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femmes-hommes

Mon expérience avec Iris avait été délicieuse et satisfaisante, et pourtant je n'étais pas amoureux d'elle, ni elle de moi. S'attacher était facile, ne pas s'attacher difficile. J'étais attaché. Nous étions assis dans la VV, sur le parking supérieur. Nous avions du temps devant nous. J'ai mis la radio. Brahms.
- Te reverrai-je ? Je lui ai demandé.
- Je ne crois pas.
- Tu veux aller boire un verre au bar ?
- Tu as fait de moi une alcoolique, Hank. Je suis tellement faible que je peux à peine marcher.
- C'est seulement la gnôle ?
- Non.
- Alors, allons boire un verre.
- Boire, boire, boire ! Tu ne penses donc qu'à ça ?
- Non, mais c'est un bon moyen de combler le fossé entre les gens. Comme en ce moment.
- Tu ne peux donc pas affronter les choses en face ?
- Je peux, mais je préfère pas.
- Mais c'est une fuite.
- Tout est une fuite : jouer au golf, dormir, manger, marcher, discuter, le jogging, respirer, baiser...
- Baiser ?
- Ecoute, on est en train de discuter comme des gosses. Je vais te mettre dans ton avion.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Women p 353 Livre de Poche

[ sexe ] [ dialogue ] [ USA ]

 

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monstre légendaire

[A propos de la gravure "Que viene el Coco" de Goya] Ce qui retient aussitôt l’attention dans la gravure de Goya est que, contrairement à ce qu’annonce le titre et ce que dit la chanson, le Coco* redouté n’est pas sur le chemin qui le conduit à sa victime, mais est déjà arrivé, et même si présent qu’il occupe la moitié de l’image. Le titre de la gravure pourrait être "Voilà le Coco" ou "Le Coco est là". Irruption massive d’un corps vêtu d’on ne sait quelle toile, d’une sorte d’énorme Père Ubu qui encombre déjà plus de la moitié de la chambre qu’il investit, tel un gros éléphant blanc entré par mégarde dans un magasin de porcelaine. Le plus curieux de l’affaire n’est d’ailleurs pas la figure (et le volume) de l’apparition mais dans l’apparition elle-même, dans le fait que l’apparition apparaisse. Car le Coco était certainement annoncé, mais pas du tout attendu. Le Coco va venir, menace l’adulte ; mais tout le monde sait qu’il ne viendra pas. Or le voici qui paraît : el mismisimo Coco en propia persona, comme pourrait dire Fernan Caballero.

Auteur: Rosset Clément

Info: Dans "L'invisible", pages 68-69, *le Coco dans la culture espagnole est une variété de croque-mitaine dont on effraie les enfants pour essayer de les faire obéir, et particulièrement de les faire dormir.

[ surnaturel ] [ interprétation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

credo

Je parlerais tout à fait autrement aux jeunes lionceaux dès qu'ils commencent à aiguiser leurs griffes sur les manuels de morale, sur les catéchismes, sur toutes coutumes, sur tous barreaux. Je leur dirais : n'ayez peur de rien ; faites ce que vous voulez. N'acceptez aucun esclavage, ni chaîne dorée, ni chaîne fleurie. Seulement, mes amis, soyez rois en vous-mêmes. N'abdiquez pas. Soyez maîtres des désirs et de la colère aussi bien que de la peur. Exercez-vous à rappeler la colère comme un berger rappelle son chien. Soyez rois sur vos désirs. Si vous avez peur, marchez tranquillement à ce qui vous fait peur. Si vous êtes paresseux, donnez-vous une tâche. Si vous êtes indolent, pliez-vous aux jeux athlétiques. Si vous êtes impatient, donnez-vous des pelotons de ficelle à démêler. Si le ragoût est brûlé, donnez-vous le luxe royal de le manger de bon appétit. Si la tristesse vous prend, décrétez la joie en vous-même. Si l'insomnie vous retourne comme une carpe sur l'herbe, exercez-vous à rester immobile, et à dormir au commandement. Après cela, mes bons amis, puisque vous serez rois en vous, agissez royalement, et faites ce qui vous semblera bon.

Auteur: Alain

Info: Propos I/la Pléiade/nrf Gallimard 1956 <4 avril 1910 p.72>

 

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canevas

Maintenant j’ai sommeil, mais je ne vais pas dormir. Je vais prendre du papier et un stylo à plume, je vais écrire. Je sens une force redoutable en moi. J’ai réfléchi à tout encore hier. Cela sera l’histoire d’un thaumaturge qui vit de nos jours et ne fait pas de miracles. Il sait qu’il est un thaumaturge et qu’il peut faire n’importe quel miracle, mais il ne le fait pas. Il se fait expulser de son appartement, il sait qu’il lui suffit d’un signe de main pour garder son appartement, mais il ne le fait pas, il part docilement et vit dans une cabane en banlieue. Il peut transformer sa cabane en une formidable maison en briques, mais il ne le fait pas, il continue de vivre dans sa cabane et finalement meurt sans avoir fait le moindre miracle de son vivant.

Je me frotte joyeusement les mains dans mon fauteuil. Sakerdon Mikhaïlovitch va crever de jalousie. Il croit que je ne suis plus capable d’écrire une œuvre de génie. Vite, vite au travail ! À bas le sommeil et la paresse ! Je vais travailler pendant dix-huit heures d’affilée !

Auteur: Harms Daniil Ivanovitch Iouvatchev

Info: La Vieille

[ résolution ] [ imagination ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

baise

elle passa sa jupe par
dessus la tête
et je découvris ses collants
quelque peu filés.

c’était la vie.
maintenant nous allions faire ce qu’il fallait
faire. j’allais faire ce qu’il fallait faire
après tout ce baratin.
c’était comme dans une soirée –
deux idiots
avaient été faits aux pattes.

sous les draps
et après que j’eus
éteint
elle portait toujours ses
collants. elle espérait une
nuit de gala.
je ne pouvais l’en blâmer. mais
je me demandais pourquoi elle était avec
moi dans ce lit ? où étaient passés les autres
types ? comment pouvais-je être
heureux ? avec quelqu’un que
les autres avaient abandonné ?

nous n’avions pas encore fait ce qu’il fallait
faire nous allions cependant le faire.

c’était comme lorsqu’on
tente de faire admettre par son percepteur
sa solvabilité. je lui enlevai ses collants. et je
décidai de ne pas lui faire
minette. même si
j’y pensai après
coup.

nous allions dormir ensemble
cette nuit-là
en tentant de nous fondre
dans le papier peint du mur.

j’ai essayé, j’ai échoué,
et je me suis absorbé dans la contemplation
de ses cheveux
principalement de ses cheveux
avec quand même
une variante
sur ses narines
porcines.

j’essaie
de nouveau.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "L'amour est un chien de l'enfer", pages 33-34

[ foireuse ] [ impuissance ] [ besogne ] [ sexe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

tourisme branché

Avril 1973. De retour d'un long voyage vers les Indes, Philippe Gloaguen, 22 ans, publie le tout premier 'Guide du Routard' au sein d'une maison d'édition confidentielle. Adresses de garages pour faire réparer sa 2CV, techniques de Sioux pour dormir dans du papier journal à l'abri des scorpions, vocabulaire de base pour demander à manger en Afghanistan ou au Népal et adresse de Loïc, un expat' qui fait des crêpes au sucre au fin fond du Sri Lanka : le petit bouquin donne des conseils de survie aux babas cool désargentés qui tentent le trip mythique vers Goa ou Katmandou.

Quarante-six ans plus tard, le 'Routard' est devenu une industrie. Hachette en vend 2.5 millions chaque année, soit un exemplaire toutes les douze secondes. Pas moins de 135 éditions sont proposées, qui répertorient près de 110 000 adresses. Et la moindre gargote conseillée au fin fond de l'Indonésie ou du Costa Rica se retrouve bondée de touristes français, tout penauds de se retrouver entre eux, 'Le Guide du routard' à la main… L'esprit d'aventure des origines se réduit au choix de la meilleure connexion WiFidans des auberges 'bed & breakfast' climatisées et standardisées, même au bout du monde.

Auteur: Le Canard enchaîné

Info: A la recherche de l'aventure perdue', in 'Les Dossiers du Canard' n° 152, juillet 2019, '1,4 milliard de touristes

[ périples ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désoeuvrement

Tantôt, il y restait à l’état végétatif, songeant : "A cette heure, les gens sont à leurs affaires, doivent faire des choses à heure fixe", et il gardait la bouche entr’ouverte, comme pour manifester mieux encore son relâchement. Mais à présent, ainsi étendu, il s’endormait, et c’était devenu son rêve : dormir le plus longtemps possible durant l’après-midi. Même il en vint à commander à Mélanie, de préférence, des plats lourds, des haricots, des purées, pour que la digestion sûrement l’endormît. Il s’éveillait vers les quatre heures, bâillant comme si le sommeil lui avait donné sommeil, les yeux pleins d’eau, les plis de l’oreiller imprimés sur ses joues, et se disant : "Eh ! bien, encore une de tirée !" Car, depuis la décision prise de quitter Arago, "tirer" les journées était devenu son grand bonheur. Chaque jour, il effaçait la journée sur son calendrier de portefeuille, dans sa hâte d’arriver à la date du départ. Parfois même si impatient que, vers midi, il effaçait la journée en cours comme si déjà elle était close. Et puis, vers six heures, il avait un renouveau de contentement, parce que la fin de la journée approchait. A neuf heures, il était au lit.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, page 162

[ ennui ] [ interminables ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

indépendance

Il faut créer de la culture, ne pas regarder la télé, ne pas lire les magazines, ne pas même écouter la radio. Crée ton propre roadshow. Le lien entre l'espace et le temps où tu te trouves maintenant est le secteur le plus immédiat de ton univers, et si tu t'inquiètes pour Michael Jackson, Bill Clinton ou quelqu'un d'autre, alors tu te perds, tu te donnes aux icônes, des icônes qui sont entretenues par un média électronique pour que tu aies envie de te saper en X ou de te faire des lèvres comme Y. Des pensées à la con, des idées à dormir debout. Ce qui est réel, c'est toi et tes amis et tes associations, tes hauts et tes bas, tes orgasmes, tes espoirs, tes plans, tes peurs. Et on te dit "non", vous n'être pas importants, vous êtes périphériques. "Obtiens un diplôme, trouve un emploi, obtiens ceci, obtiens cela". Mais en fait tu es joueur, tu ne veux même pas jouer à ce jeu. Tu veux récupérer ton esprit et le sortir des mains des ingénieurs culturels qui veulent faire de toi un crétin mi-cuit qui consomme toutes ces ordures fabriquées à partir des os d'un monde en train de mourir.

Auteur: McKenna Terence

Info:

[ libre arbitre ]

 

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animal de compagnie

Au même moment, un homme portant un sac à dos et un singe sur l'épaule gauche sonne à la porte cochère. C'est ce Maurice-là, qui a bien changé. Il est tout en sueur. Odile le reçoit, dans la cuisine. Il a su que sa femme était ici.

Il ne vient pas la chercher. Il voudrait avoir de ses nouvelles. Marie-Nadège va prévenir Madame Maurice qui s'est endormie dans la chambre de Gustave. Elle doit lui tapoter le dos pour la réveiller.

- Tu n'as pas changé de robe, dit ce Maurice-là à sa femme.

- Te voilà avec un singe, mon pauvre ami ? répond Madame Maurice.

- Ne vous disputez pas, dit Odile. Monsieur me parlait de son métier. Il va de villes en villes. Il écoute les gens.

- Mais pourquoi ce singe ?

- Si vous n'avez pas de singe, personne ne vous parle. Puis-je dormir ici?

- Non, ordonne Gustave, qui vient d'arriver. Je vous accompagne.

Le singe bat des mains. Les femmes ont le coeur serré de voir partir ce Maurice-là. Elles s'étaient habituées à lui. Quelques minutes suffisent. C'est pourquoi les arcs-en-ciel nous attristent.

Auteur: Dumayet Pierre

Info: in "La nonchalance", éd. Verdier, p. 49-50

[ visite ] [ vitesse ] [ petit truc de communication ] [ fugacité ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

poème

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

Auteur: Maupassant Guy de

Info: Nuit de neige,

[ obscurité ]

 

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