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savoirs

Qu’est-ce que la science ? Le dictionnaire dira que c’est une connaissance systématisée. Mais les définitions des dictionnaires ont trop tendance à s’appuyer sur des dérivations, ce qui revient à dire qu’elles négligent trop les étapes ultérieures de l’évolution des significations. La simple connaissance, même systématisée, peut n’être qu’un souvenir mort, alors que par science nous entendons tous habituellement un corps vivant et croissant de vérité. Nous pourrions même dire que la connaissance n’est pas nécessaire à la science. Les recherches astronomiques de Ptolémée, bien qu’elles soient en grande partie fausses, doivent être reconnues par tout mathématicien moderne qui les lit comme étant véritablement et authentiquement scientifiques. Ce qui constitue la science, ce ne sont donc pas tant des conclusions correctes que la méthode correcte. Mais la méthode de la science est elle-même un résultat scientifique. Elle n’est pas née du cerveau d’un débutant : c’était une réalisation historique et une réalisation scientifique. De sorte que même cette méthode ne doit pas être considérée comme essentielle aux débuts de la science. Ce qui est essentiel, c'est l'esprit scientifique, qui est déterminé à ne pas se contenter des opinions existantes, mais à tendre vers la vérité réelle de la nature. Une fois que la science est intronisée dans ce sens chez un peuple, la science dans tous les autres sens est son héritier apparent.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Le mariage de la religion et de la science, 1893, In M. Bergman & S. Paavola (éd.), The Commens Dictionary: Peirce's Terms in His Own Words. Nouvelle édition

[ linéature ] [ principe ] [ quête ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pharisaïsme

Haïr le moi possessif, et se donner à autrui dans l’espoir de renoncer à l’ego, ne fait qu’imiter, inefficacement, son abolition. On livre son moi à autrui, dans une sorte de passion indéfinie, et l’on y voit comme un moyen radical de mourir à soi-même, de rompre enfin le cercle de l’égoïcité. Pourtant, l’altruisme ne diffère en rien de l’égoïsme. Il se situe rigoureusement sur le même plan. Livrer son ego en pâture à d’autres egos, c’est encore pour l’ego une manière d’exister, et la plus redoutable de toutes, car la plus justifiée en apparence. Il n’y a pas de fascination supérieure à celle-là. Loin de mourir, l’ego, morcelé dans son sacrifice passionnel, s’accroît de son propre morcellement. Il se réfléchit, se répète et se prolonge. La vraie solution, c’est de comprendre que "sans Moi", l’homme ne peut rien.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 126

[ jouissance ] [ critique ] [ illusion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hypostase

La personne, c’est la limite supérieure du créé par où il touche à Dieu en s’anéantissant en un point infinitésimal, et c’est aussi identiquement, au centre du créé, la porte du cœur par où Dieu s’ouvre à l’homme pour le réaliser : la personne, secret indicible entre le relatif et l’Absolu, où Dieu communique à chacun de nous un Nom qu’ignore la création tout entière. […]

Identifier la personne à une verticale – et non à un point – permet non seulement de briser avec l’illusion de la ponctualité égoïque, mais surtout de montrer que la personne est un mystère d’approfondissement, un processus de personnalisation, et non une chose que l’on pourrait acquérir et posséder.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 120

[ naturel-surnaturel ] [ théologie ] [ définition ] [ être humain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

intellect

La connaissance est bien la communion intelligible du connaissant et du connu, mais c’est en quelque sorte une communion à distance. Tout se passe, dans l’activité cognitive, comme si l’homme avait gardé le souvenir d’une communion ontologique entre lui et le monde, mais qu’il ne puisse plus la réaliser – par ses seules forces naturelles – qu’en mode spéculatif.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 117

[ réminiscence ] [ éternel-temporel ] [ médiation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

intuition intellectuelle

Cet intellect, non seulement reçoit en lui les connaissances qui viennent de l’extérieur, en tant qu’intellect passif, mais encore, en tant qu’intellect actif, il illumine la connaissance reçue pour en révéler à lui-même la dimension intelligible, comme un œil qui éclairerait ce qu’il voit. Or, cette lumière par laquelle l’intellect actualise la nature intelligible du connu, est d’origine divine […].

[…] L’intellect en est en effet ce que l’homme a de commun avec Dieu et avec les anges, non pas l’intelligence pratique, ou agissante, mais l’intelligence spéculative, ou contemplative, ou toute connaissante […]. [….]

Même si l’on peut ramener la raison à l’intellect dans son principe cognitif, il reste que "le nom d’intellect désigne la pénétration intime de la vérité, alors que celui de raison désigne la recherche et la discursion" [Somme théologique, II II, Q.49, a.5]. Et cette pénétration intime est non seulement connaissance objective, mais aussi assimilation "subjective" et vie divine […].

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 115

[ définition ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophes modernes

[…] la ratio est la lumière brisée et fragmentaire de l’intellectus. […]

La non distinction de l’intellectus et de la ratio paraît acquise chez Descartes. Dans la Deuxième Méditation métaphysique, où il entreprend de prouver que la nature de l’âme est plus aisée à connaître que celle du corps, Descartes, après avoir établi l’existence de cette nature, demande en quoi elle consiste et il répond : "Sum igitur res cogitans, id est mens, sive animus, sive intellectus, site ratio", c’est-à-dire : "je suis donc chose pensante, ou encore esprit, ou encore âme, ou encore intellect, ou encore raison". Ce qui fait difficulté dans ce texte, ce n’est point l’équivalence qu’il établit entre mens et animus, car une telle équivalence peut se réclamer d’une longue tradition, et on la rencontre dans diverses cultures. Mais il en va autrement pour intellectus et ratio, termes que la tradition philosophique antérieure avait presque constamment distingués.

Quant à la négation de l’intellectus, ou intellect intuitif, elle est l’œuvre de la philosophie kantienne. S’efforçant de prendre une conscience critique de la raison (Critique de la Raison pure), Kant n’y aperçoit pas ce pouvoir de connaissance intuitive (intellectus intuitivus) dont la dotait Descartes (sive intellectus, sive ratio). Et, puisqu’il n’y a pas d’intellectus, il n’y a point de métaphysique possible […]. La raison (Vernunft) devenant alors la faculté supérieure de connaissance, Kant est amené à inverser les rapports que toute la tradition philosophique antérieure avait admis, et à appeler entendement (Verstand, intellectus), l’activité cognitive inférieure, à savoir, celle qui revêt les connaissances sensibles d’une forme conceptuelle et que nous avons appelée mentale. De la confusion à l’inversion négatrice, tel est le chemin parcouru par la pensée occidentale.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 113

[ différence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

linguistique

Dès l’instant qu’ils furent disséminés, les hommes adoptèrent donc de nouvelles conduites de vie qui donnèrent lieu, par la même occasion, à l’apparition de formes nouvelles dans leur langue de communication. Ces changements linguistiques ne furent en effet rendus possibles que par les habitudes sociales aux multiples formes. [...] troisième cause de la mutation des langues. C’est l’émigration et le mélange des peuples qui entraînent le mélange de celles-ci. De là la naissance de nouvelles langues. 

Auteur: Comenius Jan Amos Kome

Info: 1648 in 2005 : 56, 59

[ historique ] [ métissages ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

écriture

Le secret de l'art d'écrire est de ne pas tout dire.

Auteur: Cherbuliez Victor

Info:

[ réserve ] [ retenue ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-par-homme

La vérité, c’est que la femme purement féminine a tendance à mentir et à se présenter pour ce qu’elle n’est pas, même quand cela ne lui sert de rien ; il ne s’agit pas là d’une "deuxième nature" acquise socialement dans la lutte pour l’existence, mais de quelque chose qui est lié à sa nature la plus profonde et la plus typique. De même que la femme absolue ne perçoit pas vraiment le mensonge comme une faute – ainsi pour la femme féminine, contrairement à l’homme, le mensonge n’est pas une faute, n’est pas un fléchissement intérieur, ni un manquement à sa propre loi existentielle. C’est une contrepartie éventuelle de sa plasticité et de sa fluidité. […] Il est absurde de juger la femme à l’aune des valeurs de l’homme (de l’homme absolu), même lorsque, faisant violence à elle-même, elle feint de l’imiter et croit même sincèrement l’imiter.

Auteur: Evola Julius

Info: Métaphysique du sexe, traduit de l’italien par Philippe Baillet, éditions L'âge d'homme, Lausanne, 2005, page 206

[ essence féminine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

points de vue

C'est ce qui est amusant avec la critique littéraire : elle déteste son époque et ne se rend compte de sa valeur que vingt ans plus tard. Il suffit de deux décades pour qu'elle les sentimentalise à tout va, par nostalgie d'une jeunesse collective. Les cliques condamnées deviennent d'encensés " mouvements ", des jeunes gens jadis agaçants, d'augustes génies. 


Auteur: Smith Zadie

Info:

[ relatifs ] [ diachronie ] [ inversion ] [ cycle ] [ vieillir ]

 

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Ajouté à la BD par miguel