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concept psychanalytique

[…] l’objet phallus, n’est pas la simple spécification, l’homologue, l’homonyme du petit(a) imaginaire où déchoit la plénitude de l’Autre, du grand A. Ce n’est pas une spécification enfin venue au jour de ce qui aurait été auparavant l’objet oral, puis l’objet anal.

[…] c’est un objet privilégié dans le champ de l’Autre. C’est un objet qui vient en déduction du statut de l’Autre, du grand Autre comme tel.

En d’autres termes, le petit(a) […] c’est le A moins phi [phallus imaginaire] : (a) = A – φ.

En d’autres termes, c’est par ce biais que le φ (phi) vient à symboliser ce qui manque à l’A pour être l’A noétique, l’A de plein exercice, l’Autre en tant qu’on peut faire foi à sa réponse à la demande. De cet Autre noétique, le désir est une énigme, et cette énigme est nouée avec le fondement structural de sa castration. C’est ici que va s’inaugurer toute la dialectique de la castration.

Faites attention maintenant de ne pas confondre non plus cet objet phallique avec ce même signe qui serait le signe au niveau de l’Autre de son manque de réponse, le manque dont il s’agit ici, est le manque du désir de l’Autre. La fonction que va prendre ce phallus en tant qu’il est rencontré dans le champ de l’imaginaire, c’est non pas d’être identique à l’Autre comme désigné par le manque d’un signifiant, mais d’être la racine de ce manque.

C’est l’Autre qui se constitue dans une relation, privilégiée certes à cet objet φ, mais dans une relation complexe.

C’est ici que nous allons trouver la pointe de ce qui constitue l’impasse et le problème de l’amour, c’est que le sujet ne peut satisfaire la demande de l’Autre qu’à le rabaisser, qu’à le faire lui, cet autre, l’objet de son désir. 



 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 22 mars 1961

[ définition ] [ mathème ]

 

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souffrance

Tous ceux qui se manifestent comme ayant pénétré, comme manifestant les exigences de ce champ [de la douleur], sont-ils en fin de compte des masochistes ? Je vous dis tout de suite que je ne le crois pas.

Le masochisme - phénomène marginal - a en lui quelque chose de quasi caricatural qu’après tout, les explorations moralistes de la fin du XIXème siècle ont assez bien dénudé. C’est qu’en quelque sorte cette douleur masochiste finit par ressembler, dans son économie, à celle des biens. On veut partager la douleur comme on partage des tas d’autres choses, du reste c’est tout juste si on ne se bat pas autour.

Mais est-ce qu’il ne s’agit pas là de quelque chose où intervient la reprise - reprise panique - dans cette dialectique, des biens ? À vrai dire, tout dans le comportement du masochiste - je parle du masochiste pervers - nous indique que c’est bien là quelque chose qui est structural dans son comportement. Lisez Monsieur DE SACHER MASOCH, auteur fortement instructif encore que de beaucoup moins grande envergure que SADE. Vous y verrez qu’au dernier terme, le désir de se réduire soi-même à ce rien qu’est un bien, cette chose qu’on traite comme un objet, cet esclave qu’on se transmet et qu’on partage et qu’on tient pour ce rien qui est un bien, est véritablement la véritable pointe d’horizon où se projette la position du masochiste pervers.

Il ne faut jamais aller trop vite dans la rupture des homonymies inventives. Que le masochisme ait été appelé masochisme aussi loin que la psychanalyse l’a fait, n’est sans doute pas sans raison. Je crois que l’unité qui se dégage de tous les champs où la pensée analytique a étiqueté le masochisme, est très précisément fait de ce quelque chose qui, toujours dans tous ces champs, fait participer la douleur du caractère d’un bien.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ analogie structurelle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

trait d'esprit

Nous en sommes arrivés à la notion qu’au cours d’un discours précisément intentionnel où le sujet se présente comme voulant dire quelque chose, quelque chose se produit qui dépasse son vouloir : quelque chose qui se présente comme un accident, comme un paradoxe, comme un scandale.

