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littérature

En tant que sismographe, Michel Houellebecq enregistre toutes les secousses en rapport avec la tectonique des plaques civilisationnelles.

Il a diagnostiqué l'effondrement spirituel des générations produites par des parents soixante-huitards, l'écœurement d'une sexualité indexée sur la seule performance, la marchandisation des corps et des âmes, des carrières et des pensées, la contamination de l'art contemporain par le snobisme et le marché, la tyrannie de l'argent en régime libéral, la fin de la France depuis l'abandon de sa souveraineté lors du Traité de Maastricht.

Mais aussi la veulerie du tourisme sexuel en Asie, le caractère inéluctable de l'engagement de nos civilisations occidentales vers le projet transhumaniste, l'effondrement de la religion judéo-chrétienne et des valeurs qui l'accompagnaient, et, avec Soumission, le processus de collaboration des élites avec les idéologies liberticides d’un Islam fondamentaliste.

Depuis 1994, Michel Houellebecq dépèce minutieusement le Veau d'or, c'est en cela qu'il est le grand romancier du nihilisme occidental.

Auteur: Onfray Michel

Info: Dans "Miroir du nihilisme"

[ résumé ] [ éloge ] [ description d'une époque ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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père-fils

Exceptionnellement, la répugnance que tu ne manquas pas de montrer d’emblée, pour mon activité littéraire comme pour le reste, me fut agréable. Ma vanité, mon ambition avaient certes à souffrir de l’accueil, devenu célèbre parmi nous, que tu faisais à mes livres : "Pose-le sur la table de nuit !" (lorsqu’il arrivait un livre, en effet, tu jouais généralement aux cartes), mais au fond je m’en trouvais bien, non seulement à cause de mon attitude de revendication méchante, non seulement parce que je me réjouissais de voir ma conception de nos rapports une fois de plus confirmée, mais aussi, tout à fait spontanément, parce que cette formule me paraissait signifier à peu près : "Maintenant tu es libre !" Bien entendu, c’était là une illusion, je n’étais pas, ou dans le meilleur des cas, pas encore libre. Dans mes livres, il s’agissait de toi, je ne faisais que m’y plaindre de ce dont je ne pouvais me plaindre sur ta poitrine.

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père

[ écrivain ] [ jugement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

source d'inspiration

Non. Je n’ai pas eu de sœur, et même aucune parente consanguine. Il est néanmoins vrai que Le parapluie rouge est tissé de souvenirs de ma vie personnelle, de mon premier amour de jeunesse pour une amie d’enfance qui avait grandi dans une certaine intimité avec moi et qui est morte de phtisie à dix-huit ans ; et – bien des années plus tard – de la personne d’une jeune fille avec qui j’avais noué des rapports amicaux et qui fut également enlevée par une mort subite. Le "parapluie rouge" provient de cette dernière. Dans le poème, j’ai ressenti les deux figures, dans une certaine mesure, se fondre en une ; l’élément mystique, qui s’exprime principalement dans les poésies, a également son origine dans la seconde jeune fille. La nouvelle Rêves d’enfance [Jugendträume] de mon recueil Aus stiller Zeit [D’une époque calme], vol. II, repose sur le même fondement, mais se limite à la première. – Dans la maison gothique [Im gotischen Hause] est une invention parfaitement libre. 

Auteur: Jensen Wilhelm

Info: Réponse adressée à Freud, retranscrite dans une lettre à Jung du 22 décembre 1907

[ écrivain ] [ textes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

intensité

Le meilleur moyen de vivre allègrement est peut-être de ne pas prendre la vie trop au sérieux. Il est vrai qu’alors, si on diminue le poids de ses peines, on diminue aussi la densité de ses plaisirs et que la vie, au total, perd en valeur. Cela a été, semble-t-il, la méthode du dix-huitième, jusqu’au moment de l’influence de Jean-Jacques, qui apprit aux hommes de son temps à laisser les sentiments peser de toute leur plénitude sur l’esprit, où ils laissent l’empreinte de leur nature. Rousseau ne sait pas jouer avec la vie. La découverte d’une pervenche dans la haie lui donne des palpitations, parce qu’il mêle aussitôt le souvenir de Mme de Warens et d’une de ses paroles. Mais quand Mme de Warens avait dit, en montant avec lui la côte : "Ah ! voici une pervenche !", elle n’y mettait pas un monde d’intentions. Pour elle c’était une petite fleur attardée. Pour Rousseau, c’est une étoile, un souvenir, le sentiment, la poésie même qu’elle enfonce dans son cœur.

Auteur: Gourmont Rémy de

Info: Les Pas sur le sable . Société Littéraire de France, 1919

[ passion ] [ démesure ] [ romantisme ] [ gravité ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

voix discordante

La Révolution [de 1830], en effet, a produit tout un discours officiel sur son propre soleil : les allocutions officielles de juillet 1831 au Panthéon, l’Hymne de Hugo qu’on exécute ce jour-là ("Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie..."), les inscriptions sur la colonne de Juillet place de la Bastille, l’Introduction à l’histoire universelle de Michelet (mars 1831), les divers exercices interprétatifs de tous ceux que l’événement avait sommés de faire le point sur le déroulement de l’Histoire. Les anciens libéraux triomphaient. Les convertis, les néophytes embouchaient la trompette. Les articles de Sainte-Beuve dans Le Globe saint-simonien parlent d’avenir industriel et démocratique de l’humanité... Balzac dit exactement et par ses énoncés explicites, et par la forme de son roman, le contraire. L’originalité de La peau de chagrin c’est de refuser à la fois le nouveau triomphalisme de gauche et le style fidèle et malheureux de droite. [...] Balzac définit un autre espace où s’exprime et se manifeste le nouveau héros-jeune homme, venu des dernières années de la Restauration mais qui prend une nouvelle et sinistre jeunesse.

Auteur: Barbéris Pierre

Info: Commentaires dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, page 371

[ auto-célébration historique ] [ écrivain critique ] [ opposition ] [ réalisme littéraire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pouvoir sémantique

Ne pas se soucier du "bien écrire" ne signifie pas ne guère se préoccuper de ce qu'implique le fait de préférer un verbe particulier, d'élire tel mot plutôt que tel autre. Cela relève même, dit Amos Oz, d'un choix moral - "Les mots peuvent tuer : nous le savons que trop, mais ils guérissent aussi parfois, dans une certaine mesure." Il se rappelle avoir souvent été consterné par les mots ("puissant", "formidable", "explosif") employés pour le lancement de ses romans dans des pays dits civilisés. La dégradation, la corruption du langage, souligne-t-il à la suite de Victor Klemperer, annoncent souvent les pires barbaries :

Partout où des groupes particuliers d'êtres humains sont désignés sous les termes “d'éléments négatifs”, de “parasites” ou “d'étrangers indésirables”, par exemple ils seront traités tôt ou tard comme des sous-hommes. 

Au bout du compte la question la plus essentielle que se pose l'homme de mots n'est-elle pas de savoir comment ferrailler contre l'injustice, la violence, le préjugé, en agissant de telle manière qu'il ne peut être accusée de faire des phrases ?

Auteur: Lê Linda

Info: Chercheurs d'ombres, pp 167-168

[ responsabilité de l'écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

futur mari

Cet homme [Fiodor Dostoïevki] me paraissait bizarre ! Tout d’abord, je le trouvai vieux, mais par la suite je ne lui donnai pas plus de trente-sept ans ; il était de taille moyenne ; son visage paraissait ravagé par la souffrance. Ses cheveux clairs, tirant sur le roux, étaient bien pommadés et curieusement plaqués en arrière à la manière d’une perruque ; il avait deux yeux totalement différents (à cette époque, il soignait chez Junge une blessure à l’œil) ; l’un d’eux était d’un noir splendide ; l’autre avait la pupille extrêmement dilatée, ce qui empêchait de saisir l’expression de son regard et donnait à toute sa personne un air étrange. Il me faisait penser à un professeur, et je lisais de la méchanceté sur son visage. Il était vêtu d’un pantalon et d’une veste bleue, toute tachée de graisse (il affirme la porter depuis six ou sept ans), mais son linge de corps était très propre. Je dois lui rendre cette justice que je ne lui ai jamais vu porter de linge sale. Son visage avait je ne sais quelle expression bizarre et, de prime abord, il ne m’a pas plu.

Auteur: Dostoïevski Anna Grigorievna Snitkine

Info: Transcription de la note de journal suivant sa rencontre avec Fiodor Dostoïevki l'année précédente dans "Journal (1867)", traduit du russe par Jean-Claude Lanne, éditions des Syrtes, Genève, 2019, entrée du 16 octobre 1867

[ écrivain ] [ description ] [ portrait ] [ première impression ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éloge

Immédiatement après Flaubert, je mettrais Victor Hugo, non pas pour sa poésie qui nous paraît maintenant quelque peu rhétorique, mais pour Les Misérables, un roman que j’ai lu adolescent et que j’ai relu en partie plusieurs fois. Et qui a fait de Jean Valjean un compagnon inoubliable, toujours là pour me permettre de supporter le poids de l’infatigable Javert, ce policier obsédé dont il épargne la vie et qu’il sauve, en sortant des tunnels de Paris, entre la boue et la putréfaction ; dans une scène qui constitue une des prouesses les plus hardies du roman qui a converti bien des jeunes (d’alors) comme celui qui vous parle, à la vocation de romancier. Javert meurt, bien sûr, et la mort qu’il s’inflige à lui-même signe son fiasco retentissant, quand il découvre, chez celui qu’il prenait pour son ennemi mortel et un véritable fléau pour la société, un modèle de compréhension et d’harmonie à quoi il n’était pas préparé. Le romantisme qui entoure cette scène ne l’accable ni ne la falsifie ; elle reste là, debout, comme un idéal de justice qui nous convainc et nous stimule.

Auteur: Vargas Llosa Mario

Info: Discours d'entrée à l’Académie française,  9 février 2023 (p. 14)

[ écrivain-par-écrivain ] [ humanisme ] [ personnage central ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

critique littéraire

Je propose ici l’hypothèse que, par la rédaction des pamphlets, c’est le XIXe siècle spectrifié, le XIXe siècle en tant que revenant, que Céline réintègre alors qu’il l’avait dépassé de toutes parts. Ou que c’est le XIXe siècle qui le rattrape et dont il se laisse envahir – le XIXe siècle en tant que sommeil fusionnant de l’occulte et du positivisme, ou d’Auguste Comte et d’Helena Blavatsky. Et ce n’est donc pas un hasard non plus si c’est entre Mort à crédit (1936) et Guignol’s band (1944) qu’il a écrit et publié ses pamphlets, qu’on regarder, si vous voulez, comme étant le lieu, l’adresse exacte, le domicile conjugal de l’occulto-positivisme ou du positivo-occultisme, chacun de ces fantômes étant la moitié de l’autre.

Je propose donc, dans cette réadhésion, l’une des causes possibles de son antisémitisme.

Jamais, en effet, Céline ne veut davantage "guérir" l’espèce que lorsqu’il révèle, par ses pamphlets, son antisémitisme. Jamais il n’est plus "médecin" … Jamais il n’aspire donc davantage à devenir serviteur, officiant sacerdotal, grand prêtre du culte de l’Humanité, dite avec un H majuscule comme dans la Religion positiviste.

Auteur: Muray Philippe

Info: A propos de Louis-Ferdinand Céline dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 66

[ incarnation de la démonstration ] [ aveuglement ] [ symptomatique ] [ écrivain-sur-écrivain ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

analogies

Les villes ont souvent été comparées à la langue : on peut lire une ville, dit-on, comme on lit un livre. Mais la métaphore peut être inversée. Les voyages que nous faisons pendant la lecture d'un livre retracent, d'une certaine manière, les espaces privés que nous habitons. Il y a des textes qui seront toujours nos rues sans issue ; des fragments qui seront des ponts ; des mots qui seront comme l'échafaudage qui protège de fragiles constructions. T.S. Eliot : un végétal poussant dans les débris d'un bâtiment en ruines ; Salvador Novo : une rue bordée d'arbres transformée en autoroute ; Tomas Segovia : un boulevard, un souffle d'air ; Roberto Bolano : une terrasse sur le toit ; Isabel Allende : un centre commercial (magiquement réel) ; Gilles Deleuze : un sommet ; et Jacques Derrida : une petite grotte. Robert Walser : une fente dans le mur, pour regarder de l'autre côté ; Charles Baudelaire : une salle d'attente ; Hannah Arendt : une tour, un point Archimèdien ; Martin Heidegger : un cul-de-sac ; Walter Benjamin : un sens unique pris à contre-courant.

Auteur: Luiselli Valeria

Info:

[ littérature ] [ comparaisons ] [ lieux ] [ écrivains ]

 

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