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compression hydrostatique

Les délicates méduses des grands fonds résistent à  d'écrasantes pressions

Les cténophores sont des créatures transparentes et gélatineuses qui vivent dans les profondeurs marines et qui résistent à des pressions d'eau écrasantes. Pourtant, sur la terre ferme, ces gélatines fondent et se dissolvent rapidement. Les chercheurs ont collecté des cténophores à différentes profondeurs dans le monde entier. Ils ont analysé les différents tissus corporels de ces créatures et ont constaté que plus un cténophore vivait en profondeur, plus son taux d'EPP, abréviation de plasménylphosphatidyléthanolamine, un type de phospholipide en forme de cône, ou molécule grasse, que l'on trouve dans les membranes cellulaires, était élevé.

Comment cela fonctionne ? À haute pression, les molécules grasses sont typiquement " écrasées ", passant de la forme conique à la forme cylindrique. Les combinaisons de lipides en forme de cône et de cylindre équilibrent la stabilité et la flexibilité d'une membrane cellulaire et permettent à la cellule de rester opérationnelle. Les molécules grasses de l'EPI présentant des formes coniques exagérées restent ainsi en forme de cône même à des pressions écrasantes, préservant ainsi les fonctions cellulaires. 

Comme les EPI font également partie du système nerveux humain et des maladies telles que la maladie d'Alzheimer s'accompagnent d'une perte de cette molécule, il se pourrait, selon Itay Budin, biophysicien à l'université de Californie à San Diego, coauteur de l'étude, apprendre à manipuler les niveaux d'EPI pourrait permettre de mettre au point de nouveaux traitements pour les maladies du cerveau.

Auteur: Internet

Info: Today in science, 7 sept 2024

[ plasticité ] [ densification ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

protestantisme

Essentiellement, la thèse luthérienne est née d’une angoisse incoercible, celle de la damnation. Le moine Luther au cours de crises assurément épouvantables et d’une indicible horreur, éprouve le sentiment qu’aucune œuvre, si méritoire soit-elle en elle-même, ne peut apaiser la justice de Dieu : ni jeûnes, ni mortifications, ni actions charitables, ni messes, ni prières, n’ont la moindre valeur au prix de son péché omniprésent. […] Pour échapper à cette obsession, il élabore un "montage psychique" qui lui permet de neutraliser sa peur panique de l’enfer, sans abolir pour autant le mépris haineux et violent de sa propre nature, lequel est en effet constitutif de son être. Ce montage, plus ou moins conscient, se cristallise subitement (en 1518 ?) au cours d’une lecture d’un passage de l’Epître aux Romains (1, 17), cent fois médité, et dont le sens commence subitement à lui apparaître : "la justice de Dieu est révélée dans l’Evangile, comme il est écrit : Le juste vivra par la foi". Cette Justice, comprend-il soudain, n’est pas la justice-acte (rendre la justice, juger), mais la justice-état (être juste). […] La justice-état (ou justice passive) est celle du Christ, est le Christ lui-même, au dire de saint Paul. Comment nous est-elle conférée ? Par pénétration intérieure ? Mais alors, c’est moi qui serais juste ! Or cela est impossible puisque je suis péché. Non, elle nous est imputée de l’extérieur : la rédemption du Christ en laquelle nous sommes justifiés, nous laisse subsister comme pécheurs invétérés, tant que nous vivrons ; simplement, elle nous recouvre comme un manteau et nous sauve de la damnation, en obtenant, non que nous ne péchions plus, mais que nos péchés ne nous soient plus imputés à crime. C’est pourquoi il est normal que les œuvres ne servent de rien. Affirmer un instant qu’une œuvre humaine puisse avoir valeur de coopération rédemptrice, et surtout l’œuvre prétendument sacrificielle de la messe, équivaut à nier la crucifixion : c’est un abominable blasphème, c’est manquer de foi en Jésus-Christ seul. Tel est le premier point.

Maintenant je sais que l’invincible ignominie de ma nature n’est pas la preuve de ma damnation, puisque le Christ nous sauve "malgré nous" de l’extérieur. Encore faut-il, pour guérir l’obsession de l’Enfer, que j’applique cette certitude à moi-même. Comment savoir que moi, je suis sauvé ? Quel signe infaillible peut me l’attester ? Saint Paul nous le dit : c’est la foi. […] Le fait de la foi, en moi, est la preuve que Jésus-Christ m’a bien sauvé, moi. Mais avoir la foi, c’est croire précisément que seul Jésus-Christ me sauve, et donc rejeter avec horreur toute foi dans les œuvres, sinon je ne crois pas en Jésus-Christ mais en moi. Ainsi la justification forensique (extérieure) et la foi-signe de justification se rejoignent et se conditionnent réciproquement. Tel est le deuxième point.

Que seul le Christ nous sauve, l’Eglise l’a toujours su et enseigné ; mais que saint Paul expose clairement la justification forensique et la foi-signe est tout simplement insoutenable. […] L’idée que la nature humaine, dans sa substance propre, reste radicalement extérieure à la grâce de la rédemption, en sorte que nous sommes à la fois pécheurs et justes […] est purement luthérienne. […]

[Conséquences théologiques de la thèse luthérienne] Fondamentalement, et quelle que soit la bonté de ses intentions, cette thèse repose sur l’incompatibilité radicale de la nature et de la grâce, ou plutôt sur l’opposition irréductible et l’exclusion réciproque de l’ordre naturel et de l’ordre surnaturel, que la grâce vient précisément accorder l’un à l’autre, puisque cette grâce découle toujours de l’unique Hypostase du Christ en laquelle la divinité s’est unie à l’humanité. Ici, au contraire, la surnature ne peut opérer qu’en détruisant la nature, et il nous est extrêmement difficile de considérer une pareille thèse autrement que comme "dia-bolique", dans la mesure où elle fait œuvre de division (dia-ballein). C’est dans le cœur de chaque chrétien qu’elle introduit une séparation infranchissable entre ce qui relève de la créature et ce qui relève de l’acte rédempteur. Elle ferme la nature sur elle-même, la vouant au péché, et du même coup referme la porte du Ciel que le Christ nous avait ouverte. Par décret luthérien, il est interdit à la grâce divine de prendre racine dans la terre humaine. Voici dès lors notre monde déserté du sacré. […] le symbolique est chassé de notre existence chrétienne, au nom même de l’honneur de Dieu. Aucune forme terrestre, aucune œuvre humaine, aucun acte, ne sont porteurs de la grâce du Christ, d’un Christ jaloux et avare qui ne confie plus la force de son amour rédempteur à la faiblesse mais aussi à la dignité de sa noble créature, et, par l’intermédiaire de l’homme consécrateur, aux choses mêmes. Ce qui disparaît ainsi, c’est "l’immanence de grâce" du Christ rédempteur dans sa création, c’est-à-dire l’ordre sacramentel et rituel, l’ordre ecclésial, le Corps mystique, toute cette sacralisation du cosmos terrestre et humain, qui est l’incarnation prolongée, répandue et communiquée, l’image et les prémices des "nouveaux Cieux et de la nouvelle Terre".

On dirait sans doute que cette profanisation radicale de l’ordre naturel est corrélative d’une intériorisation de la relation au Christ, puisque le seul signe terrestre du divin qui demeure est la foi, et que ce qui était perdu là est gagné ici. Il faut cependant préciser. La foi luthérienne est-elle une réalité surnaturelle dans l’âme humaine ? Un habitus ? La réponse n’est pas aisée, car les textes sont contradictoires. Mais aucun doute n’est possible quant à la tendance générale de sa conception. Ce qui est ici souligné presque exclusivement, c’est la dimension humaine de la foi, la foi comme acte humain, volonté humaine en la miséricorde. C’est la foi sentie par le croyant, la foi réduite à l’expérience subjective de la foi, et non proprement la foi théologale, grâce dont la réalité spirituelle n’est aucunement perceptible à la conscience ordinaire. Or, si la grâce demeure extérieure à l’homme, l’homme ne demeure-t-il pas extérieur à la grâce ? D’où le besoin, chez Luther, de sur-accentuer la dimension volitive et sentimentale de l’acte de foi, bref, de procéder à une psychologisation du spirituel. […]

[Conséquences philosophiques de la thèse luthérienne]

L’exclusion réciproque des ordres naturel et surnaturel n’est pas seulement ruineuse du cosmos sacré et de l’intériorité spirituelle, elle est également destructrice, à la longue, de la réalité humaine comme telle ; car la consistance ontologique de l’ordre humain n’est fondée et n’est assurée que par son ordination à l’ordre divin. Il faut toujours revenir à l’attestation de la Genèse : la nature de l’être humain, c’est sa déiformité. Déiforme par essence, il doit accomplir son destin ontologique d’image de Dieu et devenir ressemblant, car "nous sommes de la race de Dieu" nous apprend saint Paul (Ac 17, 29). Sans doute la nature humaine ne peut-elle, par elle-même – et pas même chez Adam – réaliser sa perfection surnaturelle. Mais c’est uniquement cette possible relation à sa réalisation future qui définit et garantit sa réalité actuelle. C’est pourquoi il n’y a pas d’humanisme purement naturaliste. Réduite à elle-même, la nature humaine ne constitue nullement un fondement. Si l’homme ne se tourne pas vers Dieu, c’est dans le monde et la matière qu’il cherchera sa cause finale et le principe de son illusoire accomplissement.

Profanisation du monde, psychologisation de l’Esprit, sécularisation de l’être humain, telles sont les trois conséquences inéluctables inscrites dans le principe fondateur du luthéranisme.

Auteur: Borella Jean

Info: Le sens du surnaturel, L'Harmattan, 1997, pages 56 à 62

[ critique ] [ naturel-surnaturel ] [ sécularisation ]

 

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pesanteur

Pourquoi la gravité nous tire-t-elle vers le bas et non vers le haut

La gravité est une force omniprésente qui façonne notre expérience quotidienne, nous maintenant solidement sur Terre et régissant les mouvements des planètes dans l’espace. Cependant, une question demeure : pourquoi sommes-nous attirés vers le bas plutôt que repoussés vers le haut par cette force fondamentale ?

Une toile en 4 dimensions

La gravité, telle que décrite par la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein, repose sur une compréhension profonde de l’espace-temps, une toile invisible qui enveloppe notre univers. Pour visualiser cette idée complexe, imaginez l’espace-temps comme une entité à quatre dimensions qui combine les trois dimensions de  l’espace (longueur, largeur, et hauteur) avec la quatrième dimension, le temps.

Einstein a révolutionné notre compréhension de la gravité en montrant que les objets massifs, tels que la Terre, ne se contentent pas d’attirer d’autres objets vers eux comme on le pensait auparavant, mais qu’ils courbent l’espace-temps qui les entoure.

La matière crée des puits gravitationnels, pas des collines gravitationnelles

Pour simplifier cette idée, imaginez un trampoline. Si vous placez une masse comme une boule au centre du trampoline, il va créer une déformation autour de lui, formant un puits gravitationnel. Si vous placez une petite balle à proximité, elle roulera naturellement vers la boule plus massive au centre du trampoline. Cette analogie en deux dimensions reflète comment la masse déforme l’espace-temps en créant une attraction gravitationnelle.

Plus un objet est massif, plus la courbure de l’espace-temps est prononcée. Le Soleil crée par exemple une courbure plus importante que la Terre en raison de sa masse supérieure. Cette courbure de l’espace-temps est ce que nous percevons comme la force gravitationnelle.

En ce qui concerne la Terre, nous ne sommes donc pas attirés vers le centre géométrique de cette dernière, mais vers le fond du puits gravitationnel induit par sa présence dans l’espace-temps.

(Image : La masse et l’énergie créent des puits gravitationnels, non des collines.)

Mais alors, pourquoi la Terre ne tombe pas vers le Soleil ?

Notre planète ne tombe pas directement vers le Soleil grâce à un équilibre subtil entre l’attraction gravitationnelle de ce dernier et la vitesse de rotation de la Terre autour de lui. C’est une sorte de danse délicate entre la force gravitationnelle qui attire la Terre vers le Soleil et la force centrifuge générée par le mouvement orbital de la Terre.

La Terre est en effet en chute constante vers le Soleil en raison de la gravité, mais sa vitesse orbitale lui permet de rester en équilibre, ce qui lui évite de s’effondrer directement vers le Soleil. Cette combinaison de la force gravitationnelle et de la vitesse orbitale crée un mouvement orbital stable qui maintient la Terre sur son orbite autour du Soleil. La même chose se produit entre la Terre et la Lune.

Ainsi, la théorie de la relativité générale fournit une explication unifiée de la gravité en reliant la masse, l’énergie, et la géométrie de l’espace-temps. Cette perspective révolutionnaire nous permet de comprendre pourquoi les objets dans l’univers sont attirés les uns vers les autres et offre une vision profonde de la façon dont la réalité physique fonctionne à une échelle cosmique.

En conclusion, la gravité, loin d’être simplement une force qui nous attire vers le bas, est en réalité une manifestation de la courbure de l’espace-temps causée par la masse des objets, comme l’a décrit Albert Einstein. Notre perception de cette force fondamentale repose sur l’idée que la Terre, en déformant l’espace-temps, crée un puits gravitationnel dans lequel nous sommes naturellement attirés. Cette compréhension révolutionnaire nous montre non seulement pourquoi nous restons sur Terre, mais aussi comment les planètes, étoiles et galaxies interagissent à travers cette toile cosmique en perpétuelle déformation. La gravité, dans toute sa simplicité apparente, nous rappelle à quel point l’univers est complexe et interconnecté, révélant des mystères fascinants qui continuent de captiver notre imagination.







 



 

Auteur: Internet

Info: https://sciencepost.fr/, Brice Louvet,  6 septembre 2024

 

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énonciation

Une autre raison pour laquelle Watt ne pouvait contrefaire la clef d’Erskine était peut-être ceci, qu’il ne pouvait s’en emparer, ne fût-ce qu’un instant.

Alors comment Watt pouvait-il savoir que la clef d’Erskine manquait de simplicité ? Mais pour avoir trifouillé dans le trou avec son petit crochet.

Alors Watt dit, A serrure simplette clef complexe parfois, mais jamais clef simplette à complexe serrure. Mais à peine dits ces mots, Watt les regretta. Mais trop tard, ils étaient dits et ne pouvaient jamais être oubliés, jamais dédits. Mais un peu plus tard il les regretta moins. Et un peu plus tard il ne les regretta plus du tout. Et un peu plus tard il les goûta de nouveau, comme s’il les entendait pour la première fois, si suaves, si câlins, dans son crâne. Et un peu plus tard il les regretta de nouveau, amèrement.

Auteur: Beckett Samuel

Info: Watt, Les éditions de minuit, Paris, 1968, page 128

[ modification subjective ]

 

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générations

Car Vincent et Walter n’étaient pas les premiers, hé non, mais avant eux il y avait Vincent et un autre dont j’oublie le nom, et avant eux il y avait cet autre dont j’oublie le nom et un autre dont j’oublie le nom aussi, et avant eux il y avait cet autre dont j’oublie le nom aussi, et un autre dont je n’ai jamais su le nom, et avant eux il y avait cet autre dont je n’ai jamais su le nom et un autre dont Walter ne se rappelait pas le nom, et avant eux il y avait cet autre dont Walter ne se rappelait pas le nom et un autre dont Walter ne se rappelait pas le nom non plus, et avant eux il y avait cet autre dont Walter ne se rappelait pas le nom non plus et un autre dont Walter n’a jamais su le nom, et avant eux il y avait cet autre dont Walter n’a jamais su le nom et un autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom, et avant eux il y avait cet autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom et un autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom non plus, et avant eux il y avait cet autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom non plus et un autre dont même Vincent n’a jamais su le nom, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toute trace se soit perdue, en raison de la brièveté de la mémoire humaine, l’un évinçant toujours l’autre, si l’on peut parler d’évincer, tout comme vous vous m’avez évincé moi, et Erskine Walter, et moi Vincent, et Walter cet autre dont j’oublie le nom, et Vincent cet autre dont j’oublie le nom aussi, et cet autre dont j’oublie le nom, cet autre dont je n’ai jamais su le nom, et cet autre dont j’oublie le nom aussi, cet autre dont Walter ne se rappelait pas le nom, et cet autre dont je n’ai jamais su le nom, cet autre dont Walter ne se rappelait pas le nom, cet autre dont Walter n’a jamais su le nom, et cet autre dont Walter ne se rappelait pas le nom non plus, cet autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom, et cet autre dont Walter n’a jamais su le nom, cet autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom non plus, et cet autre dont même Vincent ne pouvait se remémorer le nom, cet autre dont même Vincent n’a jamais su le nom, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toute trace se soit perdue, à cause de la vanité des espérances humaines.

Auteur: Beckett Samuel

Info: Watt, Les éditions de minuit, Paris, 1968, pages 60-61

[ absurdité ]

 

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alimentation

L’être normal mange, puis se repose un certain temps, puis mange de nouveau, puis se repose de nouveau, puis mange de nouveau, puis se repose de nouveau, puis mange de nouveau, puis se repose de nouveau, puis mange de nouveau, puis se repose de nouveau, puis mange de nouveau, puis se repose de nouveau, et de cette façon, tantôt mangeant et tantôt s’en reposant, résout le difficile problème de la faim, et j’ose ajouter de la soif, au mieux de ses moyens et selon l’état de sa fortune.

Auteur: Beckett Samuel

Info: Watt, Les éditions de minuit, Paris, 1968, page 53

[ condition humaine ] [ répétition ]

 

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année

Un immondice. Les crocus et le mélèze qui reverdit une semaine avant les autres et les pâturages rouges de succulents placentas de brebis et les longs jours d’été et le foin fauché de frais et le ramier le matin et le coucou l’après-midi et le râle des blés le soir et les guêpes dans la confiture et l’odeur des ajoncs et la vue des ajoncs et les pommes qui tombent et les enfants qui marchent dans les feuilles mortes et le mélèze qui rejaunit une semaine avant les autres et les châtaignes qui tombent et le hurlement du vent et la mer qui se brise par-dessus la jetée et les premiers feux et les sabots sur la route et le facteur poitrinaire qui siffle Roses de Picardie et la lampe à pétrole en haut de son lampadaire et naturellement la neige et bien sûr la grêle et vous pensez bien la gadoue et tous les quatre ans la débâcle de février et les crocus et puis tout le foutu trafic qui repart de plus belle. Un étron. Et si je pouvais tout recommencer, sachant ce que je sais maintenant, le résultat serait le même.

Auteur: Beckett Samuel

Info: Watt, Les éditions de minuit, Paris, 1968, page 47

[ saisons ] [ répétition ] [ dégoût ]

 
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hommage posthume

Nous ne pouvons pas, Mesdames et Messieurs, accompagner à sa dernière demeure celui qui fut pour la plupart d’entre nous un maître très sage et un ami véritable, sans lui dire tout haut les sentiments de reconnaissance et d’affection qui jaillissent silencieusement de nos cœurs.

Pendant de longues années – trop courtes, hélas ! – nous avons eu sa parole affectueuse, et la bonhomie charmante sous laquelle son humilité cachait des trésors de science et des dons admirables. Pendant des années, il nous écouta patiemment, oubliant ses propres inquiétudes, pour se pencher sur nos chagrins ; pendant des années, il ne différa jamais de secourir quiconque venait à lui ; aucune ingratitude, aucun échec ne purent jamais ralentir l’élan de sa triple charité, matérielle, intellectuelle et morale.

Dans le domaine de l’Idée, il fut un novateur et un révélateur ; son génie vigoureux sut infuser une vie neuve aux vieilles traditions momifiées des sagesses mystérieuses, et l’œuvre énorme qu’il laisse derrière lui, pas assez connue encore, sera pour les positivistes de l’avenir une mine inépuisable de théories et d’hypothèses fécondes.

Dans le domaine de l’Action, son œuvre est multiple ; sa force propagandiste à répandu sur toute la terre des semences d’idéalisme, et organisé des Centres où la lumière du Verbe est présentée avec une prévoyante sollicitude, selon les facultés réceptives de ceux que rebutent le matérialisme et le formalisme.

Mais c’est dans le domaine moral surtout que Papus, à mon avis, sut accomplir son Grand-Œuvre : tâche d’autant plus féconde que les fatigues en restent inconnues. Vers les ténèbres les plus épaisses, la Lumière aime surtout à descendre. Et le labeur le plus fertile est celui qui s’effectue dans le silence et le secret. Tous ceux-là qui venaient vers Papus : les malades de corps, les martyrs de l’intelligence, les victimes de la méchanceté générale, qui s’en retournaient soulagés toujours, et bien souvent guéris, combien se doutent qu’ils ne furent allégés que parce que ce mystique médecin avait pris à l’avance sur ses épaules, par le moyen d’un ascétisme intérieur constant, une partie de leur fardeau ?

Je trahis peut-être ici les secrets d’une amitié dont je m’honore infiniment ; mais il me semble juste qu’au couronnement de cette carrière si remplie, une voix dise tout haut ce que tant de reconnaissances murmurent tout bas. L’érudit, le philosophe aux splendides intuitions, le propagandiste puissant, le conférencier applaudi, le voyant, le thérapeute habile ; tous ces aspects admirables s’unissaient en la personne de cet homme de bien, dont la dépouille, dès maintenant vénérable, est confiée aujourd’hui à Notre Mère commune.

Des larmes montent à nos yeux, sans doute, mais nos cœurs savent qu’il n’y a pas de mort. Celui-là que nous saluons avec une grave tendresse, nous a appris que de ce côté du voile sont seulement les fumées passagères. De l’autre côté, se déploient les splendeurs du Réel. Des larmes respectables et touchantes tombent sur cette sépulture entr’ouverte. Mais nous savons que, pour les serviteurs du Ciel, la mort est une invisible apothéose.

Imitons cet initiateur qui voulut n’être qu’un ami pour nous et qui fut assez fort pour cacher ses douleurs et ses misères sous un perpétuel sourire. Séchons nos larmes ; elles le retiendraient dans les ombres ; et réjouissons-nous, comme lui-même se réjouit depuis trois jours de revoir enfin face à face le tout-puissant Thérapeute, l’authentique Pasteur des Ames, l’Ami éternel et Bien Aimé dont il fut le fidèle servant.

Disons ensemble à Gérard Encausse un Au Revoir vaillant ; et donnons-lui, par nos bonnes volontés désormais indéfectibles, la seule récompense digne des si longues fatigues qu’il a endurées pour nous.

Auteur: Sédir Paul Yvon Le Loup

Info: Dans Papus, sa vie, son œuvre, Editions Pythagore, 1932

[ portrait ] [ éloge ] [ œuvre ]

 

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mythologie

La distinction essentielle des deux APHRODITE est celle-ci :

– que l’une ne participe en rien de la femme, qu’elle n’a pas de mère, qu’elle est née de la projection de la pluie sur la terre [mer] engendrée par la castration d’OURANOS. C’est de cette castration primordiale d’OURANOS par CHRONOS, c’est de là que naît la VÉNUS Ouranienne qui ne doit rien à la duplicité des sexes.

– L’autre APHRODITE, est née peu après de l’union de ZEUS avec DIONÉ [Diane] qui est une Titanesse. Toute l’histoire de l’avènement de celui qui gouverne le monde présent, de ZEUS, est liée - je vous renvoie pour cela à HÉSIODE - à ses rapports avec les TITANS, eux qui sont ses ennemis. DIONÉ est une Titanesse [181c]. Je n’insiste pas. Cette APHRODITE est née de l’homme et de la femme ἄρρενος [arrenos]. Celle-là est une APHRODITE qui ne s’appelle pas Ouranienne, mais Pandémienne.

L’accent dépréciatif et de mépris est expressément formulé dans le discours de PAUSANIAS [dans Le Banquet de Platon] : c’est la VÉNUS populaire. Elle est tout entière du peuple : elle est de ceux qui mêlent tous les amours, qui les cherchent à des niveaux qui leur sont inférieurs, qui ne font pas de l’amour un élément de domination élevé qui est celui qu’apporte la VÉNUS Ouranienne, l’APHRODITE Ouranienne.


Auteur: Lacan Jacques

Info: 7 décembre 1960

[ origine ] [ génération ] [ valeur ]

 

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éros

[…] j’essaie de vous diriger vers la formule métaphore-substitution de l’ἐραστής [erastès] à ἐρώμενος [erômenos]. C’est cette métaphore qui engendre cette signification de l’amour.

J’ai le droit pour introduire ceci, pour le matérialiser devant vous, de compléter son image, d’en faire vraiment un mythe. Et cette main qui se tend, vers le fruit, vers la rose, vers la bûche qui soudain flambe, j’ai le droit d’abord de vous dire que son geste d’atteindre, d’attirer, d’attiser, est étroitement solidaire de la maturation du fruit, de la beauté de la fleur, du flamboiement de la bûche, mais que, quand dans ce mouvement d’atteindre, d’attirer, d’attiser, la main a été vers l’objet assez loin, si du fruit, de la fleur, de la bûche, une main sort qui se tend à la rencontre de la main qui est la vôtre, et qu’à ce moment-là c’est votre main qui se fige dans la plénitude fermée du fruit, ouverte de la fleur, dans l’explosion d’une main qui flambe, ce qui se produit là alors c’est l’amour !

Encore convient–il bien, de ne même pas s’arrêter là et de dire que c’est l’amour en face, je veux dire que c’est le vôtre quand c’est vous qui étiez d’abord l’ἐρώμενος [erômenos], l’objet aimé, et que soudain vous devenez l’ἐραστής [erastès], celui qui désire. Voyez ce que par ce mythe j’entends accentuer : tout mythe se rapporte à l’inexplicable du Réel, il est toujours inexplicable que quoi que ce soit réponde au désir. La structure dont il s’agit, ce n’est pas cette symétrie et ce retour.

Aussi bien cette symétrie n’en est pas une, en tant que quand la main se tend, c’est vers un objet. De la main qui apparaît de l’autre côté est le miracle, mais nous ne sommes pas là pour organiser les miracles, nous sommes là pour tout le contraire : pour savoir. Et ce qu’il s’agit d’accentuer, ce n’est pas ce qui se passe "de là à au–delà", c’est ce qui se passe "là", c’est-à-dire la substitution de l’ἐραστής [erastès : amant] à l’ἐρώμενος [erômenos] ou à l’ἐρώμενον [erômenon].

Auteur: Lacan Jacques

Info: 7 décembre 1960

[ couple ] [ réponse ]

 
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