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savoirs consensuels

Le monde objectif de l'expérience humaine est donc au mieux un mélange de nature et de culture, mais un mélange dans lequel les modèles formels prédominants proviennent davantage de la culture que de la nature. Ces modèles formels de la culture sous-tendent la présentation des objets dont nous faisons directement l'expérience. La situation à cet égard n'était en fait pas différente pour les anciens ou les médiévaux, mais ils n'étaient pas conscients de ce fait. Qui sont nos parents ? Voilà ce dont dépend le système de parenté qui prévaut dans la culture qui nous a imprégné. Quelle est notre religion ? Si l'on tient compte des exceptions individuelles, là encore la réponse dépend principalement du contexte et des circonstances historiques au sein desquelles nous avons grandi.  

Les modernes, s'éveillant à tout cela, avaient de bonnes raisons de voir dans les objets expérimentés de pures créations du travail de l'esprit humain. Même la science pourrait être réduite à cela : telle fut l'expérience kantienne, entreprise sous l'impulsion des discours de Hume qui affirmait qu'il n'y avait rien de plus à expérimenter que les associations habituelles entre les objets. Si toutes les pensées reflètent de simples habitudes, et si tous les objets ne peuvent être considérés que comme des auto-représentations mentales, quels que soient les doutes que nous puissions avoir sur la base du "bon sens" quant à l'idée d'un monde indépendant de nous, le scepticisme demeure la garantie finale de toute connaissance. Ce qui, pour Kant, c'était inacceptable. Il pouvait avaler tout ce que ses prédécesseurs traditionnels lui avaient enseigné, mais pas le scepticisme. Leur erreur, selon lui, avait été de réduire la connaissance à la subjectivité - c'est-à-dire qu'elle consistait à attribuer les idées de l'esprit individuel aux objets de l'expérience directe. Ils ne pouvaient saisir que la connaissance est essentiellement de structure relationnelle, et que les relations sont au-dessus du sujet. Ainsi, les idées dans l'individu donnent naissance ou "fondent" des relations cognitives avec les objets. Mais ces objets sont ce sur quoi les relations finissent, et non ce sur quoi les relations sont fondées et d'où elles proviennent. Et la manière dont ces relations sont générées pour donner forme aux objets est conforme à un modèle intégré, a-priori, dans l'esprit humain.

Or, lorsqu'il s'agit des objets de la connaissance spécifiquement scientifique, selon Kant, nous avons affaire à une universalité et une nécessité qui proviennent de l'esprit et non d'une simple habitude ou d'une généralisation usuelle. Même si le monde extérieur reste inconnaissable en tant que tel, nous savons néanmoins qu'il est là ; et notre façon de le penser intellectuellement n'est pas capricieuse ou culturellement relative mais universelle et nécessaire, identique pour tous les humains. Même si nous ne connaissons que ce que nos représentations donnent à connaître, et que ces représentations sont entièrement le fait de notre esprit, il n'en reste pas moins qu'elles deviennent des objetsm non par association, mais bien a priori, indépendamment des aléas de la coutume et de l'expérience individuelle ; et leur contenu cognitif n'est pas subjectif mais objectif, c'est-à-dire donné au terme de relations que nos représentations ont été les seules à trouver. Le noyau scientifique de l'expérience humaine, contrairement à la conviction animant les scientifiques eux-mêmes, mais selon le philosophe moderne Kant, est prospectivement le même pour tous parce que le mécanisme sensoriel générant les représentations impliquées et le mécanisme conceptuel organisant les relations découlant de ces représentations est le même pour tous : des causes semblables entraînent toujours toujours des effets semblables. Telle est la version de Kant de l'adage médiéval, agens facit simile sibi . Grâce à ce simple expédient, Kant pensait avoir réglé l'objectivité de la connaissance et mis à distance le scepticisme. Le scandale de ne pas être en mesure de prouver qu'il existe un monde extérieur à l'esprit humain était ainsi supprimé par la démonstration qu'effectivement il y a un domaine inconnaissable qu'on ne peut pas atteindre, et ce domaine est précisément le monde extérieur, dont on sait avec certitude qu'il existe puisqu'il stimule nos représentations (via la perception sensorielle) et inconnaissable en soi (avec un mécanisme de concepts qui ne produisent de la connaissance que par corrélation avec les représentations des intuitions sensorielles pour aboutir un autre domaine inatteignable, le noumène, pour qui essaye d'aller  au-delà de la limite de ce qui est représenté par ces  perceptions sensorielles).

Auteur: Deely John

Info: The Quasi-Error of the External World an essay for Thomas A. Sebeok, in memoriam

[ limitation anthropique ]

 

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énigme

Les secrets de Deptford
Est-ce que Marlowe est mort dans une bagarre de taverne ou s'est-il échappé en France en adoptant William Shakespeare en tant que son nom de plume ?
Quand on en vient à la postérité littéraire, la mort prématurée peut être un bon mouvement de carrière (Chatterton, Keats, Georg Büchner, Wilfred Owen), mais pas toujours. Si votre cession prématurée est également violente et mystérieuse, on se rappellera longtemps de vous après que vos contemporains aient été oubliés, mais plus pour votre fin dramatique que pour votre génie. Et si votre décès prématuré coïncide avec une des grandes périodes de la créativité littéraire anglaise, ce sera discuté pendant des siècles, mais plus pour ce que vous pourriez avoir écrit que pour ce que vous avez fait réellement. Tel est le cas de Christopher Marlowe.
Le brouhaha sur sa mort, qui a fait encore surface la semaine dernière a longtemps empêché une vue claire de ses extraordinaires talents. L'auteur de 'Come live with me and be by love', 'Was this the face that launch'd a thousand ships?' et 'What is beauty saith my sufferings, then?" mérite d'être gardé en mémoire pour plus que sa simple carrière turbulente, comme auteur surtout, pas comme haute personnalité théâtrale. Mais cela semble, hélas, être son destin.
Marlowe est fascinant et étrangement moderne, sa vie, comme Tom Stoppard l'impliquant comme un Shakespeare plein d'esprit dans la camée d'amour, est purement Hollywoodienne. Dramaturge, libre-penseur, homosexuel et agent de gouvernement, il fut également, selon Swinburne, le père de la tragédie anglaise et le 'créateur du vers blanc anglais'.
Les pièces de Marlowe - Edouard II, DR Faustus, le juif de Malte et de Tamburlaine - sont superbes, spectaculaires et magnifiques. Elles scintillent avec des discours mémorables d'une beauté contagieuse. Ils sont presque impossibles à mettre en scène avec succès. Et ils semblent prévoir Shakespeare.
C'est la où la difficulté commence. Bien que le bon sens présente la mort de Marlowe, soutenu par l'éducation officielle, qu'il est mort après qu'un combat dans une taverne, il y a toujours eu une minorité bruyante qui affirme qu'il y a un autre côté à son histoire.
Brièvement, les Marloviens affirment que, plus mondain, bien-relié et tout controversé qu'il était, Marlowe truqua sa mort pour éviter des charges d'hérésie, et se sauva en France, continuant à écrire des pièces et s'arrangeant pour les faire éditer en Angleterre sous le nom d'un rustre de pays de Stratford, William Shakespeare.
Absurde ? On pourrai penser ainsi. Les membres de la société de Marlowe sont en désaccord. Bien qu'une masse de recherche savante de Leslie Hotson à William Urry à Charles Nicholl (dans The Reckoning) ait établi tout à fait clairement qu'il a été tué, et vu mort, dans le Deptford par Ingram Frizer le 30 mai 1593. Il y a des théoriciens plus tenaces de conspiration qui maintiennent l'opposé.
La raison est tout à fait simple. Un Marlowe mort n'a pas pu écrire Shakespeare. Une vie secrète le pourrait. C'est en ce moment que l'hypothèse Marlowe 'apparaît' à nouveau et commence à concurrencer - avec la même manière controversée que Shakespeare a été écrit réellement par Francis Bacon, le comte d'Oxford, voire la reine de Vierge elle-même.
En d'autres termes, le pauvre vieux Kit Marlowe, le fils du cordonnier de Cantorbéry et diplômé de l'université de Corpus Christi, Cambridge (où on peut toujours voir sa chambre) se retrouve dans une des plus pointilleuses théories littéraires du monde connu. C'est au moins ainsi que cela s'est passé jusqu'à l'année dernière.
Quand on a annoncé en 2001 que Marlowe devait finalement obtenir un endroit dans le coin des poètes dans l'abbaye de Westminster, un certain nombre de figures littéraires, de Seamus Heaney au professeur Andrew Motion, ont eu un soupir de soulagement. Enfin Marlowe obtenait son dû. Le vieux fêtard peut être accueilli dans le panthéon de l'établissement littéraire, à côté de ses contemporains, Shakespeare, Jonson et Spenser.
Pourquoi, exactement, ce devrait être maintenant important que Marlowe obtienne cette identification douteuse ne me fait aucun effet (le coin des poètes contient la mémoire de quelques oiseaux poétiques très étranges), mais, vu de loin ça ressemble à comme si les plus benêts Marloviens laissaient leur homme se faire si facilement changer.
Grosse chance. Quand la pastille de verre dans la fenêtre du transept du nord-est a été dévoilée la semaine dernière, elle s'est avérée contenir un détail gratuit et provocateur conçu pour relancer le débat de Marlowe-Shakespeare.
Sous le nom du poète il y a ces dates 1564-?1593. Le ? dit que peut-être il n'est pas mort. Peut-être il s'est échappé en France. Peut-être il a écrit Shakespeare.
Bla bla Bla. C'est une honte que l'oeuvre d'un auteur puisse être trivialisée par une telle publicité. L'auteur de quelques pièces extraordinaires, Hero and Leander et The Passionate Shepherd to his love' mérite mieux que ceci et sera rappelé longtemps après que la société de Christopher Marlowe ait disparu.

Auteur: McCrum Robert

Info: Fortean Times Dimanche Juillet 14, 2002, L'Observateur

[ littérature ]

 

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finances écologiques

Le capitalisme vert utilise Greta Thunberg
Depuis environ cinq mois, une jeune Suédoise de 16 ans souffrant du syndrome d’Asperger se retrouve sous les projecteurs médiatiques du monde entier. Elle fait la "grève de l’école" pour se faire entendre et son combat est juste. Il s’agit pour elle de passer un message aux milliardaires, aux décideurs politiques, que ce soit à la COP24 en Pologne ou dernièrement à Davos afin qu’ils respectent leurs engagements sur le climat. Son dernier discours a ému quasiment tous les militants écologistes de la planète :

- Je ne veux pas que vous soyez désespérés, je veux que vous paniquiez. Je veux que vous ressentiez la peur qui m’habite chaque jour et que vous agissiez, comme s’il y avait le feu, parce que c’est le cas. […] Il y a encore une petite chance de stopper les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter des souffrances pour une grande partie de la population de la planète."

Derrière ces moments forts, on trouve un petit génie suédois des "public-relations", Ingmar Rentzhog. L’envers du conte de fées est moins joli, mais plus intéressant.

Le journaliste d’investigation suédois Andreas Henriksson est, d’après mes recherches, le premier à avoir enquêté sur ce sujet et son article a été publié sur le blog de Rebecca Weidmo Uvell, le 11 décembre 2018. Tout a été finement programmé pour transformer la jeune Suédoise en héroïne internationale

La belle histoire de Greta Thunberg commence le 20 août 2018. Ingmar Rentzhog cofondateur de la start-up We Don’t Have Time (Nous n’avons pas le temps) croise Greta Thunberg devant le Parlement suédois et publie un post émouvant sur sa page Facebook. Nous sommes le 1er jour de la grève commencée par Greta. Le 24 août, sort en librairie une autobiographie mêlant crise familiale et crise climatique, Scener ur hjärtat, corédigée par Malena Ernman la mère de Greta, Svante Thunberg son père, Beata, sa sœur, et Greta. Les parents artistes - chanteuse lyrique et acteur - sont très connus en Suède ; Greta, pas encore.

En fait Ingmar Rentzhog et la famille de Greta se connaissent déjà et on participé ensemble à une conférence sur le climat le 4 mai 2018. Peu de place au hasard donc, dans la rencontre à Stockholm, sur le trottoir devant le Parlement entre Ingmar et Greta.

Tout a été finement programmé pour transformer la jeune Suédoise en héroïne internationale, et ce, dès le 1er article paru dans le quotidien le plus lu dans le pays, Aftonbladet, quelques heures seulement après le post Facebook de Rentzhog.

We Don’t Have Time, la start-up qu’il a cofondée en 2016, a l’ambition de créer un réseau social de plus de 100 millions de membres, qui influencera les hommes et femmes politiques et les chefs d’entreprise pour qu’ils agissent davantage contre le réchauffement climatique. C’est ce qui apparaît en tout cas dans leur plaquette web.

C’est la que ça se complique. Parmi les actionnaires de la start-up, on trouve les membres de deux familles interconnectées : les Persson, enfants du milliardaire Sven Olof Persson, qui a fait fortune, entre autres, dans la vente de voitures (Bilbolaget Nord AB) et les Rentzhog. Les deux familles d’investisseurs, qui se sont rencontrées dans la région du Jämtland, n’ont aucun lien avec l’écologie, ce sont des spécialistes de la finance.

Sauver la planète tout en maintenant la croissance économique et en réclamant encore plus de mondialisation
En mai 2018, Ingmar Rentzhog est recruté comme président-directeur du think tank Global Utmaning, faisant la promotion du développement durable et se déclarant politiquement indépendant. Sa fondatrice n’est autre que Kristina Persson, fille du milliardaire et ex-ministre social-démocrate chargée du développement stratégique et de la coopération nordique entre 2014 et 2016. Via l’analyse des tweets du think tank, on observe un engagement politique fort, à l’aube des élections européennes, envers une alliance qui irait des sociaux-démocrates à la droite suédoise. L’ennemi étant "les nationalismes" émergeant partout en Europe et dans le monde. Des idées qui ne déplairaient pas à notre cher président Macron.

Le 16 janvier 2019, Global Utmaning était fière d’annoncer sur les réseaux sociaux sa nouvelle collaboration avec Global Shapers, une communauté de jeunes dirigeants de 20 à 30 ans "dotés d’un grand potentiel pour jouer un rôle dans l’avenir de la société et qui travaillent à améliorer la situation des populations autour d’eux". Ce réseau a été créé de toutes pièces par le Forum économique mondial en 2011. Ses leaders entendent bien sauver la planète tout en maintenant la croissance économique et en réclamant encore plus de mondialisation. Tout un programme.

Je résume. Nous avons d’un côté une plateforme numérique en construction, We Don’t Have Time, qui a pris un réel essor il y a quelques mois grâce à Greta Thunberg, "jeune conseillère" de la fondation dirigeant cette plateforme. J’ai oublié de préciser au passage que les centaines de milliers d’adresses mels collectées par Rentzhog valent de l’or. Et de l’autre, nous avons une famille de milliardaires comptant une ex-ministre qui investit dans cette start-up, puis qui embauche Ingmar Rentzhog dans un think tank développant les thèmes de la croissance verte, de l’économie circulaire, bref, de l’écoblanchiment.

Cet écoblanchiment qui permet au capitalisme de perdurer. Greta Thunberg se retrouve à conseiller ceux qu’elle fustige. Comme disait l’auteur du Guépard, "si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change" (Guiseppe Tomasi Di Lampedusa). , https://reporterre.net, 9 février 2019 Attard a été députée écologiste du Calvados, se présente comme "écoanarchiste".

Auteur: Attard Isabelle

Info: https://reporterre.net, 9 février 2019

[ dissimulation ] [ guerrilla marketing ]

 

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greenwashing

1/ La construction, l’installation, l’entretien (usage de produits nettoyants, de désherbant) des "fermes" solaires possède un lourd impact écologique. Il faut extraire les métaux et autres minerais, fondre la silice a très haute température pour obtenir le silicium, etc. Et qui dit extractions minières dit destructions environnementales et pollutions. Au préalable, il faut avoir construit les machines qui permettent d’extraire, transporter et traiter lesdits minerais, ainsi que les machines pour construire ces machines, et ainsi de suite — c’est un large ensemble d’industries qui sont nécessaires pour fabriquer des panneaux solaires (la même chose est vraie de n’importe quel objet de la civilisation industrielle). Par ailleurs, leur durée de vie ne dépasse guère vingt à trente ans ; ils ne sont ensuite que partiellement recyclés, génèrent donc des déchets, et n’ont pas grand-chose de "renouvelables" (sachant que le recyclage est en lui-même une industrie énergivore, qui requiert des machines, des machines qu’il faut construire, etc. — sachant, en d’autres termes, que le recyclage n’est pas non plus écologique). Enfin, des études récentes semblent montrer que la haute température des panneaux est mortelle pour les insectes qui les survolent, déjà durement éprouvés pour d’autres raisons.

2/ Les panneaux solaire n’ont de plus probablement jamais permis d’éviter un seul gramme d’émissions de gaz à effet de serre. En effet, les nouvelles sources d’énergie ne font que s’ajouter aux précédentes tandis que la production totale ne fait que croitre. On exploite les hydrocarbures partout où on le peut (gaz de schiste, sables bitumineux, gisements arctiques) et de surcroit on détruit les forêts pour construire des panneaux solaires. Il y a addition, et non remplacement.

La part prise par l’énergie solaire photovoltaïque est au demeurant extrêmement faible dans la consommation totale d’énergie (une tromperie commune consiste à ne parler que de l’électricité en oubliant que le gros de notre énergie est issue d’hydrocarbures de façon directe sans passer par la forme électrique), soit 0,4% du total dans le monde et 0,8 % en France. Cette légère augmentation ne suffit pas même à compenser la profusion de nouveaux "besoins" énergétiques créés par les technologies nouvelles.

Ainsi, la consommation d’électricité mondiale du seul bitcoin est dix fois supérieure à la production d’électricité photovoltaïque de la France, et trois fois supérieure à celle de l’Allemagne dont on vante l’avance dans le domaine. Interdire une crypto-monnaie, qui n’est au fond pas grand-chose de plus qu’une pyramide de Ponzi permettant à certains de spéculer, à d’autres de blanchir de l’argent et financer des activités illicites, ferait plus pour limiter les besoins en électricité fossile que des décennies de subventions massives du photovoltaïque.

3/ Un argument encore plus fort est celui du cannibalisme énergétique, qui prend en compte le fait que la construction de panneaux solaires est très couteuse en énergies fossiles sous une forme ou sous une autre (mines, fonte des métaux, du silicium, camions pour leur mise en place…). Si le déploiement de l’énergie censé remplacer les fossiles se fait à un rythme élevé, le secteur de substitution sera pendant la période de déploiement consommateur net d’énergie. En effet, si un panneau solaire, sur ses 20 à 25 années de durée de vie produit en 7 ans une quantité d’énergie qui compense celle nécessaire à sa construction, mais que dans le même temps on a construit deux autres panneaux, alors il faudra encore attendre pour que la construction de tous ces panneaux soit compensée, et si on ne cesse d’en construire toujours plus, alors le secteur augmente la demande de fossiles au lieu de la réduire. Au mieux, ce ne sera qu’au bout de longues décennies que le secteur cessera de croître et pourra réellement compenser les émissions liées à son déploiement. Le problème c’est que, comme le disent les climatologues, après plusieurs décennies, il sera trop tard.

4/ Pire encore. Au même titre que l’énergie fossile ou nucléaire, l’énergie produite par les panneaux solaires (ou les éoliennes, ou n’importe quelle autre source d’énergie dite verte, propre, renouvelable ou décarbonée) ne sert par définition qu’à alimenter d’autres appareils, d’autres machines issues du système techno-industriel ; à alimenter les infrastructures industrielles et numériques de la machine à détruire la nature qu’est devenue notre société, à alimenter les smartphones, les ordinateurs, les écrans de télévision, les voitures (électriques), l’inutile pollution lumineuse, les serveurs financiers, les usines d’aluminium, les écrans publicitaires dans l’espace public poussant à surconsommer, etc. (de plus en plus de compagnies minières se tournent vers les centrales de production d’énergie dite renouvelable, verte ou propre, notamment le solaire ou l’éolien, afin d’alimenter leurs installations d’extractions minières, pour la raison que ces centrales sont relativement simples à mettre en place). L’électricité produite par les centrales de production d’énergie dites vertes, propres ou renouvelables est donc elle-même largement néfaste écologiquement, dans ses usages, indépendamment de la façon dont elle est produite.

5/ On pourrait enfin évoquer un argument d’ordre culturel et politique. Les panneaux solaires (et éoliennes), négligeables en ce qui concerne les réalités du système énergétiques, sont omniprésent dans les discours, images et communication du grand récit officiel : "le développement durable". À ce titre, on peut penser que leur rôle principal est celui d’une diversion, d’objets inutiles mais rassurant au service du consentement à l’ordre établi. Il n’y a pas à s’inquiéter pour l’avenir, ni à restreindre sa consommation, ce n’est pas la peine de renoncer à l’automobile ou à l’avion : les énergies renouvelables sont là pour nous permettre de conserver pour toujours la débauche énergétique actuelle. Il suffit d’investir où il faut son épargne, de favoriser la finance verte ou de lancer un vaste plan d’investissement public.

Auteur: Autard Jean

Info: https://www.partage-le.com/2022/03/22/les-panneaux-solaires-ne-sont-pas-ecologiques-par-jean-autard/

[ coûts cachés ] [ déresponsabilisation ] [ solution miracle ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mort volontaire

Mourir encore belle, l’an prochain Jacqueline Jencquel a pris la décision de quitter ce monde en janvier 2020. L’élégante et vive septuagénaire basée à Gstaad ne souffre d’aucune maladie grave, mais juge qu’il sera temps de s’en aller Un jour du mois de juillet, Jacqueline Jencquel se promenait sur les hauteurs de Saanen, dans l’Oberland bernois, non loin de Gstaad où elle séjourne dans un hôtel. Elle a croisé des lamas, des ânes, des chiens (huit en tout) puis a vu un chalet et cette femme tétraplégique, humant l’air sur la terrasse. Elles ont sympathisé. Etrange rencontre. La dame, lourdement handicapée après une chute de cheval et qui ne peut même pas se moucher seule, est accrochée à la vie, s’imagine centenaire, se délecte des plaisirs les plus simples comme regarder le ciel, une herbe qui frémit, un rapace qui louvoie. Jacqueline Jencquel, 75 ans, qui saute régulièrement en parapente biplace, a de son côté pris la décision de mettre fin à ses jours dans une année. C’est mûrement réfléchi, irrévocable. Echanges forcément passionnants entre ces deux femmes. Sourire de Jacqueline: "C’est un peu fou en effet, mon amie si limitée mais enthousiaste, moi en relative bonne santé et qui veut cesser de vivre." Ni larmes ni discours Le jour de son départ, en janvier 2020, elle souhaite réunir son mari et ses trois enfants à Saanen, les convier autour d’une bonne table, manger, boire, parler. Puis elle partira avec Erika Preisig, médecin et présidente de Lifecircle, association bâloise engagée pour "l’autodétermination en fin de vie". Erika lui posera une perfusion de pentobarbital de sodium, un somnifère qui, à forte dose, provoque une mort sans douleur. "Je dois être parfaitement consciente et le montrer, je devrai donner ma date de naissance et exprimer mon choix, le fait que j’estime être atteinte par la limite d’âge et puis j’ouvrirai le robinet de la perfusion", explique Jacqueline. L’un de ses fils, qui vit à Berlin et réalise des documentaires, filmera tout cela. "Il a décidé de m’accompagner ainsi, avec sa caméra, il va me suivre durant toute l’année." Elle n’a plus de contact avec l’aîné de ses fils, qui réside à Paris, mais elle le conviera tout de même à cette ultime réunion. Le troisième, le plus jeune, est architecte d’intérieur à Bali. Lui est affligé par le départ programmé de sa mère. Jacqueline ne veut pas de larmes, ni de discours funéraires ou hommages. "Dire au revoir avant de partir", résume-t-elle. La vieillesse est une maladie incurable dont le pronostic est toujours fatal, dit-elle. A 76 ans, on peut être encore en forme mais certainement pas en bonne santé (...) Jacqueline a brûlé aussi sa vie, aujourd’hui elle dit qu’elle la flambe. A Paris où elle habite, elle a trouvé un petit ami qui a l'âge de ses fils. Mais le temps la rattrape. "Le sexe, dit-elle, est en berne, l’alcool donne mal à la tête, je ne veux pas sentir le vieux, puer, être ennuyeuse, avoir une bouche de grenouille, inspirer la compassion au lieu du désir." A Bali chez son fils, tout le monde l’appelle Oma, ce qui signifie mamie et elle a horreur de cela. Sombre constat qui suscite moult commentaires et pas des plus plaisants sur le blog qu’elle tient depuis peu sur le site du Temps. Elle s’en contrefiche. Cite Guitry: "Plaire à tout le monde, c’est plaire à n’importe qui." Pourquoi Jacqueline Jencquel veut-elle mourir? La réponse ne tient pas en quelques mots mais en une vie. Elle biaise tout d’abord, évoque un modèle: Pamela Harriman, première femme ambassadrice des Etats-Unis en France (de 1993 à 1997), qui eut beaucoup de célèbres amants et qui est morte dans la piscine du Ritz à Paris à l’âge de… 76 ans. "Quelle belle fin!" soupire Jacqueline. Puis elle lâche: "J’ai dévoré la vie, je ne veux pas être nourrie à la petite cuillère." (...) "La Suisse est plus pragmatique et humaniste, dit-elle. Le patient éclairé peut décider quand il a assez vécu si la demande est réfléchie, réitérée et correspond à une situation dont le pronostic est fatal ou s’il y a une invalidité importante ou des souffrances intolérables", indique-t-elle. Mais Jacqueline souhaite que son second pays aille au-delà de ces derniers critères. "La vieillesse est une maladie incurable dont le pronostic est toujours fatal, dit-elle. A 76 ans, on peut être encore en forme mais certainement pas en bonne santé. Quand la somme des souffrances a dépassé celle des plaisirs, l’adulte doit avoir le choix de décider de s’en aller et de bénéficier d’une aide médicale." Pour éviter notamment les suicides violents comme la noyade ou la défenestration. (...) Coût moyen d’un suicide assisté chez Lifecircle: dans les 10 000 francs. "Certains disent que c’est cher, mais c’est nettement moins qu’un séjour en EMS ou une chimiothérapie", rétorque-t-elle. Jacqueline Jencquel croit en la science et s’intéresse au religieux. Les propos du philosophe Stève Bobillier dans Le Temps du 14 août l’ont interpellée. Ce collaborateur scientifique de la Commission de bioéthique des évêques suisses s’est interrogé sur le dilemme de l’accompagnement pastoral face au suicide assisté. "Comment le prêtre peut-il à la fois marquer son désaccord et accompagner le mourant?" s’est-il demandé. L’Eglise va peut-être ouvrir le débat, ce que Jacqueline trouve très bien. Nous sommes allés manger dans un très bon restaurant. Puis elle a tenu à rentrer à pied jusqu’à son hôtel. Elle aime marcher seule comme elle aimait voyager seule. Elle nous a dit aimer le feu de cheminée en hiver et un jardin parfumé en été. Et puis ceci: "J’ai toujours su que j’étais une louve et que mes ancêtres venaient de Sibérie. Je ne fais plus partie de la meute et le temps est venu pour moi de mourir."

Auteur: Internet

Info: Le Temps.ch, Christian Lecomte, vendredi 17 août 2018

[ suicide éthique ]

 

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élément sémantique structurant

(FLP) - Bonjour, peux-tu m'expliquer la notion de "point de capiton" de Jacques Lacan ?

(Gemini Bard) - Le point de capiton est un concept central dans la théorie psychanalytique de Jacques Lacan. Il s'agit d'un élément crucial qui permet de stabiliser le sens et de donner une cohérence au discours. Emprunté au vocabulaire du matelassage, le terme "point de capiton" désigne le point où l'aiguille du matelassier s'enfonce dans le tissu et en ressort, laissant une marque durable. Lacan utilise cette métaphore pour illustrer la manière dont certains éléments du discours s'accrochent et fixent le sens, le stabilisent et lui donnent une structure.

Le point de capiton n'est pas un élément statique, mais plutôt un point de fuite, un lieu d'articulation où le sens se déploie et se reconfigure. Il peut s'agir d'un mot, d'une phrase, d'un objet, d'un événement, ou même d'une croyance ou d'un idéal.

Le point de capiton joue un rôle important dans la construction du sujet. Il permet au sujet de s'identifier à un certain discours, de se positionner dans le monde et de donner du sens à ses expériences.

Cependant, le point de capiton est également fragile et peut être remis en question. Dans la psychose, par exemple, le point de capiton peut s'effondrer, ce qui entraîne une fragmentation du discours et une perte de sens.

Voici quelques points clés à retenir à propos du point de capiton :

Stabilisation du sens: Le point de capiton permet de stabiliser le sens et de donner une cohérence au discours.

Point de fuite: Le point de capiton n'est pas un élément statique, mais plutôt un point de fuite où le sens se déploie et se reconfigure.

Construction du sujet: Le point de capiton joue un rôle important dans la construction du sujet.

Fragilité: Le point de capiton est également fragile et peut être remis en question.

Le point de capiton est un concept complexe et multidimensionnel qui a fait l'objet de nombreuses interprétations et débats au sein de la psychanalyse lacanienne.

(FLP) - Merci. J'y vois une correspondance, voire même une analogie avec le terme de saillance utilisé en PNL et plus largement en linguistique. Non ?

(Gemini Bard) Effectivement, il existe une certaine correspondance entre le concept de point de capiton de Lacan et celui de saillance en PNL et en linguistique.

La saillance désigne la qualité de ce qui est saillant, c'est-à-dire proéminent, marquant, qui attire l'attention. Elle se réfère aux éléments du discours qui se distinguent du reste et qui ont tendance à avoir une plus grande influence sur la compréhension et l'interprétation de ce discours.

Comme le point de capiton, la saillance joue un rôle important dans la structuration du sens. En effet, les éléments saillants permettent de hiérarchiser les informations, de créer des liens entre les différentes parties du discours et de guider l'attention de l'auditeur.

Voici quelques points de convergence entre les deux concepts :

Stabilisation du sens: Le point de capiton et la saillance contribuent tous deux à stabiliser le sens et à donner une cohérence au discours.

Attraction de l'attention: Le point de capiton et la saillance attirent tous deux l'attention de l'auditeur ou du lecteur.

Organisation du discours: Le point de capiton et la saillance contribuent tous deux à l'organisation du discours et à la création de liens entre les différentes parties du discours.

Cependant, il existe également des différences entre les deux concepts :

- Nature: Le point de capiton est un concept plus psychanalytique, tandis que la saillance est un concept plus linguistique et cognitif.

- Focalisé: Le point de capiton est généralement focalisé sur un élément unique, tandis que la saillance peut porter sur plusieurs éléments du discours.

- Inconscient: Le point de capiton est souvent inconscient, tandis que la saillance peut être consciente ou inconsciente.

En conclusion, le point de capiton et la saillance sont deux concepts distincts mais qui partagent certaines similitudes. Ils permettent tous deux de comprendre comment le sens est construit et structuré dans le discours.

(FLP) - Merci. Peux-tu donner un exemple de point de capiton unique ?

(Gemini Bard) - Exemple de point de capiton unique

Prenons l'exemple de la phrase suivante : "La peur de la mort me paralyse."

Dans cette phrase, le mot "mort" pourrait être considéré comme un point de capiton. En effet, ce mot :

Attire l'attention: Il est le mot le plus chargé d'émotion de la phrase et il est ce qui motive la peur du sujet.

Structure le sens: La phrase tourne autour de la peur de la mort et tous les autres éléments de la phrase sont liés à cette peur.

Est inconscient: La peur de la mort est souvent un phénomène inconscient qui n'est pas directement exprimé par le sujet.

Cependant, il est important de noter que le point de capiton n'est pas toujours un élément unique et identifiable. Il peut s'agir d'une combinaison de plusieurs éléments du discours qui, ensemble, contribuent à stabiliser le sens et à donner une cohérence au discours.

Par exemple, dans la phrase "Je suis amoureux de Marie", le point de capiton pourrait être la combinaison des mots "amoureux" et "Marie". Ces deux mots sont essentiels pour comprendre le sens de la phrase et ils sont étroitement liés l'un à l'autre.

En fin de compte, l'identification du point de capiton est une question d'interprétation. Il n'y a pas de réponse unique et chaque lecteur ou auditeur peut identifier différents points de capiton dans un même discours. 

Auteur: Google Bard chatbot

Info:

[ langage ] [ dialogue ] [ homme-machine ] [ efficacité cachée ]

 
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illusionnisme

Le monde de la psychologie appliquée est un univers particulier qui se compose d’une multitude de techniques partagées avec le monde du mentalisme et ne forme avec lui en fait, qu’une seule et même entité. Un mentaliste est donc quelqu'un qui a exploré la psychologie assez profondément pour en extraire les techniques utiles, stratégies d’interaction choisies et appliquées avec soin et dans un but précis.

Nous vous déclinons ici 4 techniques de mentalisme très utiles dans un contexte conversationnel.

1) Le Yes set (théorie de l’engagement)

C'est un des piliers de l’influence, issu de la vue systémique de la persuasion développée par  Robert B. Cialdini dans les années 1980. Il est facilement vérifiable et très intuitive, stipule que le fait d’habituer les gens à effectuer une série d’actions les rend beaucoup plus susceptibles d’en effectuer par la suite. Cette idée "d’habituer" les gens prend ses sources directement dans le principe du conditionnement, que nous verrons plus en détail dans un prochain point. Cialdini explique calmement que l’engagement va de pair avec le principe de la cohérence psychologique, qui dit (en gros) que "puisque j’ai fait ceci, je devrais faire cela". Le cerveau cherchant constamment à rationaliser le monde pour mieux le comprendre, il a horreur de l’incohérence. D’où son classement en tant que technique de mentalisme de haut niveau.

2) L’Ancrage émotionnel

Un des effets stupéfiant du monde de la psychologie après l’effet miroir. Cette technique de mentalisme exploitée instinctivement par l’homme depuis des siècles. Mais il aura fallu attendre Ivan Pavlov, précurseur du comportementalisme, pour modéliser le processus de conditionnement au grand jour. En gros : Vous donnez des bonnes croquettes à votre chien, vous agitez une clochette, le chien mange les croquettes. Vous faites ça pendant une semaine, plusieurs fois par jour. A chaque fois que le chien mange, il entend le son des clochettes. Au bout d’une semaine, vous agitez les clochettes mais ne servez plus à manger… Et le chien salive. Vous recommencez des jours plus tard, le chien salive toujours. Que s’est-il passé ? Le chien a associé le son des clochettes à la nourriture et au démarrage de sa digestion. Il a été conditionné à saliver et à penser à sa nourriture au son des clochettes. Et bien sûr ça marche aussi pour les humains. 

Le processus d’ancrage a été largement amélioré et repris dans des domaines aussi divers que la publicité, l’humour, le storytelling, la thérapie, et est à la base du fonctionnement de l’hypnose. Parce que oui, l’ancrage fonctionne AUSSI avec les émotion et est bien sûr très exploité comme technique de mentalisme. 

En combinant  les domaines ci-dessus on "fabrique" la technique en piochant un peu partout et en l’adaptant à la situation. Il faut donc créer une atmosphère agréable et renforcer un lien émotionnel en utilisant la technique de l’ancrage émotionnel ?

3) Hypnose conversationnelle et suggestion d’idées

Nous sommes ici dans l’antichambre de la magie : cette technique de mentalisme, consiste ni plus ni moins en une maîtrise millimétrée du langage et des mots. Et ce contrôle, cette absolue suprématie sur l’histoire que votre cerveau articule, peut donner naissance à des résultats tout-à-fait remarquables. Les objectifs de l’hypnose conversationnelle sont principalement les deux suivants : 

- Éveiller des émotions chez votre interlocuteur en adoptant une forme colorée et percutante de discours

- Communiquer des suggestions d’idées en utilisant les mécanismes des sous-entendus.

Si ces buts conversationnels sont les mêmes que ceux définis dans l’hypnose thérapeutique, leur articulation est différente. On préférera une communication plus fine, car dans l’hypnose conversationnelle, l’environnement est rarement dévoilé (difficile d’être persuasif si on annonce d’emblée qu’on va être persuasif).

Au sein même de l’hypnose conversationnelle, deux techniques de mentalisme sont très souvent exploitées :

- La métaphore sous toutes ses formes (il y a plusieurs niveaux de complexité), qui permet de se projeter dans un cadre extérieur pour être libre de jouer avec les idées souhaitées (on appellera ce travail une communication "indirecte")

- La suggestion directe camouflée, qui permet d'instiguer des évocations agissantes dans le discours avec une dextérité très complexe à maîtriser. L’intonation des mots, la maîtrise des ancrages émotionnels et l’imagination y sont pour beaucoup.

4) La Synchronisation (ou l’effet miroir)

Le mystère et les incroyables résultats associés à l’effet miroir font partie des causes de la nécessité absolue de communiquer les techniques de mentalisme publiquement. L’effet miroir est le sujet d’innombrables recherches de psychologie sociale depuis au moins un demi-siècle. Comment ça marche ? C’est simple. En effet : si vous ressentez une connexion émotionnelle forte avec les gens qui vous ressemblent et qui s’impliquent aussi dans votre relation, c’est parce que vous fonctionnez souvent en "synchronisation" :

Vous pensez souvent aux mêmes choses et aux mêmes moments. Vous utilisez le même langage pour communiquer, les mêmes expressions, parfois le même ton, et les mêmes gestuelles. Vous prenez ou partagez choix et opinions similaires. Vous riez souvent de concert, il vous est plus facile de partager les émotions de l’autre (empathie affective). Etc.

Voilà donc l’effet "miroir", en référence à l’activation des fameux neurones éponymes de nos cerveaux. Essayez de remarquer les mécanismes de synchronisation/désynchronisation entre deux (ou plusieurs, mais c’est plus avancé) personnes autour de vous. Qui se synchronise sur qui ? Essayez de remarquer les conséquences de ces synchros/désynchros sur la qualité de la conversation et sur l’influence des participants… Gare aux surprises. 

Où cela mène-t-il de connaitre ou apprendre plus de techniques de mentalisme ?

Comprendre et développer l’univers de la psychologie appliquée, composée d’une multitude de techniques de mentalisme, vous permettra de les repérer et vous en protéger si elles sont utilisées avec de mauvaises intentions. Cela vous permettra aussi de savoir les utiliser et les améliorer, ce qui peut arriver si vous souhaitez renforcer un lien émotionnel, dynamiser un groupe, ou tout autre objectif.

Auteur: Internet

Info: https://humanize-project.com/atmosphere/4-techniques-mentalisme/

[ manipulation ] [ comédie ] [ rapports humains ] [ pnl ] [ programmation neurolinguistique ] [ effet Barnum ]

 
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syncrétisme

Les modernes ont développé quatre répertoires différents qu’ils croient incompatibles pour accommoder la prolifération des quasi-objets*.

Le premier répertoire traite de la réalité extérieure d’une nature dont nous ne sommes pas maîtres, qui existe en dehors de nous et qui n’a ni nos passions ni nos désirs, bien que nous soyons capables de la mobiliser et de la construire.

Le deuxième répertoire traite du lien social, de ce qui attache les humains entre eux, des passions et des désirs qui nous agitent, des forces personnifiées qui structurent la société, laquelle nous dépasse tous bien que nous la construisions.

Le troisième traite de la signification et du sens, des actants qui composent les histoires que nous nous racontons, des épreuves qu’ils subissent, des aventures qu’ils traversent, des tropes et des genres qui les organisent, des grands récits qui nous dominent infiniment, bien qu’ils soient en même temps simple texte et discours.

Le quatrième enfin parle de l'Être et déconstruit ce que nous oublions toujours lorsque nous avons le seul souci de l’étant, bien que la différence de l’Être soit distribuée à travers les étants, coextensifs à leur existence même.

Ces ressources ne sont incompatibles que dans la vision officielle de la Constitution. En pratique, nous sommes bien en peine de distinguer les quatre. Nous mêlons sans vergogne nos désirs aux choses, le sens au social, le collectif aux récits. Dès que nous suivons à la trace quelque quasi-objet, il nous apparaît tantôt chose, tantôt récit, tantôt lien social, sans se réduire jamais à un simple étant. Notre pompe à vide dessine le ressort de l’air, mais trace aussi la société du XVIIe siècle et définit également un nouveau genre littéraire, celui du récit d’expérience en laboratoire. Faut-il, en la suivant, prétendre que tout est rhétorique, ou que tout est naturel, ou que tout est construit socialement, ou que tout est arraisonnement ? Faut-il supposer que la même pompe est dans son essence parfois objet, parfois lien social et parfois discours ? Ou qu’elle est un peu des trois ? Qu’elle est parfois un simple étant, et parfois marquée, décalée, brisée par la différence ? Et si c’était nous, les modernes, qui divisions artificiellement une trajectoire unique, laquelle ne serait d’abord ni objet, ni sujet, ni effet de sens, ni pur étant ? Si la séparation des quatre répertoires ne s’appliquait qu’à des états stabilisés et tardifs ?

Rien ne prouve que ces ressources demeurent incompatibles lorsque nous passons des essences aux événements, de la purification à la médiation, de la dimension moderne à la dimension non moderne, de la révolution à la contre-révolution copernicienne. Des quasi-objets quasi-sujets, nous dirons simplement qu’ils tracent des réseaux. Ils sont réels, bien réels, et nous les humains nous ne les avons pas faits. Mais ils sont collectifs puisqu’ils nous attachent les uns aux autres, qu’ils circulent entre nos mains et nous définissent par leur circulation même. Ils sont discursifs pourtant, narrés, historiques, passionnés, et peuplés d’actants aux formes autonomes. Ils sont instables et risqués, existentiels et porteurs d’être. Cette liaison des quatre répertoires nous permet de construire une demeure assez vaste pour y abriter l’Empire du Milieu, la véritable maison commune du monde non moderne en même temps que sa Constitution.

La synthèse est impossible tant que nous demeurons modernes pour de bon, puisque la nature, le discours, la société, l’Être nous dépassent infiniment et que ces quatre ensembles ne se définissent que par leur séparation, laquelle maintient nos garanties constitutionnelles. Mais la continuité devient possible si nous ajoutons aux garanties la pratique qu’elle permet parce qu’elle la dénie. Les modernes ont bien raison de vouloir à la fois la réalité, le langage, la société et l’être. Ils n’ont tort que de les croire à jamais contradictoires. Au lieu de toujours analyser le parcours des quasi-objets en séparant ces ressources, ne pouvons-nous pas écrire comme si elles devaient se lier continûment les unes aux autres ? Nous sortirions probablement de la prostration postmoderne.

J’avoue que j’en ai par-dessus la tête de me retrouver pour toujours enfermé dans le seul langage ou prisonnier des seules représentations sociales. Je veux accéder aux choses mêmes et non à leurs phénomènes. Le réel n’est pas lointain, mais accessible en tous les objets mobilisés de par le monde. La réalité extérieure n’abonde-t-elle pas au beau milieu de nous ?

Nous en avons plus qu’assez d’être pour toujours dominés par une nature transcendante, inconnaissable, inaccessible, exacte, et simplement vraie, peuplée d’entités assoupies comme la Belle au bois dormant jusqu’au jour où les charmants savants les découvrent enfin. Nos collectifs sont plus actifs, plus productifs, plus socialisés que les ennuyeuses choses-en-soi ne nous le laissaient prévoir.

N’êtes-vous pas un peu lassés de ces sociologies construites sur du social, et qui se tiennent par la seule répétition des mots "pouvoir" et "légitimité" parce qu’elles ne peuvent encaisser ni le monde des objets ni celui des langages qui les construisent pourtant ? Nos collectifs sont plus réels, plus naturalisés, plus discursifs que les ennuyeux hommes-entre-eux ne nous le laissaient prévoir.

Nous sommes fatigués des jeux de langage et de l’éternel scepticisme de la déconstruction du sens. Le discours n’est pas un monde en soi, mais une population d’actants qui se mêlent aux choses comme aux sociétés, qui font tenir les unes et les autres, et qui les tiennent. S’intéresser aux textes ne nous éloigne pas de la réalité car les choses ont droit, elles aussi, à la dignité d’être des récits. Quant aux textes, pourquoi leur dénier la grandeur d’être le lien social qui nous fait tenir ensemble ? 

Je n’en puis plus d’être accusé, moi et mes contemporains, d’avoir oublié l’Être, de vivre dans un bas monde vidé de toute sa substance, de tout son sacré, de tout son art, ou de devoir, afin de retrouver ces trésors, perdre le monde historique, scientifique et social dans lequel je vis. S’appliquer aux sciences, aux techniques, aux marchés, aux choses, ne nous éloigne pas plus de la différence de l’Être et des étants, que de la société, de la politique, ou du langage.

Réels comme la nature, narrés comme le discours, collectifs comme la société, existentiels comme l’Être, tels sont les quasi-objets que les modernes ont fait proliférer, tels il convient de les suivre en redevenant simplement ce que nous n’avons jamais cessé d’être, des non-modernes.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. Essai d'anthropologie symétrique. Lier les quatre répertoires modernes. pp 57-59 *hybrides nature-culture, des collectifs où les choses ne sont pas séparés de la société mais s'y combinent en collectifs de toutes sortes.

[ géolinguistique ] [ taxonomies intriquées ] [ tétravalence sociale ] [ psycho-sociologie ]

 
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judaïsme

Dimanche dernier, le ministre israélien de la Justice, Yossef Lapid, s'élevait avec virulence contre les opérations militaires meurtrières et destructrices à Rafah, dans la bande de Gaza: "Il faut cesser la destruction de maisons, elle n'est ni humaine ni juive, et provoque des dégâts énormes dans le monde, déclarait-il. L'image de la vieille femme cherchant ses médicaments dans les ruines m'a rappelé ma grand-mère, expulsée de sa maison pendant l'Holocauste." Naïvement, on se sentait réconforté par une telle intervention. On espérait qu'elle allait provoquer le débat, émouvoir enfin l'opinion israélienne et internationale, peut-être même amener certains à réclamer la démission d'Ariel Sharon... Résultat: ce qui provoque un tollé, ce ne sont pas les morts et les saccages de Rafah, mais les propos de Yossef Lapid. C'est de sa démission -à lui- qu'on discute gravement. Du tas de décombres et de victimes palestiniennes sur lequel il trône, Sharon se dit "scandalisé". Il reproche à son ministre de "donner des arguments à la propagande anti-israélienne", "sur la foi d'images des télévisions arabes", sans "vérifier leur véracité" (Libération, 24 mai) - comme si les exactions de Rafah n'avaient aucune réalité, comme si c'étaient une fois de plus ces fourbes d'Arabes qui nous jouaient la comédie de la douleur, voire qui auraient dynamité eux-mêmes leurs maisons par pure malveillance antisémite... Il ne vient apparemment à l'idée de personne que ce sont les opérations criminelles de Tsahal qui "donnent des arguments à la propagande anti-israélienne", et que les paroles de Lapid, au contraire, sauvent l'honneur.

"Le ministre de la Justice est-il allé trop loin?" Sur France-Inter, à treize heures, aujourd'hui, c'est la question que l'on pose à David Shapira, le porte-parole... des colons juifs de Cisjordanie et de Gaza. Et voilà comment le représentant d'individus qui constituent l'un des plus sérieux obstacles à un règlement du conflit, qui vivent en infraction permanente avec les accords de paix et la législation internationale, se retrouve dans le rôle de la victime offensée, demandant des comptes à celui qui l'a lésée. Magnanime, Shapira ne réclame pas la démission de Lapid, mais estime qu'il doit présenter "des excuses publiques", et, comme le journaliste qui l'interroge, il note, navré, qu'il ne l'a toujours pas fait à cette heure. "On peut être d'accord ou non avec ce qui se passe en ce moment à Gaza, mais on n'a pas le droit de comparer ces événements avec l'extermination systématique de six millions de juifs en Europe": on imagine combien le porte-parole des colons doit être bouleversé par ce qui se passe à Gaza, en effet. Yossef Lapid, dit-il, "insulte tous ceux qui ont été assassinés systématiquement" par les nazis.

Tanya Reinhardt: "Il semble que tout ce que nous avons intériorisé de la "mémoire de l'Holocauste", c'est que tout mal de moindre ampleur est acceptable"

Ça se passe toujours comme ça: lorsqu'un Israélien utilise la référence au génocide pour tenter d'ébranler ses concitoyens en suscitant chez eux une identification avec les Palestiniens, sa démarche aboutit à l'inverse de l'effet recherché - on a encore pu le constater récemment en France avec la polémique déclenchée par le film d'Eyal Sivan et Michel Khleifi, "Route 181". Elle a pour résultat de relancer les discours sur la "banalisation" du génocide, sur l'impossibilité de comparer ce qui est incomparable - et de faire purement et simplement _disparaître_ les Palestiniens et les crimes commis à leur encontre. La vieille femme de Rafah qui cherchait ses médicaments dans les décombres de sa maison a d'ores et déjà _disparu_. La vieille femme de Rafah peut crever. Il n'y a pas de volonté délibérée d'exterminer les Palestiniens, ils ne sont pas assassinés "systématiquement", alors ils peuvent crever: c'est aussi simple que ça. Le problème, c'est qu'entre l'affirmation, vraie en tant que telle, de l'impossibilité de comparer les deux événements, et l'idée qu'une vie d'Arabe ne compte pas, qu'une mort d'Arabe est une broutille négligeable, la frontière est décidément très mince. On pense à cette remarque amère de l'universitaire israélienne Tanya Reinhardt: "Il semble que tout ce que nous avons intériorisé de la "mémoire de l'Holocauste", c'est que tout mal de moindre ampleur est acceptable. La référence au génocide est utilisée pour rendre inaudible, pour escamoter la souffrance des Palestiniens. Pour frapper un peuple tout entier d'un effacement inéluctable, dont le mur de séparation n'est que la traduction concrète. Et on voudrait nous faire croire que c'est Yossef Lapid qui insulte la mémoire des victimes de la Shoah...

Nul besoin d'éprouver dans sa chair les effets concrets de ce verrouillage idéologique pour comprendre qu'il y a là de quoi rendre un peuple fou. L'un des grands arguments de la guerre israélienne de l'information consiste à demander pourquoi le monde entier s'émeut davantage du sort des Palestiniens que de celui des Tchétchènes ou des Algériens - insinuant par-là que la raison en serait un fonds incurable d'antisémitisme. Au-delà de ce qu'il y a d'odieux dans cette manière de nous ordonner de regarder ailleurs, on peut assez facilement répondre à cette question. On s'en émeut davantage (et ce n'est qu'un supplément d'indignation très relatif, d'ailleurs) parce que, avant que les Etats-Unis n'envahissent l'Irak, c'était le dernier conflit colonial de la planète - même si ce colonisateur-là a pour caractéristique particulière d'avoir sa métropole à un jet de pierre des territoires occupés -, et qu'il y a quelque chose d'insupportable dans le fait de voir des êtres humains subir encore l'arrogance coloniale. Parce que la Palestine est le front principal de cette guerre que l'Occident désoeuvré a choisi de déclarer au monde musulman pour ne pas s'ennuyer quand les Rouges n'ont plus voulu jouer. Parce que l'impunité dont jouit depuis des décennies l'occupant israélien, l'instrumentalisation du génocide pour oblitérer inexorablement les spoliations et les injustices subies par les Palestiniens, l'impression persistante qu'ils en sont victimes - en tant qu'Arabes -, nourrit un sentiment minant d'injustice. Il y a et il y aura toujours des hommes et des femmes pour continuer à le clamer: contre ce sentiment d'injustice, qui peut amener certains de ceux qui l'éprouvent à commettre des actes barbares, les intimidations de la propagande ne pourront jamais rien. Elles ne pallieront jamais la nécessité de la justice. Il est indécent de clamer, lorsqu'on condamne le terrorisme, que le désespoir n'excuse pas tout, et de continuer par ailleurs à alimenter cyniquement ce désespoir. Ariel Sharon a beau faire mine de mettre en doute la crédibilité des images de Gaza, il a beau vouloir nous faire croire que le scandale, ce sont les déclarations de Yossef Lapid, ces images existent. Des millions de gens à travers le monde les voient. Ils savent parfaitement qu'elles sont très réelles, et que le message qu'elles envoient est très réel lui aussi. Sous peine de contribuer activement à l'intensification de cette "guerre civile mondiale" dont parle Eric Hazan, il faudra bien que les gouvernements et les médias d'Occident se décident un jour, eux aussi, à voir la vieille femme palestinienne fouillant les décombres de sa maison de Rafah.

Auteur: Chollet Mona

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lacanisme

1. Dans Le Moi dans la théorie de Freud et la technique de la psychanalyse, Lacan nous dit : "Vous voyez les possibilités de démonstration et de théorèmatisation qui se dégagent du simple usage de ces séries symboliques. Dès l’origine, et indépendamment de tout attachement à un lien quelconque de causalité supposée réelle, déjà le symbole joue, et engendre par lui-même ses nécessités, ses structures, ses organisations. C’est bien de cela qu’il s’agit dans notre discipline, pour autant qu’elle consiste à sonder dans son fond quelle est, dans le monde du sujet humain, la portée de l’ordre symbolique".

Il semble bien qu’il ait fait ici une démonstration à visée théorèmatique… comme il dit. L’ordre symbolique, communément représenté par la structure du discours, s’impose à nous : il n’y a pas de je parle dans mon discours, il n’y a que du ça parle ! C’est la Loi symbolique du signifiant qui parle lorsque l’Homme se met à discourir. L’inconscient est structuré comme un langage, nous disait Lacan, et il est pris, comme prisonnier, dans l’autonomie syntaxique du réseau des signifiants.

2. La théorèmatique de Lacan nous renseigne sur la praxis analytique : "Cette position de l’autonomie du symbolique est la seule qui permette de dégager de ses équivoques la théorie et la pratique de l’association libre en psychanalyse". 

En effet, dans l’association libre, les signifiants s’enchaînent les uns après les autres, selon un hasard qui n’a rien à voir avec l’aléatoire, mais qui transpire la détermination symbolique liée à un réel qui se rate et qui ne peut se dire autrement que par l’insistance de son absence, jusqu’au signifiant premier lui-même. La répétition est le leurre symbolique car ce qui brille par son absence reste introuvable dans la série du hasard et se rate à chaque coup de dés.

De plus, Lacan nous indique que "seuls les exemples de conservation, indéfinie dans leur suspension, des exigences de la chaîne symbolique […] permettent de concevoir où se situe le désir inconscient dans sa persistance indestructible".

Le désir inconscient serait donc perceptible par l’insistance de certains signifiants dans la chaîne symbolique du discours libre, dont la persistance ne serait que le témoin de la dérobade perpétuelle d’un signifiant-clé, ou réel, qui échappe systématiquement au discours parce que soumis à la loi syntaxique du refoulement inconscient.

La rencontre avec le réel, tuchê, dans le réseau des signifiants, automaton, est une rencontre manquée, ratée, toujours ajournée, reportée à plus tard, au hasard d’une rencontre future, qui se ratera inexorablement.

"Ce qui est caché n’est jamais que ce qui manque à sa place" et c’est bien là le point crucial qui doit nous faire porter notre attention sur la certitude de ne pas voir ou de ne pas trouver ce qui est pourtant là, sous nos yeux et qui nous est invisible, à l’instar de la lettre volée. La place du signifiant dans le symbolique décide des coupures et des changements de syntaxe qui sont l’essence de la détermination symbolique. On ne peut forcer le hasard… ni contraindre le réel à se montrer, sauf peut-être si l’on admet que le réel se présente comme une trouvaille prête à se dérober à nouveau, introduisant ainsi la dimension de la perte. Le réel n’est finalement qu’un trou, perceptible uniquement par ses bords. Et ce qui est caché n’est que ce qui manque à sa place dans le symbolique, car dans le réel, il y est toujours, à sa place. Ce réel, lié au désir inconscient, persiste et signe tout au long de nos discours, alors même qu’il s’en trouve exclu.

3. La causalité de cette exclusion inéluctable s’amorce dans la parole. Stéphane Mallarmé écrivait en 1897 le poème qui commence par "Un coup de dés jamais n’abolira le hasard" et qui finit par "Toute pensée émet un coup de dés". À chaque fois que la parole se fait entendre, la répétition symbolique est à l’œuvre et modifie par rétroaction les places des signifiants antérieurs, comme des métamorphoses des réminiscences imaginaires ou symboliques. Ces métamorphoses rendent alors encore plus opaque la loi syntaxique et dissimulent sous des aspects objectivables et abordables par le conscient, la vérité de l’ineffable réel.

Or, les lois de la détermination symbolique sont antérieures à toute parole, en ce sens qu’un chiffre n’est jamais choisi au hasard : même s’il existe d’étranges coïncidences que l’on pourrait croire liées au destin ou même s’il existe des lois mathématiques réelles permettant de prédire la probabilité d’apparition d’une rencontre parmi toutes, seule la coupure engendre la loi et ce n’est qu’à l’exhiber dans le symbolique que cette coupure peut faire émerger le nouage d’avec le réel.

Dans l’association libre, que l’on aimerait imager comme une suite de signifiants choisis au hasard, la loi syntaxique inconsciente est considérée par l’analysant comme une vérité subjective, voire même éclairante. Or, la coupure qu’insuffle l’analyste au moment même où cette certitude s’ancre dans le symbolique, va chambouler la loi qui s’était inscrite et remettre les compteurs à zéro : à partir d’un signifiant dernier, une nouvelle association libre commence alors, accompagnée de la loi syntaxique inconsciente, qui, elle, se répète encore peut-être à l’identique. Quoi qu’il en soit, les coupures insufflées par l’analyste bouleversent et métamorphosent le réseau, en tant que système, des signifiants et accompagnent l’analysant dans sa quête asymptotique d’un réel indicible, dont seule la tuchê, en tant que rencontre manquée, reflète le stigmate.

La coupure a donc le pouvoir de réveiller la tuchê, en désarçonnant la loi de l’automaton.

Et c’est bien ce que l’analyste Jacques Lacan vient de faire devant nous en différé : une coupure. Son regard singulier sur la structure de l’Inconscient, régi par la loi des signifiants, insuffle cette coupure qui nous permet, à nous ici, d’éviter le malentendu en prenant conscience de la suprématie de la loi des signifiants dans nos discours, suprématie qui nous constitue en tant que "parlêtre".

Enfin, écoutons Lacan dans Les quatre concepts… : "Le côté formé de la relation entre l’accident qui se répète et ce sens qui est la véritable réalité et qui nous conduit vers le Trieb, la pulsion, voilà ce qui nous donne la certitude, qu’il y a autre chose pour nous, dans l’analyse, à nous donner comme visée de démystifier l’artefact du traitement que l’on appelle le transfert, pour le ramener à ce qu’on appelle la réalité prétendument toute simple de la situation."

Ceci pour clore sur ce que Lacan répètera souvent : le transfert, entre analyste et analysant, n’est pas la répétition d’une affection (amour ou haine) inscrite dans le passé affectif de l’analysant, bien que le transfert puisse être le lieu d’une répétition symbolique. L’analyste est le sujet supposé doté d’un certain savoir, sans doute celui de distinguer l’automaton de la tuchê, c’est-à-dire de reconnaître, dans la profusion automatique du réseau des signifiants du discours de l’analysant, ce qui peut être coupé ou saisi au vol et qui tient de la rencontre avec le réel.

En d’autres termes, ce qui est à découvrir n’est pas ce qui se répète, mais bien au contraire ce qui se dérobe systématiquement et le transfert psychanalytique est sans doute une voie (une voix ?) souscrivant à cette rencontre impossible.

Auteur: Sofiyana Agnes

Info: Tuchê et Automaton. Introduction à l'Introduction au séminaire sur La Lettre volée. In, La clinique lacanienne 2004/2 (no 8), pages 199 à 220. Epilogue

 
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