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paroles d'aveugle

Tout à l’heure, oui, c’était vraiment de l’or, je le sais, cette impression solennelle, cette température divine, cet air sur ma face, cette caresse sur mon corps nu dont je sens toutes les variations,

Par quoi s’annonce la Nuit,

Désirée de beaucoup, comme moi je désire le jour.

La vigne aussi, eh bien, où sont ses yeux ? et auprès d’elle qui est-ce qui connaît le soleil ? c’est de lui que sont faites ces grappes à mes tempes !

Les autres autour de moi, toutes ces personnes,

Qu’est-ce qu’ils savent des choses ? n’en prenant bien vite que ce qui leur est nécessaire, deux clins d’œil pour se guider au travers de leur petite comédie !

Mais moi, tout me parle, tout me touche jusqu’au fond du cœur.

Auteur: Claudel Paul

Info: Le père humilié, éditions Gallimard, 1956, pages 298-299

[ sensations ] [ voyants ] [ perceptions ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

bible judéo-chrétienne

Comme le montrent clairement sa syntaxe, son vocabulaire, l’abondance (comme en hébreu ou en araméen de l’époque, chez les rabbins et pas seulement chez eux) de ses mots d’emprunt, le grec du Nouveau Testament et des Évangiles en particulier est une langue de traducteurs, et (s’il faut de nouveau le préciser) de traducteurs littéraux.

Loin d’être celui de la soi-disant koïné, c’est un grec sémite, un calque absolu, une langue artificielle par nature, celle de scribes ayant sous les yeux un original ou des originaux hébreux, et s’appliquant s’acharnant à les verser au grec aussi fidèlement que possible, hors toute autre prétention que celle-là. Tout, dans les Évangiles, la manière de citer l’Écriture, la place des compléments de noms, l’utilisation de l’infinitif absolu, l’usage des verbes " faire ", " répondre ", " monter ", " descendre " (etc., etc.), usage idiomatique, les jeux de mots (perdus en grec mais vite lumineux dès qu’on rétrovertit), et mille autres indices, tout nous renvoie au socle sémitique.

Avant d’être " tout à tous ", selon la très malheureuse expression de Girard, les Évangiles sont et étaient, primitivement d’abord de la littérature juive.

Auteur: Dubourg Bernard

Info: L'invention de Jésus, tome 1 : L'Hébreu du Nouveau Testament, pp. 109-110

[ interpolations ] [ traductions ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

père-fils

N’est-ce pas ? un enfant, c’est comme un autre soi-même que l’on peut regarder de ses deux yeux,

Soi-même et quelque chose d’autre et d’intrus,

La conscience hors de vous qui s’anime et qui agite les bras et les jambes,

Une conséquence vivante sur laquelle tu ne peux plus rien, papa !

Auteur: Claudel Paul

Info: Le pain dur, éditions Gallimard, 1956, page 234

[ étrangeté ] [ excroissance ] [ altérité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

révolution française

Ce n’est pas moi qui suis fort et méchant, c’est les autres qui sont si bêtes et si tristes, et qui vous donnent tout avant qu’on leur demande !

C’est une comédie où l’on n’a qu’à jouer son rôle avec aplomb et l’on peut tout se permettre quand on connaît les planches.

Mais il y a autre chose à faire que de jouer la comédie ! Croyez-vous que je n’aimerais pas mieux autre chose ?

C’est comme la France quand elle se jetait sur Versailles ou sur le Louvre.

Ce n’est pas du pain qu’elle demandait, un peuple ne vit pas que de pain !

C’est de la mitraille et du plomb et de grands coups de pieds dans les côtes !

Un cheval comme la France, c’est jeune, c’est amoureux, ça aime à rire, ça aime à sentir son maître !

Il faut avoir du genou quand on a l’honneur de tenir une pareille bête entre les jambes, c’est pas un veau.

Mais ce gros Louis qu’elle avait sur le dos,

A peine avait-elle commencé à danser un petit peu qu’il tombait par terre sans aucun mouvement ou bruit, comme un gros boulot de coton.

Qu’est-ce qu’il restait d’autre à faire que de lui couper la tête ?

Auteur: Claudel Paul

Info: Le pain dur, éditions Gallimard, 1956, page 191

[ force vitale ] [ fougue ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

soumission

Qui n’est point époux sera esclave ; qui ne veut point consentir sera contraint ; qui n’est point membre de l’Eglise sera serf de la loi.

Auteur: Claudel Paul

Info: L'otage, éditions Gallimard, 1956, page 69

[ juste ] [ temporel-éternel ] [ humain-divin ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

aliments

Ce bon café n’a pas poussé sur un chêne et voilà un coquin de sucre qui est trop blanc pour ne pas venir de chez les nègres.