Cette néoformation se présente avec des traits non pas du tout négatifs d’une sorte d’achoppement, d’acte manqué, comme elle pourrait l’être… après tout, je vous en ai montré des équivalents, des choses qui y ressemblent singulièrement, dans l’ordre du pur et simple lapsus …mais au contraire se trouve, dans les conditions où cet accident se produit, être enregistrée, être valorisée au rang de phénomène significatif, précisément d’engendrement d’un sens au niveau de la néoformation signifiante, d’une sorte de collapsus de signifiants qui se trouvent là - comme dit FREUD - comprimés l’un avec l’autre, emboutis l’un dans l’autre, et que cette signification crée, et je vous en ai montré les nuances et l’énigme - entre quoi et quoi ? – entre cette évocation de "manière d’être" proprement métaphorique : 

"Il me traitait d’une façon tout à fait famillionnaire"  

…cette évocation de "manière d’être", cet "être verbal" tout près de prendre cette animation singulière dont j’ai essayé déjà d’agiter devant vous le fantôme avec le "famillionnaire" :  

– le "famillionnaire" en tant qu’il fait son entrée dans le monde, comme représentatif de quelque chose qui pour nous est très susceptible de prendre une réalité et un poids infiniment plus constants que ceux plus effacés du millionnaire, 

– mais dont je vous ai montré aussi combien il a quelque chose dans l’existence d’assez animateur pour représenter vraiment un personnage caractéristique d’une époque historique et je vous ai indiqué  qu’il n’y avait pas que HEINE à l’avoir inventé, je vous ai parlé du Prométhée mal enchaîné de GIDE et de son miglionnaire. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 20 novembre 1957

[ métaphore ] [ objet métonymique ] [ inconscient ] [ déchet discursif ]

 

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castration

C’est donc sur le plan de la privation de la mère qu’à un moment donné de l’évolution de l’Œdipe la question se pose pour le sujet d’accepter, d’enregistrer, de symboliser lui-même, de rendre signifiante, cette privation dont la mère s’avère être l’objet. Cette privation, le sujet enfantin l’assume ou ne l’assume pas, l’accepte ou la refuse. Ce point est essentiel. [...]

[...] dans la mesure où l’enfant ne franchit pas ce point nodal, c’est-à-dire n’accepte pas la privation du phallus sur la mère opérée par le père, il maintient dans la règle – la corrélation est fondée dans la structure – une certaine forme d’identification à l’objet de la mère, cet objet que je vous représente depuis l’origine comme un objet-rival, pour employer le mot qui surgit là, et ce, qu’il s’agisse de phobie, de névrose ou de perversion. [...] quelle est la configuration du rapport à la mère, au père, et au phallus, qui fait que l’enfant n’accepte pas que la mère soit privée par le père de l’objet de son désir ? Dans quelle mesure faut-il dans tel cas pointer qu’en corrélation avec ce rapport, l’enfant maintient son identification au phallus ?

[...] Sur le plan imaginaire, il s’agit pour le sujet d’être ou de n’être pas le phallus. La phase qui est à traverser met le sujet en position de choisir.

Mettez aussi ce choisir entre guillemets, car le sujet y est aussi passif qu’il est actif, pour la bonne raison que ce n’est pas lui qui tire les ficelles du symbolique. La phrase a été commencée avant lui, a été commencée par ses parents, et ce à quoi je vais vous amener, c’est précisément au rapport de chacun de ces parents à cette phrase commencée, et à la façon dont il convient que la phrase soit soutenue par une certaine position réciproque des parents par rapport à cette phrase.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, pages 185-186

[ topologie psychanalytique ] [ dépositaire d'un discours ] [ déterminisme partiel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mécanismes de l'inconscient

