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analyste-sur-analyste

Après un premier entretien avec Freud, Jung convint […] que le psychanalyste avait "de toute évidence une personnalité marquante" ; mais pour sa part, il le trouva "plutôt dur, en dépit de son charme viennois". Il se méfiait de "ses nombreuses facettes et de ses zones d’ombre et de lumière", et préférait procéder doucement avec "un phénomène d’une telle complexité" [CGJ, Entretien avec Kurt Eissler, 29 août 1953]. Freud montra cependant un tel enthousiasme que Jung capitula vite devant ce déploiement de grâce et de bienveillance. Bien des années plus tard, en 1953, il serait toujours incapable de décrire ses émotions face à de tels témoignages d’affection. Interrogé à ce sujet, il chercherait ses mots et finirait par balbutier : "Je veux dire, j’étais bien sûr, enfin, bien sûr, lorsqu’on est en face d’un homme comme lui, on est, vous savez, on est simplement, enfin la question ne se pose même pas, on participe, on adhère, on signe, n’est-ce pas ?" Il devrait se montrer plus circonspect dans Ma Vie : "Les premières impressions que je reçus de lui, écrivit-il, restèrent vagues et en partie incomprises." La dernière impression qu’il garda de cet entretien devait aussi être la plus durable : "Je n’arrivais pas à le cerner." [Ma vie, page 176] 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, page 182

[ première rencontre ] [ trouble ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

organisation du travail

Selon Adam Smith, le travail libre rapporte plus que le travail des esclaves. En effet, ces derniers auraient tendance à manquer de motivation. Depuis que cette abomination est - officiellement - abolie, nous avons fort heureusement accompli des progrès considérables puisque même l'ancienne forme de management (terriblement verticale et si peu conviviale) est désormais tombée dans les oubliettes de I'histoire de l'exploitation. Ceci dit, lorsqu'une injonction était émise du haut de la hiérarchie vers le bas, les choses avaient le mérite d'être claires. On obéissait ou non, on discutait, on argumentait, mais surtout, en dernier recours, on pouvait biaiser de bien des façons.

Désormais nous sommes passés à un mode de gestion et de communication horizontale. Désormais il n'y a plus de chef, mais un manager au sein d'une équipe. Plus de salariés, mais des collaborateurs. Des espaces de travail plus ouverts et conviviaux. Plus de vouvoiement, on se tutoie tous. Bref, oublié le management par la contrainte, place au management par la confiance. Youpi! "ll y a des résultats évidents sur la productivité et la qualité de l'engagement du personnel. Il y a moins d'arrêts maladie, moins d'absentéisme, moins de turn-over et donc de meilleurs résultats économiques." Hourra ! La preuve est faite que la bienveillance au travail, c'est payant. Chacun devra se sentir valorisé d'être ainsi pris en considération. Et chacun devra bien sûr se montrer à la hauteur des attentes.

Auteur: Jobard Thierry

Info: Contre le développement personnel. Page 40, Rue de l'échiquier.

[ post-lumières ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

gourou

L'individu réfractaire fait l'objet d'une labellisation comme"intellectuel" (ce fut ici mon cas) et est souvent ignoré et évité par la suite. À la sortie, certains, à qui j'aurais souhaité parler, m'évitèrent en effet soigneusement. Les regards suspicieux qu'ils me jetèrent, la bienveillance excessive, un brin apitoyée, des instructrices à mon égard et le retournement inattendu de l'Italienne (qui prenait maintenant des adresses auprès des instructrices) me laissèrent, à vrai dire, avec une certaine amertume. Je résolus de ne plus chercher, à l'avenir, à aller au bout de la discussion. Je compris que "le grand maître" était définitivement au centre de tous les discours, de toutes les activités, de toutes les attentions. Le bouddhisme, la méditation, c'est lui, et rien d'autre. Je comprenais maintenant comment certaines personnes, et notamment certaines femmes, pouvaient se laisser entraîner dans la voie de la subordination absolue à son égard. L'idée que la "folle sagesse" entraîne un changement d'état d'esprit et de comportement est en réalité tout à fait juste. C'est pourquoi certains y adhèrent. Mais dans quel sens change-t-on, et en vue de quoi ? Le problème est que le résultat obtenu n'est pas le résultat recherché. On cherche la libération de toutes les aliénations psychologiques, mentales, culturelles, sociales (libération que l'on appelle "l'Éveil") : on se retrouve à devoir adhérer à un dogme d'infaillibilité "lamaïque" et à se soumettre aux caprices d'un homme d'affaires qui s'amuse à faire prendre des vessies pour des lanternes à ses disciples.