Auteur: Claudel Paul

Info: L'otage, éditions Gallimard, 1956, page 59

[ chauvinisme ] [ exotiques ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sécularisation

Je regarde autour de moi et il n’y a plus de société entre les hommes,

Mais seulement la "loi" comme ils disent, et le texte imprimé à la machine, la volonté inanimée, idole stupide.

Où est le droit, il n’y a plus d’affection.

Et la loi de Dieu était dure dont nous avons été libérés par Jésus-Christ. Que sera-ce de la loi des hommes ?

Quelle société, où chacun croit qu’elle est aux dépens de sa propre charte ? et la force ne peut remplacer le sacrifice.

Comme vous le voyez avec cet homme qui dès qu’il a pris une chose est obligé de prendre tout le reste,

Et de reconquérir le monde à chaque instant pour assurer un seul pas.

Auteur: Claudel Paul

Info: L'otage, éditions Gallimard, 1956, page 52

[ critique ] [ question ] [ modernité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sémantique diachronique

Tout exégète sait que, sauf rarissimes exceptions, le grec du Nouveau Testament est une langue tordue, un grec souvent de pacotille, dont la syntaxe (et le vocabulaire ?) n'a aucune des beautés des monuments hellénistiques contemporains. Même Flavius Josèphe, qui traduit, dit-il, ses œuvres du sémite en grec, s’arrange pour en rejeter toute trace d’araméen ou d’hébreu : sauf aux endroits retouchés, voire franchement mutilés, par les moines copistes, Flavius Josèphe est un excellent auteur ; au minimum il est lisible. Mais qui ira prétendre que l’Apocalypse dite de Jean est lisible ? Ni Philon le Juif ni Josèphe des contemporains, ou presque n’auraient osé présenter à leur public des narrations aussi mal ficelées.

De cela, les commentateurs érudits tirent l’idée que le Nouveau Testament, pour faire bref, est rédigé par des illettrés, des gens simples, peu versés en hellénismes : au fond, des ignorants. Et ils ajoutent aussitôt que le témoignage desdits illettrés n’en est que d’autant meilleur comme si, entre parenthèses, tout analphabétisme héroïquement surmonté faisait la valeur d’un témoignage... Toutes ces subtilités et fausses évidences sont en réalité de peu de poids, et l’argumentation prend parfois d’autres aspects.

Auteur: Dubourg Bernard

Info: L'invention de Jésus, tome 1 : L'Hébreu du Nouveau Testament, p. 15

[ distorsion ] [ biais de traduction ] [ transmission écrite ] [ interpolations ] [ linguistique ] [ épistémologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ésotérisme

La Notarique est le codage par lequel on groupe les initiales, les médiales ou les finales de plusieurs mots pour en former un ou plusieurs autres.

Les exemples de notarique, autrement dit les acrostiches, sont innombrables dans la Bible hébraïque.

Ainsi, en Exode III, 13, la phrase de Moïse vulgairement traduite " S’ils me disent : Quel est ton nom ? que leur dirai-je ? " vit et repose sur une notarique : l’expression originale LY MH ŜMW MH (litt. " à moi, quoi son nom, quoi ") y est composée de quatre mots dont les finales sont, dans l’ordre et par acrostiche, Y, H, W et H les quatre lettres constitutives du nom divin le plus sacré (le " Yahvé " ou " Jéhovah " des traductions) ; et cette notarique, évidemment intentionnelle dans le texte, et évidemment performante, n’apparaît évidemment plus dans les traductions courantes : elle n’y figure même pas en note! et la matière du texte en est escamotée d’autant. (pp. 131-133)

Auteur: Dubourg Bernard

Info: L'invention de Jésus, tome 1 : L'Hébreu du Nouveau Testament

[ gématrie ] [ kabbale ] [ temurah ] [ notarikon ] [ exégèse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

déification

C’est au contraire en réalisant intégralement sa nature de créature, que l’être relatif peut seulement être rendu participant de la Nature divine. L’homme naturel et profane croit à la réalité autonome et indépendante de son être. Ce faisant, il se prend pour Dieu et s’attribue une perfection qui n’appartient qu’à l’Être absolu. Il ment à sa nature d’être créé. Quelle est donc la vérité de cette nature ? C’est que l’être créé est un être reçu, un être donné. Dans l’exacte mesure où l’être humain prend une conscience ontologique du don de l’être, il laisse l’Être divin s’écouler en lui. […] Oui, il y a une vérité plus haute que celle qui prétend nier, sur leur propre plan, l’irréductible dualité du Créateur et de la créature ; une vérité plus profonde que celle qui prétend aspirer à une union telle qu’enfin la création soit entièrement résorbée dans l’homogénéité d’un Absolu massif. Il y a la vérité de la suprême Déité, qui, étant au-delà de la dualité, comme de l’unité, les contient et les conçoit en elle de manière immaculée, si bien qu’en elle seulement le relatif et le créé sont ce qu’ils doivent être.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 360

[ charité ] [ identité ] [ distinction ] [ naturel-surnaturel ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson