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communauté de croyants

L’Eglise est un concept qui désigne un Ensemble (d’hommes, de femmes, d’enfants) informé par le Verbe incarné. C’est cette totalité composée que désigne le terme "Eglise". Il convient donc de distinguer dans l’Eglise deux parts : la part humaine, l’ensemble des hommes, des femmes, des enfants qui sont assumés dans l’unité de cet Organisme spirituel, et la part de Dieu : l’information qui est communiquée par le Verbe incarné. Le terme "Eglise" désigne le tout, et non pas simplement une partie. Les erreurs ou les crimes que commettent les hommes qui appartiennent à l’Eglise ne sont pas les erreurs ou les crimes de l’Eglise en tant que telle.

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, page 32

[ institution chrétienne ] [ définition ] [ naturel-surnaturel ] [ humain-divin ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Ecriture

Mais oui, il se trouve dans la Bible des fables, des légendes, des chansons de geste, des traces de composition tout humaine. La Bible est un livre ou, pour parler plus exactement, une bibliothèque écrite par des hommes. Elle est l’œuvre d’un peuple, pendant de longs siècles.

Mais cela ne l’empêche nullement d’être inspirée. Une fable, un roman philosophique peuvent être inspirés si, sous la forme de la fable et sous la forme d’un roman philosophique, ils enseignent quelque chose que Dieu veut enseigner, ce qui est précisément le cas du chapitre 3 de la Genèse et du livre de Jonas.

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, page 23

[ textes sacrés ] [ judaïsme ] [ christianisme ] [ naturel-surnaturel ] [ inspiration divine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophe

Son raisonnement revient donc à ceci : moi, Renan Ernest, je n’ai jamais vu de miracle ; mes amis n’ont jamais vu de miracle ; par conséquent le miracle est impossible, et ceux qui sont relatés dans les livres du Nouveau Testament sont des faux. […]

Renan nous dit : j’élimine a priori ces histoires de guérisons miraculeuses comme fausses, parce que je sais, avant de faire l’exégèse du texte, que le miracle est impossible. Pourquoi est-il impossible ? Parce que personne n’en a jamais vu. Comment Renan sait-il que personne n’en a jamais vu ? Car justement ceux qui les relatent, dans les Evangiles et dans les Actes des Apôtres, nous assurent qu’ils les ont vus. S’ils les ont vus, comme ils le prétendent, alors il y a eu des guérisons miraculeuses, et on ne peut plus prétendre qu’il n’y a jamais eu de miracle. S’il y a eu des miracles, alors les miracles sont possibles, et on ne peut plus prétendre a priori qu’ils sont impossibles.

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, pages 16-17

[ sophisme ] [ incrédulité ] [ impiété ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Bible

La Critique biblique est tout simplement la lecture et l’étude scientifique de ces deux bibliothèques que constituent les livres hébreux et araméens que la Synagogue et l’Eglise chrétienne considèrent comme inspirés, d’une part, et les livres écrits en langue grecque de la nouvelle alliance, d’autre part. La Critique biblique en tant que telle s’occupe de déterminer le milieu, le contexte historique dans lequel ces ouvrages ont été composés ; de rechercher leur auteur, si c’est possible ; d’étudier leur transmission, leurs transformations au cours du temps ; enfin leur genèse historique. La Critique biblique, en tant que telle, n’a pas compétence pour décider de la question de savoir si ces livres, ces documents, sont inspirés par Dieu ou non. […] Cette question-là relève d’une autre analyse, qui est proprement métaphysique.

Or, au XIXe siècle, et encore aujourd’hui, il s’est trouvé et il se trouve encore des savants qui ont mélangé ces problèmes et qui ont cru pouvoir répondre à des questions proprement métaphysiques par la voie et par les méthodes des sciences expérimentales.

Or les sciences expérimentales, en tant que telles, n’ont pas compétence pour traiter ces problèmes métaphysiques et encore moins pour y répondre. La Crise moderniste, pour une part, est issue de ces confusions entre les problèmes scientifiques et les problèmes métaphysiques, entre les méthodes d’analyse des sciences et les méthodes d’analyse de la philosophie, entre conclusions scientifiques et conclusions philosophiques. Ces confusions, à leur tour, proviennent d’un défaut d’analyse philosophique.

Auteur: Tresmontant Claude

Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, pages 13-14

[ naturel-surnaturel ] [ confusion catégorielle ] [ erreur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

question

Gilgamesh, pourquoi cette douleur dans ton cœur toi qui porte en toi la chair des dieux ? La mort est cruelle et sans merci. Qui de nous bâtit des maisons indestructibles ? Qui de nous scelle des contrats éternels ? Les frères héritent, partagent. Quel héritage est perpétuel ? La haine, même la haine existera-t-elle dans le pays pour toujours ? Est-ce que le fleuve monte et amène la crue pour toujours ? La libellule à peine sortie à la lumière entrevoit le soleil et atteint son terme. Depuis les temps les plus anciens, hélas ! rien ne dure. Le dormeur et la mort se ressemblent : les deux n'ont-ils pas l'aspect de la mort ? Qui, la mort venue, peut distinguer entre le serf et le maître ?


Auteur: L'épopée de Gilgamesh

Info:

[ mourir ] [ égalité ultime ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

émerveillement

Ne nous touche vraiment que la beauté qui s’ignore. 

Auteur: Cesbron Gilbert

Info: Pour test de Turing 2.0, avec prompts FLP

[ émotion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

souffrance

Tous ceux qui se manifestent comme ayant pénétré, comme manifestant les exigences de ce champ [de la douleur], sont-ils en fin de compte des masochistes ? Je vous dis tout de suite que je ne le crois pas.

Le masochisme - phénomène marginal - a en lui quelque chose de quasi caricatural qu’après tout, les explorations moralistes de la fin du XIXème siècle ont assez bien dénudé. C’est qu’en quelque sorte cette douleur masochiste finit par ressembler, dans son économie, à celle des biens. On veut partager la douleur comme on partage des tas d’autres choses, du reste c’est tout juste si on ne se bat pas autour.

Mais est-ce qu’il ne s’agit pas là de quelque chose où intervient la reprise - reprise panique - dans cette dialectique, des biens ? À vrai dire, tout dans le comportement du masochiste - je parle du masochiste pervers - nous indique que c’est bien là quelque chose qui est structural dans son comportement. Lisez Monsieur DE SACHER MASOCH, auteur fortement instructif encore que de beaucoup moins grande envergure que SADE. Vous y verrez qu’au dernier terme, le désir de se réduire soi-même à ce rien qu’est un bien, cette chose qu’on traite comme un objet, cet esclave qu’on se transmet et qu’on partage et qu’on tient pour ce rien qui est un bien, est véritablement la véritable pointe d’horizon où se projette la position du masochiste pervers.

Il ne faut jamais aller trop vite dans la rupture des homonymies inventives. Que le masochisme ait été appelé masochisme aussi loin que la psychanalyse l’a fait, n’est sans doute pas sans raison. Je crois que l’unité qui se dégage de tous les champs où la pensée analytique a étiqueté le masochisme, est très précisément fait de ce quelque chose qui, toujours dans tous ces champs, fait participer la douleur du caractère d’un bien.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ analogie structurelle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Il [Freud] nous a dit ici :

– que l’analyste n’avait véritablement, sur le fond, sur la nature de ce qui se manifestait de création dans le beau, rien à dire,

– que dans le domaine chiffré, à proprement parler, de la valeur de l’œuvre d’art comme telle, nous nous trouvons en position, je ne dirai même pas d’écoliers, en position de gens qui pourront ramasser les indices, les miettes et assurément pas à même d’articuler ce dont il s’agit dans la création elle-même.

Ceci n’est pas tout. Et le texte, là-dessus, de FREUD se montre très faible.

C’est à ce titre que les choses deviennent tout à fait claires dès l’abord, dès que nous devons approcher les définitions qu’il donne de la sublimation- pour autant que c’est elle qui est en jeu dans la création de l’artiste - il ne fait strictement rien d’autre que nous montrer le contrecoup, je dirai la revenue des effets de ce qui se passe quelque part au niveau de la sublimation de la pulsion ou de l’instinct quand le résultat, l’œuvre du créateur de beau, revient - où ? - dans ce champ des biens, à savoir quand ils sont devenus marchandises.

Le caractère quasi grotesque de cette espèce de résumé que nous donne FREUD de ce qu’est en somme la carrière de l’artiste, c’est à savoir de donner forme belle au désir interdit pour que chacun, en lui achetant son petit produit d’art, lui donne, en quelque sorte, la récompense et la sanction de son audace.

C’est bien là une façon de court-circuiter tout ce problème et d’une façon si manifestement visible quand s’y ajoute le fait que FREUD écarte de lui, comme une question qui est hors de la portée de notre expérience, le problème de la création, qu’elle soit littéraire ou de toute autre façon artistique : il a parfaitement conscience des limites dans lesquelles il se confine.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ psychanalyse ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

envie

La référence du sujet à tout autre, quel qu’il soit, a quelque chose de dérisoire, quand nous le voyons - nous qui en voyons tout de même quelques-uns, voire beaucoup - se référer toujours à l’autre comme à quelqu’un qui lui, vit dans l’équilibre, en tout cas en plus heureux : lui-même ne se pose pas de question, dort sur les deux oreilles.

Nous n’avons pas besoin d’avoir vu l’autre, si solide, si bien assis soit-il, venir s’étendre sur notre divan pour savoir ce que ce mirage... cette distance, cette référence de la dialectique du bien à quelque chose au-delà, à quelque chose que, pour illustrer ce que je veux vous dire, j’appellerai "le bien, n’y touchez pas" ...est le texte même de notre expérience. 

Je dirai plus : ce registre d’une jouissance comme étant ce qui comme tel, n’est accessible qu’à l’autre, est la seule dimension dans laquelle nous puissions situer ce malaise singulier et si fondamental que seule, je crois - et je me trompe peut-être - mais en tout cas que la langue allemande, avec d’autres nuances psychologiques très singulières de la béance humaine, a su noter sous le terme Lebensleid.

Ce n’est pas une jalousie ordinaire, c’est même la chose la plus étrange et la plus singulière, c’est cette jalousie qui peut naître dans un sujet par rapport à un autre, pour autant que l’autre est justement perçu comme pouvant participer d’une certaine forme de jouissance, de surabondance vitale en tant qu’elle est, à proprement parler, conçue et aperçue par le sujet comme étant ce qu’il ne peut lui-même appréhender par la voie de quelque mouvement futile le plus affectif, le plus élémentaire.

Est-ce qu’il n’y a pas là quelque chose de vraiment singulier : qu’un être s’avère, s’avoue, se manifeste comme jalousant chez l’autre - et jusqu’à en faire surgir la haine et le besoin de destruction - ce qu’il n’est d’aucune façon capable même d’appréhender par aucune voie intuitive ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ traduction ] [ question ] [ privation ] [ imaginaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

discours scientifique

[…] le "Potlatch" est là pour nous témoigner que l’homme a pu déjà avoir, par rapport à cette destinée à l’endroit des biens, ce recul, cette perception, cette perspective possible, qui a pu lui faire lier le maintien, la discipline si l’on peut dire, de son désir, en tant qu’il est ce à quoi il a affaire dans son destin, à faire dépendre cette discipline de quelque chose qui se manifestait de façon positive, avouée, avérée comme liée à la destruction comme telle de ce qu’il en est des biens. […]

Et à propos de l’amour courtois précisément, à ce moment [au début du 12e siècle] nous voyons apparaître dans tel rite féodal, représenté par une sorte de fête, de réunion de barons quelque part du côté de Narbonne, une manifestation tout à fait analogue comportant l’énorme destruction, non seulement de biens immédiatement consommés sous forme de festin, mais de bêtes et de harnais détruits. Comme si, du seul fait que vienne au premier plan cette problématique du désir, quelque chose comme un corrélatif nécessaire apparaissait dans le besoin de ces destructions qu’on appelle destructions de prestige, pour autant qu’en effet elles se manifestent comme telles.

C’est-à-dire que ces façons gratuites sont effectuées par des sujets face à face, s’affrontant, et représentant ceux qui, dans la collectivité, se manifestent alors comme les sujets "élus", et c’est ce qui donne son sens à la cérémonie : face à face, les seigneurs et ceux qui dans cette cérémonie s’affirment comme tels, se défient, rivalisent à qui se montrera capable de détruire le plus de ces biens.

Tel est l’autre pôle, le seul que nous ayons parmi les exemples de la manifestation d’une certaine maîtrise, d’une certaine conscience dans le rapport de l’homme à ses biens, le seul exemple que nous ayons de quelque chose qui, dans cet ordre : – se passe consciemment, – se passe d’une façon maîtrisée, – se passe, en d’autres termes, d’une façon différente de ce que causent et déterminent les immenses destructions auxquelles vous tous - puisque nous sommes, à quelques années près, des générations pas tellement distantes - vous avez déjà pu assister, de consommation de biens, de destructions immenses.

Ces modes qui nous apparaissent comme quelques inexplicables accidents, retours de sauvagerie, alors qu’il s’agit bien plutôt de quelque chose d’aussi nécessairement lié que possible à ce qui est pour nous l’avance de notre discours. […]

Pour nous, pour ce discours de la communauté, ce discours du bien général, nous avons affaire aux effets d’un discours de la science, où se montre, pour la première fois dévoilée, une question qui est proprement la nôtre. C’est à savoir ce que veut dire ce qui s’y manifeste de la puissance du signifiant comme tel. […]

En quoi ? En ceci, c’est que le discours issu des mathématiques est un discours qui - par structure, par définition - n’oublie rien. À la différence du discours de cette mémorisation première, celle qui se poursuit au fond de nous, à notre insu, du discours mémorial de l’inconscient, dont le centre est absent, dont la place et l’organisation sont situées par le "il ne savait pas", qui est proprement le signe de cette omission fondamentale où le sujet vient se situer.

Et l’Homme, à un moment, a appris à se servir, à lancer, à faire circuler, dans le réel et dans le monde, ce discours des mathématiques qui, lui, ne saurait procéder, à moins que rien ne soit oublié. Quand seulement une petite chaîne signifiante commence à fonctionner sur ce principe, il semble bien que les choses se poursuivent tout comme si elles fonctionnaient toutes seules, puisque aussi bien là nous en sommes à ceci : c’est à pouvoir nous demander si ce discours de la physique, ce discours engendré par la toute-puissance du signifiant - ce discours de la physique va confiner à l’intégration de la Nature ou à sa désintégration.

Tel est ce qui pour nous, complique et singulièrement - encore que sans doute ce ne soit qu’une de ses phases - le problème de notre désir. Disons que, pour celui qui vous parle, c’est là à proprement parler que se situe la révélation du caractère décisivement original de la place où se situe le désir humain comme tel, dans ce rapport de l’homme au signifiant, et dans le fait de savoir si, ce rapport, il doit ou non le détruire.

[…] c’est à savoir que c’est là que se tend la question du sens de la pulsion de mort. C’est très exactement en tant que cette pulsion est liée à l’histoire que se pose le problème. C’est une question "ici et maintenant", et non pas ici une question "ad aeternum". C’est en fonction de cela que le mouvement du désir est en train de passer la ligne d’une sorte de dévoilement, que l’avènement de la notion freudienne de la pulsion de mort a son sens pour nous.

En disant ceci donc, nous ne savons rien, sinon qu’il y a la question et qu’elle se pose en ces termes, celle du rapport de l’être humain vivant avec le signifiant comme tel, avec le signifiant en tant qu’au niveau du signifiant peut être pour lui remise en question tout cycle possible de l’étant, y étant compris le mouvement de perte et le retour de la vie elle-même.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ sacrifice ] [ régulation ] [ historique ] [ modernité-tradition ] [ définition ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson