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couple

Aimer quelqu'un, c'est comme emménager dans une maison, disait Sonja. Au début, on tombe amoureux de la nouveauté. On s'étonne chaque matin que tout cela ne vous appartienne, comme si on craignait qu'on n'annonce qu'il y a eu méprise, que nous ne sommes en réalité pas autorisés à habiter une si belle demeure. Puis les années passent et la façade se ternit, le bois se fissure par endroit, et on commence à aimer la maison moins pour sa perfection que pour ses imperfections. On apprend par coeur chacun de ses coins et recoins ; comment éviter de coincer la clé dans la serrure quand il fait froid ; quelles lattes du parquet ploient quand on marche dessus ; comment ouvrir la penderie sans faire grincer la porte. Ce sont tous ces petits secrets qui font que c'est notre maison.

Auteur: Backman Fredrik

Info: Vieux, râleur et suicidaire : La vie selon Ove

[ temps ] [ complicité ] [ littérature ] [ analogie ]

 

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rencontre

Leurs yeux se rencontrèrent, elles échangèrent un sourire et elles surent; toutes les deux.
Elles surent, mais pas au sens de savoir ceci ou cela. Ce n'était pas non plus qu'elles lisaient dans l'avenir et devinaient ce qu'il leur réservait, ni qu'elles savaient ce que le Destin déciderait pour elles, pour Ganesh, pour Londres, pour les enfants qu'elles auraient ou n'auraient pas, et pour tout le reste. Elles savaient, tout simplement. Elles se reconnaissaient. Se connaissaient. Comme si une petite étincelle chez Trixie reconnaissait une petite étincelle chez Saroj, et que ces deux petites étincelles brillantes sautaient de joie et s'élançaient l'une vers l'autre en disant : "Salut, me voilà ! Je t'attendais depuis toujours." C'est ainsi que commencent les vraies amitiés, ces amitiés rares et authentiques qui résistent au temps. Trixie poussa un glapissement. ... Elles applaudirent, se frappèrent mutuellement dans les mains et s'embrassèrent en riant aux éclats. Un cri de guerre venait de naître.

Auteur: Maas Sharon

Info: Noces indiennes

[ complicité ]

 

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amitié

5 janvier 1940
Me suis découvert des affinités avec un jeune catalan, Jordi de son prénom, militant du POUM, sur le front de Madrid. Nous parlons Garcia Lorca, parlons Lope de Vega, jouons aux échecs. Il est polyglotte, d'une exquise finesse et lettré.
(...)
16 janvier 1940
Nous marchions lentement, en silence, sur la route glissante, sombre malgré la neige fraîchement tombée. En me laissant, il dit : "Je crois savoir que nous, les Espagnols, on nous fera quitter Mittersheim demain ..." Je sens que, tout comme moi, il regrette que notre amitié naissante doive être coupée si tôt. Je le suis des yeux, fine silhouette fantomatique bientôt dissoute dans la nuit où pas une lueur ne brille, lorsque je l'entends qui revient sur ses pas.
- Adios, companero, dit-il. Ah, tu connais ce vers de Byron ?
Let me, or happy or unhappy,
Learn to anticipate my immortality.
Nous nous sommes longuement étreints.
En notant ceci, je me rends soudain compte que je ne connais pas son nom de famille.

Auteur: Malaquais Jean

Info: Journal de guerre suivi de Journal du métèque 1939-1942

[ rencontre ] [ complicité ] [ séparation ]

 

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lecture

Vers le milieu de la nuit, j'ai pris Mrs Dalloway, le livre de chevet de la première Esther. Si j'en juge par l'état de ses pages, il a dû être lu très souvent. Par elle. Puis par moi. Ouvert, refermé, emporté, porté contre le cœur. Avec ses partitions, cet exemplaire est la seule trace que j'aie de ma grand-mère maternelle. Les passages qu'elle a soulignés me sont parvenus intacts, malgré la texture défraîchie des feuillets. Et cette femme que je connais seulement par les photos que l'on a conservées d'elle, cette femme si belle, m'est devenue intime au point d'avoir l'impression, parfois, que c'est elle qui pense en moi. Il suffit que j'ouvre le livre au hasard: les mots qu'elle a aimés, ceux qu'elle a notés dans la marge d'une écriture élégante ont fini par ne s'adresser qu'à moi, qui les recueille et m'y blottis tour à tour. De ces mots, je suis sûre. De l'amour qu'elle avait pour eux aussi. Celui que je leur porte me prouve qu'elle m'aurait aimée, elle, sans qu'il soit besoin de lui plaire, de lui obéir aveuglément, de capituler devant elle au point de tuer tout désir.