Auteur: Dapsance Marion

Info: Les dévots du bouddhisme, p. 168

[ tromperie ] [ arnaque ]

 

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déception

Car les expériences de la vie sont incommunicables, et c'est ce qui cause toute la solitude, toute la tristesse humaine.

Sans cesse des étrangers entrent, des gens que nous ne reverrons jamais plus, et dont la familiarité, l'indifférence nous bousculent au passage, nous donnent le sentiment désagréable d'un monde qui se passe de nous. Nous ne pouvons que sombrer, nous ne pouvons pas oublier nos propres visages. Même moi, qui suis sans visage, moi qui ne transforme pas les gens quand j'entre dans une chambre...

Même moi, je crois flotter sans attaches, incapable de m'ancrer en un lieu ou de prendre appui nulle part, incapable de fournir à ces gens un mur blanc et lisse contre lequel ils puissent projeter leurs ombres.

Je suis pourtant obligée de regarder mes voisins, pour tâcher de faire comme ces gens-là...

Tous les excès sont vains : j'ai en face de moi la moyenne, la médiocrité...

Si c'est cela la vie, elle ne vaut pas la peine d'être vécue. Et cependant, même le petit restaurant a son rythme.

Où est la solution dans cette continuité ?... Où est la fente, par où l'on peut apercevoir l'universel désastre ?

Nous ne sommes pas simples, comme nos amis le souhaitent pour que nous répondions au besoin qu'ils ont de nous. Et cependant, l'amour est simple.

Tout change. Tout passe, et la jeunesse, et l'amour.

Je n'ai pas le pouvoir de me concilier la bienveillance des gens.

J'aime mieux dénoncer une fois pour toutes ce monde de gens obtus, occupés de rien, lourdement satisfaits d'eux-mêmes...

J'ai en moi une force qui les consumera tous, tant qu'ils sont.

Auteur: Woolf Virginia

Info: Les Vagues, 1931

[ rapprochement impossible ] [ rapports humains ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

helvète

Il y a plusieurs décennies cette idée de "bâtir l'édifice" était vue comme un sentiment noble, altruiste, communautaire. Elle était le moteur d'un politicien de milice, responsable, intégré dans la population, avec une bienveillance naturelle et un bon sens acquis sur le terrain.
Aujourd'hui la Suisse même si elle s'en éloigne, reste une société assez proche de ce mode de fonctionnement. A la différence que les penseurs ou les dirigeants sont toujours plus formatés par l'extérieur, c'est à dire par des pensées issues de biotopes qui n'ont pas grand-chose à voir avec le nôtre. On ne fonctionne/raisonne pas la même chose dans le désert de l'Oklaoma, Le Matto Grosso, une ile océanienne ou en habitant une vallée alpine. Dans cet ordre d'idées l'assujettissement mental de certains politiques romands au "conceptuellement correct" de la France et ahurissant. Il suffit de voir comment Mme Lyon a réagi lorsqu'un pauvre prof inconscient fit une bêtise devant l'entrée d'un camp de concentration...
Démontrez moi que l'humain mondial est devenu sage, raisonnable et tutti quanti.... et j'entrerai en matière pour une pensée mondialiste dominante. Mais ça ne marche pas encore comme ça. Et puis, de toutes façons, l'homme a besoin, pour sa survie, de désordres et de remises en causes. Surtout au niveau local !
Notre planète, géographiquement morcelée et tourmentée, devra encore continuer de fonctionner ainsi, avec cette ouverture au possible que présentent toutes ses différences. Ainsi la Suisse n'a pas de motifs particuliers de changer. Nulle raison de perdre de vue ce qui a fait nos valeurs. Organisation, travail, efficacité, économie, écologie... et ouverture sur le monde.
Charité bien ordonnée... comme dirait l'autre.

Auteur: Mg

Info: 28 juillet 2013

[ de l'Europe et du monde ]

 

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alchimie

Ainsi, le cœur ou l’essence de la Terre, tu, peut être représenté par la cendre, c’est-à-dire "ce d’où l’on vient et où l’on retourne". En langage chimique contemporain, on dit de la cendre que c’est du potassium […]. Son nombre atomique est 39 et son symbole chimique est R. Retenons que le cœur de la Terre peut donc être figuré par K39.
"Le cœur du métal", métal yin et métal yang, peut être représenté par le fer et le cuivre. Le fer est blanc, nombre atomique Fe56 et le cuivre est jaune, nombre atomique Cu 63 (lune d’argent 56 et soleil de cuivre 63).
"Le cœur de l’eau" de l’eau originelle, c’est-à-dire de la mer, est le sel, shu, son nombre atomique est Na 23.
"Le cœur du Bois" (Les arbres sont les poumons de la terre) est représenté par l’oxygène, mu, nombre atomique O16.
Si l’on fusionnait ces cinq éléments, l’addition de leur nombre atomique donnerait "Au 197", c’est-à-dire de l’or. Soit en résumé :
K 39 + Fe 56 + Cu 63 + Na 23 + O 16 = Au 197.
[…]
Voici donc comment Laozi faisait de l’or : il faisait frapper par la foudre les cœurs des cinq éléments rassemblés et noués ensemble dans quelque jarre de jade enterrée en un lieu opportun. Mais pourquoi Laozi faisait de l’or, lui qui prône si bien la sagesse du détachement ? […] L’or n’est pas ce qui fait le bonheur, mais le bonheur n’interdit aucunement d’avoir de l’or tout en respectant "les trois véritables trésors" : la bienveillance, la frugalité et le discernement. Tel est le secret du véritable pouvoir, le Dé du Dao Dé Jing.

Auteur: Massat Guy

Info: Dans "Tao te King" traduit par Guy Massat et Arthur Rivas, préface à la seconde partie, pages 100-102

[ symbolique ] [ richesse ] [ détachement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

élitaire pour tous

Le site des "Fils de la pensée" assume l'intitulé ci-dessus.

Il signifie une volonté de passer au travers des strates sociales qui ont été et sont continûment instituées par les pouvoirs depuis la nuit des temps. Il signifie aussi que quiconque est le bienvenu pour y amener un extrait, dans la mesure où nous y voyons une qualité (humoristique, de style, philosophique, historique, etc), qu'il est correctement rédigé, et que la démarche du participant procède du minimum d'ouverture, de bienveillance, et respecte le formalisme demandé pour l'insertion d'un texte. Élitiste et populaire "en même temps" signifie donc une pensée de milice. Chose aisée sur Internet et ici puisque n'importe qui peut s'y coller.

On ne vous demande donc pas vos papier, mais plutôt un effort. Il faut réfléchir et, surtout, prendre le temps. Insérer un extrait en passant moins d'un quart d'heure est quasi impossible, surtout au début. A l'heure d'une culture humaine de plus en plus rapide et superficielle, ou l'Epic Fail fait la loi et la PNL toujours plus appel à notre cerveau reptilien, FLP tente d'installer, au sein de cette inimaginable infobésité - qui en plus accélère - un espace de réflexion neutre, calme et serein. Et pour ce faire nous nous appuyons sur le langage.

Ce qui compte pour nous c'est que les participant soient, dans le mesure du possible, en accord sur "le sens" de ce qui est écrit. Au minimum prêts à en discuter.

Pour en savoir plus sur ce qui nous anime lisez la profession de foi de FLP et ses divers liens, jetez un oeil sur cette chaine ou voyez notre idée de réflexion communautaire et de ses objectifs.

