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vacherie

Certains de mes amis très chers ayant de l'affection pour Henri de Régnier, cadavre au menton de galoche, oublié debout, sous la pluie, en habit d'académicien, par un assassin distrait, je me dis qu'il subsiste en Régnier quelque chaleur humaine ou quelque don oublié de moi. Des vers froids, compassés, symétriques, aussi laids et vainement sonores que ceux de Heredia, un profil en mèche de lampe, une voix enchifrenée, une ironie de flanelle humide, un regard qui meurt derrière le monocle, tels sont, à mes yeux, les attraits de ce gentilhomme. Son avidité pour les pieds d'Henri Letellier, casoar directeur du Journal, a achevé de me le rendre insupportable. Enfin, je n'aime pas qu'un crevard s'amuse à jouer les auteurs licencieux, dans l'illusoire espérance d'appâter les lecteurs.

Auteur: Daudet Léon

Info: Souvenirs littéraires

[ écrivain-sur-écrivain ]

 

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subversion

Oublieux qu'il n'y a pas de discours littéraire sinon comme machination, le romancier s'est peu à peu persuadé que ce qu'il écrivait avait quelque chose à voir avec le monde dans lequel il vivait ; des critiques patients lui ont expliqué que, dans ce monde, le roman était tour à tour miroir, témoignage, interprétation ; poussé par ces suggestions insinuantes à se sous-estimer, le narrateur s'est engagé dans une désastreuse tâche idéologisante ; insatisfait du message, il a tenté la vision du monde. Corrompu par son propre sérieux et par celui des critiques, il a perdu la joie limpide du mensonge, l'irresponsabilité, la duplicité morale, l'arrogance hilare, qui sont, à mon avis, les vertus fondamentales de ceux qui s'appliquent à ce scandale perpétuel qu'est le travail littéraire.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 62

[ anti-réalisme ] [ liberté ] [ ironie ] [ missions de l'écrivain ] [ tyrannie de la réalité ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

mondanités

Doté d'un esprit et d'une plume acérés Truman Capote connaissait toutes les célébrités de son temps et particulièrement la haute société new-yorkaise où il avait une coterie d'amies - ses "cygnes" : la sœur de Jackie Kennedy, Lee Radziwill, Gloria Guinness, etc.

À propos de la princesse Margaret, il dira un jour: "C'est une fille très nerveuse qui aimerait bien être en même temps hippie et royale."

Il décrira Mick Jagger et sa manière de se mouvoir comme "un genre de parodie à mi-chemin entre une majorette et Fred Astaire".

De sa copine Elizabeth Taylor dont il dressa le portrait pour un magazine, il la la peignit avec des yeux "tels des liquides de vie" mais   "souffrant d'un complexe d'infériorité si extraordinaire qu'elle n'arrivait pas à le surmonter". 


Auteur: Internet

Info: https://www.dailymail.co.uk/, 28 janvier 2021. Comment Truman Capote capota : Après Breakfast At Tiffany's, il devint chouchou des riches et des célèbres. Mais il dévoilà ensuite leurs petits secrets de sexe il fut ostracisé et mourut en épave droguée.

[ états-unis ] [ écrivain ] [ vacheries ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

création

Tous ces personnages d'ailleurs nagent dans son sommeil, ne sont que les diverses figures de son moi, les fils et les filles de sa pensée. Tout se résorbe dans son rêve, comme des visages reflétés dans le miroir d'un fleuve. Ce roman est une sorte de rêverie ontologique, une méditation sur la nature de l'existence, délivrée par la nuit de toutes ses contraintes, entièrement flottante, dilatée, à l'état gazeux de nébuleuse, comme une Voie lactée où se dessinent des météores et des constellations.

Bien entendu, il n'est plus question du Temps ni de l'Espace dans cette durée indivisible qui est le lieu de l'absolu ; les deux compères qui font leur cuisine depuis si longtemps dans cette vieille ferraille des catégories kantiennes, M. Joyce, d'un coup de pied, renverse leur marmite : voilà leur soupe répandue.

Auteur: Gillet Louis

Info: "Stèle pour James Joyce", éd. Pocket, p.80-81 (à propos de "Finnegans Wake")

[ littérature ] [ modernisme ] [ onirisme ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

vacheries

Mais c'est évidemment plus près de nous que le ridicule a été atteint de la manière la plus infaillible·; et le comble de l'insensé mal cadencé, dans ce domaine, a été réalisé par un René Char (il y a du plaisir à pisser à la raie d'un mort si prétentieux). Sa "pluie giboyeuse", et tant d'autres crétineries citées opiniâtrement par de pâles philosophes (ce qui suffit à renvoyer la plupart d'entre eux à la niche de leur mauvais goût sacerdotal), condensent certainement la définition aberrante de ce que les dévots appellent poésie, qui n'est plus que néant arrogant, et dont, écrivant des vers, je me débarrasse si naturellement et avec allégresse (je me débarrasse aussi d'Éluard le stalinien gélatineux, de Prévert l'anticlérical à la clope, pour ne rien dire du supercon Aragon comme l'appelait Céline, ou de Saint-John Perse l'incontinent).

Auteur: Muray Philippe

Info: Minimum respect, p. 34

[ Gaule ] [ littérature ] [ écrivains ]

 
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morosité littéraire

Chez Simenon, il n'y a que des victimes, y compris les criminels. Le monde les écrase tous, les broyant dans des structures mauvaises, qui ne sont pas réformables et qui leur ont faussé l'esprit et le coeur. On le voit à ce détail que tous, du clochard au bourgeois, habitent en termites des bâtiments trop grands pour eux, qu'il s'agisse des maisons de Samois, du château de Saint-Fiacre ou même sous un pont par-dessus la Seine. Simenon a dû faire cette expérience [...] Lui aussi a dû souffrir de ces vêtements trop grands. Il en est resté cet homme nu, qui est aussi celui des Pères du désert, l'espoir d'un salut, jamais évoqué, promis à nos destinées d'insectes, dont les trajets se perdent dans le noir de la mort, une oeuvre immense et la présence à nos côtés du commissaire Maigret.

Auteur: Sureau François

Info: "L'Or du Temps", récit, Gallimard, 2020 - page 127

[ grisaille générale ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

accommodements

Passé l'après-midi au bar du Lutetia avec un jeune professeur de philosophie, 27 ans, Michel Onfray, qui promène mélancoliquement avec lui un manuscrit refusé par tous les éditeurs parisiens. Il se réclame de Cioran, Matzneff, Bott et moi - et se refuse à tout compromis, ajoutant qu'il a suffisamment souffert dans son enfance des humiliations vécues par son père, simple ouvrier agricole. Comme je lui explique comment fonctionne le monde intellectuel parisien, il me demande à brûle-pourpoint comment je peux concilier tant de frivolité avec ma passion pour Louise Brooks? Les deux me sont également nécessaires et j'ai passé l'âge du "tout ou rien". Le mot qu'on exècre le plus dans sa jeunesse, celui de "compromis", est aussi celui auquel on doit de survivre encore après trente ans. Et c'est sans doute celui qui vaudra un jour sa gloire à notre jeune philosophe inconnu.

Auteur: Jaccard Roland

Info: "Le Monde d'avant", journal, 26 avril 1986. Sur le post FB de Lionel Chiuch, qui ajoute "Lacan aurait sans doute dit quelque chose sur ce "com-promis" à propos d'Onfray à l'aube de la carrière que l'on sait..."

[ concessions ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

limitation

Le trait proprement génial chez Kafka fut d'avoir expérimenté quelque chose de tout à fait nouveau ; il renonça à la vérité pour ne pas lâcher la transmissibilité. Le pari de Kafka a été de retrouver coûte que coûte cette transmissibilité; mais ce fut au prix de la vérité. C'est pourquoi chez Kafka il n'est plus question de sagesse, seulement d'une collection de prescriptions et règles de conduites indéchiffrables, débris d'une loi dont nul ne sait que faire. Le narrateur kafkaïen parvient de nouveau à transmettre : simplement il n'a plus rien à dire. Benjamin décèle donc derrière le style limpide des écrits de Kafka la présence d'une voix sans visage, d'une voix qui s'oublie et s'épuise à dire quelque chose. Elle témoigne d'une impossibilité croissante à transmettre une vérité ou une expérience qu'elle-même tient pour essentielle. Kafka a écrit le *dysangile de notre présent.

Auteur: Benjamin Walter

Info: *mauvaise nouvelle

[ littérature ] [ administration ] [ analyse ] [ impuissance ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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vacherie

Si ... on glisse vers France 2 et qu'on a le malheur de tomber, le même soir, et pratiquement sans transition, sur Marguerite Duras en train de gargouiller au "Cercle de minuit", on se rend compte tout de suite que le même combat se poursuit, la même dissuasion, la même entreprise de liquidation sanitaire et crépusculaire (...) N'ayant plus rien lu d'elle depuis mille ans, j'avais l'esprit frais pour écouter cette Bouche d'Ombre de l'Ecrit Primal, et entendre comme il le mérite son discours sans bords, ce cataclysme verbal de cyclope haché de silences brumeux comme des pubs entrecoupées de neige électronique, ces infra-phrases se multipliant par elles-mêmes dans la bouillie de leur cauchemardesque génération spontanée, ces confettis de rien perpétuellement imposés comme un mystère profond, ces vagues lourdes et noires d'inepties ("On vit dans un bruit d'automobiles, à Paris, est-ce que vous savez ça ?") ...

Auteur: Muray Philippe

Info: Exorcismes spirituels, tome II : Les Mutins de Panurge. Durassic flaque, p. 459

[ littérature ] [ écrivain-sur-écrivaine ]

 

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éloge

J'ai quitté, ces jours derniers, Racine pour La Fontaine et rappris une dizaine de fables par cœur. La perfection de La Fontaine est plus subtile mais non moins exigeante que celle de Racine; elle étend sur moins d'espace une apparence plus négligée; mais il n'est que d'y prêter attention suffisante: la touche est si discrète qu'elle pourrait passer inaperçue. Rien n'est plus loin de l'insistance romantique. Il passe outre aussitôt; et si vous n'avez pas compris, tant pis. On ne saurait rêver d'art plus discret, d'apparence moins volontaire. C'est au point que l'on doute si l'on n'y ajoute point parfois, si La Fontaine est bien conscient lui-même, dans quelques mots, de toute l'émotion qui s'y glisse; on sent aussi qu'il entre de la malice et qu'il faut se prêter au jeu, sous peine de ne pas bien l'entendre; car il ne prend rien au sérieux. 


Auteur: Gide André

Info: Journal 1939 - 1942

[ écrivain-par-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par miguel