Auteur: Roland Nicole

Info: Les veilleurs de chagrin

[ complicité transgénérationnelle ] [ bouquin patiné ] [ annotations ] [ dialogue platonique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

volupté

J’avais de la chance. Elle connaissait les différentes choses qui conservent le désir d’un homme, enfin pas intégralement, ce n’est pas possible, mais disons qui le maintiennent à un niveau suffisant pour faire l’amour de temps en temps en attendant que tout se termine. Connaître ces choses, à vrai dire, n’est rien, c’est tellement facile, tellement dérisoire et facile ; mais elle aimait les faire, elle y prenait plaisir, elle se réjouissait de voir le désir monter dans mon regard. Souvent, au restaurant, en revenant des toilettes, elle posait sur la table sa culotte qu’elle venait d’enlever. Elle aimait, alors, glisser une main entre mes jambes pour profiter de mon érection. Parfois, elle défaisait ma braguette et me branlait aussitôt, à l’abri de la nappe. Le matin aussi, quand elle me réveillait par une fellation et me tendait une tasse de café avant de me reprendre dans sa bouche, je ressentais des élans vertigineux de reconnaissance et de douceur. Elle savait s’arrêter juste avant que je jouisse, elle aurait pu me maintenir à la limite pendant des heures. Je vivais à l’intérieur d’un jeu, un jeu excitant et tendre, le seul jeu qui reste aux adultes ; je traversais un univers de désirs légers et de moments illimités de plaisir.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ femme-homme ] [ complicité sexuelle ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

homme-femme

Tout d'abord, j'allais à la pêche. Je prenais mon poisson à l'arbalète, juste ce qu'il fallait pour deux personnes. A cette heure-là la mer sentait le goémon, les coquillages et les étoiles, elle pénétrait dans ma bouche et laissait ces odeurs dans ma mémoire. Encore sous l'eau, je sentais le goût qu'aurait mon poisson, accompagné d'un vin "sang de lièvre" et de la salade piquante que préparait Barbara. Son petit restaurant, flanqué d'un kiosque à musique, était dans les pins, juste derrière la plage.

"Barbara, tu veux bien me faire frire ce poisson ?" lui demandais-je. Elle regardait les bords de mes talons couverts de résine, mes cheveux parsemés d'aiguilles de pin, et elle humait le vent salé que je portais dans mes narines. On venait dans son restaurant quand on était las de faire la fête. Elle mettait une vraie passion à accommoder le produit de ma pêche. Elle connaissait par coeur mes vêtements et mes chaussures et la couleur de mes chemises. Tandis que je dînais, assis à une petite table dans un coin où l'on entendait le bruit de la mer, elle me regardait à travers ses cils, par-dessus le comptoir, et elle sentait dans ma bouche le goût du poisson qu'elle venait de faire cuire.

Auteur: Pavic Milorad

Info: In "Les chevaux de Saint-Marc", éd. Belfond, p. 59-60

[ cuisine ] [ appétit ] [ complicité ] [ femme-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

pensée-de-femme

Un service de cancérologie est un champ de bataille, régi par une hiérarchie bien définie. Les patients, ce sont eux qui montent la garde. Les médecins entrent et sortent en coup de vent, comme des héros conquérants, mais ils doivent lire le dossier de votre enfant pour se rappeler où ils en étaient restés lors de leur précédente visite. Ce sont les infirmières qui occupent le rang de sergents aguerris - elles sont là quand votre petite grelotte sous l'effet d'une fièvre si forte qu'il faut la baigner dans de la glace ; ce sont elles qui vous apprennent comment drainer un cathéter veineux central, ou vous indiquent l'étage où il reste des bâtonnets glacés à voler, ou vous disent quels sont les teinturiers capables de nettoyer les taches de sang et de chimiothérapie sur les vêtements. Les infirmières montrent à votre fille comment faire des fleurs avec les mouchoirs en papier pour décorer le pied à perfusion et connaissent le nom de son morse en peluche. Les médecins établissent peut-être les plans d'attaque, mais ce sont les infirmières qui rendent le conflit supportable. Vous les connaissez comme elles vous connaissent, parce qu'elles viennent prendre les places des amies que vous aviez dans une vie antérieure, celle qui a précédé le diagnostic...

Auteur: Picoult Jodi

Info: Ma vie pour la tienne

[ enfant ] [ maladie ] [ hôpital ] [ complicité ]

 

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habitude

Tout cette période Patty était restée sans cette conscience que la durée est aussi adhésive que l'amour, et que plus tu passes de temps avec quelqu'un plus il y avait la probabilité de se retrouver à gérer cette sorte de chose permanente que les gens appellent "amitié," comme si c'était l'extrémité du sujet, quand la vérité c'est que si "ton ami" fait quelque chose de gênant, ou si toi et "ton ami" décidez que vous vous haïssez, ou si "ce cher ami" déménage et que chacun perd l'adresse de l'autre, cette amitié reste, toujours. Et, bien qu'elle puisse changer de forme et se voir sous différents éclairages, devenir un embarras, un encombrement ou une douleur. Elle ne peut pas simplement cesser d'avoir existé. Quelle que soit sa profondeur dans le passé, essayer de la désavouer ou de la détruire ne constituera donc pas simplement une trahison de l'amitié mais sera, de manière plus pratique, stérile et dommageable aux humains impliqués dans sa jungle gommeuse (l'amitié) dans laquelle ils se sont enfermés. Aussi si d'aventure à l'avenir tu ne veux pas être ami avec une personne particulière, ne lui sois pas proche, ne lui parle, ne va pas où que ce soit près d'elle, parce que dès que tu commenceras à voir quelque chose de bon sens issu de son point de vue (ce qui, inévitablement, arrivera dès que tu seras à ses côtés), alors une histoire commune commencera gentiment à vous glisser sous les pieds.

Auteur: Eisenberg Deborah

Info: A Cautionary Tale

[ complicité ] [ accoutumance ]

 

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couple

Svetlana prétendait que je me prenais pour un robot uniquement capable d'actions négatives. Que mes considérations vis-à-vis du langage étaient cyniques. Tu conçois le langage comme une fin en soi. Tu crois qu'il ne signifie rien. Enfin, non, tu ne le crois pas, c'est juste que tu te fiches de le savoir. A tes yeux, une langue forme un système autosuffisant.

- Mais c'est le cas.

- Tu vois ce que tu es en train de dire ? C'est comme ça qu'on se retrouve embrigadé avec le diable. Ivan a senti cela en toi. Il est aussi cynique que toi, mais plus encore, à cause des maths. Tu l'as dit toi-même : les maths sont un langage initialement d'une grande abstraction, abstraction supérieure aux mots, et qui est soudain devenu très concret. Grâce aux maths, on a su fabriquer la bombe atomique. Ce qui était un langage abstrait te laisse désormais des brûlures au troisième degré. Voilà qu'existe dorénavant un langage spécifique avec lequel on peut tout contrôler, tout manipuler, et si tu fais partie de l'élite qui parle ... eh bien tu peux à ton tour tout contrôler.

Ivan voulait tenter une expérience, un jeu. Ça n'aurait jamais marché avec quelqu'un d'autre, sur quelqu'un comme moi. Mais toi, tu es tellement déconnectée de la vérité, tu étais tellement prête à sauter dans une réalité que vous avez inventée tous les deux, juste par le langage. Naturellement, ça lui a donné envie de voir jusqu'où il pouvait aller. Vous êtes allés de plus en plus loin - et puis quelque chose a mal tourné. Ça ne pouvait plus continuer ainsi. Il fallait que ça évolue vers autre chose - vers le sexe, ou autre chose. Mais pour une raison quelconque, ça n'a pas été le cas. L'expérience n'a pas fonctionné. Et maintenant, vous êtes si loin de tous les points de repère. Vous êtes juste en train de dériver dans l'espace.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ complicité intellectuelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel