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auto-déification

Bientôt, il n’y aura plus de prêtres. Leur travail est terminé. Ils attendront encore un peu... sans doute une génération ou deux... puis disparaîtront par degrés. Une race supérieure prendra leur place... prendront leur place les gangs du kosmos, les prophètes en masse. Naîtra un nouvel ordre, celui des prêtres de l’homme, chaque homme deviendra son propre prêtre. Les églises bâties sous leur ombre seront les églises des hommes et des femmes. A travers leur propre divinité le kosmos et la nouvelle race des poètes se feront les interprètes de tous les hommes et leurs événements. Ils trouveront inspiration dans les objets réels d’aujourd’hui, symptômes du passé et du futur...

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Préface à la première édition, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, pages 742-743

[ ecclésiastes ] [ institutions hiérarchiques ]

 

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aventure

Allons ! La piste est devant nous !

Elle est sûre – je l’ai prise – mes propres pieds l’ont essayée – ne lambinez plus !

Laissez inachevé ce que vous écriviez sur votre pupitre, laissez le livre clos sur son rayon !

Laissez les outils sur l’établi ! laissez l’argent ne pas se gagner !

Laissez l’école à sa place ! N’écoutez pas l’appel du professeur !

Laissez le prédicateur sermonner dans sa chaire ! Laissez l’avocat plaider au barreau, laissez le juge édicter la loi.



Camerado, voici ma main !

Plus précieux que l’argent je vous offre mon amour,

Mieux que sermons ou droit, tenez, je m’offre moi-même,

Et vous, vous offrez-vous à mo ? allez-vous voyager avec moi ?

Resterons-nous ensemble toute notre vie ?

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de la piste ouverte, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ invitation ] [ école buissonnière ] [ vagabondage ] [ liberté ]

 
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ineffable

Comment oser le dire ?

Après les cycles, les poèmes, les pièces, les chanteurs

Qui furent les gloires d’Ionie d’Inde – Homère, Shakespeare – les routes, les aires si densément notées au cours des longues, longues années,

Les essaims brillants les Voies Lactées du ciel – les pulsantes moissons de la Nature,

La somme rétrospective des passions, héros, guerres, amours, adorations,

Les sondes séculaires lancées aux abîmes les plus bas,

Les sommes des vies humaines, gorges, souhaits, cerveaux – les discours de l’expérience ;

Après l’innombrable somme des chansons, brèves ou longues, les langues, les terres,

Quelque chose encore n’est pas dit dans la voix, les lettres de poésie – quelque chose manque

(Qui sait ? le meilleur manque peut-être, attendant qu’on l’exprime).

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", L'inexprimé, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, pages 720-721

[ littérature ] [ échec ] [ impossible ] [ frustration ]

 

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printemps

Bientôt sera fait échec à l’hiver ;

Bientôt se délaceront fondront les ligatures glacées

   -Encore un peu,

L’air, la terre, la vague seront inondées de douceur par la nature épanouie – mille formes apparaîtront

Aux mottes de terre sourdes, aux courants d’air montés comme du fond des caveaux.

Tes yeux tes oreilles – tes meilleurs attributs – tout ce qui prend connaissance de la beauté de la Nature,

S’éveilleront, s’empliront. Tu percevras les spectacles simples, les miracles délicats de la terre,

Les pissenlits, le trèfle, l’herbe émeraude, les parfums les fleurs précoces,

L’arbousier sous la semelle, le vert jaune du saule pleurer, le prunier le cerisier en fleurs ;

Avec eux le rouge-gorge, l’alouette la grive, chanteront leurs chants – le rouge-gorge bleu aux ailes vives ;

Tous les spectacles que la pièce annuelle rejoue.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Bientôt sera fait échec à l'hiver, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ renaissance ] [ poème ]

 

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sens esthétique

La terre la mer, les animaux poissons ou oiseaux, le firmament du ciel et des planètes, les forêts montagnes et fleuves ne sont pas des thèmes mineurs... mais les gens attendent du poète qu’il dise plus que la beauté et la dignité qui s’attachent toujours aux objets muets du réel...ils attendent de lui qu’il indique le sentier menant de la réalité à leur âme. Les hommes les femmes voient suffisamment bien la beauté... certainement aussi bien que lui. La ténacité passionnée des chasseurs, des bûcherons, des lève-tôt, des cultivateurs de jardins vergers et champs, l’amour des femmes saines pour la forme masculine, les navigateurs, les conducteurs de chevaux, la passion pour la lumière pour le dehors, tout cela est un signe multiple et varié de la perception infaillible de la beauté et de l’existence du poétique chez les gens qui vivent à l’extérieur. Ils n’ont pas besoin de l’assistance des poètes pour la percevoir...

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Préface à la première édition, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, page 730

[ transfigurateur ] [ sentiments communs ] [ révélateur ]

 

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liberté

Je me célèbre moi-même, me chante moi-même,

Toi tu assumeras tout ce que j'assumerai,

Car les atomes qui sont les miens ne t'appartiennent pas

moins.



Je flâne, j’invite mon âme à la flânerie,

Flânant, m'incline sur une tige d'herbe d'été que j'observe

à loisir.



Ma langue, l'ensemble des atomes de mon sang, façonnés par le sol d'ici même, l'air d'ici même,

Ma naissance, ici même, de parents eux-mêmes nés ici, comme les parents de leurs parents avant eux,

Trente-sept ans ce jour, santé parfaite, je commence,

Comptant bien ne plus m'interrompre avant la mort.



Congédiés les credo, congédiées les écoles,

Ayant pris mesure exacte d’eux sans mépris mais avec du recul,

J’accueille, est-ce un bien est-ce un mal, je laisse s’exprimer sans fin

La nature hasardeuse dans sa vierge énergie.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de moi-même, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, page 63

[ joie ]

 

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vieillesse-jeunesse

En vérité en ces années 1890 et 1891 (je me raidis et m’enfonce de plus en plus à mesure que passent les semaines), je me fais un peu l’effet d’une vieille carapace de coquillage toute défoncée et repoussante, d’une conque battue par le temps (plus de pattes, locomotion totalement bloquée, rejetée par la mer au sec sur la plage, incapable d’aller quelque part – plus rien d’autre à faire que de rester calme et distraire le temps qui est compté à découvrir si la conque en question, toute cabossée par les cognements du temps, pourrait encore tirer quelque chose de sa bonne humeur légendaire et des pulsions primaires de flottabilité commandées par les centres tout au fond de sa vieille grisaille de coque déchiquetée......... (Lecteur, laisse-moi m’amuser un petit peu – pour la raison bien simple que beaucoup trop de poèmes suivants tournent autour du sujet de la mort, etc., l’autre bonne raison étant que les heures qui passent (5 juillet 1890) sont toutes ensoleillées. Tout vieux que je sois, je me sens aujourd’hui comme l’atome d’une petite vague joueuse, ou bien prêt à jouer comme un petit chevreau, un petit chat – sans doute une période d’ajustement physique, un accès de perfection temporaire. Je crois avoir cela en moi pour toujours de toute façon.)

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Pour conclure les feuilles d’herbe - 1891, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ éternité intérieure ] [ puer aeternus ] [ métaphore ]

 

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vieillard

J’ai connu un homme, un simple fermier, père de cinq fils,

A leur tour pères de fils, pères de fils à leur tour.



C’était un homme d’une vigueur, d’une beauté, d’une sérénité merveilleuses,

Le profil de son visage, le jaune pâlissant de ses cheveux, des poils de sa barbe, l’infinie profondeur de ses yeux noirs, la générosité affectueuse de son commerce

Etaient les buts de ma visite en allant le voir, et puis il avait la sagesse,

Cet homme de quatre-vingt ans, haut de six pieds, que ses fils costauds, barbus, soignés, hâlés, bien faits,

Ainsi que ses filles adoraient, d’ailleurs tout le monde l’adorait,

Ne l’adorait pas par obligeance mais d’un engagement personnel,

Il ne buvait que de l’eau, le sang pigmentait d’écarlate le cuivre clair de son teint,

Maniait fréquemment le fusil, la canne à pêche, il pilotait aussi son propre bateau, splendide voilier à lui offert en cadeau par un charpentier, et d’autres amis lui avaient fait présent de ses canardières,

Quand vous le voyiez partir chasser au milieu de ses cinq fils et sa horde de petits fils c’était sans conteste lui dont on remarquait en premier la beauté et la vigueur,

Ah quel immense plaisir de pouvoir marcher longtemps à ses côtés, de pouvoir s’asseoir dans le bateau et d’être en contact physique vous avec lui !

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Descendance d'Adam, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002

[ portrait ] [ admiration ]

 

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spectateur

On m’entoure, on me questionne,

Des gens que je croise à la promenade, qui veulent connaître l’influence de ma petite enfance sur ma vie, ou bien du quartier, de la ville, de la nation que j’habite,

Mes dernières rencontres, découvertes, inventions, fréquentations, auteurs jeunes ou vieux,

Ce que je mange au dîner, ma façon de me vêtir, mes amis, mers opinions, mes préférences, mes frais,

L’indifférence réelle ou imaginaire d’un tel ou d’une telle de mes amis à mon égard,

La maladie d’un de mes proches ou de moi-même, un malheur, une perte, un manque d’argent, une dépression, un enthousiasme,

Les affres d’une querelle fratricide, l’exagération d’une rumeur, l’ironie des évènements ;

Toutes ces questions m’assaillent nuit et jour puis s’en vont comme elles viennent,

Mais cela n’est pas moi, le Moi réel.



Celui que je suis est toujours à l’écart de la mêlée,

Regarde d’un air amusé, éprouve de la connivence, de la compassion, ne fait rien, se solidarise,

Méprise de toute sa hauteur, se raidit, s’accoude sur le premier support ferme venu,

Tourne son profil de trois quarts, curieux de voir la suite,

A la fois dans le jeu et hors du jeu, simultanément, qu’il contemple avec stupeur.



Du fond du passé me reviennent mes laborieux efforts pour sortir du brouillard à l’aide des sophistes et des linguistes,

Je ne critique ni ne moque personne, je suis un témoin impassible.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", Chanson de moi-même, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, pages 67-68

[ distanciation ] [ persona ]

 

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nature

Non mais quelle chimie !

Penser que les vents ne sont pas porteurs d’infection,

Penser qu’il n’y a pas de tromperie au ressac couleur jade translucide de l’océan qui me caresse de sa poursuite amoureuse,

Penser que je peux sans crainte lui laisser me lécher le corps par toutes ses langues,

Penser qu’il ne menacera pas ma santé de toutes ces fièvres qui ont fait dépôt en lui,

Penser que son hygiène est indéfiniment assurée,

Penser que la gorgée d’eau prise au puits a vraiment bon goût,

Penser que les mûres ont un parfum juteusement sucré,

Penser que les pommes des vergers, les oranges des orangeraies, les melons, le raisin, les pêches, les prunes ne m’empoisonneront pas,

Penser que quand je me couche dans l’herbe je n’attraperai pas de maladie,

Même s’il y a de fortes chances pour que le plus petit brin d’herbe provienne de ce qui fut naguère contagion microbienne.



Puis voici que la Terre me terrorise par son calme sa patience

Tant elle fait naître de choses douces de matières corrompues,

Tant elle tourne innocemment sur son axe immaculé dans le défilé inexorable de ses cadavres infectieux,

Tant elle distille de vents exquis à partir d’infusions de puanteur fétide,

Tant elle renouvelle dans une totale indifférence la somptuaire prodigalité de ses moissons annuelles,

Tant elle offre de matières divines aux humains en échange de tant de déchets qu’elle reçoit d’eux en retour.

Auteur: Whitman Walt

Info: Dans "Feuilles d'herbe", L'automne et ses ruisseaux, traduction Jacques Darras, éditions Gallimard, 2002, pages 494-495

[ danger ] [ comestible ] [ risques ] [ bon-mauvais ]

 

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