Dans ce texte [L’instance de la lettre dans l’inconscient] dont vous y verrez que ce que j’appelle - après d’autres : c’est Roman JAKOBSON qui l’a inventée - "la fonction métaphorique et métonymique du langage" est liée à quelque chose qui s’exprime très simplement dans le registre du signifiant, les caractéristiques du signifiant étant celles - comme je l’ai déjà plusieurs fois énoncé au cours des années précédentes - de l’existence d’une chaîne articulée, et ajoutai-je dans cet article, tendant à former des groupements fermés, c’est-à-dire formés d’une série d’anneaux se prenant les uns dans les autres pour former les chaînes, lesquelles elles-mêmes se prennent dans d’autres chaînes à la façon d’anneaux, ce qui est un peu évoqué aussi par la forme générale de ce schéma, mais qui n’est pas directement présenté.

L’existence de ces chaînes dans leur double dimension implique ceci que les articulations ou liaisons du signifiant comportent deux dimensions : 

– celle qu’on peut appeler de la combinaison, de la continuité, de la concaténation de la chaîne, 

– et celle des possibilités de substitution toujours impliquées dans chaque élément de la chaîne.

Ce deuxième élément absolument essentiel est cet élément qui, dans la définition linéaire que FREUD donnait du rapport du signifiant et du signifié, est ce qui est omis. En d’autres termes, dans tout acte de langage la dimension diachronique est essentielle, mais il y a une synchronie impliquée, évoquée par la possibilité permanente de substitution inhérente à chacun des termes du signifiant.

En d’autres termes, ce sont les deux rapports que je vais vous indiquer : 

– f(S...S1) S2 = S (-) s : diachronie - métonymie 

– f(S/S1) S2 = S (+) s : synchronie - métaphore 

– L’une donnant le lien de la combinaison du lien du signifiant, 

– et l’autre l’image du rapport de substitution toujours implicite dans toute articulation signifiante.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 13 novembre 1957

[ résumé ] [ formules ] [ déplacement ]

 
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analyste-analysant

C’est donc autour de ce terme de "compréhension" que va pivoter ce que j’entends vous montrer aujourd’hui pour permettre de serrer de plus près ce qu’on peut appeler selon nos termes, le rapport de la demande du sujet avec son désir, étant entendu que ce que nous avons mis au principe - ce en quoi nous avons montré que le retour est nécessaire - c’est à mettre au premier plan que ce dont il s’agit dans l’analyse n’est autre chose que la mise au jour de la manifestation du désir du sujet.

Où est la "compréhension" quand nous comprenons ? Quand nous croyons comprendre, qu’est-ce que cela veut dire ? Je pose que cela veut dire dans sa forme la plus assurée, je dirai dans sa forme primaire, que la compréhension de quoi que ce soit que le sujet articule devant nous est quelque chose que nous pouvons définir ainsi au niveau du conscient, c’est qu’en somme nous savons quoi répondre à ce que l’autre demande. C’est dans la mesure où nous croyons pouvoir répondre à la demande que nous sommes dans le sentiment de comprendre.

Sur la demande pourtant, nous en savons un peu plus que cet abord immédiat, précisément en ceci que nous savons que la demande n’est pas explicite, qu’elle est même beaucoup plus qu’implicite, qu’elle est cachée pour le sujet, qu’elle est comme devant être interprétée. Et c’est là qu’est l’ambiguïté pour autant que nous qui l’interprétons, nous répondons à la demande inconsciente sur le plan d’un discours qui pour nous est un discours conscient. C’est bien là qu’est le biais, le piège et qu’aussi bien depuis toujours nous tendons à glisser vers cette supposition, cette capture que notre réponse, le sujet en quelque sorte devrait se contenter de ce que nous mettons au jour par notre réponse quelque chose dont il devrait se satisfaire.

Nous savons que c’est là que se produit pourtant toujours quelque résistance. 

Auteur: Lacan Jacques

Info: 15 mars 1961

[ question ] [ imaginaire ]

 

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beaux-arts

Il [Freud] nous a dit ici :

– que l’analyste n’avait véritablement, sur le fond, sur la nature de ce qui se manifestait de création dans le beau, rien à dire,

– que dans le domaine chiffré, à proprement parler, de la valeur de l’œuvre d’art comme telle, nous nous trouvons en position, je ne dirai même pas d’écoliers, en position de gens qui pourront ramasser les indices, les miettes et assurément pas à même d’articuler ce dont il s’agit dans la création elle-même.

Ceci n’est pas tout. Et le texte, là-dessus, de FREUD se montre très faible.

C’est à ce titre que les choses deviennent tout à fait claires dès l’abord, dès que nous devons approcher les définitions qu’il donne de la sublimation- pour autant que c’est elle qui est en jeu dans la création de l’artiste - il ne fait strictement rien d’autre que nous montrer le contrecoup, je dirai la revenue des effets de ce qui se passe quelque part au niveau de la sublimation de la pulsion ou de l’instinct quand le résultat, l’œuvre du créateur de beau, revient - où ? - dans ce champ des biens, à savoir quand ils sont devenus marchandises.

Le caractère quasi grotesque de cette espèce de résumé que nous donne FREUD de ce qu’est en somme la carrière de l’artiste, c’est à savoir de donner forme belle au désir interdit pour que chacun, en lui achetant son petit produit d’art, lui donne, en quelque sorte, la récompense et la sanction de son audace.

C’est bien là une façon de court-circuiter tout ce problème et d’une façon si manifestement visible quand s’y ajoute le fait que FREUD écarte de lui, comme une question qui est hors de la portée de notre expérience, le problème de la création, qu’elle soit littéraire ou de toute autre façon artistique : il a parfaitement conscience des limites dans lesquelles il se confine.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ psychanalyse ] [ critique ]

 

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irrationnel

La différence entre ce qui marche et ce qui ne marche pas, c’est que la première chose, c’est le monde, le monde va, il tourne rond, c’est sa fonction de monde ; pour s’apercevoir qu’il n’y a pas de monde, à savoir qu’il y a des choses que seuls les imbéciles croient être dans le monde, il suffit de remarquer qu’il y a des choses qui font que le monde est immonde, si je puis m’exprimer ainsi ; c’est de ça que s’occupent les analystes ; de sorte que, contrairement à ce qu’on croit, ils sont beaucoup plus affrontés au réel même que les savants ; ils ne s’occupent que de ça.
Et comme le réel, c’est ce qui ne marche pas, ils sont en plus forcés de le subir, c’est-à-dire forcés tout le temps de tendre le dos.
Il faut pour ça qu’ils soient vachement cuirassés contre l’angoisse.
C’est déjà quelque chose qu’au moins ils puissent, de l’angoisse, en parler.
J’en ai parlé un peu à un moment. ça a fait un peu d’effet ; ça a fait un peu tourbillon.
Il y a un type qui est venu me voir à la suite de ça, un de mes élèves, quelqu’un qui avait suivi le séminaire sur l’angoisse pendant toute une année, qui est venu, il était absolument enthousiasmé, c’était justement l’année où s’est passée, dans la psychanalyse française (enfin ce qu’on appelle comme ça) la deuxième scission ; il était si enthousiasmé qu’il a pensé qu’il fallait me mettre dans un sac et me noyer ; il m’aimait tellement que c’était la seule conclusion qui lui paraissait possible.
Je l’ai engueulé ; je l’ai même foutu dehors, avec des mots injurieux. ça ne l’a pas empêché de survivre, et même de se rallier à mon école finalement.
Vous voyez comment sont les choses.
Les choses sont faites de drôleries.
C’est comme ça peut-être ce qu’on peut espérer d’un avenir de la psychanalyse, c’est si elle se voue suffisamment à la drôlerie.

Auteur: Lacan Jacques

Info:

[ dérision ] [ objectif ] [ anecdote ]

 

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religion

Le monothéisme intéresse Freud en quel sens ? Il sait certes aussi bien que tel de ses disciples que les dieux sont innombrables et mouvants comme les figures du désir. Qu’ils en sont les métaphores vivantes. Mais non pas le seul Dieu. Et s’il va rechercher le prototype dans un modèle historique, le modèle visible du Soleil, de la première révolution religieuse égyptienne, d’Akhenaton, c’est pour rejoindre le modèle spirituel de sa propre tradition, le Dieu des dix commandements. Le premier, il semble l’adopter en faisant de Moïse un égyptien – pour répudier ce que j’appellerais la racine raciale du phénomène, la Volkspsychologie de la chose ; le deuxième, lui fait enfin articuler comme tel, dans son exposé, la primauté́ de l’invisible en tant qu’elle est la caractéristique de la promotion du lien paternel, fondé sur la foi et la loi.



La promotion du lien paternel sur le lien maternel, qui, lui, est fondé sur la charnalité́ manifeste, ce sont les termes mêmes dont Freud se sert. La valeur sublimatoire, si je puis m’exprimer ainsi, de la fonction du Père est soulignée en propres termes en même temps qu’affleure la forme proprement verbale, voire poétique, de sa conséquence, puisque c’est à la tradition des prophètes qu’il remet la charge historique de faire progressivement affleurer au cours des âges, le retour d’un monothéisme refoulé comme tel par une tradition sacerdotale plus formaliste dans l’histoire d’Israël – préparant en somme en image et selon les écritures, la possibilité́ de la répétition de l’attentat contre le Père primordial dans (c’est toujours Freud qui écrit) le drame de la Rédemption où il devient patent.



Il me semble important de souligner ces traits essentiels de la doctrine freudienne, car auprès de ce que ceci représente de courage, d’attention, d’affrontement à la vraie question, il me parait de peu d’importance de savoir ou de faire grief à Freud qu’il ne croie pas que Dieu existe ou même qu’il croie que Dieu n’existe pas.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Conférence de Bruxelles sur l'éthique de la psychanalyse, 9 mars 1960

[ psychanalyse ] [ nom-du-père ] [ fonction paternelle ]

 

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envie

La référence du sujet à tout autre, quel qu’il soit, a quelque chose de dérisoire, quand nous le voyons - nous qui en voyons tout de même quelques-uns, voire beaucoup - se référer toujours à l’autre comme à quelqu’un qui lui, vit dans l’équilibre, en tout cas en plus heureux : lui-même ne se pose pas de question, dort sur les deux oreilles.

Nous n’avons pas besoin d’avoir vu l’autre, si solide, si bien assis soit-il, venir s’étendre sur notre divan pour savoir ce que ce mirage... cette distance, cette référence de la dialectique du bien à quelque chose au-delà, à quelque chose que, pour illustrer ce que je veux vous dire, j’appellerai "le bien, n’y touchez pas" ...est le texte même de notre expérience. 

Je dirai plus : ce registre d’une jouissance comme étant ce qui comme tel, n’est accessible qu’à l’autre, est la seule dimension dans laquelle nous puissions situer ce malaise singulier et si fondamental que seule, je crois - et je me trompe peut-être - mais en tout cas que la langue allemande, avec d’autres nuances psychologiques très singulières de la béance humaine, a su noter sous le terme Lebensleid.

Ce n’est pas une jalousie ordinaire, c’est même la chose la plus étrange et la plus singulière, c’est cette jalousie qui peut naître dans un sujet par rapport à un autre, pour autant que l’autre est justement perçu comme pouvant participer d’une certaine forme de jouissance, de surabondance vitale en tant qu’elle est, à proprement parler, conçue et aperçue par le sujet comme étant ce qu’il ne peut lui-même appréhender par la voie de quelque mouvement futile le plus affectif, le plus élémentaire.

Est-ce qu’il n’y a pas là quelque chose de vraiment singulier : qu’un être s’avère, s’avoue, se manifeste comme jalousant chez l’autre - et jusqu’à en faire surgir la haine et le besoin de destruction - ce qu’il n’est d’aucune façon capable même d’appréhender par aucune voie intuitive ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: 18 mai 1960

[ traduction ] [ question ] [ privation ] [ imaginaire ]

 
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