucinogènes végétaux sous leur direction, et ma rencontre avec les serpents fluorescents avait véritablement modifier ma manière de considérer la réalité. En hallucinant, j'avais appris des choses importantes pour moi - à commencer par le fait que je ne suis qu'un être humain intimement lié aux autres formes de vie et que la vraie réalité est plus complexe que ce que nos yeux nous font voir et croire habituellement. Telle était devenue ma conviction.


Auteur: Narby Jeremy

Info: Le serpent cosmique, l'ADN et les origines du savoir

[ communication ] [ filiation ]

 

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appartenance

Les Inuits perçoivent leur environnement naturel, la faune et la flore comme le prolongement de leur corps physique. Cet espace qui s’étale devant mes yeux est un morceau de moi. J’en suis responsable, comme je suis responsable de mon corps devant les générations qui en découleront. Comment ne pas essayer de faire passer cette idée, convaincre les climatosceptiques, les fous de la grande industrie, qui s’apprêtent à sacrifier l’avenir de leurs rejetons, voire le leur ? Comment l’humanité a-t-elle fait pour arriver à un tel niveau de détestation d’elle-même ?

Auteur: Stassart Gilles

Info: Grise Fiord

[ projetée ] [ holisme ]

 

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intraduisibles

Mingoleq, couche de neige fine, Mingullaut, neige fine qui s’infiltre et se dépose sur les objets, Mituk, une pellicule de neige fine sur un trou, Munnguqtuq, la neige compressée qui s’adoucit au printemps, Nargrouti, un morceau de neige pour boucher un trou qui goutte dans un igloo, Nateq, le sol d’un igloo, Niktaalaq, neige portée par le vent. Cinquante-deux façons de désigner la neige en inuktitut. Pigangnuit, banc de neige formé par les vents du sud-est, Piqsiq, neige soulevée par le vent, Pukak, neige cristallisée qui s’effrite, Qaniktak, neige récemment tombée et qui s’accumule sur le sol, Qannialaaq, neige fine qui tombe, Qeoraliaq, neige brisée…

Auteur: Stassart Gilles

Info: Grise Fiord

[ langage ] [ précision ] [ variété ]

 

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holisme

Depuis l'effondrement de la doctrine centrale de la biologie moléculaire – un gène pour une protéine, définissant un flux linéaire et unidirectionnel de l'information – les limites du réductionnisme scientifique ont été clairement démontrées. Dans le cas du système complexe que nous appelons la biologie, la clé ne réside pas dans un plus grand nombre de gènes, mais dans une intelligence systémique accrue des interactions. Ces interactions hautement ordonnées, en tant que propriétés émergentes, doivent être expliquées par leur fonction collective, cohérente et holistique – car elles ne peuvent être prédites par les seules parties sous-jacentes.  

 

Auteur: Brown William

Info:

[ complexités intégrées ] [ épigénétique ] [ interdépendances globales ] [   interactions protéiques ] [ réseaux de signalisation ] [  boucles de rétroaction ] [ synergies ]

 

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