Auteur: Mg

Info: 2 décembre 2019

[ définition ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

On dira que l'ego, commande de pulsions peu réfléchies par essence, siège et peut nous déborder (penser à notre place ?) à plusieurs niveaux. Tout d'abord dans nos rapports avec le sexe opposé - ou désiré, comme veut le préciser un politiquement correct dont rien n'assure qu'il durera. Voilà le canevas-moteur principal des humains et de la littérature.

Avec un peu de distanciation on pourra le déceler un peu partout dans les rapports sociaux, souvent hiérarchiques - où le JE, trop peu accoutumé aux situations nouvelles, en général appuyé sur l'idée de "ne pas perdre la face" et sans temps suffisant pour réfléchir à la situation, peine à faire la part des choses autrement que par une réaction sémantique "préprogrammée" pour gérer le problème (humour, refus, acceptation) voire sémiotique (moue dubitative, hochement de tête, etc...). Réaction automatique à la source de l'esprit d'escalier, où l'ego égratigné gamberge et essaye de gérer/justifier/formuler à son avantage une insatisfaction qui est à mon avis à fond parano.

Il y a aussi les étages d'appartenances, comme le nationalisme-patriotisme (politique, sportif, artistique) où insuccès et réussites peuvent être de forts stimuli pour l'état d'esprit. Pour les succès et échec au sein de la famille c'est pareil. Et bien naturel. 

Existent aussi tout un tas de fortifications mentales, qu'on appellera principes ou "idées arrêtées", qui peuvent, au moindre égratignement, déclencher des réactions répulsives plus ou moins importantes, mais nous sommes déjà ici en périphérie. 

L'ego, contruction nécessaire pour la survie de l'incarnation, apparait toujours plus, l'âge venant, comme ce qu'on nommera un "mal nécessaire". 

Sur la pente descendante de l'existence on se prend à l'observer, à mieux le comprendre, à le voir avec plus de bienveillance. On a presque l'impression de pouvoir l'aimer. Tous les espoirs sont guéris. Ou presque. 

Auteur: Mg

Info: 23 sept 2020

[ moi ] [ auto-évaluation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ars conjectandi

Pour s'orienter dans ce monde de symptômes mouvants le médecin doit disposer de toutes les ressources d'une intelligence aussi polymorphe que son adversaire protéiforme: il doit faire preuve d'autant de polytropie que le héros d'Homère aux mille tours. Parallèlement, un aspect essentiel de la pratique médicale est d'agir vite et sûrement: la médecine, dit un aphorisme, est un art de mesure fugitive (oligokairos) et les occasions d'intervenir sont toujours ponctuelles (oxus). Il n'est pas question de traiter à midi ce qui doit être traité le matin. Comme le chasseur à l'affût, le médecin doit guetter le moment précis où son intervention sera décisive. Mais il ne peut saisir l'occasion d'attraper Kairos par les cheveux que s'il est suffisamment lesté de tout le savoir acquis par l'expérience pour avoir deviné et pressenti le temps où surgira l'Instant propice. Car si la maladie est une puissance douée de métamorphose elle est aussi traversée par un rythme propre. Il vient un moment dans son évolution où se produit une transformation décisive, où soudainement le cours des choses tourne et se renverse : c'est la crise, ce sont les jours dits critiques, c'est le point fugitif où la téchnè du médecin, ce chétif, peut triompher des puissances hostiles de la maladie. Afin d'orienter son action, le savoir médical dispose d'un mode de connaissance approprié. La prognose est le pronostic qui combine trois opérations intellectuelles: réfléchir sur les cas présents; les comparer aux cas passés qui offrent des circonstances analogues; en tirer des conclusions qui permettent de prévoir comment la maladie va évoluer. Mais ce n'est pas seulement par sa capacité d'avoir prise sur le temps que le médecin offre un aspect providentiel, qu'il est, comme dit Pindare, epikairotatos, à la manière du pilote tenant le gouvernail sur la mer démontée ; il n'atteint le but visé conjecture (tekmairesthai) sa route en s'aidant de tous les signes que sa polytropie lui permet de reconnaître, de comparer et d'utiliser au mieux. Il faut, dit le Traité de l'Ancienne Médecine, viser une sorte de mesure (stochazesthai métrou tinos) car, dans ce domaine, il n'y a ni nombre ni poids qui permettraient d'atteindre la vérité exacte (akribès). Le seul critère admis est le correct (orthon) : "Ce qui est possible, le médecin l'entreprend; ce qui ne l'est pas, il l'abandonne; s'il lui échappe quelque bévue, il est capable de la réparer. " Comme le marin, assez habile pour éviter à chaque fois la catastrophe que son art incertain l'oblige à frôler - car on ne saurait, dit Platon, connaître le secret de la colère ou de la bienveillance des vents -, le médecin est condamné à se frayer un chemin en le conjecturant à coup d'opinions (doxais).

Auteur: Detienne Marcel

Info: Les ruses de l'intelligence, la mètis des Grecs, écrit avec Jean-Pierre Vernant

[ métaphore ] [ méta-rationnel ] [ analyse immédiate ] [ diagnostic ] [ holisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-animal

Nous avons l'honneur de solliciter votre bienveillance envers cet individu : Elle communique au moyen du langage des signes et utilise un vocabulaire de plus de 1000 mots. Elle comprend aussi l'anglais parlé, et mène souvent des conversations "bilingues", dans lesquelles elle répond par signes aux questions qui lui sont posées en anglais. Elle apprend les lettres de l'alphabet, elle sait lire certains mots imprimés, parmi lesquels son propre nom. Elle a obtenu des scores entre 85 et 95 au test d'intelligence de Stanford-Binet. Elle fait preuve d'une évidente conscience d'elle-même, dans ses comportements spontanés devant un miroir, lorsqu'elle prend des poses ou lorsqu'elle examine ses dents, ou bien lorsqu'elle utilise, à bon escient, un langage autodescriptif. Elle ment pour éviter les conséquences auxquelles l'exposent ses propres écarts de conduite, et elle anticipe les réactions des autres à ses propres actes. Elle s'adonne à des jeux imaginaires, tantôt seule, tantôt en groupe. Elle a déjà réalisé des peintures et des dessins figuratifs. Elle se souvient d'événements passés de sa vie, et est capable d'en parler. Elle comprend des termes relatifs au temps et sait les employer à bon escient, comme par exemple "avant", "après", "plus tard" et "hier". Elle rit de ses propres blagues et de celles des autres. Elle gémit si elle est blessée ou si on la laisse seule, et elle hurle lorsqu'elle est effrayée ou en colère. Elle parle de ses sentiments, en tuilisant des mots tels que "contente", "triste", "peur", "s'amuser", "envie", "déception", "dingue", et, très souvent, "amour". Elle pleure les proches qu'elle a perdus - un chat bien-aimé qui est mort, un ami qui est parti. Elle peut parler de ce qui se passe quand quelqu'un meurt, mais elle devient agitée et mal à l'aise quand on l'interroge sur sa propre mort ou sur la mort de ses compagnons. Elle se montre d'une adorable gentillesse avec les chatons et autres petits animaux. Il lui est même arrivé d'exprimer de la sympathie pour d'autres êtres qu'elle ne voyait que sur des photos. Cet individu peut-il revendiquer des droits moraux élémentaires ? D'après la description qui précède, il paraît difficile d'imaginer un quelconque argument rationnel pour lui dénier ses droits. Elle possède la conscience d'elle-même, a des émotions, elle est intelligente, communicative, elle a ses propres souvenirs et ses propres objectifs, et elle est certainement capable de souffrir profondément. Il n'y a aucune raison de remettre en cause cet accord concernant son statut moral si j'ajoute une information supplémentaire : à savoir, qu'elle ne fait pas partie de l'espèce humaine. La personne que je viens de décrire - et elle n'est rien moins qu'une personne pour ceux qui l'ont déjà approchée - s'appelle Koko, et il s'agit d'un gorille de plaine âgé de vingt ans. Pour que soit reconnue la personnalité des gorilles.

Auteur: Patterson Francine

Info: écrit avec Gordon Wendy

[ racisme ] [ éthique ]

 

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