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civilisation

Nous avons des trains à grande vitesse, des Airbus et des fusées, João, des ordinateurs qui calculent plus rapidement que nos cerveaux et contiennent des encyclopédies complètes. Nous avons un grandiose passe littéraire et artistique, les plus grands parfumeurs, des stylistes géniaux qui fabriquent de magnifiques déshabillés dont trois de tes vies ne suffiraient pas à payer l'ourlet. Nous avons des centrales nucléaires dont les déchets resteront mortels pendant dix mille ans, peut-être plus, on ne sait pas vraiment...Tu imagines ça, João, dix mille ans ! Comme si les premiers Homo Sapiens nous avaient légué des poubelles assez infectes pour tout empoisonner autour d'elles jusqu'à nos jours. Nous avons aussi des bombes formidables, de petites merveilles capables d'éradiquer pour toujours tes manguiers, tes caïmans, tes jaguars et tes perroquets de la surface du Brésil. Capables d'en finir avec ta race João, avec celle de tous les hommes ! Mais grâce à Dieu nous avons une très haute opinion de nous-mêmes.

Auteur: Blas de Roblès Jean-Marie

Info: Là où les tigres sont chez eux, Prix Médicis 2008

[ ethnocentrisme ] [ dérisoire ]

 

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être humain

En poursuivant notre étude philosophique de l'ordre des choses et des degrés de perfection qui s'échelonnent dans ce monde matériel au milieu duquel nous vivons, au-dessus de l'animal vivant de la vie sensible, se présente un être nouveau, qui doit nous intéresser au plus haut point, puisqu'il n'est pas autre que nous-mêmes. Sa place, dans la hiérarchie des êtres, marquera tout ensemble un terme et un commencement. Il va nous apparaître au sommet du monde physique. De tous les êtres qui tombent sous nos sens et dont nous nous sommes appliqués jusqu'ici à saisir, dans l'intime de leur essence, les degrés ascendants, aucun ne lui sera supérieur. Il en sera vraiment le roi. Mais sa royauté ne s'étendra qu'au monde de la nature ou des corps. Il ne laissera pas que d'avoir, au-dessus de lui, des êtres que sa nature à lui nous permettra d'entrevoir et qui constitueront le monde transcendant des êtres incorporels, des êtres spirituels, des êtres proprement métaphysiques.

Auteur: Pègues Thomas

Info: Dans "Aperçus de philosophie thomiste et de propédeutique", page 193

[ homme ] [ hiérarchie cosmique ] [ défini ] [ chainon passeur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

reconnaissance

Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la force de l'émerveillement. Plus encore, ils nous ont offert des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini.

Plus encore, ils nous ont offerts des pieds pour marcher jusqu’à nos rêves, jusqu’à l’infini.

C’est peut-être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes. Sinon, nous encombrerions inutilement notre trajet avec des biens à transporter, à assurer, à entretenir.

Un dicton vietnamien dit : "Seuls ceux qui ont des cheveux longs ont peur, car personne ne peut tirer les cheveux de celui qui n’en a pas".

Alors j’essaie le plus possible de n’acquérir que des choses qui ne dépassent pas les limites de mon corps.

Auteur: Kim Thuy

Info: Ru

[ gratitude ] [ papa ] [ maman ] [ proverbe ]

 

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labeur

Le travail est bon à l'homme. Il le distrait de sa propre vie, il le détourne de la vue effrayante de lui-même ; il l'empêche de regarder cet autre qui est lui et qui lui rend la solitude horrible. Il est un souverain remède à l'éthique et à l'esthétique. Le travail a ceci d'excellent encore qu'il amuse notre vanité, trompe notre impuissance et nous communique l'espoir d'un bon événement. Nous nous flattons d'entreprendre par lui sur les destins. Ne concevant pas les rapports nécessaires qui rattachent notre propre effort à la mécanique universelle, il nous semble que cet effort est dirigé en notre faveur contre le reste de la machine. Le travail nous donne l'illusion de la volonté, de la force et de l'indépendance. Il nous divinise à nos propres yeux. Il fait de nous, au regard de nous-mêmes, des héros, des Génies, des Démons, des Démiurges, des Dieux, le Dieu. Et dans le fait on n'a jamais conçu Dieu qu'en tant qu'ouvrier.

Auteur: France Anatole

Info: L'Anneau d'améthyste

[ fuite ] [ essentiel ]

 

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altruisme

L'argent a été inventé pour que l'homme puisse se dire généreux. Mais généreux de son portefeuille n'est pas généreux de sa personne. Or, sans don de nous-mêmes, il n'y a ni amour ni sexualité possibles. Mais que signifie "nous donner nous-mêmes"?

Il ne s'agit pas d'une métaphore : il est véritablement question ici de donner une partie de nous à l'autre. Donner de l'attention, c'est offrir la lumière de nos yeux, la patience de notre coeur, l'intelligence de notre concentration. Donner de la tendresse, c'est diffuser le charme de nos sourires, la caresse de nos mains, la soie de nos mots, la chaleur de notre affection. Donner du plaisir, c'est répandre notre sueur, notre frénésie créative, notre empathie.

Il y a ainsi, dans le don de soi, une absence de calcul (" donner sans compter ") et un oubli de soi-même (" s'abandonner ") qui ont partie liée à la spontanéité et à une sorte de surabondance de soi... (...)

Auteur: Cespedes Vincent

Info: L'homme expliqué aux femmes : L'avenir de la masculinité

[ dévouement ] [ oubli de soi ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

motivation

L'écriture, acte de panique. Comme la recherche désespérée de l'air sur une planète à l'atmosphère raréfiée. Un spasme et un grincement de chaque instant. Une apparition au sang embrasé, aux lèvres gercées d'une soif sans répit. L'impossibilité de trouver une pensée qui ne brûle pas, une image qui ne soit en même temps blessure sur la rétine. L'impossibilité de l'idée de confort. Notre cœur est pétri dans la terre du Japon aux séismes perpétuels. Une pensée est un cataclysme, elle nous traverse en consumant toute possibilité de repos, elle remplit de sable brûlant le moindre soupçon d'oasis. Notre vie est embrasée de conflits. Notre principe moteur, une lucidité corrosive, intente constamment des procès sévères au monde extérieur comme à nous-mêmes. Notre exaspération est pure : exaspération contre tout ce qui existe, exaspération contre tout ce qui n'existe pas. Exaspération contre soi. Exaspération contre l'exaspération. Exaspération contre toute chose à laquelle nous devons nous soumettre, exaspération contre toute chose dont nous triomphons, dans un tumulte ravageur. 

Auteur: Bogza Géo

Info: extrait de "L'Exaspération créatrice (j'écris parce que la vie m'exaspère)", 1931, traduit du roumain par Șerban Cristovici

[ écrire ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

épicerie

Papa a emprunté de l'argent à la banque et il a fait des transformations. La petite réserve qui se trouvait derrière la boutique est maintenant dans la cave; du coup le magasin est deux fois plus grand qu'avant. Il faut encore un peu d'imagination pour parler de supermarché, parce qu'il n'y a pour l'instant ni paniers ni caddies. Mais les clients ont le droit de prendre eux-mêmes leurs marchandises sur les rayons et de les poser sur le comptoir, et puis il y en a plus qu'avant; il y a même une armoire réfrigérée avec de la charcuterie. Les paquets ont une date de péremption et quand elle est dépassée, nous mangeons les produits nous-mêmes. Le goût est le même, mais quand il y a des tâches vertes, moi je préfère manger autour. Papa, ça lui est égal, il mange même les bouts que je laisse. Il dit que la moisissure c'est la même chose que la pénicilline et qu'on la paye une fortune à la pharmacie.

Auteur: Jepsen Erling

Info: L'art de pleurer en choeur, p. 157

[ économiser ] [ justification ] [ moisissure ]

 

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précipitation

Notre mode de vie actuel, l'omniprésence et le potentat des médias, le piège du matérialisme, l'accélération permanente de nos quotidiens nous ont peu à peu conduit à confondre vie et existence, vie et agitation, vie et frénésie. Cela s'est fait avec notre consentement implicite, voire même à notre demande. Toujours plus, toujours plus vite, voilà notre slogan, notre leitmotiv, mais pour faire quoi ? Pour se réveiller un jour, quel que soit l'âge, malade ou déprimé et faisant le triste constat d'être passé à côté de soi-même, à côté de sa vie ?

Notre société, notre éducation et aussi une certaine facilité, nous ont conduits à rechercher la satisfaction de nos désirs sur et vers l'extérieur. Nous apprenons donc à gérer, maîtriser, dominer, posséder ou communiquer avec cet extérieur. Cette course à l'échalote nous éloigne chaque jour un peu plus de nous-mêmes et nous vide de notre propre substance. Seules la mort ou la maladie nous ramènent, par obligation et par force, face à nous-mêmes. A ce moment-là, le désarroi est grand.

Auteur: Odoul Michel

Info: Dis-moi où tu as mal : Je te dirai pourquoi

[ emballement ] [ fuite en avant ] [ folie ] [ inconséquence ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

lecture

Mais il est bon que la conscience porte de larges plaies, elle n’en est que plus sensible aux morsures.

Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent.

Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?

Pour qu’il nous rende heureux, comme tu l’écris ?

Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n’avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes.

En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide — un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous.

Voilà ce que je crois.


Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre à Oskar Pollak, 27 janvier 1904, dans Œuvres complètes, trad. Claude Marthe, éd. Gallimard, 1984, t. 4, p. 575

[ extrême ] [ traumatisante ] [ désir du choc ] [ excentrage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-femme

- […] Parce que je ne sais pas ce que je désire de vous. Je m’abandonne à l’inconnu en venant à vous, je suis sans réticence et sans défense, entièrement nu pour pénétrer dans l’inconnu. Seulement il faut un engagement entre nous de façon que nous puissions répudier toutes les conventions, nous rejeter nous-mêmes et cesser d’être de sorte que ce qui est réellement nous-même puisse se produire en nous.

Elle réfléchit suivant sa propre façon de penser.

- Mais, est-ce que parce que vous m’aimez, que vous me voulez ? insista-t-elle.

- Non pas, c’est parce que je crois en vous – si du moins je crois en vous.

- Vous n’en êtes pas sûr ? dit-elle en riant, soudain vexée.

Il la regardait fixement, prêtant à peine attention à ses paroles.

- Oui, il faut que je croie en vous, sinon je ne serais pas ici à vous dire de telles choses, répondit-il. Mais c’est la seule preuve que je possède. Je ne crois pas très fortement, en ce moment même.

Auteur: Lawrence David Herbert

Info: Femmes amoureuses, traduit de l’anglais par Maurice Rancès et Georges Limbour, éditions Gallimard, 1949, page 205

[ relation ] [ réinvention ] [ dialogue ] [ pacte ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson