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réel sans parole

Il y a autour des mots comme une sorte de contour vide, que nous ressentons parfaitement quand nous ne les trouvons pas et dont peut-être, pour ce qui est de l'écriture, la fameuse et angoissante page blanche serait la figure emblématique. Ce que nous apercevons dans ces moments resserrés, si nous nous laissons entraîner, c'est l'antériorité absolue où le langage a dû puiser pour être et pour devenir, c'est le monde muet auquel il renvoie et d'où il provient. Insituable dans le temps mais rappelée à chaque fois que le silence suspend le phrasé, cette provenance n'a ni la consistance d'un monde que nous pourrions atteindre, ni l'obscurité d'une origine déclarée - ou perdue -, mais elle étend sous le langage l'équivalent d'une sorte de nappe phréatique, qui est aussi le songe où il puise.

Auteur: Bailly Jean-Christophe

Info: in "Naissance de la phrase", éd. Nous, p.14

[ hantise ] [ source ] [ indicible ] [ manque terminologique ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

malaise dans la culture

Je pense seulement que l’on n’a pas assez compris le rôle de la génération montante : la génération passée ne sait pas lui donner ce que Freud a découvert comme la "castration symboligène", c’est-à-dire l’exemple donné par l’adulte de ce que des satisfactions non menées à une jouissance immédiate et rapide mais menées à une jouissance soumise à la Loi apportent à l’être humain beaucoup plus de liberté, lui permettent de porter des fruits et d’avoir, de ces désirs différés, beaucoup plus de plaisir que de leur satisfaction immédiate. Pour les parents, les enfants sont leur espoir et leur avenir, mais, très souvent, ils veulent les faire profiter de ce qu’ils n’ont pas eu, au lieu de le permettre de le gagner par eux-mêmes. Je crois que c’est ce qui gêne dans la civilisation, en tout cas dans notre civilisation.

Auteur: Dolto Françoise

Info: Dans "Le féminin", éditions Gallimard, 1998, page 263

[ modernité ] [ manque du manque ] [ enfants gâtés ] [ éducation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

valeurs morales

Le monde moderne n’est pas mauvais : à certains égards, il est bien trop bon. Il est rempli de vertus féroces et gâchées. Lorsqu’un dispositif religieux est brisé (comme le fut le christianisme pendant la Réforme), ce ne sont pas seulement les vices qui sont libérés. Les vices sont en effet libérés, et ils errent de par le monde en faisant des ravages ; mais les vertus le sont aussi, et elles errent plus férocement encore en faisant des ravages plus terribles. Le monde moderne est saturé des vieilles vertus chrétiennes virant à la folie. Elles ont viré à la folie parce qu’on les a isolées les unes des autres et qu’elles errent indépendamment dans la solitude. Ainsi des scientifiques se passionnent-ils pour la vérité, et leur vérité est impitoyable. Ainsi des "humanitaires" ne se soucient-ils que de la pitié, mais leur pitié (je regrette de le dire) est souvent mensongère.

Auteur: Chesterton Gilbert Keith

Info: Orthodoxie (1908), trad. Lucien d’Azay, éd. Flammarion, collection Climats, 2010, p. 50

[ manque de discernement ] [ jugement individuel ] [ anarchie ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

désir

J’avais eu faim, toutes ces Années –
Mon Midi était venu – de manger –
Je m’approchai de la Table en tremblant –
Et touchai le Vin Etrange –

C’est cela que j’avais vu sur les Tables –
Quand rentrant, affamée, à la Maison
Je convoitais dans les Vitrines, la Richesse
Que je ne pouvais espérer – Mienne –

Je ne connaissais pas le Pain ample –
Il ressemblait si peu à la Miette
Qu’avec les Oiseaux, j’avais souvent partagée
Dans la Salle à Manger – de la Nature –

L’Abondance me fit mal – elle était si nouvelle –
Je me sentis malade – et bizarre –
Comme la Baie – d’un Buisson Montagnard –
Transplantée – sur la Route –

Et je n’avais plus faim – ainsi compris-je
Que la Faim – est le mode d’être
De Personnes à l’extérieur des Vitrines –
Entrer – la fait disparaître –

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 15, 579, traduction Claire Malroux

[ réalité-imaginaire ] [ manque dynamique ] [ nourriture ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dépression

[...] le dépressif a l’impression d’être déshérité d’un suprême bien innommable, de quelque chose d’irreprésentable, que seule peut-être une dévoration pourrait figurer, une invocation pourrait indiquer, mais qu’aucun mot ne saurait signifier. Aussi, aucun objet érotique ne saura-t-il remplacer pour lui l’irremplaçable aperception d’un lieu ou d’un pré-objet emprisonnant la libido et coupant les liens du désir. De se savoir déshérité de sa Chose, le dépressif fugue à la poursuite d’aventures et d’amours toujours décevants, ou bien s’enferme, inconsolable et aphasique, en tête à tête avec la Chose innommée. L’ "identification primaire" avec le "père de la préhistoire personnelle" serait le moyen, le trait d’union qui lui permettrait de faire le deuil de la Chose. L’identification primaire amorce la compensation de la Chose, en même temps que l’arrimage du sujet à une autre dimension, celle de l’adhésion imaginaire, qui n’est pas sans rappeler le lien de la foi, lequel précisément s’écroule chez le dépressif.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 23

[ manque ] [ indicible ] [ asymbolie ] [ nom-du-père ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

filiation

Cependant, même sans contenu disponible, la mémoire est un instrument de deuil. Irrémédiablement liée à l’absence, à la mort et aux morts. La mémoire c’est même la seule chose qui nous reste de la mort d’autrui. Et de la mort on ne connaît que la mémoire des vivants. Mais cette mémoire-là, lieu où l’exercice quotidien s’accomplit à notre insu, n’a pas grand-chose à voir avec la reconstitution d’un passé historique. Elle est, cette mémoire, hantée par une absence fondatrice. Et de cette absence du mort à la mémoire il n’y a qu’un pas que vient combler sans effort l’oubli. Il porte alors nos existences.
Comment dire pourquoi il arrive qu’on puisse bien se passer d’un vivant et tellement moins bien du mort ? Où a-t-on mal d’une absence qui est cette part de l’autre qui nous blesse ? La mémoire a beau être blanche, et même silencieuse, elle n’en demeure pas moins. En elle persiste cette fraction intime qui nous anime tout en restant inassimilable.

Auteur: Olender Maurice

Info: Le fantôme dans la bibliothèque

[ shoah ] [ manque ] [ passé définitif ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

nature

Vienne est le règne de l'ombre, la ville est noire, tout y est artificiel. Je veux être seul. Je veux aller en forêt de Bohême. Mai, juin, juillet, août, septembre, octobre ; il me faut voir et explorer des choses nouvelles, je veux goûter de sombres eaux, des arbres grinçants, je veux voir des airs sauvages, m'étonner de clôtures décomposées, je veux les vivre, je veux entendre de jeunes forêts de bouleaux et des feuilles frémissantes, voir de la lumière, du soleil et jouir du vert bleuté des vallées humides au crépuscule. Sentir briller des poissons rouges, voir se construire des nuages blancs, parler aux fleurs. Contempler des herbes, des gens aux joues roses, de vieilles églises respectables, savoir dire les petits clochers ; je veux parcourir sans retenue de rondes collines couvertes de champs et traverser de grandes étendues, je veux embrasser la terre et humer les mousses chaudes et douces ; alors je donnerai forme à de belles oeuvres : des champs rayonnant de couleurs...

Auteur: Schiele Egon

Info: Lettre à son futur beau-frère

[ symbiose ] [ création ] [ manque ]

 

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deuil

La plupart du temps, je vois ton visage, il ne me quitte pas. Et la plupart du temps, je fais en sorte que ce soit le cas. Je t'écris parce que ça me force à te hisser hors de ma mémoire pour te placer devant moi. J'ai ce cauchemar où je cherche quelque chose que je ne trouve pas, avant de comprendre que c'est toi que je cherche. Je sais que si je m'arrête d'écrire tu couleras si profond qu'il me sera impossible de te hisser de nouveau à la surface. Tu couleras à jamais et il ne me restera plus que ce qu'il reste à tout le monde. (..) Le seul moment où je peux te hisser est le moment présent. Là, maintenant. Alors que l'anniversaire de ta mort approche je ne trouve plus ton visage nulle part. C'est comme ça tous les ans. Peu importe les efforts que je fais pour te chercher à tâtons dans le noir, tu n'es pas là, c'est tout.

Auteur: Whitmer Benjamin

Info: Cry Father

[ manque ] [ absence ]

 

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dualité

Yhwh Dieu dit : Il n'est pas bon pour l'homme (l’adam, l’être humain) d’être seul ; je vais lui faire une aide comme son vis-à-vis. Yhwh Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena vers l'homme (l’adam, l’être humain) pour voir comment il les appellerait, et tout ce que l’homme (l’adam, l’être humain) appellerait "être vivant" ainsi serait son nom. L'homme (l’adam, l’être humain) appela de leurs noms tous les animaux, les oiseaux du ciel et toutes les bêtes des champs ; mais, pour l’homme (l’adam, l’être humain), il ne trouva pas d'aide comme son vis-à-vis. Alors Yhwh Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme (l’adam, l’être humain), qui s'endormit ; il prit un de ses côtés et il ferma la chair à sa place. Yhwh Dieu construisit du côté qu'il avait pris à l'homme (l’adam, l’être humain) une femme (ishsha), et il l'amena vers l'homme (l’adam, l’être humain). L'homme (l’adam, l’être humain) dit : Cette fois c'est l'os de mes os, la chair de ma chair.

Auteur: La Bible

Info: Genèse 2,18-23. traduction littérale, mot à mot, de l'équipe de Thomas Römer au Collège de France

[ équilibre ] [ manque ] [ transplant ] [ mythe ] [ Eve ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

psychanalyse-psychologie

Le terme de frustration [...] est devenu le leitmotiv des mères pondeuses de la littérature analytique de langue anglaise, avec tout ce qu’il comporte d’abandonnisme et de relation de dépendance. Or, ce terme est tout simplement absent de l’œuvre de Freud. L’usage primaire de notions extraites de leur contexte, comme celle d’épreuve de la réalité, ou de notions bâtardes comme celle de relation d’objet, le recours à l’ineffable du contact affectif et de l’expérience vécue, tout cela est proprement étranger à l’inspiration de l’œuvre de Freud.

Ce style tend depuis quelques temps à se rabattre au niveau d’un optimisme niais mis au principe d’un moralisme équivoque, et fondé sur un schématisme également grossier, qui est bien l’image la plus sommaire dont il ait été donné à l’homme de redécouvrir son propre développement – la fameuse succession des phases dites prégénitales de la libido. La réaction n’a pas manqué de se faire sentir, si bien que nous en sommes maintenant à la restauration pure et simple d’une orthopédie du moi [...].

Ce glissement assez invraisemblable tient, je crois, à ceci, qu’il y a une profonde méconnaissance à penser que l’analyse est faite pour nous servir de passerelle afin d’accéder à une sorte de pénétration intuitive, et de communication facile avec le patient. Si l’analyse n’avait été qu’un perfectionnement de la relation médecin-malade, nous n’en aurions littéralement pas besoin.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, pages 373-374

[ révisionnisme freudien ] [ critique ] [ malentendu ] [ historique ] [ inassouvissement ] [ manque ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson